Cameroun 1982

Le Nord et l'Ouest

Du Samedi 18 Décembre
Au Vendredi 31 décembre 1982

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L'OUEST CAMEROUN

Jour 12 - Mercredi 29 Décembre 1982

DE DSCHANG À NKONGSAMBA VIA FOUMBAM



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Dschang. Réveil 6 hres. Les portes de la chambre et des WC grincent. Les voisins d'à côté râlent. Ils nous ont empêché de dormir hier soir, ce matin on les a réveillés ! Et pas exprès en plus.

6 hres il fait nuit. C'est très dur de se lever. Mais en deux minutes il fait jour.

On prend le petit déjeuner à 6h 30. C'est très bon. Le café c'est la seul chose bonne dans cet hôtel. On nous met des vraies cafetières en pyrex sur la table, et on se sert à volonté.

Départ 7 hres, mais en fait 7h 15 car il faut prendre tout le monde à chaque bungalow car le parc est trop grand pour que chacun porte sa valise jusqu'au restaurant.

Le matin sur la piste rouge, on voit les gens marcher à la queue le leu, avec des paniers sur la tête. Ils descendent vers la ville. Il y a plein de monde.


FOUMBOT

On fait un arrêt à FOUMBOT

Parce qu'il y a le marché. Pas terrible. N'dolé, ignames, clémentines...
Les avocats coûtent 400 CFA le panier (au moins 10 kg dans ce panier !).


FOUMBAN

Puis nous arrivons à Foumban. La ville se situe sur un terrain accidenté à 1200 m. On est en pays Bamoun. Foumban est la capitale historique du Royaume Bamoun. Elle est considérée par les Camerounais comme la "Cité des arts".
Le royaume de Bamoun existe depuis plusieurs siècles, ce qui explique la grande richesse culturelle de cette région.
Il est dirigé par un sultan.

Foumban est une très jolie ville. On y trouve le Palais du sultan, ancienne résidence des rois Bamouns devenu un musée.

Le nom "Foumban" vient de "Fembèn" (="Ruine des Mbèn"). "Mbèn" fait référence à un peuple qui occupait le territoire de la ville avant l’arrivée des Bamouns. Ils seront réduits en esclavage à la suite de la guerre qui va les opposer aux Bamouns.



Foumban naît sous le règne du premier souverain NCHARE YEN venu de l’actuel Adamaoua. Ayant vaincu tour à tour les roitelets sur son itinéraire vers Foumban, il choisira de s’installer sur le site actuel en chassant à coup de machettes et des flèches, les autochtones appelés les "Mbèn"et en donnant à cette ville le nom de "Fom Pa Mbèn" c'est-à-dire "Fombèn" ou "ruine des Mbèn".

Par la suite, tous les rois conquis dans l’arrière pays lui feront désormais allégeance et des chefs de communauté seront désignés et installés en plus des chefs vaincus qui vont conserver leurs sites, leurs us et coutumes et leurs traditions.


La rue des artisans

On nous arrête d'abord au "centre artisanal". Autour du musée, les artisans fabriquent et vendent une grande variété de pièces d'art qui va de l'imitation d'objets historiques à des créations modernes. L’artisanat est ici la principale source d’emploi. C'est en fait une longue rue où se trouvent installés de chaque côté des artisans. Pas d'intérêt.

Le musée des arts et de la tradition

La ville de Foumban compte deux grands musées, le musée des arts et de la tradition dans le quartier artisanal, et le musée du palais des rois bamouns. Dans celui-ci, des arts et de la tradition,iIl y a des masques, des scènes reconstituées.

En ville

Nous descendons à pied par petits groupes jusqu'en ville. Le paysage est très rouge.




Le marché

Puis en avançant vers la mosquée, construite en 1956 (sans intérêt, de belles portes sculptées en acajou), et il y a autour un marché superbe. Il a lieu le mercredi et le samedi. Nous avons de la chance. Nous passons toute la matinée dans ce marché. Nous y faisons beaucoup de photos.



Les costumes des femmes sont très colorés, et elles sont en plus très belles, avec des yeux orientaux en amande.
Notre copain n'arrête pas de draguer tant il est fasciné. Mais la seule façon de se faire prendre en photo avec l'une d'elles, c'est de demander la permission au père, elles sont en fait très jeunes, 15/16 ans, et de dire que c'est pour un souvenir, et qu'on enverra la photo.


Déjeuner

Nous allons ensuite à pied jusqu'à l'hôtel Beauregard où nous allons déjeuner. Dans cette ville, même sans plan on se retrouve aisément, en demandant quelques renseignements parfois.

Le déjeuner : poulet coriace (comme tous), avec des frites.

Re-balade ensuite au marché


Le Palais du Sultan de Foumban

Le Palais Royal de Foumban, où le roi des Bamouns réside encore de nos jours, a été construit en 1917.
Nous visitons, pas passionnant.


Le corps du bâtiment a deux étages, avec un rez de chaussée avec des arcades. L'extérieur : deux tourelles carrées surmontées d'un portique en tôle ondulée donnent accès à une vaste cour plantée de palmiers, et en partie pavée de briques de latérite.

Au centre se trouve la tombe de Njapudunké, grand-mère de l'actuel sultan. L'épitaphe est gravée en signes bamouns.

A l'intérieur une vaste salle (Nda Ruop) de 15m sur 10m soutenue par quatre énormes colonnes de briques, de chaque côté, des escaliers en bois à double révolution.


Image Internet Wikipedia


Il y a un musée qui lui est assez intéressant. Il raconte l'histoire de l'un des plus anciens royaumes de l'Afrique noire, au travers de plus de trois mille objets d'art et pièces historiques de la culture bamoun, dont certains vieux de plus de 600 ans.



Le musée du Palais raconte l'histoire de la dynastie des rois Bamoun de 1394 à nos jours, avec des informations sur le plus célèbre des rois bamoun, le roi Ibrahim Njoya, décédé en 1933, qui créa à la fin du 19 ème siècle, un système d'écriture appelé l'écriture "Shü-Mom" à l'aide de laquelle il consolida un système d'alphabet (A-Ka-Ou-Kou).

C'est l’un des rares systèmes d’écriture développés en Afrique noire sans aucun apport extérieur, à partir d’une base de pictogrammes naturels associés à des lettres d’un alphabet original.

Il inventa également une religion (Nwet-Kwete) ainsi que plusieurs autres œuvres.



Écriture "shü-mom

Texte de 1910

(Images Internet Wikipedia)


Foumban, en fait, je trouve que c'est une ville intéressante non pour ses monuments mais pour les gens qu'on y rencontre.

Je rentre dans une boutique de souvenirs (la 1 ère ou la 2 ème sur la droite en sortant du Palais du Sultan). Il y a une remise au fond que le marchand me montre. Et là, il y a de super masques. Mais le super beau, là-haut, il le vend... 6000 CFA...

La chaleur est très forte.

Nous reprenons la route à 15h 15. On se dirige vers NKONGSAMBA.


NKONGSAMBA

On arrive à Nkongsamba à 19 hres.
"Nkong" signifie "clan" ou "village" et "Samba" = sept.

A l'arrivée des explorateurs allemands Becke, Esch et Hasser-schlosser en 1904, le territoire était occupé par 200 habitants regroupés en 7 villages : Ndogmoa-mbeng, Ediakap, Edjogmoa, Ekangte, Mbaressoumtou, Poola, d'où l'appellation de la localité donnée aux allemands par les autochtones :
"Nkong Samba" = la "localité de sept clans/villages".

Hôtel du Mungo

L'hôtel du Mungo

L'hôtel du Mungo ce n'est pas le grand luxe.
D'abord c'est la bagarre parce qu'ils veulent nous donner des chambres à grand lit, soit-disant qu'il n'y a plus que cela.

Les premiers servis ont eu des twins. Je m'insurge violemment en refusant catégorique une chambre à grand lit, en leur disant "c'est votre problème", et ultime prétexte qui fut plus efficace : "c'est indécent dans mon pays de dormir avec une femme"...

Et tout d'un coup des chambres se sont miraculeusement libérées, et nous avons eu du coup des chambres "individuelles"... avec grand lit...

Oh, mais qu'est-ce qu'il fait chaud dans cet hôtel ! Mais je n'avais pas trouvé qu'il y avait dans la chambre un bouton pour mettre en marche la climatisation... Et la salle de bain n'est pas propre.

Les chambres sont grandes et l'hôtel est très grand. Il y a des corridors partout. C'est un labyrinthe, on s'y perd.

Le dîner

Le repas est bon : avocats, escalope de veau, frites, haricots verts, petits pois et ananas. Et très copieux.


Au cinéma en Afrique

Nous faisons l'expérience du cinéma africain que nous voulions déjà faire depuis longtemps.
Encore faudrait-il trouver un film un peu regardable.

Nous prenons un taxi (100 CFA) jusqu'en ville.

On y joue "La fièvre du samedi soir" et "Panique à Hong Kong". Ici la soirée cinéma c'est spectacle continu, deux films.

La salle de cinéma est très grande. Nous prenons les places les plus chères, au balcon. Ça sent l'urine.

Ce qui est trop marrant c'est que les Camerounais commentent à voix haute les films.

Alors "La fièvre du samedi soir", ça ne les a pas tellement marqués, cela devait évoquer des problèmes bien éloignés de l'Afrique.

Par contre "Panique à Hong Kong"... Quand il s'agit d'une histoire de bons et de méchants, et où la loi est représentée par un détective noir, alors on entend... "Attention il va la tuer"... "Oh elle est morte... elle a pas de chance"... "Oh les billets y sont faux"... "Donne-moi les billets"... Le spectacle est vraiment dans la salle !

Retour à l'hôtel par le bus de l'hôtel qui se trouvait là par hasard.
Nous arrivons à l'hôtel à minuit moins le quart. Je n'avais jamais atteint ce record pour me mettre au lit depuis que je suis au Cameroun. Dans la chambre le climatiseur fait un bruit impossible, je suis obligée de l'arrêter.