LE FAYOUM
Mercredi 16 Mars 1977

Réveil 6h 30. On quitte Le Caire.
Dès la sortie du Caire, c'est le désert, plat. Cela rappelle un peu les immensités désertiques des USA.
Première vision des "mirages" (oculaires).
Puis, rupture totale, brute, c'est l'oasis : le Fayoum. Les limites sont très nettes. Le Fayoum est une oasis qui a été créée tout à fait artificiellement.
Scènes de la vie rurale. enfants. l'un chipie les lunettes d'une dame qu'elle avait accrochées à une chaine autour du cou. Elle s'était penchée un peu trop par la fenêtre du car pour prendre une photo. Elle s'en est aperçue une fois que le car avait démarré.
On stoppe. Le chauffeur du car descend avec son bâton, hurle après les gosses, tapant au besoin sur eux, et il revient avec les lunettes ! Le car repart.
Il y a beaucoup de pigeonniers en étages, un style très typique.
La ville de FAYOUM
Une ville de type asiatique, indienne, très peuplée.
Pour voir les roues à eau. Un système d'irrigation utilisé dans le Fayoum. Bruit d l'eau sur les roues, une véritable musique.
On s'arrête ensuite dans un site "célèbre" parce que c'est là qu'on fabrique l'eau minérale… Il n'y a rien à voir. sauf acheter des oranges, du miel et des friandises.
On roule en direction de la pyramide de Meidoum que l'on aperçoit très tôt dans le lointain. Mais la route à prendre est barrée par un barrage militaire et il y a une déviation.
Mais quelle déviation ! La route se transforme très vite en piste, et aucune route transversale qui nous permettrait de rejoindre la pyramide, que l'on aperçoit toujours et qui semble pourtant proche.
On a la sensation que le chauffeur… est perdu ! Au fait c'est un nouveau chauffeur car on a laissé l'autre au Caire.
On nous donne le choix : si l'on veut voir la pyramide, c'est 50 km à faire sur cette piste qui est en cl de sac puis 50 km pour à nouveau pour rejoindre la route qui va à Minieh. Ce qui nous empêchera de déjeuner étant donnée l'heure qu'il est.
Le choix est tout de suite fait, et courageusement sur cette route on finit par atteindre le désert et la pyramide.
LA PYRAMIDE DE MEIDOUM
La pyramide se trouve en plein désert. Pour la première fois je ressens une bonne chaleur, mon minimum, enfin. Il n'y a pas âme qui vive, pas un touriste, c'est le désert complet. Seuls deux gardiens et leur baraque.
La pyramide de Meidoum est la pyramide inachevée du roi SNEFROU. Il y avait primitivement sept étages, dont seulement trois sont conservés. Les parois extérieures sont inclinées à plus de 40 degrés. la hauteur est de 38 m. Ce sont des blocs calcaires. On dirait un beau gâteau en pièce montée.

On doit visiter l'intérieur de la pyramide. Pour y accéder, il faut grimper jusqu'à la porte car le socle est encore bien ensablé, et il y a un petit sentier qui grimpe jusqu'à l'entrée.
Donc il y a une porte en hauteur, avec une échelle. mais pour atteindre l'échelle, il faut faire une enjambée démesurée depuis le dernier appui que l'on a sur le sable.
Moi je n'y suis pas allée.
Mais on m'a raconté, et d'après ce que l'on m'a raconté, l'expédition à l'intérieur est encore plus périlleuse qu'à Guiseh.
Ici, on descend, et la pente est rapide. Rien pour se tenir que les murs. Et puis ensuite les murs sont trop écartés pour s'y tenir.
Puis des couloirs "typiques" des pyramides. Et je crois, ensuite, il faut remonter.
L'air y est particulièrement irrespirable. Et tout cela pour voir…… une chambre vide !
Moi pendant ce temps là je me suis promenée autour, dans le désert. A côté de la pyramide il y a des mastabas (appartements des nobles), encore plus ensablés. Je suis allée voir le mastaba dans lequel on a découvert les statues de RAHOTEP et de son épouse NOFRIT, que j'avais vues au musée du Caire. Je me suis imaginée en voyant ces mastabas aux 3/4 ensevelis, l'image qu'ont du avoir les archéologues en découvrant toutes ces merveilles émergeant à peine du sable.
En route pour Minieh
Après avoir traversé le Nil (premières felouques…) et traversé des villages où on était l'attraction, car cette région n'est pas beaucoup dans les circuits touristiques habituels.
MINIEH
(El Miniah)
Minieh (El Miniah) se trouve à 245 km du Caire. sa population est de 100 000 habitants. Il y a un marché important, et la plus vieille fabrique du pays.
Tous les hommes importants s'arrêtent à Minieh, parait-il, et mangent à l'hôtel Ibn Kassib, qui a une grande réputation pour sa cuisine typique égyptienne.
C'est une ville animée, c'est à dire assez grouillante, grande, avec des carrioles, des voitures (même une 2 C.V.). Il y a des mosquées et autant d'églises.
On arrive à Minieh à 18 hres. Notre déjeuner de midi nous attendait ! Gros dilemme : manger ou ne pas manger ? le dîner est prévu à 20 hres… Les avis sont très partagés. Et en fait, les uns après les autres, on se met à table. Poulet, riz et fruits. Ensuite on a pris un gros dîner à 20 hres…
On a dîné à l'hôtel Ibn Kassib, où l'ambiance est chaleureuse. On peut dire que c'est l'un des rares, peut être le seul hôtel où l'hospitalité a eu un sens, et le touriste considéré comme un invité.
Notre arrivée est comme une fête. le personnel de l'hôtel, et le représentant à Minieh de Sphinx Tours, sont aux petits soins et ne savent que faire pour nous faire plaisir.
Il n'y a qu'une salle à manger, avec une table en U. Les groupes (il y avait en plus de nous un groupe de Hollandais, et le lendemain un Russe ou d'un pays de l'Est) mangent les uns après les autres.
Le dîner :
C'est une cuisine traditionnelle égyptienne. c'est le seul hôtel où cela a été le cas.
- soupe
- boulettes
- boeuf bourguignon (pour moi, à la place de la spécialité du pays que je ne mange pas : le pigeon !)
- salade
- un très bon gâteau feuilleté aux raisins secs et noix de coco
- oranges et bananes
Seethi Hôtel
On ne pouvait pas tous dormir à l'hôtel Ibn Kassib, encore une erreur de réservation. Seuls deux couples et une femme y restèrent.
Tous les autres, nous avons été envoyés dans un hôtel voisin, le Seethi Hôtel.
Pensant être défavorisés, nous avons eu une bonne surprise. On entre par une cour, puis on monte au premier étage. Là, une sonnette. Cela fait très appartement avec cette sonnette à deux notes rapides. On nous ouvre la porte. Une grande pièce et un salon, un salon de type anglais, avec des meubles de valeur, incroyable, de style. C'était sans doute une ancienne maison anglaise que les Anglais avaient dû fuir en catastrophe en y laissant tout ce que les Egyptiens avaient racheté pour en faire un hôtel, mobilier compris.
Dans cette pièce, notre "gardien", assis à une table, qui surveille les chambres. Autour de ce salon les chambres et la salle de bain commune (deux exactement, une avec douche et WC et l'autre avec une baignoire -douche et WC. L'eau est très chaude) Il y aussi un lavabo à l'extérieur dans le couloir.
"C'est la famille quoi !" comme je l'ai lancé. Cela change de la chambre d'hôtel où chacun est dans son coin. Ici on vit tous ensemble, le personnel qui papote dans son coin en arabe et nous assis au milieu qui papotons en français. Et les sourires échangés, et les rires…
Dans ma chambre il y a une table tout en marbre, et j'ai dormi dans des oreillers en satin !
Quand je sortais de ma chambre pour aller dans la salle de bain, le garçon de chambre me précédait avec un grand sourire, allant jusqu'à m'ouvrir la porte de la la salle de bain et de me laisser passer…
Des danses
A la fin du dîner de l'hôtel Ibn Kassib, on nous propose d'assister à des danses du pays, organisées pour le groupe hollandais, et que nous y étions conviés. Après autant de gentillesse, comment refuser ! Mais vraiment personne n'en avait envie parce qu'on était surtout… crevés !!! C'est ce qu'on leur a donné comme excuse. Les premiers accords de musique refirent que nous faire fuir : je n'avais jamais eu autant de décibels dans les oreilles. La première musique typique "égyptienne' interprétée a été : "Les Enfants du Pirée" ! Alors là !
Ceux du groupe qui étaient hébergés dans cet hôtel durent supporter ces décibels de leurs chambres, et jusqu'à minuit, tous les soirs. alors que nous, au Seethi Hôtel, on n'a que les klaxons de la rue qui sont venus nous troubler. mais avec les boules Quies…, et aussi…. les moustiques !
De retour au Seethi hotel
On retrouve notre guide Raouia qui mangeait du foul, et tient à nous le faire goûter. Avec un morceau de pain. Du vrai pain égyptien, la crêpe). On prend avec les doigts un peu de cette purée de fèves à la tomate. C'est délicieux. Seulement après un repas pris à 18 hres, et un second pris à 20 hres, on ne pouvait en manger d'avantage. Malheureusement, car jamais on aura à nouveau l'occasion d'en re-manger. C'est de la cuisine populaire, et pas une cuisine pour… touristes !
Raouia, elle était passée saluer le personnel de l'hôtel, car elle était hébergée à l'hôtel Ibn Kassib, et ils l'avaient presque forcée à accepter ce repas.
On s'est tous assis, quoique crevés, et on s'est mis à discuter avec Raouia. Une discussion très intéressante qu'on n'avait pu avoir encore avec personne. en France on vit "comme cela" et le gouvernement est "comme cela", et vous en Egypte, c'est comment ? Et chez vous c'est comment ?
23 hres ! On discutait encore !
