Jour 20 - Mardi 22 août 1972
KANSAS CITY - CHICAGO - NEW YORK CITY
KANSAS CITY
Le matin est consacré à une visite de la ville, par un temps gris, et à une visite de la TWA que nous vîmes, à notre regret, annulée d'une façon peu courtoise par ses dirigeants.
Le centre de Kansas City est plutôt triste. Tout y est gris, la pierre de construction, les buildings administratifs.
Nous passons devant un grand hôtel avec une chute d'eau gigantesque devant la façade.
Il y a de très nombreuses statues dans la ville qui sont des copies de statues existantes en Thaïlande, en Italie, en Espagne.
Le quartier espagnol de Kansas City est assez agréable : la Plaza avec une Giralda, et des maison au style espagnol. Mais tout cela sonne la copie.
Le quartier résidentiel, par contre, est constitué de maisons somptueuses, blanches, au milieu d'étendues de gazon. Leurs terrains sont très vastes. Il n'y a pas de barrières entre chaque propriété. Il n'y a pas de fleurs, pas de jardin, pas de potager, seulement du gazon, quelques arbres et une allée de pierre.
Nous visitons la mission, une ancienne école pour Indiens, d'un côté de la rue, l'école de garçon que nous visitons, et de l'autre côté, celle des filles.
Puis nous rejoignons l'aéroport.
VOL DE KANSAS CITY À CHICAGO
L'aéroport de Kansas City nous apparaît beaucoup plus beau que le hangar de sortie que nous avions seulement vu à l'arrivée dans cette ville.
Une surprise comique nous attend : nous passons tous entre deux détecteurs. Il est vrai que nous prenions l'avion pour Chicago où nous devions faire escale quelques heures avant de repartir sur New York, était-ce pour cela ? Nous avons très peur pour nos pellicules que nous avions mise dans nos sacs à main. L'un de nos copains a fait s'allumer la petite lampe à chacun de ses passages entre les détecteurs, même après avoir enlevé ses pièces de monnaie, et cela provoque le fou rire chez nous tous.
Nous prenons un Boeing 727 de la TWA qui décolle à 12h 45.
Le vol devient une habitude maintenant pour nous.
Nous atterrissons à Chicago à 14h 30.
CHICAGO
L'aéroport de Chicago est très beau, très moderne, très grand. Nous sommes les premières à quitter le groupe, après avoir bien noté l'heure de rendez-vous : à 20 hres, car nous voulions aller en ville en stop.
Nous avions donc environ cinq heures pour découvrir Chicago.
Le stop marche très vite. C'est un noir qui s'arrête. Il est en quelque sorte chauffeur, il effectue des courses dans la ville, une variante du taxi, entre le taxi et l'ambulance. Il nous emmène jusqu'au centre et hélas, la pluie se met à tomber en trombe. Et quand il pleut à Chicago, il pleut !
Notre chauffeur nous propose alors de nous faire visiter la ville au fil de ses courses et de nous ramener à 18h 15 à l'aéroport, où il devait prendre quelqu'un.
Il avait d'abord cru que nous étions des hôtesses de l'air. Évidemment, trois filles sortant de l'aéroport et moi expliquant dans mon anglais que nous étions entre deux avions, en escale de cinq heures, que nous voyagions sur TWA… Le quiproquo s'éclaira quand il me demanda depuis quand nous travaillons sur TWA, "work", ce mot aussi simple que je n'arrivais pas à comprendre tellement il était pour moi hors de contexte actuellement.
Le quiproquo expliqué il fut encore plus enchanté de nous faire visiter sa ville que nous voyons pour la première fois.
Une impression se dessine tout de suite lorsqu'on pénètre dans Chicago : il y a plus de noirs que de blancs. C'est surprenant lorsqu'on ne s'y attend pas. À Harlem, par exemple, on sait que l'on ne verra en majorité que des noirs, mais à Chicago, on ne le savait pas.
Le centre s'appelle le "Loop". C'est le quartier résidentiel, sélect. Il y a des magasins, des grandes artères, comme "State Street", et un grand parc, "Hyde Park", qui longe le lac Michigan, gris ce jour là, un port de plaisance, et des buildings : le "Marina City", gratte-ciel de forme ronde dont la moitié fait usage de parking, le "John Hancock Center", le plus haut de Chicago.
Ici, les buildings sont à la fois des bureaux et des appartements, ce qui est assez étonnant même en Amérique.
Nous nous dirigeons ensuite vers les abattoirs. Nous passons devant des maisons presque identiques, situées de chaque côté de la rue, mais l'une est habitée par la classe riche et l'autre par la classe pauvre. Il y a une très grande ségrégation à Chicago entre les classes sociales. Ainsi où nous allons, vers les abattoirs, ce sont des "slums" et pourtant la mairie de Chicago se trouve dans ce quartier là.
Nous passons devant une espèce de HLM qui nous paraît très potable de l'extérieur, mais, nous dit notre chauffeur, à l'intérieur c'est minable et c'est pour cela qu'on appelle ces bâtiments "The Jungle".
Nous allons ensuite voir l'Université, qui apparaît très vieille, un peu comme Berkeley, ou Cambridge. Les bâtiments ont une architecture classique. Pourtant des sculptures ultra modernes occupent le parc. Il n'y a pas de délimitation entre le campus et la ville, pas de barrières.
Nous retournons par le centre de la ville où nous trouvons certaines rues inondées et barrées, en si peu de temps !
Sur la route de l'aéroport, nous passons par la vieille ville, typique par ses escaliers de secours sur le devant des maisons, ses boites de strip-tease, et son allure délabrée en général. Notre chauffeur nous fait remarquer la différence entre les gens dans les rues de ce quartier et ceux que nous avions vu à Hyde Park. La grande différence nous dit-il c'est que dans le quartier résidentiel il n'y a pas de police alors qu'ici il y a un double barrage de police.
Nous retournons vers l'aéroport sous un ciel toujours gris.
La vue des gratte-ciel au loin est impressionnante, beaucoup plus qu'à San Francisco.
Nous mangeons un gros gâteau à l'aéroport où nous retrouvons le reste du groupe, donc certains n'ont même pas quitté l'aéroport.
VOL DE CHICAGO À NEW YORK
L'avion décolle à 8h 45. Il fait complètement nuit. On voit le cercle de la lune. Nous avons un programme de musique, excellent d'ailleurs, à notre disposition, avec des écouteurs. Et cela nous distrait, nous permettant de prêter peut-être moins attention aux éclairs tout autour de nous, car nous sommes en plein orage, et de trouver le temps moins long.
L'arrivée à New York est surprenante. Nous devons atterrir à l'aéroport de La Guardia et pour cela, en provenance de Chicago, il faut survoler tout Manhattan. Nous avons pu ainsi découvrir New York vue d'avion by-night et le spectacle est saisissant. Certains ont pu voir la Statue de la Liberté, ils étaient du bon côté de l'avion.
L'atterrissage, aussi, est impressionnant. L'aéroport de La Guardia se trouve au bord de l'eau, et cela nous ne le savions pas. J'étais assez habituée à l'avion pour savoir qu'il commence à descendre d'altitude assez loin avant l'aéroport, mais là, me trouvant aussi près de l'eau, une inquiétude traversa rapidement mon esprit, je me demandais comment l'avion allait atteindre la piste. Heureusement la piste se trouvait juste en bordure de l'eau.
Il est 23h 25, heure de N.Y.C. On a une heure de décalage.
Le temps est moins étouffant qu'à notre arrivée aux États-Unis, peut-être sommes-nous habitués.
Il est minuit quand nous retrouvons le Time Square Motor Hotel.
