L'EST
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LES VILLAGES BEDIK DU PAYS BASSARI
A partir de Kedougou

Les Bassaris
Les Bassaris seraient apparentés aux Bantous d’Afrique centrale et australe. Contrairement à d’autres peuples d’Afrique de l’Ouest, ils ont résisté aux razzias esclavagistes et à l’islamisation. Au 19 ème siècle, fuyant les Peuls et l'Islam, les Bassaris vont se réfugier dans ces contreforts montagneux du Fouta-Djalon. Ils ont été protégés grâce à leur isolement et au fait qu’ils vivaient en altitude.
Leurs villages où ils habitent encore, bâtis dans les collines, sont difficilement accessibles. Ils ne sont accessibles qu'à pied. Leurs cases rondes sont minuscules (2 m de diamètre). Ils sont chasseurs, cultivateurs, mais aussi des forgerons, vanniers, potiers.
Au cours des rites d'initiation, en avril et mai, les hommes portent un étui pénien en rônier tressé orné d'un triangle en peau d'antilope et de laines de couleur, et des masques faits de fibres et d'écorce. Ils se parent aussi de perles, de colliers, et se fixent une épine de porc-épic dans le nez. Les femmes portent un cache-sexe en tissu brodé de perles, et une ceinture faite d'anneaux de bronze et de perles, des médailles dans le nez, des bracelets de cuivre autour des bras et des jambes complètent leur costume.
Les Bassaris (moins de 15 000 personnes) regroupés dans la région de Salémata, sont maintenant largement "sénégalisés" dans leur vie quotidienne.
Nous n'irons pas visiter des villages bassaris proprement dits, car on ne peut accéder à la zone à la frontière avec la Guinée que par des pistes et des routes à peine praticables. Ils se trouvent à 100 Km d'une piste épouvantable nous dit notre guide, où même avec un 4x4 on galère.
Nous allons aller voir des villages Bédiks, qui ont d'avantage conservé leurs tradition, nous dit notre guide.
Les Bediks sont moins nombreux que les Bassaris, et souvent confondus à tort avec eux. Les Bediks ont leur propre culture et leur propre langue. Leur capitale est le village d'Iwol, accessible par la piste Kedougou - Salémata (4x4 non nécessaire). La zone de Bandafassi englobe 181 km², comprend de petites montagnes et des vallées. Neuf villages Bédik sont situés en altitude.
Le Fouta Djalon
Fouta-Djalon, la traduction en dialecte foulah de l'expression "le domaine du Peulh". Il est surnommé "la Suisse de l'Afrique de l'Ouest" : air frais, mille mètres d'altitude en moyenne, forêts de pins, torrents, cascades, ruisseaux qui gèlent en décembre. Durant la période coloniale, les gouverneurs de l'Afrique Occidentale Française venaient en vacances au Fouta. L'air est si bon en "Suisse"...
Le massif du Fouta-Djalon s'étend d'avantage sur la Guinée qu'au Sénégal. Il est considéré comme le "château d’eau de l’Afrique de l’Ouest". Le fleuve Sénégal, la Gambie et le fleuve Casamance prennent leur source dans le Fouta-Djalon, de même que le plus grand fleuve d’Afrique de l’Ouest : le Niger.
Le point culminant est le Mont Nimba situé dans la partie Sud-Est de la Guinée, à la frontière avec la Côte d’Ivoire : 1752 m.
Samedi 13 Décembre 2003
On a noté que le jour se levait bien plus tôt ici qu’à Saint Louis. On est à l’Est. Il se lève vers 5h res, une heure plus tôt qu’à Saint-Louis où il se levait à 7 hres. Je me suis réveillée à 5 hres. J’ai dormi avec le ventilo et j’ai eu froid à la gorge, ça m’a réveillée, je me suis levée pour l’éteindre. Le petit-déjeuner est prévu à 7h 45 et le départ à 8h 15. Notre guide pendant ce séjour à Kedougou s’appelle David.
On s’arrête tout d'abord en ville pour faire les courses pour le pique-nique du midi.
Nous nous arrêtons devant la façade bleue de l'Alimentation de Dioubo, (T: 985 11 24) le meilleur petit supermarché de la ville. Elle est bien achalandée cette petite épicerie : plein de boîtes de conserves et plein d’alcools forts importés, gin, whisky etc. Olivier prend des sardines, du thon, et des vaches qui rit, qui constitueront le gros de nos pique-niques, ainsi que des paquets de gaufrettes au chocolat. Pour le pain, il achète les baguettes dans la rue, il y a une vendeuse assise à terre avec un panier rempli de baguettes de pain.
En discutant, j’apprends qu’il y a un énorme trafic avec les pays limitrophes : les Sénégalais de la région vont souvent s’approvisionner en Guinée parce que là, le franc CFA n’est pas en vigueur, donc la vie est moins chère, alors qu’au Mali, c’est le Franc CFA. Au Mali, ils vont acheter les motos, et les pièces détachées pour la mécanique.
À 9h 15, les courses sont faites et on prend la route.
Quand on sort de Kedougou pour aller n’importe où, on emprunte une longue et large piste déserte de latérite rouge, que j’appellerai les Champs Élysées de Kedougou, car au-delà de là, les pistes sont bien terribles. Souvent les gens à vélo l’empruntent, le vélo étant le moyen de locomotion le plus efficace en Afrique.

Visite des villages Bedik
On va visiter un village bedik, Iwol, qui se trouve en haut du Fouta-Djalon, la montagne qui sert de frontière entre Sénégal et Guinée, mais qui n’est pas très haute du côté du Sénégal, c'est pour cela que l'on parle des "contreforts" du Fouta-Djalon.
Et pour l'atteindre il faudra grimper à pied à partir du village Peul d'Ibel (1 heure de marche).
Le village d’IBEL
On arrive dans le village d’IBEL, à moins d’une vingtaine de killomètres de Kédougou, au pied de la montagne qui se dresse comme une barrière. C'est le point de départ vers le village d'Iwol.
Ibel est un village au cœur du pays bédik peuplé en majorité par des Peuls, contrairement à la majorité des autres villages peuplés essentiellement de Bassaris. Il fait partie de la communauté rurale de Bandafassi, il se trouve à peine à 10 km de Bandafassi. À proximité d'Ibel on trouve des carrières de marbre de diverses variétés et de haute qualité, l'un des plus importants gisements du Sénégal.
Je choisis de faire là le cadeau à une petite fille du petit lapin peluche que j’avais acheté à Paris.
Nous abandonnons là le minibus, et nous commençons l’ascension d’une côte de 2 Km, qui nous conduira au village bédik d’IWOL.
La montée jusqu'à IWOL
La montée est dure pour moi, qui m’essouffle très facilement, et c’est un chemin de pierres, il faut lever la jambe très haut. Il nous faut une heure pour arriver en haut.
Deux jeunes garçons nous ont accompagnés. Ils adorent suivre les touristes dans leurs balades. Ils sont très serviables. L’un d’eux se met à me parler en Espagnol. Il parle très bien, et me dit avoir appris seulement avec les touristes. Incroyable l’Espagnol parlé au Sénégal, je n’imaginais pas que les Espagnols étaient fervents du Sénégal, et encore plus des voyages à la dure, car ici c’est de l’aventure, il faut le vouloir.

Le village d’IWOL
Tellement occupée à regarder le sol, mes pieds, je ne réalise pas que tout à coup je suis arrivée au but. Et le spectacle qui surgit au bout de cette marche est stupéfiant : un village immense de cases se trouve perché en haut de cette montagne : un village peuplé de Bédiks.
Les villages bédiks, ou i-kon, sont formés de denses groupes de huttes aux toits pentus faits de chaume. avec une stricte organisation de l’espace : ils sont divisés en deux parties distinctes : la partie haute et la partie basse du village.
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Le village est pratiquement désert. Les hommes sont partis à la chasse ou à la cueillette, en tout cas partis chercher à manger. Seules les femmes sont là, les enfants, et une très vieille dame à qui David, notre guide, offre des savons type "marseillais", et des noix de kola. Ils ont acheté ça en faisant les courses, car c’est dont raffolent les gens.


Iwol, un village bien préparé au tourisme !
Mais le village est bien préparé au tourisme. Les femmes du village s'occupent à créer de petites statues de terre et vendent le fruit de leur travail. Les figurines portent une épine de porc-épic dans le nez tout comme les femmes bédik aiment se parer elles-mêmes.
Le chef du village, Jean-Baptiste, est l'instituteur mais est aussi chargé de dire la messe catholique en l’absence du prêtre (car il y a une église, eh oui, les missionnaires sont partout, et pourtant les Bédiks sont connus pour être animistes). Les Bediks pratiquent l'Islam ou le catholicisme, fortement teintés d'animisme.
Sur un arbre est plantée une pancarte où il est écrit :
Andiel. Ethiasse ousouncalan.
Ethiouwar bon tata Soukouta, il accompagne votre visite à visiter le plus gros baobab du village et même du Sénégal et le fromager sacré. Cet arbre qui pleurait en le coupant avec une hache ou un couteau.
Dans le village il y a quatre familles.
La famille Keita, la famille Camara, la famille Samoura, et la famille Sadiakou. La population est de 504 habitants.
Mes chers amis, soyez les bien venus, ici dans ma maison. Faites comme chez « vous. Les femmes du village vous présentent des statues à vendre : la statue à 500 CFA, la poterie à 500 CFA, les éventails à 500 CFA, le pagne à 1000 CFA.
Toutes questions à demander, vous avez Jean-Baptiste à côté de vous, demandez-le.
Voilà ce qui s’appelle du bon Marketing à la façon Bédik !

Je n’ai pas acheté de petites statues (avec des piquants de porc-épic dans le nez tout comme les femmes, elles-mêmes se parent), parce que je n’ai plus de place chez moi pour ça.
Il y a, au centre, un fromager, et un immense baobab considéré comme sacré par les habitants. On va voir le fromager, puis le baobab, que l’on mesure en l’entourant en se tenant par la main. Les enfants nous accompagnent.

Soudainement, le village s’est repeuplé de monde, mais pas d’hommes. Une femme à qui je parle me dit qu’elle vient d’en bas, qu’elle est venue rendre visite à des amies, et que pour elle aussi la montée a été dure.
Ce village est très typique : des cases de paille, des foyers allumés où bout la marmite noire, ou éteints. On voit aussi la grande marmite où bouillonne la bière de mil, d’un aspect blanc gluâtre pas très appétissant.
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On nous raconte les fêtes du village quand toutes les jeunes filles sont enfermées avec les jeunes hommes dans une grande case pendant plusieurs jours, et que commence la grande partouze. Ensuite celles qui se retrouvent enceintes sont alors épousées par d’autres, car personne ne peut dire qui est le père de l’enfant. Un homme ne se marie que s’il est certain que sa future épouse est féconde et cette fête d’initiation sert à en avoir la certitude.
On redescend. Mon petit compagnon sénégalais, celui qui parle espagnol (et Français) m’a trouvé un beau bâton dans le village. Ainsi sécurisée, je descends à toute vitesse.
Le village d’ETUAR
On reprend la route.

En bas, on arrive au village bedik d’ETUAR.
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Une petite fille à la coupe de cheveux punk attire notre attention.

Quand j’ai demandé à David pourquoi on n’allait pas visiter les villages Bassaris, il m’a répondu, (il paraissait un peu gêné) que d’une part les Bediks étaient plus conservateurs de la tradition que les Bassaris, que voir des Bassaris en jeans et en T.shirts n’intéressaient pas les touristes, qui recherchent latTradition, et d’autre part l’accès aux villages se fait par 100 Km d’une piste épouvantable, impraticable, qu’il faut un 4x4 etc.
Quand j’ai demandé aux deux jeunes garçons qui nous accompagnaient s‘ils allaient parfois dans les villages bassaris, ils m’ont répondu que "oui"... "avec les touristes"... "et on y va quand il y a des fêtes".
Donc, la réponse de notre guide David m’a laissée perplexe. Est-ce que l’opinion d’Odile, ma copine, qui avait fait ce voyage bien avant moi, et qui, aussi, avait eu des difficultés pour convaincre les chauffeurs de les accompagner dans les villages bassaris était exacte : selon elle les gens disaient qu’on ne pouvait pas aller dans les villages bassaris parce que la piste était trop mauvaise, mais en vérité c’est qu’ils redoutaient les croyances animistes de ces peuples.
Le village Bedik d’INDAR
On va s’installer au Campement touristique du village bedik d’INDAR, pour sortir notre pique-nique.
Après le pique-nique, on va visiter un autre village qui possède aussi un "campement touristique". Mais là, la vente de produits artisanaux, me déplait. Le côté "village pour touristes" me saute aux yeux. Je n’ai même pas envie de boire quelque chose comme les autres. Il y a une petite fille avec qui s’amuse Baba. Je trouve l’occasion de lui donner le petit serre-tête que j’avais emporté de Paris. Manque de pot : c’était un petit garçon, que le serre -tête a rendu très heureux.
Il y a dans ce campement la présence d’une fille blanche, qui se déplace à vélo, qui parle Français et qui converse aussi dans la langue du pays avec les villageois, assez impressionnant. On apprend que c’est une Américaine. On m’explique aussi que c’est un truc des Américains, qui envoient des étudiants dans les pays d’Afrique en vue d’apprendre les langues locales, dans le monde entier, et ainsi, en cas de conflit, ils ont sous la main aux USA, toujours quelqu’un qui ut comprendre la langue de ces pays. Il y a actuellement une fille qui apprend le Bedik dans les villages bediks, et aussi une autre fille américaine qui passe plusieurs mois dans les villages bassaris pour apprendre la langue bassarie.
Retour vers Kedougou
On passe par un champ de termitières en forme étonnante de champignons. On retraverse ces étendues de forêt brûlée. La route longe même des étendues de forêt qui sont en flammes basses.
Alors là, une explication nous a été donnée. On nous a dit que c’était les villageois eux-mêmes qui brûlaient la forêt, pour protéger leurs villages des incendies de forêts. En effet, quand un incendie accidentel se déclare, le fait qu’il n’y a pas de broussailles autour d’un village, l’empêche de continuer jusqu’à brûler les cases du village. Mais cette explication "officielle" ne nous a pas satisfaits. Dans le Parc de Niokolo-Koba, c’était la même chose, et à l’intérieur du Parc de Niokolo-Koba, il n’y a pas de villages, puisque depuis la création du parc national, de la réserve, les villages ont été déplacés à l’extérieur du parc. Nous croyons d’avantage que ces brûlis servent plus aux contrebandiers qui cherchent les animaux dont ils vendent les trésors.
On retrouve la ville. On décide d’aller jusqu’au fleuve pour tenter de voir les hippopotames.
Réserve Kenioto. Le jour baisse. On aperçoit quelque chose comme un museau rose, très loin, vers la rive opposée de la Gambie ; En effet cette tache rose se déplace, à toute allure il est vrai vers le côté gauche (les hippos "marchent" au fond de l’eau), rien de plus, c’est très loin. Par contre on est attaqué par les moustiques.
On arrive à l’hôtel à 18h 30.
Le groupe électrogène se fait entendre. Comme il n’est pas trop tard, je décide de me laver les cheveux, je ne tiens plus... à l’eau froide de la douche.
Au dîner, les autres ont de la viande, et moi, le même poisson que la veille, mais avec du riz et de la sauce yassa (au citron et tomates, délicieuse), préparée sans viande.
Je me couche à 22 hres car on doit se lever très tôt le lendemain.