Jour 22 - Jeudi 24 août 1972
DERNIER JOUR ET DÉPART
NEW YORK- Harlem
Nous étions encore à New York jusqu'à 16 hres. Nous avions prévu ce matin d'aller voir Harlem. Nous étions quatre filles et quand nous nous avons lancé à Bernard que nous allions seules à Harlem, il s'est affolé et décide aussitôt de nous accompagner.
Nous allons déjeuner et Bernard et Pierre nos deux copains, et gardes du corps en l'occurrence... nous rejoignent pour aller à Harlem.
Première précaution, nous rangeons toutes nos caméras et appareils photo dans nos sacs.
Nous prenons un bus en haut de Central Park. Je demande au chauffeur, un noir, s'il va Harlem, il me répond "Yes".
Au longe Central Park. Peu à peu, les maisons deviennent de plus en plus moches, et les noirs commencent à à être majoritaires dans les rues. Bientôt nous sommes les seuls blancs dans le bus.
Nous nous rendons compte, en suivant le trajet sur la carte, que le chauffeur ne nous signalera pas à l'arrêt où nous devons descendre comme nous lui avons demandé, et comme nous supposons que nous sommes là, au niveau de Harlem, parce que nous le voyons bien dehors, nous quittons le bus, et nous pénétrons à pied dans le quartier.
Moi qui ne voulais pas particulièrement aller dans ce quartier, ne trouvant rien d'extraordinaire à voir, un quartier uniquement habité par des noirs... j'en avais vu d'autres à Londres. Et je ne regrette pas ma visite car il faut avoir vu ces rues et ses maisons pour y croire.
Les rues sont sales, plein de papiers, les enseignes sont dégringolées, les maison délabrées, les maison sont en briques rouges, à quatre étages, sombres. Elles ont toutes leur escalier de secours sur la façade.
Il y a des boutiques de disques à chaque coin de rue, et les haut-parleurs placés à l'extérieur des boutiques sur le trottoir-même diffusent des blues à travers la rue.
Les gens nous donne l'impression de ne rien faire. D'être oisifs. Il est entre 11 heures et midi et ils sont assis sur les marches devant les portes et discuter. Les enfants, très nombreux et adorables, jouent à la marelle. C'est très populeux.
Nous remarquons que les prix ici sont beaucoup moins chers que dans n'importe quel autre endroit à New York. Et que les femmes sont beaucoup plus coquettes et ont plus de goût que les Américaines que nous avons vues. Les gens bien sûr nous regardent passer, car nous avons l'air de parfaits touristes étrangers.
Une sirène stridente une voiture de police retentit. Rien d'extraordinaire.
Nous sommes alors dans la 7th ou 8th avenue. Nous tournons et revenons par la rue qui lui est parallèle et nous reprenons le bus. C'est le système inverse qui se produit : les blancs ne montent qu'au bout de quelques arrêts et ensuite le bus se remplit uniquement de blancs.
42th Street
Nous descendons la 42th Street que nous parcourons, abandonnant nos gardes du corps pour faire les magasins. Nous allons voir, au fil de notre promenade, l'immeuble des Nations unies, qui ne nous apparaît pas intéressant à visiter, puis nous remontons la 42th et passons devant le Chrysler Building, et devant, un building assez étonnant en verre et en forme courbée.
Nous mangeons une énorme glace, la dernière. Là nous discutons avec deux Américains. C'est là que j'ai appris l'explication des fumées de New York qui est exactement celle-là : tout le système électrique et souterrain. La preuve, il n'y a pas en effet de fils électriques dans les rues, ceci, à cause de la hauteur des immeubles que l'on ne pourrait alimenter.
La consommation est tellement forte (enseignes, climatisation) que les fils électriques chauffent et produisent de l'énergie, cette vapeur d'eau qui sort par les trous dans les rues. Si elle ne pouvait se dégager cela produira une explosion. Quand il y a trop de fumée, on place une cheminée au-dessus du trou (et tout cela bien sûr m'a été expliqué en anglais !).
Nous avons la chance en sortant du snack de rencontrer un policier à cheval, car on n'en voit pas très souvent à New York, et avec un grand sourire il pose pour notre photo.
Départ pour Kennedy Airport
Il est 16 hres quand nous arrivons à l'hôtel après avoir fait nos derniers achats : disques, sacs, T-shirts. Tout le monde est déjà là. Nous sommes très en retard ce qui nous permet de connaître, pour la fin du voyage, les sièges du fond du car.
VOL DE NEW YORK À REYKJAVIK
L'avion décolle à 19h 30. C'est un DC8 de la compagnie Icelandic comme à l'aller.
Comme à l'aller aussi j'ai la chance de me trouver près d'un hublot et je peux ainsi de tout mon regard enregistrer la dernière image de New York. On ne survole pas la ville. On monte très rapidement car la nuit tombe. Les lumières deviennent de plus en plus petites et je fixe le plus longtemps possible les dernières lumières, puis la toute dernière lumière de l'Amérique qui s'éteint dans le brouillard.
Nous assistons au coucher du soleil avec un ciel rempli de couleurs rouges et ocres.
Puis les nuages deviennent très noirs et au loin les éclairs font des choses surprenantes.
Nous croyions devoir passer les 10 heures de notre vol dans le noir complet, ce qui n'était pas très drôle, et nous fûmes merveilleusement surpris. D'abord il n'y a eu jamais de nuit complète comme par exemple durant notre vol de Chicago-New York. Il reste toujours une clarté.
Le vol nous parut plus court que ce que l'on redoutait.
Nous mangeons une fois avant Reykjavik. C'était très bon : du veau hachée et pané avec des pommes de terre et de la jardinière de légumes.
Aéroport de Reykjavik
Nous arrivons à Reykjavik à 0h45, heure de New York. En fait il est déjà 6 hres du matin et le jour est levé. Le temps est très froid mais très agréable. Nous nous précipitons, maintenant que nous connaissons l'aéroport, pour effectuer en 3/4 d'heure les achats que nous avions prévus : alcool, peau de mouton, souvenirs. Nous ne savions pas si nous allions avoir assez de dollars pour nous offrir tout cela, mais maintenant nous pouvons les dépenser.
VOL DE REYKJAVIK À LUXEMBOURG
Nous décollons à 2h 30 (heure de N.Y.C), je garderai cette heure jusqu'en France.
Et rapidement nous abordons des régions où le soleil se lève. Le ciel est rouge. C'est magnifique. Puis on monte très vite au-dessus d'un lit de nuages très dense, et on se trouve face à face avec le soleil qui nous éblouit. Je suis obligée de tourner le dos au hublot et de baisser le store tellement la luminosité est forte et insupportable. Pendant un bon moment nous ne pourrons rien regarder par le hublot car nous resterons ainsi au-dessus du lit de nuages, face au soleil.
On nous sert alors notre breakfast islandais, un mélange d'œuf et peut-être de harengs, assez écœurant. Par contre il y avait une salade de mangues délicieuse.
Le temps passe ensuite très vite. On passe au-dessus d'un patchwork de petits rectangles de terre, peut-être l'Angleterre, et puis la Belgique, Luxembourg.
Jour 23 - Vendredi 25 août 1972
Aéroport de Luxembourg
Et c'est l'atterrissage à Luxembourg : 9h 30/10 hres, heure locale.
Il fait très beau. On nous annoncent 60°F c'est une température bien basse pour nous qui étions habitués à des températures minimales de 70°, 90 °F. Mais c'est un très bon temps.
Nous n'avons aucun problème de douane, nous sortons sans passer par la douane. Mais j'ai la fâcheuse surprise de retrouver ma valise craquée, tenue on ne sait comment par une corde : la serrure avait lâché...
DE LUXEMBOURG À PARIS en car
Le bus qui doit nous conduire à Paris nous attend devant l'aéroport. Quelle surprise de retrouver la radio et les succès français que nous n'avons pas oubliés et que nous nous mettons aussitôt à chanter.
Nous nous sommes séparés des Belges du groupe qui rejoignent directement leur pays. Tout le monde est claqué. Nous traversons les paysages luxembourgeois qui apparaissent plus beaux qu'à l'aller : de la verdure, des bosquets, de grandes étendues, mais entrecoupés par quelques maisons.
Il n'y a pas de problème à la douane. Je ne m'apercevrai même pas que l'on a passé la douane française. Le trajet nous paraît très, très long, beaucoup plus long que les 10 heures passées en avion.
Nous nous arrêtons à Châlons pour manger, avec quel joie, un sandwich au jambon avec du pain français et une vraie bière (pas une root béer, ni ces pseudo german beers si légères).
Oui, dans le cas, chacun à tour de rôle s'endort, un moment, puis se réveille. Nous n'en pouvons vraiment plus. Nous arrivons dans la banlieue parisienne. Puis c'est Paris.
Malgré tout ces kilomètres je ne me sens pas dépaysée en arrivant à Paris, de même que je ne l'étais pas à New York. Ces deux derniers jours ont passé je ne sais comment. Dans le fond, en pensant à New York et à sa saleté, Paris ce n'est pas mal ! Ce qui me dépayse le plus c'est de voir les vêtements si corrects et si élégants des gens. Sur ce point je m'étais bien habituée aux jeans, aux dos nu et aux bariolages de New York...
Nous arrivons devant la Gare de Lyon à 16h 30. Mon père est là, heureusement, car avec tous mes paquets et ma valise ouverte...
Tout le monde s'embrasse et se quitte très rapidement après cette aventure vécue ensemble.
Récit terminé d'écrire le dimanche 29 octobre 1972
© Jocelyne P
