LA PISTE DU CENTRE

mon circuit


DE BAND-i-AMIR à LAL

Jour 11 - Mardi 14 Septembre 1976



Band-i-Amir. Réveil à 5 hres. Il fait froid. Il fait nuit. A l'intérieur, on grelotte. Dehors, on grelotte. On a dormi avec tous nos vêtements, et on les garde pour sortir. On déjeune dans le petit salon car il fait vraiment trop froid pour manger dehors.

Quand on part, le jour se lève. Et, la surprise... le sol est recouvert de... givre !

A nouveau, la piste, le déjeuner au bord d'un cours d'eau, les rencontres dans les villages de yourtes perdues, ce sera notre pain quotidien.

On arrive à destination en général vers 16/17 hres, avant que la nuit tombe.


LAL

Campement


Un campement entouré d'une enceinte de pierres. Des bidons d'eau. Des WC en dur, mais aussi primitifs que les autres. Une chèvre. Je me lave en maillot de bain. Il fait bon encore au soleil, mais l'air est froid. Après je me sens fatiguée.

Je descends tout de même au village pour acheter un chèche local en tissu très fin comme de la gaze (75 afgh).
Une nécessité pour la piste contre la poussière.

Sur la piste Sur la piste

Une rue, des échoppes de chaque côté.
On fait faire un ourlet à nos chèches par le tailleur qui a une machine à coudre, pour 10 afghs. Il nous fait entrer, nous fait nous asseoir. Un attroupement se forme devant la boutique. C'est nous le spectacle, l'événement !

Malade

Au retour, mes jambes ne me soutiennent plus. Je prends ma température : j'ai 39°1.
Je décide de ne pas manger et de me coucher. Il y aura de la musique afghane que je raterai.

Remède de choc : comprimés de Cequinyl, une soupe bien chaude (et très épicée), les vêtements habituels de la nuit, plus TROIS couvertures, et ma gourde remplie d'eau chaude sur la poitrine en guise de bouillotte. Et je transpire !!! A en délirer ! Je ne supporte même plus le sac de couchage tellement je transpire. Je crois que je n'ai jamais eu si chaud pour dormir de tout le voyage.


JOUR 12 - Mercredi 15 Septembre 1976

DE LAL à CAGHCARAN

Au réveil j'avais 37°7 de température. La fièvre est tombée. Mais 37°7, c'est presque du 38° pour le soir.
Donc je continue mon traitement de choc.

A midi, au bord de l'eau, on sort les conserves : du maquereau au vin blanc !
Moi qui n'avais presque plus rien mangé depuis trois jours, qu'est ce que c'est bon !


CAGHCARAN

Campement


Chaghcharan (Tchaghtcharan) est à 2 230 m d'altitude. Au bord d'une large rivière, la rivière Hari. Le village se trouve sur l'autre rive, en face, par rapport à notre campement. Un pont, des marécages, les tentes au milieu de la platitude, et au loin, trois bouts de tissus dressés : les WC.

Nous allons jeter un coup d'oeil au village. Il a pas mal de boutiques. Le raisin est très cher. Il y a un "hôtel" au village, des maisons à un étage, des boutiques de tissus.


JOUR 13 - Jeudi 16 Septembre 1976

DE CAGHCARAN à JAM

Le paysage devient montagneux sur ce parcours. Il y a des torrents de tous côtés. A la fin on abandonne les véhicules par sécurité pour grimper à pied une piste faite de cailloux. On marche 2 km à peu près.

Et au bout, à un détour, on voit apparaître le haut du minaret, la récompense !
On se croit être les premiers à découvrir ce minaret, on s'imagine la première fois que quelqu'un est arrivé là.


JAM

C'est l'un des plus beaux sites d'Afghanistan. On est à 1 900 m d'altitude. Le cadre est spectaculaire, le minaret se dresse au bord de la rivière Hari, dans une vallée profonde, entouré des montagnes imposantes. Le minaret l'une des plus belles oeuvres d'art, par sa beauté et son isolement.

Le minaret semble être le seul vestige de la capitale perdue de la dynastie Ghorid (ghuride), Firozkoh (Firuzkuh), qui aurait été la capitale d'été de la dynastie ghuride. La ville était réputée pour être l'une des plus grandes villes de son époque, mais a été détruite par Ögedei Khan, fils de Gengis Khan, au début des années 1220, et perdue pour l'histoire.

Il fait partie d'un groupe d'environ 60 minarets et tours qui ont été construits entre le 11 ème et le 13 ème siècle en Asie centrale, en Iran et en Afghanistan. On pense que ces minarets ont été construits comme des symboles de la victoire de l'Islam, tandis que d'autres tours étaient simplement des points de repère ou des tours de guet.

Le minaret fait 65 m de haut, a été construit en 1194 par le grand sultan ghuride Ghiyas-od-din (1153-1203). Entièrement en briques cuites, il est recouvert d'un décor géométrique en relief rehaussé d'une inscription coufique en carreaux turquoise.

Campement


L'hôtel, si l'on peut l'appeler ainsi, est au pied du minaret. On nous avait parlé de dormir sur la terrasse, mais il va faire tellement froid cette nuit, qu'on dormira dans les chambres. Un lit après tant de nuits sous la tente ! Des lits qui se touchent, et tout blancs, une chambre qui ressemble à un hôpital...

Mais on nous avait dit qu'à Jam les lits sont remplis de puces.
Alors, on se garde bien d'ouvrir les lits, on dort au dessus dans nos duvets.

Toilette au bord de la rivière. WC dans la nature. On est dans un hôtel, mais les WC, ce n'est pas prévu. Et comme il y a du monde partout dans la nature, il faut attendre la nuit pour y aller dans la nature.

Il fait, enfin (!...), moins froid qu'ailleurs. On nous avait dit qu'à Jam il faisait chaud. Parce que Jam est situé sans un creux.
Deux pulls et le poncho tout de même, mais je n'ai pas froid.

On avait décidé de faire un méchoui. N'ayant pas trouvé de mouton, c'est une chèvre que l'on mangera. Jam est équipé pour le méchoui, c'est la coutume d'en faire ici. On regarde dehors la chèvre cuire sur le feu de bois.

Il y avait aussi un anniversaire à souhaiter. Alors ce soir, ce fut le gueuleton. On a sorti les conserves : les quenelles, les fruits au sirop, le raisin. Et on a dansé. On a mangé avec les chauffeurs, et avec les Afghans de l'hôtel. On a bu du vin.

Sous les étoiles

Après le dîner, il était 21h 30, et on n'avait pas envie de se coucher. On s'est promené sous les étoiles. Jamais je n'avais vu autant d'étoiles briller si fort. Les étoiles sont des bougies que le vent essaye d'éteindre, dit-on. Et plus le vent souffle, plus elles brillent d'avantage.

Il faisait beau sous les étoiles, sous l'ombre du minaret.

Et voilà qu'une fois couchés, on décide de se relever, en pyjamas, pour rendre visite à notre compagnon, l'unique de notre groupe qui avait décidé de dormir sur la terrasse, en plein air, et sous les étoiles.

En pleine nuit, on escalade l'échelle, où il faut s'allonger pour arriver à passer d'un barreau à un autre, tellement ils sont espacés. Quelle expédition, et quelle crise de rire.

On le cherche sur la terrasse, elle est immense cette terrasse.
Et il est là, dans un petit coin... près du mur, dans son sac de couchage...

On est redescendu dans nos chambres. Pour nous la nuit a été chaude. Je n'ai dormi qu'avec le pyjama (que j'ai gardé à cause des puces éventuelles) à l'intérieur du duvet. On a eu chaud. On a bien dormi, sur de bons lits.


Jour 14 - Vendredi 17 Septembre 1976

Encore réveillée bien avant l'heure du réveil, par le chant des coqs, mais après une bonne nuit de sommeil.
Cela n'est pas plus mal, cela nous donne un peu de temps pour nous promener encore dans ce site merveilleux de Jam, et de prendre des photos du minaret, puisqu'à notre arrivée hier, il faisait sombre.

On a bien eu deux heures de libres ce matin avant de quitter Jam, et c'était bien agréable.


DE JAM à SHAHRAK

La partie de piste à parcourir est courte : 70 km. Mais... plus difficile.

Au début du parcours, la piste est faite de cailloux.
Ensuite, à deux reprises, il faudra franchir les cols à pied, par sécurité, les voitures passeront seules, sans nous.


Très dur de marcher à cette altitude

Premier col à franchir : 3 km à marcher à cette altitude...
Le manque de souffle est terrible pour moi. J'ai l'impression d'étouffer tous les 10 mètres. C'est une dure épreuve.

On déjeune dans un village où l'on demande l'hospitalité et un chaudron d'eau pour faire cuire des coquillettes, à la sauce tomate avec des paupiettes de volaille. On va de festin en festin !! Et puisqu'on a du feu, un petit nescafé vient clore le repas.

Il fallait prendre des forces, et le repas ne nous aura pas fait grossir, car, pour la digestion, le deuxième col nous attendait.
A franchir à pied, encore plus long (4 km), plus haut (3000 m), et plus difficile...

Lentement, mais sûrement, m'arrêtant tous les 10 m pour faire des expirations poussées, j'y arrive.

On croise des bergers, on croise des chameaux.

A la fin, j'ai la gorge tellement sèche que je n'arrive plus à saliver, ni à respirer. Je suis presque au but. Jamais je n'ai autant désiré de l'eau. Ce n'était pas de la soif, mais une gorge complètement asséchée.


SHAHRAK

Campement


Le campement est entouré de haies et d'un fossé. Un groupe était déjà installé dans les tentes, un autre groupe d'Air Alliance qui était parti une semaine après nous de Paris, et faisait le circuit en sens inverse.
Toilettes au bord d'un tout petit filet d'eau. Ici, les WC sont en dur.

On va faire notre petit tour traditionnel au village et on finit dans une chaikhana, où un groupe de barbes grises enturbannés, se retrouve, s'embrasse. Le spectacle il est pour nous !

On achète des gâteaux, des amandes (des noyaux d'abricots), du raisin.

Le soir, repas traditionnel afghan, agrémenté de sauté de veau.

La nuit est froide à nouveau. Et il parait qu'à Farsi, notre prochaine étape, il a gelé la nuit dernière...


Jour 15 - Samedi 18 Septembre 1976

DE SHAHRAK à FARSI

C'est là où l'on a eu une grande chance : on a croisé une caravane de nomades, de 50 familles, interminable.
On est descendu des voitures, après autorisation, on s'est planté là, et on a mitraillé de photos.
Les chameaux, surtout ceux de tête, étaient les plus ornés, les enfants sur les chameaux, les poulets, les ânes...


FARSI

Campement


Sous la tente. Pour se laver, un mince filet de rivière, à quelques centaines de mètres du camp. WC, derrière le talus.
Repas sous la grande tente. On sort le cassoulet en conserve.

à Farsi
Jean-Marie, Nicole, Marie-Claude et Catherine
à Farsi
Suis à gauche avec le pull gris
à Farsi
Nuit glaciale
Dans nos sacs de couchage