LE NORD CAMEROUN
Jour 4 - Mardi 21 Décembre 1982
MAROUA
On loge au Relais du Kaliao.
EXCURSION À MOKOLO ET À RHUMSIKI
Xavier, le directeur de "Nord Cam Tour" à Maroua a été très sympa. Il n'a toujours pas reçu le télex de Paris mais il nous met quand même un bus à notre disposition et un chauffeur, Papa Paul, un bonhomme très sympa, père de neuf enfants, plein de bonne volonté, et qui a la particularité d'avoir une voix châtrée, il a la voix d'une femme.
Alors c'est très marrant de l'entendre parler ainsi un Français à l'accent camerounais (les fins de phrases dégringolent et la phrase chante !)
Le petit déjeuner a été correct.
On a attendu quelque peu mais la voiture est arrivée et on est parti pour notre premier jour d'excursion. Ouf !

On roule un petit peu sur de la route mais ensuite c'est de la piste. Beaucoup de poussière.
On traverse un village Mofou où ils font la cueillette et l'exploitation du coton, et on tombe sur des amas énormes de coton comme on n'en avait jamais vu.
▫︎Les massifs du nord sont densément peuplé par les Matakam, un ensemble d’ethnies montagnardes et païennes, dont la principale est l’ethnie Mafa.
▫︎ Vers le sud-ouest, sur le plateau, habitent les Kapsiki.
▫︎ Au sud-est, les Mofou.
▫︎On trouve aussi des noyaux épars de Foulbé, installés sur le plateau postérieurement aux autres groupes.
MOKOLO
On s'arrête à Mokolo pour le déjeuner. Mokolo est à proximité de la frontière avec le Nigeria, au pied des Monts Mandara.
Au contact d’une dizaine d’ethnies, Mokolo joue le rôle de liaison et de foyer d’échanges.
Nous, nous ne déjeunons pas et nous nous mettons à l'écart, près du village, pour manger quelques fruits achetés là : des mangues, deux pour 50 CFA, mais il faut marchander pour arriver à faire tomber la mangue à 25 CFA parce qu'il nous la proposait à 40. Et des goyaves. Je n'aime pas tellement les goyaves, c'est plein de grains à l'intérieur qu'il est difficile de retirer, au final il n'y a pas grand chose à manger, et le goût est fade. Pourtant j'adore le jus de goyave qui lui a beaucoup de goût.
Le village de Mokolo est entouré de murs. C'est typique de l'habitat du Nord Cameroun : l'habitat est groupé et entouré de murs alors que dans l'Ouest l'habitat est dispersé et dissimulé au milieu de la nature.
Ce village est sans intérêt.
Les cases communiquent entre elles, et ont très peu d'ouvertures.
Les habitations chez les Matakam ont un aspect défensif, des cases petites, serrées les unes contre les autres, une seule ouverture sur l'extérieur, toujours tournée vers le haut de la pente.

Les autres du groupe ont déjeuné au "Flamboyant". C'est le restaurant rendez-vous des touristes et le seul endroit où on peut dormir à Mokolo. Et ils ont dû attendre très longtemps pour être servis.
Le plateau Kapsiki
Les Kapsikis
Les Monts Mandara sont un massif montagneux volcanique situé à la frontière entre le Cameroun et le Nigeria. Au nord de Mokolo, se trouvent les points culminants : Oupay (1 492 m) et Ziver (1 412 m).
Au centre, en pays Kapsiki, les altitudes des sommets varient entre 1 250 et 1 300 m. Le pic Ouroum, avec 1 257 m d’altitude, au sud de Doumo, est le point culminant du sud. Le plus célèbre pic est l'aiguille de Mchirgué culminant à 1224 m d'altitude.
Les Kapsiki sont une ethnie venue en réalité du Nigéria voisin. Par assimilation on a pris l’habitude d’appeler "Kapsiki" une partie des Monts Mandara, particulièrement spectaculaire, habitée par la population Kapsiki.
Sur ces collines dénudées émergent d’étonnants pics d’origine volcanique, qui dépassent parfois 200 m de haut, à parfois plus de 1000 m d'altitude. Ce sont des surrections volcaniques (des restes de volcans dormants) des affleurements de basalte.
Ce cadre impressionnant est un des plus hauts lieux du tourisme camerounais. André Gide avait écrit que les paysages de Rhumsiki étaient "parmi les plus beaux paysages du monde".
A 48 km de Mokolo...
Les dykes volcaniques
Nous reprenons la route. Les cases deviennent très pointues, et le paysage, un paysage d'éboulis. La terre semble avoir beaucoup remué par là et les montagnes se sont effondrées.
Ensuite apparaissent les fameux pics de granit (dykes volcaniques), typiques du paysage de cette région du Nord Cameroun, à la frontière du Nigéria. Les dépliants touristiques disent : "Décor grandiose de dykes et pitons volcaniques" ! La plupart des dykes sont constitués de roches magmatiques, qui se sont injectées à l'état liquide dans des fractures.
Un dyke est une lame de roche magmatique qui s'est infiltrée dans une fissure à travers différentes couches de roche. L'épaisseur d'un dyke peut varier de quelques centimètres à quelques dizaines de mètres mais sa longueur peut atteindre plusieurs kilomètres. Avec l'érosion, un dyke peut se retrouver isolé des roches l'entourant et ainsi former un mur.
Le mot vient de l'anglais dyke (à rapprocher du néerlandais dijk, qui a donné le mot français "digue"), se référant à la barre rocheuse constituée lorsque le dyke se trouve en position proche de la verticale.
Ça, ça vaut la peine d'être vu. La route est bien plus intéressante à faire que visiter le village de Rhumsiki.
C'est ça le paysage des kapsikis.
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RUMSIKI
C'est un attrape touristes.
On est assailli par une foule de gosses qui veulent nous servir de guides.
Il est prévu de visiter le sorcier aux crabes, et les forgerons et les tisserands... Je n'y mets pas les pieds.
Il faut se battre pour arriver à se promener seul.
Rhumsiki s'est adapté au flot de touristes. Les enfants du village s'offrent comme guides touristiques, montrant aux visiteurs des attractions préprogrammées.
Parmi celles-ci, les artisans, forgerons, potiers, fileurs, tisserands et danseurs traditionnels ainsi qu'un féticheur, devin utilisant pour ses prédictions un crabe qui manipule des pièces de bois...
Rhumsiki est désormais un passage incontournable de nombreux itinéraires touristiques, ce que les guides de voyage dénoncent. Le Guide Rough10 décrit Rhumsiki comme "envahi" et "entaché par le tourisme organisé", le guide Lonely Planet l’appelle "piège à touristes".
On fuit le village et à deux on se dirige vers la montagne pour voir le paysage : les pics qui se dressent isolément au milieu d'un plateau avec des cactus en premier plan et dans le fond sur la gauche, une chaîne de montagne.
Nous revenons vers le village. Les cases ici sont plus arrondies, moins pointues que celles des Matakams, plus vastes, regroupées par familles. Chaque femme a sa propre case pour elle et ses enfants. Les cases sont entourées par des murs qui les relient entre elles. Au centre la place des jeux, des enfants, le lieu de rencontre, le grenier. Au milieu du village nous voyons un énorme chapeau de paille posé sur une estrade sur pilotis et qui protège le mil. |
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Nous rentrons vers 19h 30. Nuit noire.
Dîner : Le gombo !
C'est un plat camerounais. du poulet ou du mouton dans une sauce et servi avec une boule de riz.
C'est gluant, comme de l'amidon. Immangeable ! C'est très mauvais.
En fait le gombo est un fruit, employé comme légume et comme condiment, et la sauce gombo est très populaire dans toute l'Afrique. C'est la première fois que je découvre le gombo... Je déteste le gombo !
![]() Le fruit attaché à sa fleur |
![]() Des gombos |
![]() L'intérieur du gombo |
Enfin, on nous sert un yaourt...
Au lit très vite. Bonne nuit.