SANTIAGO DE CUBA
Jour 4 - Mercredi 9 Décembre 1992
Après une visite éclaire de Holguín ce matin, on part en car pour Santiago de Cuba en passant par Bayamo.

Santiago de Cuba se trouve dans la partie Orientale du pays, à 750 km de La Havane.
Elle est la 2 ème plus grande ville du pays.
On loge à l'Hotel Las Americas, à 3 km du centre de Santiago. 3 nuits
Premières impressions
Il fait chaud ! Bien plus qu'à La Havane. Le pied !
Une allure de grosse bourgade provinciale. Un quartier historique qui tient dans un mouchoir de poche, une population issue du métissage le plus complet qui soit : Espagnols, Caraïbes, Indiens, Noirs africains, Français arrivés aux 18e et 19e siècles, Asiatiques...
Les ethnies africaines à Cuba :
→ Des Yoruba à La Havane.
→ Des Araras et des Haitiens à Matanzas.
→ Des Congos à Santiago de Cuba.
La baie de Santiago est très laide, belle seulement de nuit, ou des hauteurs, depuis le Castillo del Morro, la forteresse Castillo de San Pedro de la Roca del Morro (Château de San Pedro de la Roca) servait à défendre la côte sud de Cuba sous la colonisation espagnole.
Jour 5 - Jeudi 10 Décembre 1992
Visite organisée de Santiago de Cuba

L'héritage historique de Santiago vient beaucoup de son rôle lors de la révolution cubaine.
Santiago c'est la ville où l'on essaye de vous faire comprendre comment a démarré la révolution cubaine.
Le 1er janvier 1959, c’est au balcon de la mairie de Santiago que Fidel Castro prononça son premier discours en tant que leader de la Révolution cubaine
■ Musée du 26 juillet et de la piraterie
Pour mémoire, le 26 juillet c'est le jour de la fête nationale à Cuba, commémorant le 26 Juillet 1953, où 120 jeunes dirigés par Fidel Castro ont pris d’assaut la caserne Moncada à... Santiago de Cuba. C’est là que commença la révolution castriste.
L'ancienne caserne de la Moncada est transformée aujourd’hui en musée.
C'était la deuxième plus grande caserne militaire de Cuba sous la dictature de Batista. Cet assaut fut un cuisant échec et la plupart des révolutionnaires furent tués, torturés et/ou exécutés par l’armée de Batista. La façade est encore de nos jours criblée d’impacts de balles.
Le musée évoque aussi les rébellions des aborigènes, les révoltes des esclaves noirs du 17e siècle et les conspirations anti-espagnoles du 18e siècle. Un superbe espace est consacré aux guerres d’indépendance au 19e siècle et des luttes anti-impérialistes du 20e siècle. On y voit des fusils, des grenades, l’uniforme de Fidel Castro, des photos...
■ Le cimetière Santa Efigenia
Pourquoi aller au cimetière en venant visiter Santiago de Cuba ?
Le cimetière Santa Ifignia est une nécropole cubaine fondée en 1868 pour inhumer les victimes de la guerre d’indépendance et celles d’une épidémie de fièvre jaune...

Mais le cimetière Santa Ifignia est classé monument national depuis 1979. Plusieurs grandes figures de la Révolution et de la lutte pour l’indépendance de Cuba y reposent, à l’instar de Carlos Manuel de Céspedes (1819-1874), José Martí (1853-1895), Frank País (1934-1957) et... Fidel Castro (1926-2016).
■ Le quartier José Marty
José Julián Martí Pérez, fondateur du Parti révolutionnaire cubain, né le 28 janvier 1853 à La Havane et mort le 19 mai 1895 à 42 ans à la bataille de Dos Rios. Il repose au cimetière Santa Ifigenia. Il est considéré à Cuba comme un héros national, le plus grand martyr et l'apôtre de la lutte pour l'indépendance.
■ Le Musée Granjita Sibney
Il se trouve sur la route qui va vers la Plage Siboney. Ici se trouvait la maison où Castro dissimulait les armes, et depuis laquelle les jeunes sont partis, pour prendre la Caserne de Moncada le 26 juillet 1953.
Parmi les pièces les plus précieuses il y a le fusil M-1 semi-automatique à la crosse pliable que portaient les révolutionnaires lors de l’assaut, mais aussi des fusils de compétition, des uniformes, des documents, des photographies et quelques objets personnels des assaillants.
Dans les sept salles d’exposition de ce musée, on a des informations sur la maison et sur les préparatifs du célèbre assaut, son développement et les conséquences pour la nation cubaine.
Le musée expose aussi une partie du mobilier original de la maison construite en 1945.
■ La vallée de la Préhistoire
Le Parc de Baconao se situe à l’est de la ville.
Des reproductions grandeur nature de dinosaures, et un jardin botanique, Jardin Ave de Paradiso.
Jour 6 - Vendredi 11 Décembre 1992
L'un des principaux attraits de Santiago est son incomparable patrimoine musical.
On raconte qu'ici sont nés le boléro et la trova, avant de conquérir le monde entier.
La Casa de la Trova
Et on a eu une journée libre. Le bonheur ! On est allé Maison de la Trova.
À l’intersection des rues Heredia et San Félix, au n° 206.
C'est "LÀ" où il y a de la musique !
À l’intérieur de cette pittoresque demeure coloniale achevée dans la première moitié du 19 ème siècle, est né le 23 octobre 1844, Rafael Pascual Salcedo. Il deviendra l’un des musiciens santiaguais les plus connus de son époque et aussi le fondateur d’un important mouvement musical cubain qui sera connu plus tard sous le nom de la Vieja Trova.
La maison, à présent occupée par la Casa de la Trova, a appartenu au début du 20e siècle à un marchand nommé Virgilio Palais. Il avait réussi à réunir dans son café un groupe de musiciens en provenance de plusieurs quartiers de la ville. Ainsi, derrière les fenêtres en bois massif et fer forgé, et les longs balcons surélevés sur les trottoirs, est née la Trova, chanson traditionnelle cubaine imprégnée d’un contenu romantique et "contagieux", accompagnée des percussions et de guitares. Cette nouvelle vague musicale a fait le tour du monde.
J'apprends : la clave c'est 2 rapides, 3 plus lents, et suit la mélodie.
Un musicien parle le Français, un peu. Il e dit qu'il a appris le Créole avec les Haitiens qui parlaient le patois français.
Le Santiaguero
Il y a plusieurs façons de reconnaître un santiaguero : son accent "chanté" ou son phénotype particulier : mélange d’Indien, de Noir, de Blanc comme dans les provinces de Guantánamo et de Granma, ou encore par les noms de famille typiquement français espagnolisés.
Santiago de Cuba et la France
Il y a une Alliance Française qui vient d'ouvrir à Santiago de Cuba.
Santiago de Cuba a reçu une forte vague d’immigrants franco-haïtiens à la fin du 18 ème siècle.
C’est principalement dans la région de Santiago que les colons français fuyant Haïti se réfugièrent.
Les planteurs français, arrivés principalement après l'armistice du 30 mars 1798 à Saint-Domingue, qui avaient réussi dans les trois décennies précédentes une spectaculaire expansion caféière, fuient à Cuba avec leurs esclaves. Ils apportent capitaux, savoir-faire et productivité. Bien que leurs premiers contacts fussent motivés par l’instinct de survie, les immigrants se sont rapidement convertis aux coutumes locales et se sont intégrés à la vie économique et sociale de la ville.
Les Français ont apporté leurs connaissances sur la culture du café. Ils ont développé de multiples plantations dans les montagnes tout autour de la ville. On conserve encore quelques ruines de cette période prospère commela plantation de café La Isabelica.
Cet afflux de population a permis le développement de nouveaux théâtres, magasins et institutions civiles dans la ville. L'essor commercial a rendu propice l’arrivée des techniques de distillations d’eau-de-vie pratiquées dans d’autres Îles des Caraïbes telles que la Jamaïque, pionnière dans l’industrie du rhum. Santiago de Cuba est devenue le berceau du célèbre rhum Bacardi.
Quant aux esclaves haïtiens, ils ont apporté un riche patrimoine religieux surtout vaudou. Alors que dans la partie occidentale de l’Île prédominaient les pratiques religieuses des peuples yorubas (la santería), l’héritage congo ou bantou a prévalu dans la partie orientale.
Enfin, certains musicologues pensent que le danzón, danse nationale cubaine, trouverait son origine dans des danses anciennes importées par des Français fuyant la révolution haïtienne.
Il y a aussi un Centre Culturel Africain José Ortiz. On y trouve des objets et une bibliothèque.
Il y a de nombreux étudiants Africains qui viennent étudier à Cuba. Et les autres aussi. On y trouve aussi des livres... en portugais.
C'est un quartier très chic, il y a de belles demeures, des écoles, et des facultés.
Ce qu'on a remarqué à Santiago
Les jeunes ont envie de parler avec les étrangers. Ils nous accostent, ils nous racontent comment est leur vie... Pour le moral, ils travaillent, et n'ont aucun plaisir. Ils disent que ça ne va pas durer, et qu'ils sont jeunes. Ils disent "on a tout obtenu par la révolution, et maintenant on va revenir en arrière !"
Dans la boutique de fruits, les gens présentent leur carnet. Le vendeur inscrit dessus ce qu'ils achètent et l'inscrit aussi sur le carnet de la boutique.
Le marché couvert est fermé pour cause de non-approvisionnement.
Les gens peuvent aller au restaurant, mais il faut réserver, et cela coûte 20/25 pesos.
On se fait toujours emmerder dans cette ville de Santiago, par les gamins, qui veulent changer de l'argent pour obtenir des dollars. Ils veulent obtenir des dollars parce qu'ils n'ont pas le droit d'acheter dans les boutiques Intur. Alors, ils demandent à quelqu'un, un étranger, d'aller acheter à leur place. D'où on se demande s'ils ne cherchent pas à tisser des liens d'amitiés uniquement dans cette perspective là.
Le système qui oblige à faire payer les étrangers uniquement en dollars américains est fait pour éviter le change au marché noir. Puisqu'on ne peut rien payer en pesos ! Et aussi parce que les prix marqués en dollars sont cinq fois plus chers que les prix en pesos.
Du fait du système, il n'y a pas d'inflation. Et pas de concurrence entre les prix.
Les gens travaillent uniquement pour avoir "le droit" d'acheter.
Les gars de Santiago sont des baratineurs pas possibles. On ne peut pas s'en décoller !
Jour 6 - Vendredi 11 Décembre 1992
Matinée à Santiago, puis vol pour La Havane où on arrive le soir.