Polynésie 1987

1er Juillet - 22 Juillet 1987

Mes amis avec qui j'était allée en Centrafrique, me proposent de les accompagner en Polynésie, où le frère de ma copine effectue son service national dans la coopération comme dentiste, et habite une grande maison sur l'île de Huahine où nous seront hébergés.


Le voyage doit avoir lieu en juillet, à cause des vacances des enfants, et parce que c'est la saison sèche. L'hiver austral, des températures un peu plus fraîches, enfin du 26°... C'est une période de l'année où je ne voyage pas habituellement préférant profiter de notre été en Europe, mais une proposition pareille, ça ne se refuse pas !

De Paris à Huahiné

Ça a été un très long vol, avec Minerve, la première compagnie charter de Nouvelles Frontières, bien avant Corsair. C'était un DC8. Pour autant d'heures de vol, pas d'espace pour les jambes, très fatigant. Le vol nous a fait passer par l'Amérique et nous avons fait une escale à Los Angeles pour recharger en essence.

Nous avons atterri à Tahiti, et nous avons immédiatement enchainé avec un petit avion à hélices jusqu'à Huahine. Sur les vols domestiques, le poids autorisé est de 15 kg, et 15 kg c'était compliqué. Nous avions emporté notre matériel de snorkeling, y compris les palmes, et jusqu'à des fusées d'alertes que le frère de Roselyne avait demandées.

HUAHINE

Huahine est une île de la Polynésie française qui fait partie des îles Sous-le-Vent dans l'archipel de la Société.
Elle se trouve à peine à 175 km (40 min en avion) de Tahiti et à 50 km (15 min en avion) de Bora-Bora.


A notre arrivée à l'aéroport de Huahine, le frère de Roselyne et sa copine nous ont accueillis et nous ont passé autour du cou des colliers de fleurs en signe de bienvenue comme le veut la coutume polynésienne.



Dans la tradition polynésienne, les colliers de fleurs sont un signe de bienvenue : ils sont éphémères, mais parfumés et colorés (souvent à base de fleurs de tiaré), et sont liés aux traditions d’accueil et d’hospitalité des Polynésiens.

Les colliers de coquillages, quant à eux, sont les colliers du au-revoir (et non d’adieu), donc destinés à durer : ils signifient que la ou les personnes qui vous les offrent souhaitent vous voir revenir à Tahiti.

Le collier de coquillages est passé autour du cou de tout polynésien qui quitte Tahiti ou ses îles. Ce rituel est accompli par tous les membres de la famille et par les amis venus faire leurs adieux.


Le décallage horaire s'est énormément fait sentir. 12 heures tout de même ! Embouteillage dans la maison en pleine nuit, vers 3 hres du matin pour aller jusqu'à la salle de bain... On était tous réveillés... Il fait très, très chaud pour dormir.

On se retrouve dans la maison à vivre à pas mal de monde. Nous, les quatre adultes et trois enfants, le frère de Roselyne, parfois sa petite amie, une "expatriée" de la métropole qui fabrique et vend des bijoux. Ils sont amis avec un autre couple, un jeune médecin qui fait aussi sa coopération et son amie.


Huahine se compose de deux îles, entourées d’une barrière de corail et reliées par un pont : Huahine Nui (grande Huahine) au nord et Huahine Iti (petite) au sud, deux massifs montagneux séparés par les baies de Maroe et de Bourayne mais reliés par un isthme.

Huahine Iti ne possède qu'un volcan dont le sommet, Pohue Rahi, atteint 460 m. Plus élevée, Huahine Nui culmine à 669 m au mont Turi. Huahine Nui possède un lac, le Fauna Nui.

La barrière de corail est émergée sur les côtes septentrionales et orientales, ce qui en fait un atoll surélevé.





Huahiné vue d'avion

Huahine Iti et Huahine Nui.
Au fond sur la droite, le "sexe de Hiro" sur la crête de la montagne


Environ 6 300 habitants y vivent sur une superficie de 74 km². Le district et village principal est Fare, au nord-ouest de Huahine Nui. Un bourg plutôt qu'une ville. Nous habitons pas loin de Fare, nous y allons à pied, au restaurant ou pour faire les courses au supermarché.



Le port de Faré




La plage près de l'aéroport de Huahine

La recherche des coquillages sur la plage de l'aéroport


C'est dans le lagon derrière la maison que j'ai vécu la plus grande peur de ma vie. Je snorkelais, seule, alors que mes amis se trouvaient assis sur la plage. J'ai été prise dans un courant, la première fois de ma vie, impossible de remonter sur le sable et mes amis ne s'en rendaient pas compte.

Dans ce lagon une autre peur que j'ai vécue : nous avions tous nagé ensemble jusqu'à la barrière de corail émergée au bout du lagon, qui n'était pas très grand, et là, pour monter dessus (oui je sais aujourd'hui, ce n'est pas bien...), nous avons retiré les palmes. Il y avait des requins dans les vagues, de l'autre côté de la barrière. Des "petits" requins, certes, mais j'ai eu très peur, et suis vite repartie en nageant vers la plage.



Sur la plage derrière la maison

Nous


On appelle Huahine "l'île de la femme" car elle a toujours été gouvernée par des reines. Autrefois elle s'est appelée "Tematatoerau", puis "Matairea". "Huahine" peut se traduire par "sexe de femme", peut-être une référence à sa forme particulière.

On y cultive la vanille, ainsi que les melons et les pastèques sur les motus. On y exploite le coprah et on y pratique la pêche.
Des parcs à poissons ancestraux peuvent être observés dans le district de Maeva.

Le marae Manunu

La commune de Maeva abrite aussi l'un des plus vastes ensembles archéologiques de la Polynésie. Le "marae" Manunu qui en fait partie a des dimensions impressionnantes : 2 m de haut, 40 m de long et 7 m de large.

Les marae sont des autels honorifiques familiaux. Les marae royaux sont des autels honorifiques monarchiques. Ils possèdent une pyramide à gradin caractéristique où étaient réalisés des "egregores" sous la direction des tahu'a qui dirigeaient les cérémonies rituelles (+ sur les tahu'a ☞ ICI ).


Après avoir franchi le petit pont à hauteur des parcs à poissons, au prochain croisement, prendre à gauche la piste en direction de l’aérodrome. On arrive à hauteur de cet imposant marae sur la gauche. Il est signalé.

Ce marae était voué en tout premier lieu à Tane, le dieu de la Guerre et de la Pêche propre à Huahine, mais on y honorait également Oro, comme dans le reste de l’archipel. Raiti, le dernier grand prêtre de Huahine, fut inhumé ici en 1915. À l’extrémité occidentale, une dalle de l’ahu (une plate-forme à deux gradins) est ornée d’un pétroglyphe émoussé représentant une tortue. Ce type d’ahu est très rare aux îles Sous-le-Vent.

(+ sur le marae Manunu ☞ ICI )


Pour moi dernière tentative sans succès d'y aller en vélo avec les copains.
Eh oui, la grande voyageuse que je suis ne sait pas aller à bicyclette !

Le Heiva

Nous étions à Huahine au mois de juillet, et c'est le mois durant lequel se déroule le "Heiva". Le Heiva est un événement purement polynésien, une célébration de la culture polynésienne. Au cours de cette fête sont organisés des concours artistiques (chants et danses) et sportifs (notamment le lancer de javelot, le soulever de pierre et la course de pirogue).

Sur Huahine, à Fare, il y avait des représentations de danses et de chants auxquels nous avons assisté, dans une salle des fêtes très sonore. J'ai alors enregistré tous ces chants avec ce qui était l'innovation de l'époque, un Walkman MiniDisc Sony. Difficile de récupérer ces enregistrements aujourd'hui.


Ce rendez-vous annuel du Heiva est un témoin de l’histoire de la Polynésie. Au tout début il s’agissait de fêter le très républicain 14 juillet.

Mais l'Histoire commence en 1819, lorsque le roi Pomare II, fraîchement christianisé et surtout fortement influencé par les pasteurs protestants, décide d’interdire les danses traditionnelles jugées trop païennes et trop immorales. L’état français aussi s’en mêle en réduisant les lieux et les jours d’expression.

Finalement en 1881, via le chant traditionnel, le himene, l’esprit du Heiva revient. Il est alors question d’associer et de fédérer les Polynésiens autour du 14 Juillet, avec une période festive, le Tiurai. À l’époque trente groupes se produisent devant le public. Pour la danse, il faudra attendre 1956 et surtout le travail et l’audace de Madeleine Moua, grande dame de la danse polynésienne. Avec sa troupe Heiva, elle donne vie au ’ori Tahiti tel qu’on le connaît à présent.

Les danses, interdites au début du siècle, firent progressivement leur apparition et peu à peu, le Heiva perdit sa résonnance républicaine, pour devenir la fête de la culture traditionnelle.

Les festivités réunissent des Polynésiens de tous les archipels. Papeete en est l’épicentre, mais chaque île organise son propre Heiva. Les prestations des différents groupes font la une de la presse TV et écrite. Aujourd’hui, le Heiva i Tahiti c’est plusieurs semaines de festivités : concours de danse, sports traditionnels, salon artisanal, chant, musique, marche sur le feu, autant de moments forts à découvrir.

(+ sur le Heiva ☞ ICI )


Ma vie à Huahine

Ce qui m'a frappé c'est que les conversations tournaient toujours autour d'histoires de plongée, de poissons, de bateaux. Jamais une référence à la Culture. Je me suis un peu ennuyée d'entendre toujours parler des murènes et des poissons pierre.

Il a fait très chaud, une chaleur humide, et il a juste un tout petit peu plu, mais une bonne averse. Je me souviens que l'on a alors décidé de prendre la douche et de se laver sous la pluie, expérience délicieuse.

Il y a eu beaucoup de moustiques. Le tortillon allumé en dessous de la table était constant.

On faisait les courses au supermarché de Fare. Tout y était très cher, trois fois les prix de la métropole.
On a mangé beaucoup de poisson cru mariné au citron à la maison, souvent de la bonite. J'ai appris qu'il fallait faire très attention en préparant du poisson cru car certains avaient en leur milieu une partie très vénéneuse qu'il fallait retirer.

Au restaurant on se régalait du poisson préparé à la tahitienne, au lait de coco.

Et on a beaucoup... bu. Je me souviens une fois d'un retour difficile (à pied) du restaurant de Fare jusqu'à notre maison. Le mélange lait de coco très gras et le vin d'Amérique du Sud, très costaud, n'a pas fait très bon ménage.

Ce qui m'a frappé aussi c'est que nous avions comme voisins une famille polynésienne, et que à part un bref bonjour, aucun autre échange ne s'est produit. Les métropolitains et les autochtones m'ont semblé vivre très séparémént les uns des autres sans se mélanger.




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