Jour 11 - Dimanche 13 août 1972
SAN FRANCISCO
Si l'Université de Berkeley où nous logeons nous est apparue détestable, elle offre un très bon petit déjeuner avec un très bon système de service. C'est un self où l'on se sert de pain, enveloppé en sachets, et il y a des tas de sortes de pains différents, de jus de fruits, de raisins secs, de plats chauds. On prend tout ce que l'on veut puis on va chercher son café et on se remplit sa tasse, ensuite on se sert de céréales, de confiture, on fait soi-même griller son pain dans des toasters, très nombreux. On a ainsi mangé un énorme petit déjeuner qu'on pouvait à peine terminé. Nous prenons le car pour San Francisco où nous avions rendez-vous à 10 hres avec un guide.
En effet la matinée était consacrée à une visite guidée de la ville. Notre guide est un étudiant en droit international qui occupe ce job pendant ses vacances, comme beaucoup d'autres étudiants. Un peu moins doué en français que notre Caroline de Washington, il est cependant très sympathique.
Tour guidé de la ville
Nous faisons ainsi le tour de San Francisco : d'abord le Bay Bridge, pont immense de 15 km de long et qui présente l'originalité d'avoir plusieurs étages de circulation et six voies de passage séparés par une ligne de balises qui varie selon le moment de la journée : le matin ou la circulation est intense dans le sens Auckland-San Francisco il y a quatre voies de circulation dans ce sens par exemple et deux dans l'autre, et le soir où la circulation se fait vers Oakland, il y aura quatre voies dans ce sens.
Nous voyons ensuite l'île d'Alcatraz qui, après avoir été abandonnée par l'État avait été occupée il y a deux ans par les Indiens selon une vieille loi qui les autorisait à occuper tout territoire abandonné par l'État. Mais maintenant les Indiens en avaient été chassés et elle reste inoccupée.
Le quartier de Haight Asbury qui était le quartier des hippies, ceci il y a aussi environ deux années mais maintenant les hippies avaient déserté Haight Asbury au profit de Berkeley, là où nous logeons.
Puis c'est un quartier de maisosn de style victorien, puis la mission de San Francisco, le Golden Gate Park, le grand espace vert de la ville, très agréable, avec des arbres, des plans dos, un jardin japonais que l'on visite, des concerts pop et des réunions de jeunes.
Le parc se trouve à côté du Golden Gate bridge, le pont rouge qui relie San Francisco à la côte, de l'autre côté vers le quartier du Presidio, le quartier militaire, et la marina, le quartier résidentiel. Nous passons devant les immeubles officiels et le Civil Center puis grimpons en haut des Twin Peaks, les collines qui dominent la ville. La vue est magnifique. Surtout, exceptionnellement, car le guide ne cesse de nous dire que nous avions beaucoup de chance car le soleil brille et il n'y avait pas de brouillard, chose très exceptionnelle. Nous avons eu ainsi une impression magnifique de San Francisco. Cependant au sommet des Twin Peaks nous avions du mal à rester stables car un vent très violent et très froid soufflait. Toute la journée d'ailleurs nous avons conservé nos pull-overs car malgré le soleil il fait très froid à San Francisco.
Nous descendons des Twin Peaks, et voyons une série de maisons audacieuses car construites sur la colline en équilibre pourrait-on dire, ce serait les premières à se retrouver détruites si un tremblement de terre comme en 1906 se produisait.
Nous allons voir un petit port, puis plus loin une île déserte recouverte de phoques.
La visite guidée est terminé. Nous allons maintenant être lâchés dans la ville.
Le quartier chinois
Nous démarrons par le quartier chinois, un morceau d'Asie transporté en Amérique, avec ses banderoles, son architecture typique et c'est rue bordée de boutique de souvenirs.
Il y a une chose aussi qui caractérise San Francisco : ce sont ses rues bâties à flanc de colline, la ville possède des rues incliné à 37° et même parfois à 45° ce qui rend les promenades assez fatigante et la conduite assez périlleuse.
Nous empruntons Broadway, qui comme tous les Broadway des États-Unis et longer par les boites de strip-tease. Et là les portiers vous haranguent même en plein l'après-midi pour vous faire entrer dans leur boîte.
Fisherman's Wharf
Nous passons sans le faire exprès par les bas quartiers de la ville, derrière les docks. Le vent est glacial, et nous débouchons à Fisherman's Wharf, le port de plaisance, fait pour les touristes, dans le genre de Saint Tropez. Il y a un vaisseau-musée que l'on visite et de nombreuses Gift Shops et bars.
Nous décidons d'entrer dans le café à la mode dont nous avez parlé le guide. Il rappelle beaucoup les bars de Montparnasse et de Saint-Germain de la belle époque. Les consommations ils sont très chers et nous nous contentons pour tout repas d'un paille et d'une demie bouteille de vin californien. La liste des vins nous a assez surpris : cabernet, rosé d'Anjou etc. Je me suis exclamée que cela n'était pas ce que nous désirions, désirant du vin californien alors que tout cela était du vin français. La serveuse nous explique que les noms étaient français mais que les vignes étaient californienne. Nous essayons alors un CAP VERT un Cabernet californien. Notre verdict : pas mauvais, il ne faut pas exagérer, mais c'est simplement un vin qui n'a pas mûri.
Nous longeons Fisherman's Wharf, les boutiques, les magasins de cadeaux, de cartes postales, et nous arrivons devant le terminus des cable-cars où une bande de notre groupe (une véritable colonie de vacances !), certains entassés sur la plate-forme et d'autres agrippés sur les côtés nous fait de grands signes.
Expérience du cable-car
Nous décidons nous aussi de tenter l'expérience cable-car mais une fois que toute la bande sera parti. Nous prenons donc d'assaut comme les autres touristes le cable-car suivant, et nous nous réservons ce qui nous paraît être la meilleure place d'observation : la plate-forme arrière. Le prix est de 25 cents pour grimper la rue. Il n'y a pas de contrôleur, chacun donne ses 25 cents que l'on se passe de main en main.
Et nous commençons l'ascension, en compagnie de trois gars qui eux aussi viennent d'arriver à San Francisco et avec qui nous échangeons quelques mots. Ce moyen de locomotion nous enchante. La rue est de plus en plus à pic devant nous et au loin nous découvrons de mieux en mieux l'île d'Alcatraz.
Soudain arrêt en plein milieu du trajet, tout le monde descend, nous dit-on, "Breaking cable in the middle of the Road". Nous n'arrivons pas à le croire ! et pourtant, il faut que cela tombe sur nous. Il y a bien un câble de cassé et il nous faut continuer l'ascension de la rue à pied.
Nous cherchons alors à joindre notre adresse à San Francisco, qui nous a été donnée par le couple qui nous avait pris en stop à Grand Canyon, avec le bon espoir de nous faire inviter pour le "tea" ou l'équivalent américain. J'arrive à joindre Mrs Henderson au téléphone. Celle-ci est désolée de ne pas nous recevoir ce soir-là (et nous encore plus), ayant chez elle déjà toute une famille, et désolée que nous ne restions pas plus longtemps à San Francisco. Elle me fait parler américain tout au long de la conversation jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'elle parle et comprend merveilleusement bien le français, ayant vécu plusieurs années à Paris.
Notre "tea" s'est envolé, il nous restait plus qu'à partir à la recherche d'un restaurant et, d'une discothèque car nous voulions sortir ce soir-là. Nous devons retourner pour cela à North Beach et tentons d'attraper un lift. Nous faisons concurrence de trois autres auto-stoppeur, deux gars et une fille, très jeunes, qui se trouvent à 2 mètres de nous. Un gars en camionnette nous fait tous monter nous découvrons que nos "concurrents" auto-stoppeurs sont Français et nous apparaissent complètement drogués. Ils allaient à Berkeley précisément, pour assister à un concert pop, et ils font leur possible pour nous larguer rapidement.
Quartier italien - Quartier chinois
Nous sommes à North Beach, et nous parcourons le quartier italien, qui est à côté du quartier chinois, à la recherche d'un restaurant. Nous sommes assez surpris de l'atmosphère qu'a pris tout d'un coup ce quartier. Dans les rues nous passons devant des bars sombres qui se succèdent et dans lesquels nous apercevons des hippies affalés au comptoir. Nous passons dans la "Grant avenue", la rue qui traverse Chinatown. Des hippies aux têtes de drogués. De nouveau des bars où nous ne voyons que des hommes au comptoir. Enfin ce quartier nous apparaît mal famé, quoiqu'il ne soit pas très tard dans la soirée, et nous ne nous sentons pas très à l'aise.
Nous retournons dans le quartier chinois à la recherche d'un repas. Nous croisons quelques couples "habillés", les femmes portant ces fameux manteaux de fourrure, "fameux" parce que les guides racontent toujours qu'en Californie les femmes sortent en manteau de fourrure.
Les prix affichés dans les restaurants chinois ne nous enchantent guère et ces quartiers mal famés nous font abandonner la ville et l'idée de notre sortie en boîte.
Nous marchons jusqu'aux hauts gratte-ciels qui sont à la sortie de la ville, en direction de Berkeley. Ces buildings qui ne nous surprenaient pas de loin nous semblent impressionnants maintenant que nous nous trouvons à leur pied. Il y a le building Pyramide : la Transamerica Pyramid, qui n'est pas encore terminé, et la "Bank" où un coffre-fort gigantesque et impressionnant prône au milieu du hall aux yeux de tous.
Retour vers Berkeley
Nous essayons de faire du stop pour rentrer à Berkeley, et nous grelottons réellement. Une surprise : une superbe Cadillac s'arrête. Au volant, un noir de 35 ans environ, de très grande classe. Il rentrait chez lui à Auckland mais il nous emmène jusqu'à l'entrée du campus de Berkeley. A l'entrée seulement, s'excuse-t-il, car il n'y avait jamais pénétré et il préférait ne pas entrer. Nous avons été émerveillés du confort de cette voiture, très spacieuse, les vitres se baissent automatiquement par pression d'un bouton. La voiture était équipée d'un magnétophone à cassettes et notre chauffeur nous fait entendre tout un programme de blues sur lesquels il se mit chanter lui-même.
À Berkeley, par une soirée glaciale, nous partons à la recherche d'un snack. Nous aboutissons en fin de compte dans une pizzeria, assez sympathique, avec un juke-box. Nous faisons connaissance de deux Français qui nous entendant parler leur langue s'étaient rapprochés de nous. Cela se passe toujours ainsi. L'un deux venait de l'est de la France, et l'autre de Paris. Ils venaient de terminer leurs études et ils devaient d'ailleurs partir à l'armée à leur retour.
Eux, ils parcouraient les États-Unis en utilisant un moyen très courant aussi, de travailler pour des compagnies américaines qui livrent des voitures d'une ville à une autre. Leur voyage était ainsi payé, mais ils faisaient aussi des centaines de kilomètres par jour. Ils étaient depuis cinq jours à San Francisco où ils logeaient, mais n'y trouvant rien à y faire, ils devaient partir le lendemain pour le Mexique. Nous avons passé ainsi la soirée ensemble et nous sommes rentrés au campus alors que eux s'en retournaient vers la ville.
Évidemment, nous sommes entrés par le mauvais côté du campus, et on a pu ainsi visiter Berkeley by-night, le campanile illuminé, les divers départements de l'Université, le jardin... Nous avons poursuivi un étudiant qui était tout seul pour lui demander notre chemin...
À minuit nous étions couchés, avec cette conclusion en tête : ces villes américaines sont très bien mais il n'y a rien à y faire la nuit et c'est dommage.
