Les États-Unis

3 août 1972 - 25 août 1972

Jour 21 - Mercredi 23 août 1972

NEW YORK

Notre réveil est très difficile.
Nos journées sont libres à New York et le fait de ne pas avoir à nous presser a fait tomber d'un coup la fatigue.

Nous quittons l'hôtel pour découvrir une ville effroyable. Nous sommes affolés par le bruit, le nombre de voitures et de gens dans les rues, et la saleté. C'est incroyable. Les voitures roulent à toute allure dans la ville même. Des fumées sortent par des trous d'égoûts. On nous expliquera plus tard que ces aérations sont nécessaires à cause de la climatisation de la ville et de tout le système électrique qui est souterrain à cause de la hauteur des immeubles, et qui sauterait si la chaleur ne pouvait pas se dégager. Parfois quand la fumée est trop abondante, on place un tuyau sur le trou.

Nous avons des tickets de petit déjeuner et le snack où nous devions le prendre est dégoûtant. La nourriture est horrible. C'est le déjeuner le plus minable que nous ayons eu. Et les gens dans ce snack n'ont pas des têtes aimables.

Nous allons ensuite directement au Visitor's Center où nous savions pouvoir trouver des cartes. Nous faisons connaissance avec une Française, qui est "au pair" dans la banlieue de New York depuis trois mois, et qui en avait déjà bien assez. Elle nous accompagnera pendant toute cette journée, très contente de trouver une compagnie car elle ne connaissait encore personne malgré ses trois mois de séjour à New York...

Nous prenons un bus, pas confortable du tout, avec du bruit, et remuant terriblement.
Direction : la pointe de Manhattan et la Statue de la Liberté.

La Statue de la Liberté

Nous prenons le ferry pour la statue. Le temps est gris, le ciel de plomb. La statue en elle-même n'a rien d'extraordinaire mais il faut y aller... comme on va à la Tour Eiffel ! Elle se trouve sur une île au milieu d'un parc. À notre arrivée, il y avait un orchestre noir qui jouait dans le parc.

Nous montons dans la couronne, enfin deux d'entre nous seulement, car les autres avaient abandonné. Une pancarte à l'entrée d'escalier annonçait en effet une température de 100°F, pas d'air climatisé etc. Mais nous ne nous décourageons pas, on a supporté pire !

La chaleur est en fait supportable, nous étions habitués à la chaleur ! L'escalier est très étroit et il est très surprenant d'y voir autant de gosses entreprendre cette ascension.

Dans la couronne se trouve un petit observatoire, vraiment minuscule, d'où on ne voit presque pas Manhattan à cause du temps gris.

Nous mangeons un snack dans le parc et reprenons le ferry de retour.

Wall Street

Nous nous dirigeons ensuite vers Wall Street et entrons au "Stock Exchange" où nous tombons sur Josette et Bernard, nos deux accompagnateurs. Nous restons un instant à observer la foule à la Bourse. Le quartier de Wall Street est un des quartiers les mieux fréquentés de New York. On n'y rencontre la crème des Américains.

Chinatown

Puis nous passons à travers Chinatown où je trouve enfin ces fameuses cabines téléphoniques au toit en forme de pagode que j'avais cherché en vain dans le quartier chinois de San Francisco. Le quartier chinois de New York est moins vaste que celui de San Francisco mais il fait plus authentique, moins touristique. Il fait également plus pauvre.

Nous nous trouvons alors dans des quartiers pauvres de New York, aux maisons délabrées, au linge qui pend aux fenêtres.

Nous mourrons de faim et nous allons manger, en l'occurrence un gâteau et une énorme part de pastèque pour nous désaltérer. Les pâtisseries et les glaces feront davantage nos repas que la viande.

Le métro

Puis nous tentons le métro pour rejoindre la 5th avenue. Il est vieux, recouvert de graffiti, tout comme les bus, bruyant, pas confortable, mais climatisé, ce que le métro de Paris devrait lui envier.

Il est environ 17 hres et nous nous trouvons en plein dans la "rush hour". Le métro s'arrête à deux reprises en plein milieu du tunnel mais c'est quand même plus rapide que le bus. Nous ne nous perdons pas du tout comme il est courant lorsque l'on est touriste à New York... et nous atterrissons directement au niveau de la 5th avenue.

5th avenue - Cathédrale Saint Patrick

Nous émergeons près de "Rockfeller Center" qui se trouve en face de la "Cathédrale Saint Patrick" que nous allons visiter. Elle est très belle de l'extérieur comme de l'intérieur ou l'hôtel est splendide. Mais malheureusement un énorme échafaudage occupait à cette époque l'intérieur de la cathédrale. Nous y croisons d'autres de notre groupe.

Empire State Building

Notre prochaine visite : l'Empire State building. On nous avait conseillé de le visiter à la tombée de la nuit, pour y découvrir New York by-day et rapidement New York by-night. C'est pour cela que nous nous retrouvâmes là avec beaucoup d'autres de notre groupe au même moment, au sommet du building. Entre-temps nous avions acheté des transistors et nous avions perdu les trois autres qui étaient avec nous...

À l'Empire State Building nous prenons un premier ascenseur qui nous emmène d'un trait, puis un deuxième ascenseur jusqu'au 86 ème étage (qui n'est pas le dernier étage car il y en a 105 étages).

La visibilité est très mauvaise : 5 miles. Mais malgré cela la vue est magnifique. Je crois que j'y retournerai chaque fois que j'irais à New York, car c'est un réel plaisir de découvrir New York de haut, et telle qu'on l'imagine.

Concert des Kinks à Central Park

Nous avions décidé d'assister le soir à un concert dans Central Park. Nous avions eu la liste des concerts dans un prospectus au Visitor's Center, et par chance, ce soir, il y avait un groupe bien connu : les Kinks. Non seulement pour les Kinks mais surtout pour vivre l'atmosphère de ce genre de concert, nous voulions y aller.

Bon, il fallait trouver Central Park et savoir où avait lieu le concert ce que nous ignorions totalement. Par la 5th avenue on trouve facilement Central Park et là on se renseigne. "Suivez les autres" nous dit-on. Nous empruntons donc un petit chemin qui nous fait découvrir que ce parc est très beau et très agréable.

Nous débouchons sur une vaste clairière, noire de monde, bordée de voitures de police, et de policiers avec d'énormes matraques. Ceci n'était pas très encourageant, mais nous nous mêlons tout de même à la masse des jeunes. D'ailleurs, nous choquions plutôt par nos accoutrement, moi surtout, car moi qui avais passé mes vacances en jean, j'avais mis ce jour-là une robe d'été, plutôt élégante, à cause de la chaleur qui règne à New York je me trouvais mieux en robe qu'en pantalon. Seulement pour une fois, dans ce contexte, je ne me sentais pas du tout à l'aise et je regrettais tant mon vieux Jean.

Il était 19h 30. Le concert était commencé depuis une demi-heure et nous arrivions juste pour le récital des Kinks. Le spectacle avait lieu sur une scène derrière des barricades, si bien que l'on ne voyait rien, seuls ceux qui avaient payé les deux dollars pour être sur les gradins pouvaient voir.

Cependant une grande masse de jeunes s'était installé dans l'herbe tout autour de la scène, pour écouter et fumer. Il y avait certainement plus de jeunes sur l'herbe que sur les gradins. Un trafic inouï de drogue se fait tout autour de nous, tout le monde fume, il y a des odeurs d'encens qui brûle et de hash. On nous demande "Do you wanna a smoke ?".

Nous avions, par miracle, retrouvé nos trois amies perdues dans New York, au milieu de toute cette foule. La soirée fut très agréable. Nous écoutions les Kinks, allongées dans l'herbe, avec le spectacle des gratte-ciels illuminés. L'ambiance était très sympathique. Ainsi je me liai avec un gars qui était assis à côté de nous, et qui ne nous laissait même plus écouter les Kinks, tant il posait de questions. Quand le concert fut terminé il me quitta en me disant "God save you back home". Oui, car nous quittions les États-Unis le lendemain...

Greenwich Village

Nous voulions finir la soirée à "Greenwich Village" mais nous trouvons un Greenwich Village complètement mort. Il n'y a que des restaurants. Les rues ne sont pas animées du tout. Nous faisons quelques boutiques ouvertes la nuit, pleines de posters et de gadgets, puis nous rentrons à pied jusqu'à notre hôtel.

Les rues sont désertes et ce que nous rencontrons n'est pas passionnant, comme ce type écroulé au pied d'un l'escalier, au milieu de ses vomissements, à demi mort.

Il est une heure passée du matin quand nous arrivons à Time Square. Nous prenons un pot au self en face de l'hôtel, qui est à cette heure fréquenté uniquement par des noirs et des gens à l'allure bizarre.
Et nous rentrons à l'hôtel.