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Dans les bolongs du Sine Saloum
Visite de l'île de Mar Lodj
Jeudi 18 Décembre 2003 On passe une 2 ème nuit au Gîte le Cormoran de N'Dangane. On part faire une balade en pirogue dans les bolongs du Sine Saloum |
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On pouvait faire grasse matinée (déjeuner prévu à 8 hres) mais dès 3 hres du matin j’ai été réveillée. J’ai cru entendre les chants du muezzin, mais en fait, c’était la musique de la boîte qui m’a réveillée. Et pourtant elle est loin de l’hôtel !
À 5 hres, après avoir re-dormi un peu, je suis réveillée à nouveau. Cette fois-ci je ne redors pas. Je me lève à 7hres 30, et me douche dans le noir car les deux autres sont encore endormies. Diarrhée à nouveau ! Ce doit être les haricots verts que j’ai sentis trop gras.
On part à pied jusqu’à l’embarcadère. Je me fais remarquer parce que j’ai mis autour de mon bermuda (court celui-là) mon paréo africain en jupe, car il fait un peu frisquet, avec les jambes découvertes à cette heure matinale.
Nous prenons une pirogue, pour faire une excursion de la journée sur le fleuve, les bolongs, les îles.
Cette région est peuplée principalement de Sérères, une ethnie que nous n’avons pas encore rencontrée. Les Sérères est une ethnie propre au Sénégal, et qui habite principalement sur la Petite Côte.
Les Sérères
Les Sérères sont issus du groupe ethnique des arpenteurs et géomètres, grands artisans de pyramides et navigateurs du Nil. Sous la protection de Râ, ils iront s'établir au Sahel dans les empires Ougadou du Ghana et d'Aoudaghost, avant de s'établir dans la vallée du fleuve Sénégal où ils cohabitèrent avec les Foulbés et les Soninkés.
Au 12 ème siècle, ils refusèrent de se soumettre aux berbères almoradives qui veulent propager l'Islam et s'installent à l'intérieur du Sénégal, dans les régions naturelles du Baol (Fa-ool) du Sine (A Sing) et du Saloum (A Mbèye).
Ces contrées érigées en lamanat, seront héritées de père en fils, et donneront naissance aux royaumes Sérères du Baol, du Sine, et du Saloum. Des aristocrates Mandingues, venus de Gabou, se mélangeront aux Kassinka (Sérères) pour donner naissance à la dynastie Guelwar.
Une partie de la dynastie Guelwar restera dans les îles du Saloum et sur la petite côte pour donner naissance à l'ethnie Sérère Niominka.
Cette société aristocratique est égalitaire et sans caste, ce qui explique son esprit d'indépendance parfois très prononcé. Le métissage culturel du Niominka a fait de lui une synthèse du paysan, du pasteur, et du pêcheur. Il s'adonne ainsi à toutes les activités de pêche, de culture (riz, mil, arachide) et d'élévage (bœufs, petits ruminants).
La balade va durer de 9 hres à 16 hres, et coûte 23500 CFA (25 FF), repas inclus sur la plage.

Jonny et Jimmy
Avec nous, nous avons deux accompagnateurs : Jonny et Jimmy.
Jonny, l’organisateur de l’excursion, un jeune très beau mec de 29 ans qui s’appelle Cheikh Sidate Diouf, un nom bien sénégalais, mais s’est fait surnommé Jonny car il adore Johnny (avec h) Halliday.
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CHEIKH SIDATE DIOUF dit JONNY |
Il y a aussi Jimmy, un Sénégalais plus âgé, dont on parle dans le Lonely Planet.
Jimmy dit-on parle 8 langues, mais ce qui nous surtout ébahi a été sa connaissance des plantes.

On commence par une très agréable promenade sur l’eau, sur les bolongs, au milieu des palétuviers, des racines, des oiseaux que nous observons, des huîtres qui s’accrochent sur les racines des palétuviers, tout ce qui fait le charme de l’environnement du Sine-Saloum.

On s’arrête sur une île, où nous débarquons.

Jimmy va nous donner un cours de phytothérapie (comme on dit en Europe).
Il nous montre les arbres, les plantes et nous explique tout ce qu’ils peuvent guérir, à la place des médicaments de synthèse chimique.
Moi, j’ai une sérieuse coupure au doigt : je lui demande de me mettre de cette sève blanche qui sort de la tige de cet arbuste, le PHOCAPOK ou CALATROPUS PROCÉRA de son nom latin, soi-disant cicatrisante. Aussitôt, je ressens un apaisement, une fraîcheur sur la douleur de ma coupure.
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Il y a aussi le fruit du baobab, qui s’appelle LE PAIN DE SINGE, et qui sert à couper les diarrhées, à soigner des infections de l’intestin. C’est blanc, il faut le faire décanter dans de l’eau, froide, et boire l’infusion, ou le mâcher. J’essaye : c’est dégueulasse, c’est très amer, j’en ai mal au cœur, et je rejette très vite le morceau du fruit de baobab. C’est peut-être efficace, mais bon, c’est pas bon.
Une autre plante efficace pour je ne sais plus quoi : l’EUPHORBE SÉNÉGALAISE. Il existe des euphorbes vénéneuses, dont on utilise la sève pour en imprégner les bouts des flèches et empoisonner les animaux pendant la chasse, et il existe une euphorbe curative...Facile pour s’y retrouver !
Après quelque navigation, on débarque dans une autre île, grande et habitée celle-là.
MAR LODJ
Mar Lodj est une île habitée au milieu du delta, en face de N’Dangane. Elle est assez grande, elle fait 150 km².

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Nous sommes aussitôt accueillis (ou assaillis) par un Sénégalais, Felix, surnommé "Picasso", qui nous invite à le suivre.
Il me parle de l‘école. Du coup, je lui demande s’il accepterait de porter à l’école quelques petits livres pour les enfants que j’ai malheureusement laissés dans mon sac, laissé sur la barque. Du coup nos relations changent et il devient moins envahissant.
Nous passons par une rue toute fleurie de bougainvilliers, qui nous conduit vers l'église (Mar Lodj est de religion chrétienne), une église-case comme on en a déjà vu.

Au centre de l'église, une grande peinture moderne de "Felix Picasso".

Puis nous passons par la place centrale du village.
Un marché, un palais de justice, un magnifique "Talking Drum" qui sert à communiquer les messages aux citoyens

Le peintre Felix
Puis nous allons visiter l’atelier de Felix. Il crée des tableaux de sables colorés originaux et signés. Cette production de tableaux à base de sables est, comme je l’ai déjà dit, la seule production artistique véritablement issue du Sénégal. Bon nombre des "souvenirs" sont importés d'autres pays d'Afrique. Il met de la sève de baobab sur le bout de bois ou contreplaqué, qui sert de colle, et par dessus il déverse les sables de différentes couleurs. Tout en nuances de rouges de bruns, comme la terre d’Afrique.
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J’aime beaucoup ce qu’il fait. Les tableaux sont stylisés et expriment beaucoup de choses. Je suis particulièrement touchée par celui qui représente les musiciens, en fait un baobab dont les branches se transforment en silhouettes des musiciens avec leurs instruments typiques : kora, djembé, flûte. C'est celui qui est le premier à droite dans le coin, en bas. Eh bien maintennant il est chez moi...

Felix vend ses tableaux, je ne sais plus combien, en tout cas bien plus cher que ceux que j’avais acheté au bord du Lac Rose à 1500 CFA pour deux. Bref, à plusieurs, on a conclu un prix commun d’achat de ses tableaux à 5000 CFA. Je lui ai demandé de signer le mien. C’est comme cela que je suis rentrée en France avec une œuvre d’art qui a pris sa place dans mon salon.
Nous rejoignons la pirogue. Nous sommes à nouveau assaillis par les femmes du village, très tenaces, qui tentent de nous vendre leur artisanat. Une fois à la pirogue, je donne à Felix les deux livres de contes pour enfants qui mme restent et les quelques stylos billes que j’ai dans le sac.
Baignade et bain de soleil
Nous faisons un peu plus de pirogue, jusqu’à débarquer sur une plage, où nous allons nous arrêter pour pique-niquer. La pirogue ancre à quelques mètres de la plage, et il faut se "jeter à l’eau".
Alors moi, je me mets carrément en maillot de bain (que j’avais mis cette fois en dessous) pour descendre de la pirogue, et portant mon sac à bout de bras, je vais jusqu’à la plage, en marchant sur le sable quelque peu vaseux. Étant mouillée, je retourne à la pirogue pour aider à transporter les sacs de ceux qui n’ont pas la tenue adéquate pour se "mouiller".
Ensuite, je profite d’être déjà mouillée, pour aller aussitôt nager. Mais je ne me sens pas très franche. Je pars avec mes sandales de caoutchouc aux pieds (pas très pratique pour nager), je les dépose au fond de la pirogue, et me mets à nager. Je ressens un peu un courant qui m’éloigne de la plage. Donc, je préfère m’arrêter là, et je retourne vers le sable, alors que les autres commencent seulement à entrer dans l’eau.

Pour une fois, je profite d’une petite demi-heure pendant laquelle je peux m’étendre sur mon paréo, et bronzer. Le soleil est très fort, on est à la pire des heures, mais y rester un tout petit peu ne sera pas trop méchant.
Un vieux s’installe près de nous, déploie une couverture sur le sable et y installe ces fameux coquillages roses, de la région. Je ne sais pas d’où ils ont emporté tout ça pour vendre aux touristes ! Je lui pose quelques questions : mais comment est-il arrivé jusqu’ici, alors que nous, nous avons navigué pour y parvenir ! Il me dit avoir marché depuis Mar Lodj. Ah, quand des touristes arrivent, tout le monde le sait, et on sait où la visite va forcément les conduire. Malheureusement pour lui, ce qu’il vend ne peut avoir de grand succès pour nos appartements de France.
Pique-nique sur la plage
Pendant ce temps, nos piroguiers nous préparent le déjeuner, en créant un feu de bois et y faisant cuire des poissons, du riz.

On pique-nique, assis sur le sable, sur une couverture, sur un tronc de bois, au milieu de la mangrove, à l’ombre des arbres.
Le repas : des crevettes grillées (que je ne mange pas, car les crevettes grasses, je ne les ai pas encore digérées !) puis du capitaine, alors oui, ça j’adore, et du riz blanc avec de la sauce yassa que je savoure même malgré mon intestin patraque.
(Dans de l’huile d’arachide faire revenir des épices, du piment, du poivre, et beaucoup d’oignons et du citron.
Un cube Maggy (que ferait le Sénégal sans Maggy !), un peu de vinaigre.

Il fait chaud quand même, et je m’étendrais bien pour me reposer.
On reprend la pirogue, on navigue à toute allure, c’est super, le courant nous emporte le long des palétuviers. Il fait chaud, mais le vent provoqué par la vitesse nous rafraîchit. Super température.
Nous longeons à l’approche de N'Dangane une île de baobabs.
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Et voila que nous tombons en panne d'essence avant d'arriver au port. L'entraide entre piroguiers fonctionne. Un collègue de Jonny, nous voyant dans la panade, est venu remplir d’un peu du contenu d’un bidon d’essence notre réservoir à sec, et nous avons pu regagner l’embarcadère, qui n’était plus très loin.
Il est 16h 45. plus tard que prévu, on en a bien profité de la balade.
De retour à l'hôtel
Les autres vont poursuivre par une autre excursion, qui démarre à 17 hres, une balade en calèche dans la campagne et que moi j’ai refusé de faire.
Et j’en suis bien contente. Trop de choses, trop vite, pas de moment de repos, j’en ai un peu marre.
Je prends donc mon temps libre. Je mets un peu d’ordre dans mes affaires, puis me rends à la piscine de l’hôtel. Je nage, je relis mon guide, mes photocopies, et j’attends le coucher de soleil. Mais il se couche très vite dans les nuages avant d’atteindre la mer à 18h 30. La fraîcheur arrive et je vais me doucher et me préparer pour le dîner.
Au dîner, le patron nous a préparé un plat d’huîtres des palétuviers, afin que nous puissions y goûter à l’apéritif. Il n’y en a pas beaucoup, mais au moins une pour chacun, pour y goûter. Oui c’est mangeable.
Au dîner : un énorme plat de poisson en morceaux avec des crevettes, des pommes de terre (mais en sauce !) et des crabes de mangroves (difficiles à décortiquer, je n’ai jamais été bonne là-dessus).
En dessert : deux crêpes au sucre et un musicien chantant en s’accompagnant à la guitare, une chanson qui semble avoir été écrite par lui, et qui parle du Sénégal, et... des Français (à ce que je pouvais comprendre comme mots). Très bon chanteur.
En fond sonore... De la musique du carnaval de Bahia, ça je reconnais tout de suite. Mais quelle chanteuse imitait la façon de chanter de Daniela Mercury ? J’ai été incapable de reconnaître. Le patron, lui, n’en savait rien, ne savait même pas qu’il s’agissait de musique de Bahia, car c’était une K7, sans titre, une copie.