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LES ROYAUMES CAMBODGIENS DU FUNAN ET DU CHENLA : 1ER-9E SIÈCLE

Le royaume du Funan, qui existait au 1er siècle de notre ère, fut le premier des royaumes apparus le long du cours inférieur du Mékong. Son influence s'étendait probablement sur de longues étendues de la côte du golfe de Siam, jusqu'au sud de la Birmanie, et correspondait aux contrées des peuples Mon.

Situé au centre naturel des routes terrestres et maritimes reliant l'est de l'Inde et le sud de la Chine aux îles des mers du Sud, sa situation géographique était idéale pour un royaume dont la richesse reposait sur le commerce. Les récits chinois contemporains font référence à des villes dotées de splendides bâtiments en bois sculpté, peint et doré. Mais il ne reste plus que quelques pieux de fondation.

Cette partie de l'histoire du Cambodge se divise, selon les Chinois, en trois périodes :

➧ Tout d'abord, le temps de la prédominance du Funan

Les annales chinoises citaient le nom du Funan dès la première moitié du 3 ème siècle.

Le centre d'activité de ce royaume se situait dans le sud du Cambodge actuel et dans la partie méridionale du Vietnam du Sud qui lui est contiguë, mais les Chinois affirment qu'il s'étendait fort loin au nord.

C'est pendant cette période que le pays a été « indianisé », selon un processus d'ailleurs fort incertain. Les Chinois citent les noms d'un bon nombre de rois, mais seuls les plus récents semblent être transcrits du sanskrit.

➧ Ensuite vient le temps de la prédominance du Chenla (Zhenla)

(Fin 6e - 8e siècle)

Probablement qu'au cours du 6 ème siècle un royaume appelé Chenla était établi sur le cours moyen-supérieur du Mékong, dans ce qui est aujourd’hui le Laos.

Le royaume du Chenla avait pour centre la région de Vat Phu (Vat Phou, Champassak) dans le sud du Laos. Sa puissance s'était accrue progressivement, et Citrasena, son roi, s'empara du Funan. Il semble que des inondations désastreuses aient finalement ruiné le Funan, qui avait déjà souffert de l'agression indonésienne, et que le transfert du pouvoir à Chenla représentait la reconnaissance de ces difficultés géographiques temporairement insurmontables.

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Les rois qui régnaient à Chenla descendaient des rois de Funan et reprirent une grande partie des domaines du Funan.
Le fils de Citrasena, Îçanavarman Ier (616 env.-env. 635) se retrouva ainsi le maître d'un important empire.

Sa capitale était située à Sambor Prei Kuk.
Le temple de Sambor Prei Kuk aurait été construit au début du 7e siècle par le roi Içanavarman Ier et se serait d'abord appelé Içanapura, nom de Isanavarman Ier, considéré comme un possible fondateur de la ville.

Le site pré-angkorien de ☞ Sambor Prei Kuk se trouve dans la province de Kampong Thom, à 35 km au nord de Kampong Thom, au nord de Phnom Penh.

Il s'étend sur près de 25 km² autour d'un centre-ville fortifié.
Dix temples shivaïstes octogonaux, d'un style qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans la région.

D’après la légende, les rois du Chenla descendraient de Kambu, un ermite ancêtre éponyme des Kambuja (littéralement nés de Kambu), et de la nymphe céleste Mera, que Shiva lui aurait envoyée. De leur union naîtront à Jayadityapura Śrutavarman et son fils Śresthavarman. Ce dernier donnera son nom à la ville de Śresthapura, que certaines sources situent au Vat Phou17,18, très au nord, actuellement au Laos à 150 km de la frontière.

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➧ Enfin, la scission du Chenla

Vers le début du 8 ème siècle, peu après la mort de Jayavarman, le Chenla se divisa en deux parties, le « Chenla d'eau » pour la méridionale, et le « Chenla de terre » pour la septentrionale.


Les Chinois se contentent de constater le fait. De leur côté, les documents indigènes, dès le moment où ils apparaissent, laissent deviner un État politique sensiblement différent, même si nombre de détails sont encore inconnus.

Déjà P. Dupont avait fait remarquer il y a une trentaine d'années que durant le 8 ème siècle le pays était certainement divisé en plus de deux parties, puisque les inscriptions nous font connaître les noms d'au moins cinq rois contemporains, appartenant à des lignées différentes, et notent l'existence d'autres lignées royales.

Les noms de quelques-uns des États sont connus : Aninditapura, Bhavapura, Çambhupura, Çreshthapura, Vyâdhapura.
D'autres noms sont cités, qui pouvaient être plutôt des noms de villes, encore qu'il soit souvent malaisé de distinguer entre ville et État dans cette période de l'histoire. Mais si leur nom est connu, il n'en est pas de même pour leurs limites, ni pour l'emplacement de leur centre.

La plupart de ces noms peuvent être lus sur les inscriptions des siècles antérieurs, ce qui montre que le morcellement, remarqué (en partie) par les Chinois au 8 ème siècle, n'était pas chose nouvelle, cependant, faute de données précises...

Source : https://www.universalis.fr/
Claude JACQUES : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (sciences historiques et philologiques)

Le 8 ème siècle a vu éclore plusieurs dynasties dont certaines seront encore en place bien après 802, date de la fondation officielle de l’empire khmer par Jayavarman II. ☞   https://fr.wikipedia.org/wiki/Chenla