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TÉHÉRAN

Le Musée national

(Muze-ye Irân-e Bāstān)
30th. Tir Street
Imam Khomeini Avenue
Tel : +98 21 66702061-66


Vendredi 20 Mai 2016

J'ai eu froid cette nuit. D'accord il pleut ces jours-ci, mais en journée on crève de chaud dans Téhéran, comme jamais.

Ce soir, enfin cette nuit (3h 45 du matin) nous prenons l'avion pour rentrer à Paris, mais cela nous donne beaucoup de temps pour visiter encore Téhéran, une journée entière. Il fait beau ce matin, mais je veux aller visiter le musée national.

Le musée national de l'Iran est le principal musée archéologique de l'Iran. On ne va pas à Paris sans aller au Louvre, et on ne va pas à Téhéran sans aller au Musée National de l'Iran, surtout moi, qui suis férue de civilisations anciennes.

Avant de partir je croyais que Téhéran était sans intérêt et qu'il fallait y rester le moins de jours possible, et j'ai bien changé d'avis. Comme souvent dans mes voyages, j'ai aimé les capitales.

Il est 10h 30, je pars à pied par la Ekbatan Street, oui ce n'est pas trop loin, jusqu'à la Place Khomeini. 0n est vendredi, sur le chemin presque toutes les boutiques sont fermées. Mais le musée, lui, reste ouvert.



Vendredi, toutes les boutiques sont fermées.


Le National Museum se trouve juste après la Place Khomeini d'après la carte. Mais pour le trouver, ça prend du temps !...
Parce qu'on a tourné en rond.



On demande notre chemin à des gens. On nous indique un musée, oui mais c'est pas le bon !!
Celui-ci c'est l'Iran Ebrat Museum. Ce musée a été construit par les Allemands sur ordre de Reza Shah.



Ebrat Museum

C'était du temps de la police secrète du Shah une prison où l'on enfermait les prisonniers politiques. Plus tard, il a été utilisé comme prison pour les femmes.

Un bâtiment de trois étages qui mènent à un espace circulaire qui en est la partie principale. L'architecture du bâtiment est telle que tout effort des évadés se soldait par un échec. On n'entendait même pas leurs cris.

Après la révolution islamique le lieu a été transformé en musée pour montrer la cruauté et la façon dont les prisonniers étaient gardés et torturés.


Franchement, même si on se retrouve face à la porte d'entrée, cela ne nous tente guère.

On tombe sur un marché de collectionneurs de billets de banque.
Eh oui, il y a des amateurs de l'effigie du Shah...






On reprend la grande avenue. Tiens c'est marrant ça.



Enfin, on arrive à trouver le musée. Je peux vous dire que même avec mon plan de Téhéran sur mon mobile, on a eu du mal.
Pourquoi on a tourné en rond ? Je ne sais pas.

Il est visible pourtant ce musée national, alors pourquoi a-t-il été si difficile de le trouver ?
Sans doute parce que cette entrée ne donne pas sur la grande avenue, mais dans une rues transversale, et en renfoncement.




Le Musée National


Le Musée National a été conçu à la demande de Reza Shah par un architecte français : André Godard.

André Godard

Architecte et archéologue, né en 1881, mort en 1965, devenu en 1928 directeur des services archéologiques d'Iran. Le musée a été achevé en 1928, et inauguré officiellement en 1937 sous le nom de "Iran Museum". André Godard en a été nommé directeur par Reza Shah.

André Godard a également dessiné les plans de la bibliothèque nationale (Ketābkhāneh-ye melli) et du monument du mausolée de Hafez à Shiraz en collaboration avec Maxime Siroux. Il a conçu l'université de Téhéran en collaboration avec Siroux, Mohsen Foroughi et Roland Dubrul. Il a été responsable de la restauration de monuments historiques majeurs d'Iran, comme la Mosquée du Vendredi, la Mosquée du Shah et la Mosquée du Sheikh Lotfallah et l'hôtel Abbasi à Ispahan.



Un mélange de style sassanide (tel le grand iwan de l'entrée) et de style art-déco en briques.



L'entrée du Musée National


Le musée national de l'Iran est composé de deux bâtiments côte à côte ⤵︎
✧ Le plus ancien, qui est l'ancien "Iran Museum".
✧ Et le plus récent, qui est le musée de l'ère islamique.

Le billet pour visiter

Bon, pour entrer là encore c'est quelque chose... Le billet il coûte 300 000 rials, il est valable pour le musée national seulement. Et si l'on veut visiter le musée islamique... qui se trouve juste... next door... c'est 200 000 rials en plus.
Un total de 13 €.

Moi j'ai décidé de n'acheter que le premier billet, car il est possible d'acheter le second ensuite quand on en sort, au même guichet.

La consigne !

Face au guichet, un autre guichet... C'est la petite lucarne que l'on voit sur la gauche de cette photo.

Il faut y déposer tout ou presque.
On ne peut pas entrer avec un sac. Mais j'ai pu garder mon appareil photo, mon téléphone, mon passeport et mon porte monnaie, et le gars a même eu la gentillesse de me donner un sac en plastique pour que j'y mette tout ça.

Les photos sont autorisées, mais sans flash.
Je ne vous dis pas : j'ai pris en photo... tout le musée, ou presque...


Il y a 2 niveaux dans ce musée. On commence logiquement par visiter le hall du rez de chaussée, mais en fait il vaudrait mieux commencer par le premier étage qui est consacré à la période préhistorique et descendre ensuite au rez de chaussée ! Ce serait plus logique, et pas comme moi je l'ai fait...

VIDÉO

Le hall d'entrée


©PlaneteJoce


Comme toujours, moi je préfère visiter les musées nationaux "après" avoir visité les sites archéologiques.
Les oeuvres du rez-de-chaussée m'ont été plus faciles à localiser vu que j'étais allée à Persépolis.




Plan du site de Persepolis exposé au musée national



Je suis une mordue d'histoire ancienne et d'archéologie, alors pour moi
ce musée a été fascinant.


L'étage inférieur


L'étage inférieur est consacré à l'ère sassanide, du 3 ème au 7 ème siècle avant J.C.
On y voit des objets en verre, des objets en bronze, des reliefs en stuc, des décorations en mosaïque, des poteries, des céramiques, des figurines de pierre et des sculptures... bas reliefs achémenides, bronzes parthes et mosaiques sassanides...

La plupart proviennent des fouilles de Persépolis, Ismail Abad (près de Qazvin), Shush (Suse), Rey (10 km au sud de Téhéran) et Turang Tappeh (22 km de Gorgan, au nord-est).




Chapiteau à tête de taureau

Statue d'un chien assis


Il faut rappeler que l'édification de Persepolis commença en 521 AVANT J.-C. sur l'ordre de Darius Ier qui décida d'établir une nouvelle capitale à peine les travaux de Suse terminés, afin de symboliser la puissance des souverains Achéménides.

La construction de Persépolis s'est poursuivie pendant plus de deux siècles, jusqu’à la conquête de l'empire et la destruction partielle de la cité par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C.

La partie de Persépolis comprend : un magnifique chapiteau à tête d'homme, une inscription cunéiforme proclamant la puissance de Xerxes, et une frise en carreaux vernissées de la salle principale du Palais d'Apadana (salle d’audience royale).

Ici, ci-dessous, mes photos persos - © -















Un escalier sculpté

Tablette écrite en cunéiforme

Suse

Comme j'ai fait les choses à l'envers, je suis tombée "ensuite" sur la partie consacrée à "Suse".
Suse a été occupée jusqu'au 14 ème siècle, soit sur une période de plus de 5000 ans.



Shush

Suse, anciennement "Shush", a été fondée vers 4000 avant J.-C. sur un point de passage qui reliait la vallée du Tigre au plateau iranien. La ville est mentionnée dans la Bible sous le nom de "Chouchan", où habitaient majoritairement des Juifs, soucieux de vivre éloignés des autres peuples. En plein coeur de Shush, se trouvait le palais du roi, que dans la Méguila on appelle "Chouchane Habira", le mot "Bira" signifiant en araméen la citadelle.

Au 5 ème siècle av. J.-C. Shush est devenue la capitale de l'Empire perse achéménide. L’Empire perse était le centre du monde, un empire s’étendant sur 127 provinces, de l’Inde à l’Éthiopie.

Le monument principal de la période achéménide est le palais de Darius Ier. Le roi l'a fait bâtir durant les premières années de son règne.


Suse me fascine parce que la frise des archers du musée du Louvre, si belle avec ses briques vernissées, provient du palais que Darius I (vers 510 av J.C.) avait fait construire dans cette ville. Et je ne peux oublier que cette frise a été le déclencheur de ma passion pour la Perse antique.


La frise des archers du musée du Louvre




Images d'Internet © Michèle Pellevillain

☞ ☞ ☞ Voir ou revoir la frise des archers du Musée du Louvre, février 2015

☞ ☞ ☞ Maison du projet du Louvre Lens


Suse se trouve dans le sud-ouest de l'Iran, à environ 140 km à l'est du fleuve Tigre. Les fouilles à Shush n'ont débuté qu'en 1860 et réellement qu'en 1897 avec ☞ ☞ ☞    Jacques de Morgan


La petite ville iranienne actuelle de Suse se trouve à proximité du site.
Je n'ai pas été tentée d'y aller parce qu'il ne reste aujourd’hui qu'un champ de ruines..





Hier (maquette, musée de Téhéran)

Aujourd'hui



Ruines du palais royal achéménide de Suse
En arrière-plan le château construit par Jacques de Morgan (Photo Wikipedia)


Parmi les pièces provenant de Suse exposées au musée national, il y a un lion ailé en pierre, des pichets et de la vaisselle en forme d'animaux, des vases en verre coloré vernissé, décorés de créatures aux doubles ailes mythiques, des rhytons (vases en terre cuite) de trois couleurs différentes qui dateraient du 5 ème millénaire av. JC, des figurines, des objets faits d'os et d'albâtre.

Wikipedia sur Suse ☞ ICI



Cette célèbre statue de Darius le Grand trouvée à Suse en 1972, avec une inscription trilingue est la statue de pierre que Darius a ordonné de faire en Egypte afin que dans l'avenir, "celui qui le regarde sache que l'homme persan a tenu l'Egypte".



Statue de Darius Ier - Musée de Téhéran

Une copie de la stèle diarite détaillant le code babylonien d'Hammourabi, trouvé à Suse en 1901, s'y trouve également.

Mais c'est une copie, l'originale étant à Paris.


Stèle du Code d'Hammourabi
Musée du Louvre (Wikipedia)


A savoir que bon nombre des pèces provenant de Suse se trouvent au musée du Louvre.



Chapiteau d'une colonne de l'Apadana du palais de Darius
Musée du Louvre - Image Wikipedia

La suite : le 1 er étage, la préhistoire et la période pré-islamique ☞ ☞ ☞

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