JAIPUR
(Rajasthan)
Jeudi 6 Septembre 1973
Rickshaws dans les rues. Ville plus grande, ça semble moderne. Il y a des trottoirs.
Rajasthan State Hotel
L'hôtel est un ancien palais de maharadja transformé en hôtel. Il y a deux sortes d'hôtels en Inde : les hôtels "coloniaux" comme celui-ci, comme celui d'Udaipur .. et les hôtels à l'européenne, comme ceux de Bombay ou Delhi.
Le guide Fodor parlait de cet hôtel de Jaipur, comme "miteux"... Bien sûr, il y a des trous dans les tapis, il n'y a pas de climatisation mais un ventilateur au plafond. Mais l'ambiance y est très sympathique.
Nous prenons notre repas, tous à une grande table. Les serveurs nous font passer de bonnes soirées "familiales". Cet hôtel est un hôtel d'état, et le personnel est fonctionnaire d'état.
Comme tous les soirs où nous ne savons pas trop quoi faire, nous atterrissons au bar. Je demande à boire quelque chose "d'indien", et je goûte à une liqueur du pays, l'Asha, que je trouve délicieuse. Elle n'est pas trop forte, ni trop sucrée.
La liqueur Asha est composée de plus de 40 épices et herbes ethniques indiennes, dont la cannelle, l'amande, le clou de girofle et le safran, entre autres.
Au bar, se trouve un groupe d'Indiens, avec qui nous faisons connaissance. L'un d'entre eux nous propose de nous chanter des chants indiens, en hindi. Je cours chercher mon magnétophone. Et sur le chemin, on m'interpelle : "Bonsoir Mademoiselle, comment allez-vous ?" Assez surprise, je découvre la première personne, en dehors de nos guides, parlant Français en Inde. C'est un... Roumain. Nous échangeons quelques mots. Il m'apprend qu'il y a une piscine à l'hôtel... très intéressant.
Je retourne au bar rejoindre notre groupe. Les Indiens nous demandent, en échange, de chanter des chants français. Une fois de plus apparaît dans ces situations-là, la méconnaissance qu'ont les Français des chansons de leur pays, et surtout des paroles. Nous sommes très doués pour les la-la-la-la. Nous commençons donc avec les "chevaliers de la table ronde", et trouvant la chanson un peu gaillarde, nous enchaînons avec "à la claire fontaine". Mais tout cela se termine par "janeton" que les Indiens nous demandent de leur traduire en anglais...
Après les chants ce sont les danses. La danse que nous montre notre ami indien est très comique parce que très efféminée. En échange nous nous lançons dans la valse et le charleston.
Puis à 23h 30 ... tous dans la piscine. Il fait très chaud, le bain est merveilleux.
Vendredi 7 Septembre 1973
Réveillée à 7 hres par la lumière et les chants des oiseaux. J'en profite pour prendre un bain matinal dans la piscine. Mais quelle surprise : la piscine est remplie de fourmis mortes qui surnagent. L'eau est sale, parce que, évidemment il n'y a pas de système de renouvellement d'eau, ni de javellisation. Evidemment, hier soir, à minuit, il faisait noir, on n'a rien vu de tout ça. Malgré tout, je m'y baigne à nouveau.
Le petit déjeuner est excellent. dans cet hôtel, qu'est ce que c'est bon ! Omelette aux fines herbes délicieuse, servie non retournée, mais en galette. Mais le café est horrible !!! J'ai beau avoir apporté un pot de Nescafé de France, et demander de l'eau bouillie, il est imbuvable. C'est l'eau qui est imbuvable en fait, elle a le goût du chlore ! Je me passerai du café pendant les deux jours que nous serons là. L'eau est inavalable.
Le Fort d'Amber
Nous allons visiter le fort d'Amber, qui se trouve à quelques kilomètres de Jaipur, dont les fortifications se voient de loin, il est situé en hauteur sur la chaîne de montagnes qui entourent Jaipur.
Nous traversons la ville, avec ses maisons roses, le Palais des vents, en ce moment recouvert d'échafaudages. En route, nous passons devant le Palais des eaux, ainsi appelé parce qu'il est à moitié noyé dans les eaux et qui un jour certainement disparaîtra.
La forteresse est accessible à pied ou à dos d’éléphants. Pour nous, la montée au fort se fait à dos d'éléphants (éléphants pour touristes). Nous sommes assis à quatre dans des paniers sur l'éléphant. Ça tangue ! Ce n'est pas le grand confort.

Amber est une toute petite ville, 4 km². Fondée par la tribu des Minas, elle est prise en 1037 par les Rajputs Kachhwâhâ, qui en font leur capitale jusqu'à ce qu'ils l'abandonnent au profit de Jaipur en 1727. Amber est située au débouché d'une gorge de montagne, dans laquelle se niche un lac.
À 11 km au nord-est de Jaipur, l'extraordinaire forteresse d'Amber est perchée sur une falaise et entourée d'une muraille de 9 km de long. Le fort commandait une gorge étroite sur la route de Delhi. Il fut édifié à la fin du 16 ème siècle.
La citadelle a été fondée en 1592, sous les ordres du Raja Man Singh I, l’un des premiers Rajput à servir l’empereur moghol Akbar, sur les ruines d'un vieux fort du 11e siècle, mais ce sont les différents bâtiments ajoutés par Jai Singh I qui forment le magnifique corps central.
Il dota Amber de fortifications et l’embellit de palais magnifiques. À sa suite, Jai Singh I construisit de nouveaux palais dans le style des Moghols, introduisant ainsi à Amber une ère de splendeur. Au fort d’Amber, une fascinante fusion de l’architecture moghole et hindoue offre une beauté sans faille.
Un joli panorama sur la ville et les jardins environnant le palais. Le fort surplombe le lac Maota principale source d'alimentation en eau du site.
Un fort ou un palais fortifié ? Le contraste est total entre les formidables murs extérieurs et la délicatesse qui prévaut à l’intérieur du fort. Cela commence dès la grande porte d’accès, la Suraj Pol. L’influence moghole est manifeste. On découvre des peintures murales très colorées, représentant des motifs floraux indiens.
L'intérieur du fort servait de lieu d'habitation, des jardins ont été aménagés.
Les salles expriment le raffinement des styles moghol et hindou, et sont parmi les plus belles du Rajasthan. Les murs sont décorés de carreaux de faïence travaillés très finement. Sur les murs prédominent le vert clair, le rose, le bleu et le jaune. Le travail réalisé est d’une minutie extrême.
Les différents forts et bastions qui permettent de tout surveiller de loin, sont répartis sur les collines des alentours et sont reliés par une muraille, un peu comme la muraille de Chine.
Il fait une chaleur ! Le soleil est sec ici. A l'arrivée, une petite musique accompagne le chemin des éléphants.
A l'arrivée aussi, nous devons donner une roupie à l'un, une roupie à l'autre.
Nous visitons le palais.
Près de la porte d'entrée du palais il y a un temple de Kali, qui date du 16e siècle. Kali, déesse de la guerre, de la mort...
La déesse noire, épouse de Shiva.
On doit retirer chaussures et chaussettes, et tout ce que l'on a en cuir (sacs, appareils photos)... à cause de la vache sacrée.
A l'intérieur du temple, les piliers sont en forme de bananiers.
On voit des Indiens qui font tinter le cloche pour entrer en communication avec le dieu, puis le prêtre leur applique avec le doigt un point de "peinture" rouge au milieu du front, et leur donne un peu d'eau dans les mains, qu'ils boivent. Ils s'agenouillent, ou saluent, ou se prosternent à terre. La religion hindouiste laisse libre d'adorer le dieu comme on le souhaite. Puis, ils refont tinter la cloche.
Ensuite c'est la descente, à dos d'éléphant. La descente est plus facile que la montée.
De retour à l'hôtel, nous allons nous baigner dans la piscine, malgré les fourmis.
Excellent curry à midi.
L'après-midi
■ L'observatoire de Jaipur
L'observatoire de Jaipur a été construit il y a des millénaires par un maharadja astronome. On y voit des cadrans solaires qui permettent de lire l'heure à la minute près d'après une graduation. Des constructions permettaient de lire les zodiaques dans le ciel, ou de situer l'emplacement du soleil.
Pour nous, ces constructions, étonnantes pour leur époque, ont un autre intérêt : elles apparaissent comme une architecture futuriste extraordinaire, surtout les formes des signes de zodiaque.
■ Le City Palace
Nous allons ensuite visiter le City Palace, ou Palais persan. Mélange de style persan et hindou.
Les premières constructions ont été faites à l'initiative de Jai Singh II entre 1729 et 1732, époque où les murs extérieurs ont été construits. Des ajouts successifs ont été faits par la suite jusqu'au 20 ème siècle par divers dirigeants.
Situé au nord-est de la ville, il comprend une quantité impressionnante de cours intérieures, de jardins et d'édifices. Le musée présente une collection d'armes (par exemple un poignard avec deux pistolets pour tuer le tigre), et d'habits, ainsi que des textes anciens en sanskrit, et un bouclier en carapace de tortue.
Le dernier maharadja y est mort il y a trois ans.
Il fait très chaud à Jaipur, bien 35 degrés. Cette chaleur peut atteindre 46 degrés, en mai, juin, nous dit le guide.
Nous avons droit, malgré tout, à notre petite ondée de chaque jour.
Le guide nous laisse ensuite dans une boutique du gouvernement où l'on vend pierres et bijoux. Jaipur est connue pour ses pierres semi-précieuses, mais les pierres que l'on nous montre, présentent plus de défauts les unes que les autres, nous n'en achetons aucune. En plus, une coutume, que nous découvrons en cours de voyage, nous enlève encore plus l'envie d'acheter : ces arrêts sont des coups montés, organisés, car le guide reçoit 10 % sur tout ce que nous achetons, de même que le tour-leader.
Voyant que les achats ne se font pas, le guide nous ramène jusqu'au centre-ville, et nous allons pouvoir faire notre propre shopping.
Assoiffée, je cherche à acheter un "soda-water". Au bord de l'étalage se trouve une série de bouteilles "chaudes". Nous demandons une bouteille sortant de la glacière. Mais je remarque que la bouteille qui sort de la glacière n'est remplie qu'aux 3/4, et que celle qui est chaude est pleine. Je le signale au marchand, qui ne veut rien entendre. Je me suis souvenue que l'on m'avait parlé de cette tromperie qui consiste à remplir une bouteille d'eau, et de la re-capsuler grâce à un appareil. De ce fait, tant pis pour la boisson, je tiendrai jusqu'à l'hôtel.
Samedi 8 Septembre 1973
Matinée libre à Jaipur
Nous descendons à six jusqu'au centre, à pied. Mais en cours de route, nous prenons un rickshaw, (les vélos à calèche) enfin, deux, car nous sommes perdus, et les gens ne parlent pas anglais pour nous aider.
Nous descendons devant le Hawa Mahal, c'est à dire le Palais des vents.
Le palais des vents (Hawa Mahal) est un bâtiment construit à la fin du 18e siècle, en 1799 par le mahârâja Sawâi Pratap Singh, il est considéré comme une des merveilles de l'architecture radjpoute. C'est un monument en forme de pyramide de cinq étages, il s'élève à 15 m. Les trois premiers étages ont la largeur d'une seule pièce, tandis que les premier et deuxième étages ont des balcons en plus.
Sa façade s'apparente au nid des abeilles d'une ruche avec de multiples jharokhâ décorées de treillis, ses jalis de pierre et, ses 953 petites fenêtres à volets de bois qui, paraît-il, permettaient aux dames du harem royal d'observer la vie quotidienne dans la rue en dessous sans être vues, car elles devaient obéir strictement au "purdah", pratique empêchant les hommes de voir les femmes. Ces claustras finement sculptées, servaient également par effet venturi à ce qu'un air relativement plus frais puisse circuler à travers l'édifice pendant les étés torrides de cette région.
On est au centre de la ville. Nous sommes accostés par un Indien qui veut absolument nous montrer la ville, et précise "no money". Il veut nous emmener boire quelque chose chez lui, pour nous présenter sa femme, une musulmane "very beautiful". Nous trouvons tout cela bien bizarre, mais nous avons un mal fou à nous en décoller.
Constatant que nous sommes toujours perçus comme des touristes, nous décidons de nous scinder en deux groupes, et partons à la découverte des petites rues transversales de Jaipur.
Les gens sont très sympas. Ils nous adressent de grands sourires quand on les photographie et ne nous demandent pas de backchich. Il y a des tas de petits commerçants : beignets, pain indien, boulettes, tailleur. Au milieu de la rue, un dromadaire ne bouge pas d'un centimètre, et il a fallu s'en approcher pour réaliser qu'il était bien vivant. Je discute avec des petits écoliers qui me montrent leur livre d'anglais.
Nous voulons aller jusqu'au zoo. C'est à l'extérieur de la ville. Il y a une immense porte rose qui marque la limite de la ville. Mais ensuite, pour trouver un moyen de locomotion, c'est tout un problème, car les rickshaws n'acceptent que deux passagers.
Nous finissons par trouver une calèche à cheval, et nous demandons l'aide d'un interprète, car notre conducteur ne parle pas anglais. La promenade est délirante. Six roupies, mais ça en vaut le coup. Le cheval trotte, mais parfois se met à galoper, et la carriole saute. Derrière nous, un camion de militaires nous suit pendant un moment, et ils se marrent autant qu'ils peuvent. Evidemment nos mini robes devaient avoir du succès.
De retour à l'hôtel, nous prenons un dernier bain de soleil dans le jardin, mais le soleil, si fort, nous fait vite abandonner. Pour la 1ère fois, à Jaipur, j'ai "fui" le soleil, car il était beaucoup trop chaud.
Nous avons un vol pour Delhi.