Syrie 2001

11 Août- 25 Août 2001

L'Est



Resafa

Resafa est un site archéologique, à 30 km au sud-ouest de la ville de Raqqa. On est à environ 200 km à l’est d’Alep, sur l’Euphrate.

Il s'agit d'une ville très ancienne, le site remonte au 9 ème siècle AVANT J.-C., quand un camp militaire y a été construit par les Assyriens. La ville est mentionnée dans les annales assyriennes et dans la Bible en tant que "Retzef" (II Rois XIX / 12 et Isaïe XXXVII / 12), parmi les ville tombées sous la domination des Assyriens que les envoyés de Sennachérib nommèrent au roi Ezéchias.

Elle s’est développée aux époques romaine et byzantine.




Il fait très, très chaud, il est autour de 15 heures, on est en plein désert.
Voila notre arrivée sur cette ville fantôme au milieu du désert, ceinte de remparts édifiés au 6 ème siècle,
et complètement isolée.



Resafa a prospéré du fait de son emplacement idéal sur la route des caravanes reliant Alep, Doura Europos et Palmyre.
C'était une étape importante sur la route des caravanes le long de l’Euphrate.
Elle était aussi le point de départ de la piste de 150 km qui conduisait à Palmyre.

Durant les périodes romaines, elle est devenue un avant-poste fortifié du désert, établi par les Romains après la chute de Doura Europos en 256 après J.C. pour se défendre contre les Sassanides.

Implantée sur le chemin des guerres perso-byzantines, Resafa était bien défendue : elle était entièrement ceinte de murs massifs et possédait une forteresse. L’enceinte est considérée comme un chef d"œuvre de l’art militaire byzantin. Outre les cinquante tours carrées qui la défendaient, elle était renforcée aux quatre coins par des tours rondes monumentales.






Autrefois elle s'appelait Sergiopolis

Au 6 ème siècle Resafa devient Sergiopolis, une ville de pèlerinage pour les chrétiens venant vénérer Saint Serge, un soldat romain persécuté pour sa foi chrétienne.

Le martyre de Saint Serge

En 305, deux officiers romains, Serge et Bacchus, en poste sur les marches de l’empire, refusent de sacrifier à Jupiter. Ils sont transférés à Resafa pour y subir le martyre.

A leur arrivée, Antiochus les fit d’abord jeter en prison. Puis le lendemain les fit comparaître devant lui. Il essaya par tous les moyens de les pousser à sacrifier aux idoles. Ils refusèrent catégoriquement.

Antiochus condamna Bacchus à être fouetté par quatre bourreaux. Il fut flagellé si violemment qu’il rendit l’âme dans ce supplice à Soura. Son corps fut jeté dans une grotte. Les bêtes sauvages le gardèrent miraculeusement jusqu’à l’arrivée de pieuses personnes qui lui donnèrent une sépulture convenable.

Le cruel Antiochus inventa un supplice terrible pour Serge. Il lui fit mettre des souliers garnis au-dedans de pointes de clous, et le contraignit à courir devant son char pendant une quinzaine de kilomètres jusqu’à Tetrapyrgia.

La nuit suivante un ange apparut à Serge et le guérit de toutes ses blessures. Antiochus surpris et voyant tous ses efforts inutiles, lui fit endurer le même supplice en courant de Tetrapyrgia jusqu’à Resafa, puis le condamna à avoir la tête tranchée. Saint Serge fut décapité à Resafa. Le lieu où coula son sang s’entrouvrit formant un gouffre qui existe encore.

Source ☞ https://melekayoussef.blogspot.com/2010/10/saints-martyrs-sergius-wacchus.html

Un lieu de pèlerinage

En 306, Constantin est proclamé 34 ème empereur romain. Il se convertit au christianisme à la suite de sa victoire à la bataille du Pont Milvius en 312. Son règne voit l'établissement de la liberté de culte individuel, qui met fin aux persécutions des chrétiens (édit de Milan, 313).

La chapelle érigée sur le lieu même du supplice de Serge, le saint martyr, deviendra un lieu de pélerinage très important dans la chrétienté. Une grande église fut construite au 5 ème siècle. Elle contenait les restes de son corps. Elle était parmi les plus belles églises de tout l’Orient. Et la ville fut rebaptisée Sergiopolis.

Resafa enserrait dans ses remparts cinq églises, et un monastère. Elle fut une ville animée où affluaient des foules de pélerins pour visiter le tombeau de saint Serge.

Les murailles byzantines de Justinien

Au 6 ème siècle, sous Justinien, empereur de Constantinople, une muraille fut construite autour de la ville pour défendre les églises, les monastères, et toutes les richesses qu’elles contenaient, et que les pélerins de plus en plus nombreux offraient généreusement en l’honneur des Saints Serge et Bacchus. L'enceinte rectangulaire est percée de quatre portes, les murs, épais de trois mètres, sont renforcés par une cinquantaine de tours carrées.

L’église des Saints-Martyrs et la basiique de la Sainte-Croix (devenue cathédrale Saint-Serge) ont été construites à cette époque.



Le maintien d’une garnison dans une ville de pélerinage située en plein désert supposait l’existence de citernes très importantes. Resafa n'avait pas de source ni d'eau courante, et elle dépendait de grandes citernes pour capter les pluies l'hiver ainsi qu'au printemps.

Par leur aspect monumental, les citernes de Resafa sont comparables à celles de Constantinople. La plus grande d’entre elles pouvait contenir 15 000 m³ d’eau. Elles permettaient la livraison à chacun des six mille habitants de 20 m³ d’eau d’eau potable par jour. Les citernes qui contenaient les eaux soigneusement captées existent encore.

Que des ruines

Aujourd’hui, on ne voit plus que des ruines à Resafa. Le mur d’enceinte a environ 15 m de hauteur, et forme un rectangle de 500 m de long sur 400 m de large. A chaque angle se trouve une grosse tour ronde. Sur chaque côté il y a douze tours carrées prises dans le mur. Un chemin de ronde court sur le sommet de la muraille.

Au nord se trouve une porte géante à trois arceaux. Elle était défendue par un bastion avancé protégeant le passage. Sa décoration, constituée d’arcades, de bandeaux sculptés et de chapiteaux fleuris, est particulièrement délicate.







Une fois pasée la porte nord à l'architecture byzantine, l'intérieur de la ville n'est plus qu'un espace vaste et nu.
C'est tout ce que laissèrent les Mongols après leur passage à Sergiopolis.
A l'heure actuelle, seules quelques parties du site ont été explorées par les archéologues.









Quelques monuments subsistent encore.

La grande église a été détruite presque entièrement par un tremblement de terre en 1068.

Le tombeau de saint Serge fut transporté alors dans la basilique du monastère. Il fut reconstitué avec les matériaux du premier tombeau. Il en reste une petite cour, entourée de petits murs de marbre blanc, avec des colonnes de porphyre rose. Des inscriptions en langue grecque ornent les chapiteaux des colonnes.

Des restes des coupoles de l’abside subsistent encore.
L’une est décorée de peintures, et d'une croix ornée de rayons.

La grande icône du saint est entièrement détruite mais une très belle réplique de cette image subsiste dans l’église de saint Démétrius de Salonique.


La cathédrale Saint-Serge

La Basilique de la Sainte Croix (ou Basilique Saint Serge) qui sans doute abritait le tombeau de Saint Serge a été découverte en 1977. L’église est constituée d’une nef et de deux collatéraux. Le centre de la nef est occupé par un bêma monumental (la zone devant l'abside, où est placé l'autel, généralement surélevé par une plateforme).









L’utilisation de piliers à la place des colonnes permit de lui donner une hauteur impressionnante.










Le déclin et l’oubli

Malgré ses remparts, la ville a été prise par les Perses Sassanides en 616, puis, vingt ans plus tard, rapidement, par les Arabes lors de la conquête. Une petite mosqée fut aménagée sur le flanc nord.

Malgré un sévère tremblement de terre au 8 ème siècle (on voit encore les colonnes déplacées en leur milieu... et elles tiennent encore debout), la ville en grande partie chrétienne continua d'être habitée jusqu'au 13 ème siècle où elle fut entièrement dévastée par les Mongols à la suite de quoi le sultan Baybars déportera tous les habitants à Hama, et Resafe fut définitivement abandonnée.












Au début du mois de juillet 2017, l'armée syrienne a repris à l'organisation Etat islamique le contrôle de Resafa. En fuyant la ville, les jihadistes ont laissé des mines dans les ruines antiques.

DIAPORAMA

Vous pouvez choisir soit le diaporama manuel (flèches) soit automatique (start)