L'HISTOIRE DU CAP-VERT

La découverte du Cap-Vert

En 1456, l’explorateur portugais Alvise Cadamosto découvrit quelques îles du Cap-Vert, puis Diogo Dias et Antonio Noli, capitaines au service d’Henri le Navigateur, découvrirent le reste de l’archipel les années suivantes.

La découverte du Cap-Vert est officiellement attribuée en 1460 au navigateur génois António Noli, que le roi Alphonse V nommera gouverneur du Cap-Vert. Des explorateurs ont également associé aux découvertes les noms de Diogo Gomes (un lieutenant de Noli, qui prétend avoir été le premier à accoster et avoir nommé l'île "Santiago"), Diogo Dias, Diogo Afonso et le vénitien Alvise Cadamosto.

Ces îles étaient alors inhabitées, mais les historiens pensent que bien avant les Portugais, au 12 ème siècle, elles étaient connues des navigateurs arabes et grecs. Ils pensent que des pêcheurs venus du Sénégal auraient occupé les terres pendant quelque temps..

Les premières îles occupées furent celles de Santiago et Fogo. En 1462, les Portugais parviennent à Santiago et fondent une colonie, Ribeira Grande (aujourd'hui Cidade Velha), première ville européenne permanente sous les tropiques. Les îles – du moins les îles montagneuses – étaient alors couvertes de végétation. D'où le nom de Cap-Vert.



En 1496, le Cap-Vert devient une colonie de la couronne portugaise.

Au 16 ème siècle

L'archipel du Cap-Vert devient une plaque tournante du commerce entre le Portugal et l’Afrique de l’Ouest, un véritable entrepôt. Tissus, bois, canne à sucre sont les produits les plus échangés attirant de nombreux Portugais et Européens dans les îles. Le commerce d’esclaves devient inévitable en raison du pressant besoin de main d’œuvre. On les fera venir en masse essentiellement des côtes les plus proches, notamment du Sénégal de la Guinée.



Les routes de la traite négrière transatlantique du 15e au 17e siècles


Le peuplement des autres îles du Cap-Vert se fera progressivement, en fonction du potentiel de chacune d’elles.

Au 16 ème siècle, c’est au tour des îles de Maio et de Boa Vista, avec l’exploitation du sel, puis celle de Brava qui devient une terre d’asile d’une partie des gens de Fogo chassés par la colère du volcan "Pico".

Au 16 ème siècle, les îles du nord, avec Santo Antão, São Nicolau et enfin São Vicente voient débarquer les premiers habitants. Sal sera la dernière des îles capverdiennes à être peuplée par une partie des habitants attirés par les salines de Pedra de Lume au 19 ème siècle.

Le Cap-Vert devient très vite une escale incontournable dans le commerce triangulaire des esclaves.

La culture du coton importée de Guinée se développe sur Fogo, suivie de celle de la canne à sucre qui sera également importante sur Santiago avant de se généraliser sur le reste de l’archipel.



Carte des îles du Cap Verd, réalisée en 1746 par Jacques-Nicolas Bellin (1703-1772)


Les attaques des pirates

C’est durant ce siècle de développement que le Cap-Vert subit de nombreuses attaques de pirates.

La ville de Ribeira Grande, première ville à l'origine de la naissance de l'archipel du Cap Vert déclina définitivement après une attaque de Jacques Cassard, corsaire français en 1712.

Il prend le fort construit par la couronne portugaise pour garder la ville, et pille la ville et sa vallée verdoyante pendant un mois. "Il ruina complètement Santiago, entrepôt du commerce des Portugais avec la côte occidentale d'Afrique. Il y fit un si grand butin, à ce que disent les Mémoires du temps, que, pour ne pas surcharger son escadre, il dut en abandonner une partie, qu'on évalua à plus d'un million de francs. (Bescherelle 1868, p. 57)".

La population fuit définitivement la ville pour se réfugier à Praia, dont le "plateau" hors d'atteinte des canons des bateaux pirates offre un refuge sûr et bien défendu.

Praia devient la nouvelle capitale en 1770, à 15 km de Ribeira Grande, qui restera connue comme "Cidade velha" (la vieille ville).

Le Cap Vert perd son monopole de plaque tournante et les Espagnols tracent de nouvelles routes directes vers l’Amérique.


Les périodes de sécheresse

C’est le début du déclin pour les Portugais qui vont par la suite devoir faire face à douze périodes de dure sécheresse provoquant de nombreux morts.

La première sécheresse avait frappé le Cap-Vert en 1747. Par la suite, le pays en connaîtra une tous les cinq ans en moyenne.

La déforestation et les cultures intensives, ainsi que la multiplication d'animaux importés et relâchés dans la nature (vaches, chèvres, moutons) pour ravitailler à l'origine les navires de passage, empirèrent la situation en détruisant la végétation qui retenait l’humidité, au point de créer un climat semi-aride.

Au cours du 18 ème siècle puis du 19 ème siècle, trois grandes sécheresses provoquèrent plus de 100 000 morts. La plus terrible sera celle de 1864 qui verra périr plus de 30.000 personnes. Le gouvernement portugais n’envoya presque aucune aide pendant ces famines.

Le déclin

L'implantation de comptoirs européens directement sur les côtes africaines (Gorée, Gambie, iles de Loos, etc.) eut pour effet de mettre progressivement fin au trafic négrier via le Cap Vert, qui perdit son rôle d'escale négrière, les navires rejoignant directement les Amériques depuis les côtes.

En Europe, le Portugal fut le premier pays à abolir l'esclavage par le décret du 12 février 1761 décidé par le marquis de Pombal.

En 1810, les Anglais débarquent dans l’archipel après avoir signé un traité avec le Portugal, faisant d’eux les maîtres du commerce. En 1838, ils créent un dépôt de charbon à São Vicente ce qui contribue à développer le port de Mindelo qui voit affluer de nombreux navires étrangers. Les baleiniers venus du Massachusetts et de Rhode Island recrutaient des matelots sur les îles de Brava et de Fogo.

En 1832, Charles Darwin y fait escale pendant 23 jours, en allant vers l'Amérique, puis brièvement lors de son retour en 1836.

En 1866, l’abolition de l'esclavage porta un coup durable à l’économie capverdienne. C’est à cette époque que débuta la première vague d’émigration vers les États-Unis.




À la fin du 18 ème siècle, João da Silva Feijó est envoyé en mission au Cap-Vert pour évaluer la possibilité d'exploiter des minéraux tels que salpêtre et soufre, mais sans succès.

À la fin du 19 ème siècle, l’ouverture des lignes transatlantiques fut l’occasion d’une embellie économique, Mindelo devenant une escale privilégiée de ravitaillement en fuel, eau et vivres.

20 ème siècle

L’archipel continua à souffrir de fréquentes sécheresses et famines qui firent des milliers de victimes au cours de la première moitié du 20 ème siècle. C’est la révolution industrielle mondiale et l’économie est durement touchée. C’est le début d’une grande misère pour la population capverdienne. Après la Seconde Guerre mondiale, Mindelo cessa d’être une escale commerciale et le pays replongea dans la misère.



Nationalisme et indépendance

En 1941, les "Rabelados" de l'île de Santiago, des groupes de villageois, ainsi désignés par leurs contemporains, décident à l'époque, de s’isoler des autres Capverdiens. Les "Rabelados" se sont rebellés à l’époque contre de nouveaux prêtres qui arrivaient aux îles du Cap-Vert pour moderniser l’église catholique et dont les pratiques plus "standard" que celles de leurs prédécesseurs s’opposaient aux croyances locales.

Après un isolement de plus d’un demi-siècle, les Rabelados, environ mille personnes, qui se considèrent comme africains et non comme métisses, ont repris progressivement des liens avec les autres habitants de l'ile.

En 1956, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, un mouvement indépendantiste se crée hors du pays, en Guinée-Bissau. Le PAIGC, parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert, formé par un ingénieur agronome capverdien : Amilcar Cabral, et cinq autres compagnons, dont son frère Luís Cabral et Aristides Pereira, qui sera nommé le premier président de la République du Cap-Vert.


Amilcar Cabral
Amilcar Cabral


Au cours des trois premières années de son existence, le PAIGC ne fit guère de vagues et prépara ses ressources militaires. Sa première grande action fut l’incitation à la grève des dockers du port de Bissau le 3 août 1959. La police coloniale interdit la grève et ouvrit le feu sur les grévistes, tuant plus de 50 personnes. Cet événement fut le premier d’une guerre de treize ans, au cours de laquelle 10 000 soldats du PAIGC, soutenu par Cuba et par l’Union soviétique, combattirent les 35 000 soldats, portugais et africains, des troupes portugaises.

Une lutte armée sans merci va les opposer au Portugal d’Antonio Salazar dans le maquis guinéen jusqu’en 1975, date de l’indépendance des îles du Cap Vert.

Amilcar Cabral, le leader du PAIGC, sera assassiné le 20 janvier 1973, par des Bissau-Guinéens membres de son parti et corrompus par les Portugais. Ces derniers leur promettaient en échange leur indépendance sans les capverdiens qui dirigeaient majoritairement cette lutte. Le PAIGC sera soutenu durant toute cette guerre par le bloc soviétique.

La chute de Salazar

Le 25 avril 1974, le MFA, mouvement des forces armées, dirigé par le général Spínola, dépose le gouvernement fasciste d’António Salazar. Ce fut l’occasion de troubles accrus au Cap-Vert et le nouveau gouvernement portugais entama des négociations avec le PAIGC, suivies d’un cessez-le-feu.

L’indépendance de la Guinée sera effective en octobre de la même année et Luis Cabral, le frère d’Amilcar sera nommé premier président de la République.

L’indépendance

Quelques mois après, le 5 juillet 1975, ce sera au tour du Cap-Vert qui connaîtra son premier gouvernement libre dirigé par Aristide Perreira. Le premier ministre sera Pedro Pires, un combattant de la libération, qui sera élu président en 2000.

Les cap-verdiens ont bénéficié d'une plus grande proximité culturelle avec la métropole portugaise. La première école élémentaire ouvrit en 1817, et le Cap-Vert fut la première colonie portugaise à être dotée d’un lycée dès 1866. Au jour de l’indépendance, un quart de la population était alphabétisée, contre 5 % en Guinée-Bissau.

Mais à l’indépendance, le Cap-Vert était un pays totalement démuni de toute ressource et industrie. Une aide internationale sera alors mise en place pour éviter un désastre.

L’idée de parti unique pour deux pays va vite se révéler être une utopie avec le coup d’Etat de 1980 qui voit un ancien commandant guinéen du PAIGC, João Bernardo Vieira, renverser le président Luís Cabral. C’est la rupture totale entre les deux pays. Le Cap-Vert débaptise le PAIGC qui devient alors le PAICV, parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert.

Aristides Pereira, président du Cap-Vert de 1975 à 1991


Aristide Pereira
Aristide Pereira


En 1990, à la chute du bloc soviétique, la démocratie va s’installer au Cap Vert. Le multipartisme sera autorisé et les premières élections libres auront lieu en 1991, voyant la victoire d’une toute nouvelle formation politique de tendance droite, le MPD. Plus tard, le MPD qui a enclenché une politique de privatisation massive impopulaire et une économie bradée aux Portugais se voit durement sanctionné. Les réalités sociales ont été oubliées, ce que ne lui a pas pardonné le peuple. Les capverdiens de l’immigration qui se sont sentis lésés, car totalement exclus de la politique du gouvernement, ont voté massivement la réélection du PAICV.

Les groupes d’opposition fondèrent le Mouvement pour la démocratie (MPD) à Praia en avril de la même année. Le monopartisme fut aboli le 28 septembre 1990 et les premières élections multipartites organisées en janvier 1991. Le MPD remporta les présidentielles avec 73,5 % des suffrages, ainsi que la majorité des sièges de l’Assemblée nationale. António Mascarenhas Monteiro succéda à Aristides Pereira à la présidence. Les élections législatives de décembre 1995 augmentèrent la majorité du MPD à l’Assemblée, avec 50 sièges sur 72. Monteiro fut reconduit président par les élections de février 1996. Les observateurs nationaux et internationaux ont qualifié les élections de 1995 et 1996 de libres et transparentes.

En 2001, Pedro Pires fut élu président contre Carlos Veiga, avec une majorité de 12 voix seulement. Tous deux avaient exercé la charge de premier ministre, Pires sous le régime du PAICV et Veiga pendant la présidence de Monteiro.

Jorge Carlos Fonseca

L'actuel président du Cap-Vert est Jorge Carlos Fonseca (né en 1950) depuis le 9 septembre 2011, réélu en 2016, encore en fonction. Il est le quatrième président du Cap-Vert.


Jorge Carlos Fonseca
Jorge Carlos Fonseca

Sources ⤵︎
Wikipedia
http://www.cap-vert-cabo-verde.com