Cameroun 1982

Le Nord et l'Ouest

Du Samedi 18 Décembre
Au Vendredi 31 décembre 1982

titre titre titre

LE NORD CAMEROUN

Jour 6 - Jeudi 23 Décembre 1982

MAROUA

Novotel Mizao Maroua


EXCURSION VERS LA FRONTIÈRE DU TCHAD

Réveil à 6h 45. Départ à 7h 45. On part cette fois vers l'Est, vers la frontière du Tchad.




Et puis voilà, à nouveau, après avoir fait quelques kilomètres, c'est la panne.
Papa Paul arrête une voiture sur la route pour aller chercher du secours à Maroua.

En stop

Nous, n'ayant pas envie de rester là plantés sur la route, nous faisons du stop en petits groupes.

Et une chance ! une camionnette bâchée s'arrête. On peut pratiquement tous monter dedans. Seules les plus peureux de l'inconfort décident de rester sur la route à côté du car.

Eh bien heureusement qu'elle était bâchée, car même avec ça, on s'emmitoufle tant qu'on peut dans des foulards tellement il y a de poussière qui rentre. On ne voit plus que nos yeux derrière nos lunettes. C'est une vraie seconde peau de poussière que l'on a tellement on est aspergé. Dans quel état on débarque à Bogo !

Au marché de BOGO

Bogo, c'était l'idée qui nous a poussés à faire du stop, car on savait que, aujourd'hui il y avait un marché. Et quel superbe marché ! Un spectacle de couleurs. Moi qui me plaignais de voir les femmes habillées trop tristement, dans des pagnes ternes, ici les habits sont somptueux, colorés et élégants.

Il y a principalement des Foulbés et quelques Kirdis.

On passe au milieu des stands de cruches de terre rouge, les vendeurs de noix de kolo, le marché au bétail (que de cornes !). Les hommes près du bétail portent un habit soudanais, longue djellaba blanche et un petit calot sur la tête.

Il y a des "restaurants", enfin des cases où l'on cuit des beignets à la friture.

On croise un homme portant un énorme arc musical qui lorsqu'il nous voit nous intéresser à lui se met à en jouer et à chanter, des paroles que j'imagine être "les touristes sont passés dans le marché etc".

Il y a plein de gamines qui portent sur leurs têtes des bassines remplies de bouteilles de coca-cola.




On fait et on refait le tour du marché. On attend notre car... Mais l'attente se fait longue. On finit par s'assoir et attendre.

Autre chose de typique : les taxis collectifs.
Des petits cars jaunes où il est inscrit à l'intérieur "Interdit de cracher, de vomir etc".

Enfin notre car arrive. Avec un autre chauffeur qui lui, a décidé... d'aller manger !
Nous, on s'installe à l'intérieur du car. On étouffe de chaud. On est assailli par une foule de gamins qui s'amassent et qui s'accrochent à l'échelle du car à l'arrière. On craint bien qu'ils arrivent à faire basculer le car.

Je suis assise dans le fond, et dans le fond, il n'y a plus d'air. Je finis par sortir et aller m'assoir sous un arbre.
On cherche notre chauffeur partout, Papa Paul. Et voilà que Papa Paul arrive dans une autre voiture. et enfin on repart.
Il est plus que 13 hres.

La frontière avec le Tchad

Le paysage devient de plus en plus plat et désolé. On roule en direction de la frontière du Tchad. On la voit même puisque la frontière est le fleuve, le Logone, et qu'on y fait une halte.




Il fait une chaleur accablante car tout est plat et le sol très clair réfléchit le soleil.
Il y a là quelques pirogues faites de troncs d'arbres. Le fleuve est large mais on en voit l'autre rive.


Vers Maroua Rives du Logone
Rives du Logone - Frontière avec le Tchad près de Maga


On n'a toujours pas déjeuné, mais impossible de piqueniquer ici car on ne peut pas rester dehors tellement il fait chaud.

La piste peut à peu disparaît. On se demande comment notre chauffeur peut s'y retrouver. D'ailleurs.. il s'y perd ! On se retrouve parfois prêts à s'enliser dans un terrain qui n'a rien d'une route. Ici, pas question de goudronner, ça ne tient pas. La "piste" est dure et très poussiéreuse.

MAGA

On arrive à Maga, pour y déjeuner. Maga se trouve au bord d'un lac artificiel de 25 km de long créé en 1979, alimenté par les déversements des eaux du Logone et les apports du Mayo Guerléo, des Mayos Boula et Tsanaga, des Monts Mandaras et des eaux de ruissellement de son bassin versant.

Bar, piscine, mais on n'a pas nos maillots... et pas le temps d'ailleurs.

Les omelettes sont très chères (18 francs français). Je mange alors mon bout de fromage et quelques gâteaux français, et je bois une bière (NB : la meilleure est la bière camerounaise la NOBRA. je crois que je la préfère même à la 33 dans la gamme des bières légères).

MOURLA

La case musgum ou "case obus"

C'est dans ce petit village après Maga qu'on peut voir les dernières cases obus (tòlék). Des cases à l'architecture bien particulière... (la métaphore militaire de "case obus" a été retenue), des murs avec des décorations en relief, et une ouverture au sommet).


La case obus est un art architectural typique du peuple Mousgoum.
Les Mousgoum parlent une langue tchadique, le mousgoum, et appellent leurs cases “Toleukakay” (Teleuk). Pêcheurs et éleveurs de poneys, ils peuplent les plaines du bas Logone, à la frontière du Tchad et de l’extrême nord du Cameroun.

Ces hautes habitations coniques faites de boue séchée au soleil peuvent avoir une hauteur pouvant atteindre 20 m. Elles ont un plan circulaire en superposant des assises successives d’un mélange de terre et d'herbe. Les stries aux formes diverses qui les ornent servent à la fois de renforts de la structure et d'échafaudage pendant le temps de la construction.

casesobus
Image d'Internet

L’entrée est assurée par une seule porte, qui est étroite jusqu’au niveau du genou, mais élargie au niveau de l’épaule, un peu comme un trou de serrure. Une petite ouverture circulaire au sommet des huttes contribue à la circulation de l’air. Cette ouverture aussi appelée “trou de la fumée” est fermé par une dalle ou un pot pendant les pluies pour éviter la pénétration de l’eau dans la maison.

Une habitation traditionnelle comporte cinq cases : une pour le maître de maison, deux pour les femmes, une pour la cuisine et une autre pour le bétail, mais l’espace était prévu pour l’expansion d’unités de logement pour toute nouvelle épouse ou belle-fille. Toutes les cases sont reliées par un mur d’argile avec une porte, fermé la nuit. Au centre du composé circulaire, dans la cour, il y avait un grenier à mil.


Les cases sont adaptées à de bonnes conditions de logement comme la ventilation et adaptées aux précipitations. Elles sont considérées comme une excellente alternative au ciment. Mais, cette sorte de case tend à disparaitre à cause de la tôle ondulée et de habitations modernes.

En fait on n'en voit que deux de cases obus, dont une est très bien conservée et très belle.

A l'intérieur il y fait très frais.

Mais dans ce village on est très mal accueilli. Les gens refusent qu'on prenne des photos des cases, qui se trouvent pourtant en dehors du village. Ils nous disent qu'on ne doit pas photographier "leurs" maisons.

Mourla est le village le plus extrême de notre route. Maintenant on prend le chemin du retour.

POUSS

On s'arrête à Pouss. Ce village est occupé en majeure partie par les Musgum. Le nom de Pouss tire son origine de Mpouss qui signifie Mousgoum. Un seul intérêt : le palais du Lamidat. Un Lamidat est une chefferie traditionnelle musulmane peule (en langue peul "laamaago" : régner). Le chef traditionnel est appelé le lamido.

Il vaut la peine d'être vu. Il est de style soudanais, avec des dessins sculptés (croissant de lune) et une enfilade de portes successives dont la perspective est très belle. Mais il est interdit d'y pénétrer !

Ensuite sur la route on s'arrête dans un village choisi par nous au hasard, et nous décidons d'aller le voir sans nos appareils photos. Il est très petit. C'est le type de village familial, de type soudanais, en pisé, avec le grenier à céréales au milieu de la "place".

Une vieille femme se met à jouer la comédie de la femme sui pleure : elle nous montre ses vêtements en guenilles en nous faisant comprendre avec les mains qu'elle n'a rien. Un homme nous suit en chantant une chanson qui parle... d'argent.

A L'hôtel

On est de retour à l'hôtel à 19h 30. Pour la piscine c'est raté. Il fait nuit et trop frais.

Le dîner est à 20h 30. Je me lave les cheveux (au cas où demain on soit obligé de dormir à la belle étoile par manque de chambre et qu'on n'ait pas de douche...) car ils sont vraiment très sales.

Le repas a été... dégueulasse !
Soupe de pommes de terre (ça, correct). Mais ensuite... du foie ! Moi je n'aime pas le foie et je demande autre chose.
On me donne de la dinde, mais cuisinée différemment que la veille, et elle est moins bonne. Ceux qui ont eu du foie... ne l'ont pas mangé tellement il était coriace.
Puis de l'ananas, toujours aussi sucré.

Au lit à 22h 30/23h 00.