MADAGASCAR 2003
L'île rouge

20 avril - 5 Mai 2003

L'ANKARANA

Le massif de l'Ankarana est le deuxième endroit à Madagascar, après la réserve du BERMAHARA (au nord de MORONDAVA) où l'on peut voir des tsingy, ces formations karstiques aux pics acérés et érodés, offrant la vision fantastique de centaines d'aiguilles dressées vers le ciel. Le mot malgache « tsingy » signifie « aiguille ». Et "Ankarana" veut dire "là où il y a des rochers pointus"...

Ce massif de l'Ankarana s’étend selon un axe nord-sud sur un peu plus de 20 km parallèlement à la côte.

ATTENTION : la zone de l’Ankarana est infestée de scorpions. Il faut être vigilant surtout à la tombée de la nuit et dans les endroits humides (sources, pierres, rochers) Ils ne sont pas tous mortels mais pas sympas. Mettre des chaussures montantes, les suspendre le soir, éviter les endroits assez humides, et bien inspecter sa tente.

LE ROYAUME DES ANTAKARANA

Les Antakarana constituent le peuple de Madagascar vivant dans la région d’Antsiranana (Diego Suarez) au nord de l'île. Le nom signifie "ceux qui peuplent les Tsingy" ou encore "ceux qui peuplent la montagne rocheuse".

Il s'étendait des îles Mitsio à Sambava à l'est, en passant par le cap d'Ambre, jusqu'à Ambaja.

Ayant subi de nombreuses invasions et colonisations, ce peuple est aujourd’hui très métissé et constitué de peu d’individus.

Les Antakarana seraient originaires d’une branche Sakalava qui aurait occupé l’extrême nord de l'le au 17 ème siècle. Le massif de l’Antakarana, comprenant de nombreuses grottes et ces pics rocheux calcaires, aurait servi de refuge providentiel au peuple Antakarana lors des nombreuses guerres et sièges qui ont secoué cette région de Madagascar.

Au début du 19 ème siècle, quand le roi des Merina (habitants des Hautes Terres) RADAMA 1er tenta de conquérir le nord de l'île, les rois locaux, avec à leur tête TSIMIHARO et une partie de la population se réfugièrent dans les grottes du massif. D'où la présence de tombes royales sacrées, qui gardent un caractère sacré, et qui dit-on renferment aussi les trésors de guerre des souverains.

Le siège dura près de 3 ans avant que TSIMIHARO puisse gagner Nosy MITSIO. Les morts d’après les croyances se sont réincarnés à travers les crocodiles qui peuplent les rivières souterraines. Ils portent le nom d’Antandrano "ceux qui vivent dans l’eau". Un certain nombre de fady accompagne ces sites qu’il faut absolument respecter. Ainsi les Ambaniandro (de Merina) n’ont pas accès aux grottes. À l’intérieur, il ne faut porter aucun vêtement qui s’enfile par les jambes, (slips et pantalons sont proscrits). On porte donc le "lamba", un pagne.

Aujourd'hui les Antakarana représentent 60 % de la population régionale, dont 85 % sont musulmans.

Samedi 26 Avril 2003

De Diego Suarez à l'Ankarana

Nos guides ont fait les courses pour trois jours de bivouac et on quitte Diego-Suarez à 11h 15. Sur la route, pour la deuxième fois on est arrêtés par la police : vérification des passeports, tous. Et ils s’amusent à prendre du temps.


Nous prenons la route de l’Ankarana.

La route est asphaltée, très bonne pendant pas mal
de kilomètres. C’est que c’est la route qui va à Tananarive.
(3 jours de route en voiture pour rejoindre Tananarive...)



Passage d’un pont et très belle vue sur un village.





Très belle vue sur un village













Nous déjeunons à : ANIFRAN Hôtel du Lac


Nous reprenons la route.

Le CAMP DE MAHAMASINA

L'entrée EST de la réserve de l'Ankarana, tout près du village de MAHAMASINA, se trouve à 30 km d'AMBILOBE (110 km de Diego Suarez).


On arrive au camp de Mahamasina vers 15 h 30. Il y a déjà du monde d’installé, d’autres touristes. Il y a des paillotes avec un toit, où les lits, des vrais, sont bien abrités. Mais pour nous, pas de toit, Nouvelles Frontières a décidé que nous camperons !
Les paillotes, elles coûtent 25 000 FMG (25 FF) par nuit. Ce sont vraiment des économies exagérées.

Nous montons les tentes. Nous avons tous des tentes individuelles.






La mienne est montée... sur un terrain en pente, si bien que toutes les nuits, je ferai du toboggan...





L'équipe qui s'occupe de nous






A propos des scorpions et autres...

On nous a beaucoup raconté de choses sur le danger des scorpions dans l’Ankarana, alors : il ne faut pas se tenir à un mur, ne pas laisser les fermetures éclair ouvertes, il faut fermer la tente tout le temps (bon, là, ouverte, c'est pour la photo), et vérifier soigneusement l'intérieur du sac de couchage et des chaussures. L’angoisse, quoi. Mais en fait, je n'ai pas trop eu cette angoisse. J'ai juste appliqué les règles.

On a vu aussi des geckos, ces petits lézards inoffensifs et utiles (ils chassent les insectes). un uroplatus alluandi, très rare (un gecko nocturne qui vit dans la forêt tropicale humide malgache), un gecko à la queue en forme de feuille, l’Uroplatus phantasticus, endémique à Madagascar, une mangouste acajou, et question méchantes bêtes, des boas, et un scorpion qui était accroché sous la table de pique-nique où nous avions déjeuné. Mais pas de scorpion dans la tente !


Tout est humide le matin

Le matin, toutes les affaires étaient humides à l'intérieur de la tente, les sous-vêtements, les chaussettes, la serviette de toilette trempée, rien ne séchait, et il fallait pendre le linge dès les premiers rayons du soleil, et l'enlever très vite avant que la pluie ne redémarre.

Le groupe part marcher. Il est 16 hres. Il a fait très chaud, je transpire et il fait encore très chaud. Je reste au camp.

Il y a au camp un couple de gens âgés, ils piqueniquent avec leur guide sur une table de camping et des chaises pliantes... le luxe, il y en a des veinards. Il semble y avoir des différences de confort dans l’inconfort selon les agences.


Faire sa toilette

Il y a un groupe de trois jeunes, un gars qui est résident à Diego Suarez et deux de ses copines, qui eux occupent une paillote. Ils me disent qu’il y a un endroit pour se laver, avec de l’eau du puits. C’est un enclos avec sur une planche, une bassine et un petit gobelet pour s’asperger d’eau. Il faut auparavant aller puiser l'eau du puits avec un seau. Mais comme je ne sais pas très bien encore comment faire, je vais juste me débarbouiller un minimum. Il y a aussi, en face, un enclos pour les WC (un trou).


J'ai appris par la suite à tirer de l'eau du puit en lançant le seau tout au fond pour qu'il se remplisse, et tirer la corde, puis aller me doucher "à l'africaine" avec un seau plein d'eau, et un petit écipient avec lequel on s'asperge le corps.

À partir de maintenant nous ne connaîtrons plus de douche à l’européenne, mais uniquement ce système de douche qu'on appelle "à l’africaine" ou "au seau", même dans les hôtels. Quant aux dents, je ne les laverai qu’une fois le matin et une fois le soir avant de dormir, car il faut utiliser de l'eau de la bouteille d’eau minérale, et on économise.

J’accompagne Akram qui me montre où il va chercher de l’eau, à un robinet situé à l’entrée du camp, là où se trouve le bureau d’entrée du parc. Je prendrai l’habitude de me remplir là chaque jour une bouteille en plastique vide d’eau à ce robinet, que je garderai dans la tente et qui me servira à faire une dernière toilette des jambes et des pieds re-salis par la boue, avant de rentrer dans le sac de couchage.

J’attends pas mal de temps les autres qui sont partis en rando. Une fois encore je trie le riz. Et je n’ai plus rien à faire.
La nuit commence à tomber, et ils ne sont toujours pas rentrés. Oh comme je n’aurais pas aimé cela de marcher dans la forêt la nuit tombée !

Ils arrivent à 20 hres, à la nuit. Ils sont tout excités car ils ont vu un microcèbe (microcebus rufus) et c’est Sibylle qui l’a découvert. Du coup elle a été surnommée "Microcèbe". Le microcèbe roux est un lémurien assez rare, le plus petit de tous, il pèse environ 50 grammes. Il fait partie des primates les plus petits au monde. Il est endémique à Madagascar. On peut l’observer à l’aube ou au crépuscule.

Au repas, du crabe ! On mange sous un toit de paille, assis par terre sur des nattes.


Dimanche 27 Avril 2003

LA LONGUE MARCHE VERS LES TSINGY

J’ai décidé de faire les 20 km annoncés de marche dans la forêt (à vrai dire 23 km : 11,5 aller + 11,5 retour) avec le groupe pour, quand même, aller voir ce qui était pour moi avant de partir le clou du voyage : les grands tsingy de l’Ankarana, ces tsingy que Nicolas Hulot a montrés dans son "Ushuaya" sur Madagascar, des images spectaculaires, où il se faisait hisser, attaché à un harnais par le milieu d’une faille entre les tsingy.

Les Tsingy sont une formation géologique qui n'existe dans le Monde qu'à Madagascar, dans la baie d'Along au Vietnam et au sud du Brésil ou vers le Chili (je ne sais pas où exactement selon l'information que l'on m'a donnée).

Madagascar n'est pas d'origine volcanique, mais a été créée suite à la tectonique des plaques, ou dérive des continents. Elle est constituée d'un soubassement cristallin de latérite rouge, et d'une couche de matériaux sédimentaires : les formations karstiques des tsingy, une sédimentation faite de formations coralliennes et de fragments de coquilles d'animaux marins sur une plaque restée immergée lors de la séparation de l'Afrique et de Madagascar.

La formation des reliefs karstiques résulte de l'action corrosive et érosive de l'eau, en grande partie souterraine, qui dissout le carbonate de calcium.

Ramené à la surface par un glissement tectonique, ce gigantesque ensemble calcaire a été sculpté par l'érosion et l'acidié des pluies. Un tsingy est un bloc de roche carbonatée effilé, voire aigu, qui peut parfois atteindre plus de 60 m de haut.


Quitte à marcher autant choisir cette marche là !

11,5 km aller + 11,5 km retour en forêt pour aller voir les Tsingy = 23 km à pied, de jungle, des lianes, et des troncs d'arbres à sauter, des montées, et à la fin, le plus dur, au moins deux kilomètres de grimpette dans les rochers des Tsingy.

Il faut dire qu’il y a déjà 6 km pour rejoindre l’embranchement avec le chemin qui vient du Camp des Anglais, un autre lieu de campement dans ce parc (réputé d’après les guides pour l’abondance de ses moustiques), mais qui a l’avantage d’être plus proche des grands tsingy. Seulement nous n’avons pas campé au camp des Anglais, parce que la piste qui y mène était encore impraticable : nous sortons de la saison des pluies (et il pleut encore) et les pluies ont été très abondantes cette année, et nous avons rencontré pas mal de pistes encore inondées. Quand on campe au camp des Anglais : c’est 6 Km aller et 6 Km retour de moins en marche, soit seulement 10 Km aller et retour, la moitié quoi !

Mais bon. Nous partons à 7h 20 sous un ciel un peu gris ce qui est une bonne chose, pas trop de chaleur. Richard, notre guide pour la randonnée, qui nous accompagne depuis Joffreville, nous a dit qu’il était inutile de prendre les impers, qu’il n’allait pas pleuvoir, et que même s'il pleuvait, la forêt nous abriterait de la pluie.

Nous devons emporter beaucoup d’eau, 1 litre 1/2 chacun. C'est lourd. Et, ce ne fut pas assez...

Pour que cela pèse moins, j’ai rempli ma gourde (650 ml) que je porte en bandoulière, et une petite bouteille d’eau minérale (1/4) dans le petit sac à dos. Bon, je n’ai pas tout à fait 1 litre 1/2. J’ai aussi pris quelques barres de muesli (emportées de France) et un paquet de bonbons à la menthe très forte, question de reprendre des forces physiques (et cela a été très utile, j’ai tout consommé).

Nous sommes tous partis, accompagnés par Richard et par Akram, un devant, un derrière. Et qu’est ce qu’ils marchent ces deux-là ! Il y a aussi quelques très bons marcheurs dans le groupe : Pierre et Patrice. Les autres... pas mauvais marcheurs. Moi je marche assez bien, mais je succombe quand il faut grimper.

Sur le chemin, il faut d’abord traverser le grand lit d’un fleuve à sec, envahi de pierres. (Heureusement que ce n’est pas un gué !... car j'ai le vertige sur les gués, c'est bête, c'est comme ça).

Très vite un premier arrêt : la pause devant l’énorme banian. Deux bancs ! (naturels). Première barre de muesli, première avalée d’eau, et bananes séchées offertes par Akram, son petit cadeau préparé pour nous. On gardera en mémoire pour le retour tous ces points d’arrêt qui nous ferons mesurer un peu la distance qui reste à parcourir.



Richard et Akram, nos guides


Pour l’instant, au début, je marche en tête. Enfin, la deuxième derrière le guide.
(Parce que je sais bien que peu à peu je vais distancer et me retrouver la dernière...).

Puis c’est une interminable sente de forêt vierge, passer sous des amoncellements de lianes, sauter par-dessus de gros troncs d’arbres tombés au sol, des parties qui montent et des parties qui descendent.

Des animaux

On en a vu des animaux ! On a vu un boa, énorme, enroulé sur lui-même au pied d’un arbre




Un boa en dessous de la branche


On a vu des tas de millepattes et de scolopendres. On passait au-dessus en franchissant les arbres. Le scolopendre est très dangereux. C’est une sorte de millepatte tout plat avec deux pinces sur la tête. La scolopendre est venimeux. Sa morsure est douloureuse. Si on est piqué, il faut brûler la plaie avec une braise...

On a rencontré des tas de lémuriens, je me suis habituée à reconnaître leur grognement avant de les voir et de m’arrêter pour les chercher du regard, des tas de caméléons et de geckos (sur les arbres), des colibris (on l'appelle "beija-flor" au Brésil parce qu’il suce le suc des fleurs), et d’autres oiseaux.

En savoir + sur les lémuriens et leur différence avec les singes ☞ ICI

On arrive en hauteur d’une rivière. Là aussi c’est un point de repère au cours de la marche.




Escalade des rochers

En fait, là, on est assez proche des tsingy car c’est à partir de là que va commencer la trop longue et terrible montée et escalade des rochers. Après une première montée courte mais raide, je suis restée là, plantée, figée devant la grimpette et je lance : « Et je fais comment maintenant ! »

Akram qui m’accompagne pas à pas, qui m’attend, (car je suis la dernière maintenant), Akram me dit de me tenir au tronc fin de l’arbre. Et voilà toutes les précautions que j'ai prises auparavant pour ne pas me faire piquer par une bestiole ou une autre en touchant les arbres, qui s’envolent... Je n’y pense plus et je m’agrippe à tous les arbres, à toutes les branches.

Bien 2/3 Km d’escalade de rochers, je suis à bout de souffle. Je mange mes barres de muesli, je bois de l’eau, je souffle profondément... Et voilà j’arrive au bout (mais il n’y avait pas moyen de s’arrêter de toute façon). Les autres sont déjà en train d’admirer le paysage.

Je m’assieds sur un rocher avant même de regarder la vue qui s'offre à moi, l’épuisement. Les larmes me sortent des yeux tellement je suis à bout de forces physiques. Il fallait que ça sorte.

Et tout d’un coup, je fais "Ah !"... Exactement sous mes yeux, sous le rocher où je me suis assise, deux petits yeux me regardent avec apitoiement, je ne peux pas dire autre chose, ce regard triste, il avait l’air de me dire « mais pourquoi tu pleures, pourquoi tu es triste ? » C’était un lémurien, tout près de moi qui était venu me consoler. Je n’oublierai jamais cela.

Et voilà la vue !





Nous sommes entourés de lémuriens

En fait, nous sommes entourés de lémuriens. Surtout quand nous avons sorti le pique-nique (de la baguette de pain, des boîtes de sardines, une omelette froide, des boites d’achar), les lémuriens ils accourent vers nous, attirés par la nourriture, même si ce n’est pas la leur. Les lémuriens sont très curieux, et pas peureux. Ils s’approchent très, très près, ils sautent d’un arbre à l’autre. On a même vu deux qui se draguaient et se faisaient de petits bisous, vrai de vrai.



Nous sommes partis du camp à 7h 20 et nous sommes arrivés en haut des tsingy à midi et demi.
5 hres de marche pour faire 11 km 1/2. Richard nous dit que nous ne sommes pas de grands marcheurs...

Bon, avec tout ça, et les tsingy ?

J’ai été un peu déçue. J’avais dans ma tête les images filmées dans l'émission "Ushuaia", prises avec des moyens techniques extraordinaires, et évidemment, ce qu’on voyait de l’endroit où l’on était, était un peu trop éloigné de nous. Les guides ne nous emmènent pas sur les points qui seraient trop dangereux, donc, on n’est pas sur l’endroit le plus idéal pour voir les tsingy de près. J’imaginais une gorge, une barrière de rochers pointus, et elles sont complètement entremêlées à la forêt. On voit plus d’arbres que de rochers.

On voyait Nicolas Hulot en plein milieu des pics acérés, ou navigant sur les rivières au fond des canyons.
Nous, nous sommes sur une crête (sur le sommet des tsingy en fait) avec les tsingy, au loin, en face.

Tout au fond, se trouve le Lac Vert. Oui, en effet, l’eau est verte.

La marche de retour

À 13h 30 nous prenons le chemin du retour. Étant donné notre trop petite vitesse de marche, Richard ne veut pas que nous restions trop longtemps. J'ai quand même eu le temps de bien me reposer.

Le retour se fait avec beaucoup plus de facilité. La descente de l’escalade, c’est bien plus facile et rapide. Ensuite vient toute la traversée de la forêt, qui, il est vrai, au bout d'un moment devient interminable. Les descentes de l’aller deviennent des montées, et là je ralentis l’allure.

Je me suis perdue !

Le groupe se scinde par petits groupes, parce qu'on marche à des allures différentes. Au début je suis partie avec le groupe le plus rapide (comme dab au début), mais ils m’ont distancée, si bien que je me suis retrouvée seule sur le chemin, ceux de devant étaient partis loin devant, et ceux de derrière encore loin derrière...

La panique... ai-je pris le bon chemin ? Il paraît qu’il n’y a qu’un chemin mais quand même c’est une sente, et il y a des bifurcations avec de passages peut être plus étroits. J’appelle, non, je "crie" !... "Où êtes-vous ?"... Et personne ne me répond.
Ce fut assez angoissant. Jusqu’à ce qu’ils m’entendent. C’est ça la forêt, on ne s’entend pas.

Alors tous les souvenirs de mes points de repère sont revenus peu à peu : la rivière au sortir des rochers, puis le croisement avec le chemin qui mène au Camp des Anglais (on se dit alors "ça signifie qu'il nous reste 6 Km encore"), et puis le banian, et enfin le passage de la rivière à sec.

On est rentré sous la pluie

Là, il a commencé à pleuvoir, et c’est un endroit tout dégagé, sans arbres. Bon, la pluie mouillait mais pas trop. On a marché alors jusqu’au camp sous la pluie. La nuit était en train d’arriver petit à petit. Je marchais en compagnie de Florence. On était ainsi tous dispersés par groupes, par deux. Après la rivière, c’était loin d’être terminé, et ça semblait interminable.

Avec tout ça, pas si mal... Florence et moi, nous sommes arrivées au camp en deuxième position, derrière Pierre et Patrice, les grands marcheurs. Il était 17 hres.

J’ai parcouru le retour en 3h 30 ! (contre 5 heures à l’aller !).

Mes vêtements étaient trempés, le petit sac à dos rose, léger à porter mais trop fin, trempé, l’appareil photo, bien enveloppé dans un sac plastique, sans dommage. Il a plu des cordes depuis 16 hres.


Retour au camp

Au camp, c’est l’horreur : ben oui, il pleut.
Ma tente, quelle chance, n’est pas mouillée du tout à l’intérieur alors que celle d’autres du groupe ont pris l’eau.




Les pataugas traînent leurs centimètres de boue sous la semelle. Il faut que j'arrive à me jeter à l’intérieur de la tente, en retirant les pataugas des pieds à l’extérieur, et que je rentre aussi à l’intérieur de la tente avec une cape de pluie trempée sur le dos.

Pour les chaussures, j’ai installé depuis la Montagne d’Ambre mon système : un sac-poubelle en plastique posé à terre à l’intérieur de la tente qui me sert de... paillasson.

Après tout cet effort, je ne résiste pas à essayer la douche à l’africaine. Et c’est bien bon. Enfin propre !

Je vais prendre ma douche en tongs dans lesquels mes pieds dérapent pour marcher, et qui traînent aussi des centimètres de boue, et une fois revenue à l’intérieur de ma tente, il faut recommencer la toilette des pieds et des jambes avec des lingettes (indispensables en camping).

Ensuite je reste allongée à l’intérieur de ma tente car... la pluie tombait très fort...


Soirée au camp

Apéritif ! jamais si bien accueilli, le petit punch au rhum (le rhum que nos guides nous ont transporté dans le jerrican, c’est de l’artisanal : 90° presque).

Un festin jamais autant savouré : salade d’avocats et concombres avec une vinaigrette aux oignons. Les Malgaches préparent le concombre râpé, c’est délicieux. Ils en servent en accompagnement de tous les repas, c’est leur crudité.
Puis du poulet au lait de coco et de l’ananas.

Le soir, j’ai mal au ventre, plein de gaz, je ne sais pas ce qui l’a provoqué.

À 21 h30, je quitte la table et à 22 hres je suis dans la tente. En fait on n’a pas tant de moustiques que j’avais imaginé.
Tous les soirs depuis le début des bivouacs je prends de la mélatonine, et je m'endors vite ainsi.

Il a plu toute la nuit.


Lundi 28 Avril 2003

Réveil à 6 hres. Tous les vêtements sont trempés. Les chaussures sont immettables.
Une marche est prévue vers une grotte et un point de vue. C’est sûr que je n’y vais pas !

Décrassage, douche africaine, et surtout séchage sur la corde tendue au milieu du camp de tous les vêtements. Je fais même une petite lessive de deux slips. J’arrive maintenant à tirer l’eau du puit avec le seau toute seule. Ah çà je ne l’avais jamais fait de ma vie. C’est un peu lourd, le seau d’eau, mais j’y arrive.

Je reste au camp avec Gérard, qui lui aussi a abandonné ce matin, car hier il a marché en portant un slip en nylon et il s’est tout éraflé par le frottement. Moi, j’ai deux ampoules au pied.

Chacun dans son coin, on s’aménage un coin de repos sous le toit de la paillote des repas.

Un autre camp dans la forêt

À 11hres 15, nous partons en voiture avec les guides qui sont restés, pour rejoindre le groupe qui lui était parti marcher avec Richard vers la grotte aux chauve-souris. Nous allons vers un point de vue sur les petits Tsingy, dans un autre camp de la forêt où nous allons déjeuner. Gislain et Akram ont tout préparé et apportent le déjeuner.

Ce camp-là, il est très rudimentaire.
Il est en pleine la forêt, alors que nous, nous sommes dans une grande clairière, et où nous avons de l’eau.

Quand nous arrivons, le groupe n’est pas arrivé. Il y a un couple de touristes qui parlent anglais, avec leur guide. Ils sont en train de monter leurs tentes. Je leur demande de quel pays ils sont, car je n’arrive pas à identifier l’accent de leur anglais, ni américain, ni australien, ni british : ce sont des Canadiens de langue anglaise. La fille a manifestement l’air de ne jamais avoir monté une tente de sa vie. Gérard et moi nous lui montrons comment faire. Ils ont acheté cette excursion à Diego Suarez, un package pour eux tout seuls avec un guide chauffeur.

Le groupe arrive. Un peu épuisé. Ils en ont eu des aventures : Christian a été piqué deux fois par une abeille. Pierre qui a apporté avec lui un tire-venin, lui a fait une ponction, et qui n’est pas sans douleur...


Christian

Pierre


On déjeune d’une omelette, de riz au carry, et en dessert du coco râpé avec du sucre roux et des bâtons de cannelle.
On est entouré de lémuriens.






On trouve même un scorpion énorme qui était accroché sous la table de bois du pique-nique où nous déjeunions.



On voit deux mangoustes rouges, trop rapides pour que j’arrive à les attraper en photo.

Florence est, elle aussi, piquée par une abeille, et Pierre lui fait une ponction au tire venin.
Je pense au couple de Canadiens qui va dormir à cet endroit...

Je rentre au camp en voiture. Certains se paient le luxe d’y retourner à pied. Il y a des panneaux à cet endroit : quand je pense que si l’on nous avait emmenés là en voiture ce matin pour visiter les deux lieux prévus, la grotte est marquée être à 400 m et le point de vue à 2 Km. Mais le trajet de ce camp jusqu’à Mahavana, ça fait encore 1,5 km de plus.

Après-midi au camp

L’après-midi, il fait beau et chaud. Je reste couchée sur mon matelas sous une paillote car il fait trop chaud sous la tente. Tout le monde d’ailleurs se repose. Il y a une rivière pas trop loin. Certains vont s’y baigner. Il y a peu d’eau, mais ils ont pu barboter.

Vers 16 hres, le tonnerre gronde. Je décide d’aller prendre ma douche (africaine) avant que la pluie ne commence à tomber.
Ça fait du bien de pouvoir se savonner.

Puis j’organise mon équipement pour le soir : anti-moustique, un coup de bombe sous la tente.
La nuit tombe toujours à 18 hres. C’est ma dernière nuit sous la tente !

Dîner

On a l’honneur d'avoir la table de bois et des bancs pour nous, car les autres touristes du camp sont partis.
Punch très corsé (c’est la fin du jerricane, et ils nous ont mis la dose). Moi qui supportais bien jusqu’ici, ce soir je me sens paff toute suite. Pâtes sauce bolognaise que je ne mange pas (il y a de la viande). Dessert : bananes au rhum.

Pendant le repas, le groupe décide d’aller faire une balade de nuit à la rivière où parfois il y a... des crocodiles. Mais les crocodiles ne vont qu’en amont et pas là où ils se sont baignés cet après-midi, ouf. Ce sont les villageois qui savent ça, à force d’observations.

Et l’on se met à parler d’histoires de crocos et d'’autres histoires d'animaux : ne jamais aller dans l’eau quand on a été piqué par un scorpion, ni mouiller la piqûre de scorpion (cela dilue le venin qui se disperse dans le sang).

Richard, lui, nous raconte l’histoire de l’ex-président de Madagascar, Didier Ratsiraka, qui a fait subir depuis 1972 une dictature au pays et qui est aujourd’hui réfugié à Neuilly-sur-Seine (en France...) accueilli par le président Chirac à qui il a offert une tonne de topazes... Ces choses que l’on ne sait pas en France.

HISTOIRE

Le 14 Octobre 1958, la première république est instaurée. Philibert Tsiranana, ancien député de l'Assemblée Nationale française, ancien bouvier et instituteur, devient le premier président le 1er mai 1959.

L'indépendance est proclamée le 28 juin 1960, devenu le jour de la fête nationale du pays.

De 1959 à 1972, les Français continuent à exercer une domination sur l’administration et l’armée de la nouvelle république, ainsi que sur les activités économiques et la vie culturelle.

Le 13 mai 1972, un banal mécontentement de lycéens dégénère en soulèvement populaire violent contre le régime et le néocolonialisme français. Le général Gabriel Ramanantsoa, chef d'état-major général de l'armée, s'empare du gouvernement.

Cette date marque pour beaucoup, plus que celle de l'indépendance, la fin de la colonisation française à Madagascar qui aura duré 75 ans.

Les accords de coopération franco-malgaches sont renégociés, les légionnaires basés à Diego-Suarez doivent quitter le pays. Le pays sort de la zone franc. Et l'enseignement est totalement malgachisé.

Sur le plan international, Madagascar se tourne vers les pays du bloc communiste.

Le général Ramanantsoa se voit confier les rênes du pouvoir mais ne réussit pas à affermir son autorité et, confronté à l’aggravation des troubles et au risque d’éclatement du pays, préfère se retirer au début de 1975 en abandonnant le pouvoir aux mains du colonel Ratsimandrava, qui est assassiné au bout d’une semaine.

Au terme enfin d’une instabilité de plusieurs mois, une conjuration militaire en 1975 place à la tête de l’État le capitaine de corvette Ratsiraka, qui était chargé du ministère des Affaires étrangères sous le gouvernement de Ramanantsoa.

Dès son accès au pouvoir, Didier Ratsiraka proclame sa volonté d’instaurer un régime "révolutionnaire" proche du "bloc socialiste". Dans la foulée il est pébliscité président d'une nouvelle république, la "République démocratique de Madagascar".


Moi je vais me coucher. Les autres, ils partent vers la rivière.

Seule au camp, un dernier regard vers le ciel étoilé. J’adore la Croix du Sud qui me montre que je suis aux antipodes de chez moi.
Il est 20 hres, et je suis couchée.!

Quand ils sont rentrés, il y a eu un gros raffut. D’abord ils sont rentrés très vite, bien plus tôt que je m'attendais. Puis il y a eu, bien plus tard, des éclats de rires. J’ai su (le lendemain) que certains étaient à nouveau ressortis en voiture vers le village proche d’Ambilobe et qu'ils avaient bu pas mal de bières.


Mardi 29 Avril 2003

Il n’a pas plu de la nuit, mais la rosée a tout mouillé, et sur le petit matin, je me suis rentrée dans mon sac de couchage, à cause de la fraîcheur. Je me suis réveillée plusieurs fois au cours de la nuit, et à 5 hres 45 je n’ai plu redormi.

Ma serviette de toilette que j’avais pendue pour sécher à une corde attachée à l’intérieur de ma tente est... toute trempée.

À 8 hres, on a terminé le petit-déjeuner.




Richard, Akram, et Gyslain, nos guides

Nous quittons toute l’équipe du camp dont Aurélien, celui qui l’a construit et qui gagne ainsi sa vie, la femme qui m’a montré comment trier le riz, et les autres qui aidaient Ghislain et Akram à préparer les repas.

Ils ont tous été tellement gentils, c’est avec tristesse que nous partons en savant que nous ne les reverrons plus.
Car je ne pense pas que je reviendrai... camper.

Le départ est prévu à 9 hres 30.

DIAPORAMA

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