AGRA

(Uttar Pradesh)



L'Uttar Pradesh

De Delhi à Agra en car

Mardi 11 Septembre 1973

Le matin

Nous sommes partis à 8 hres, et arrivés à 13 hres. Ce trajet en car est pénible.
Mes coups de soleil me chauffent. Il n'y a pas d'air. On est moite.

AGRA

Hôtel Lauries


Nous débarquons à l'Hôtel Lauries, un hôtel de style colonial.

L'après-midi

Le Taj Mahal !

Ce fameux mausolée de marbre blanc construit par l'empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam. Celle-ci meurt le 17 juin 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant, alors qu'elle accompagnait son mari pendant une campagne militaire. Elle trouve une première sépulture sur place dans le jardin Zainabad à Burhanpur.

La construction du mausolée commence en 1631 et s'achève dans sa plus grande partie en 16484. Son époux, mort le 31 janvier 1666, est inhumé auprès d'elle.


Une méprise : nous arrivons devant une grande porte rouge. Je suis très surprise, et très déçue. C'est ça le Taj Mahal ?
Je n'y comprends rien, ce n'est pas ce que j'avais vu sur les photos. Il s'est passé une méprise terrible, et une terrible déception dans ma tête en l'espace de quelques secondes.

Et puis on entre, mais là on le découvre et c'est le choc. C'est trop beau !
Je reste bouche bée. Un coup au coeur.
En plus, il y a de gros nuages de mousson, et la vue est impressionnante : le Taj sur un ciel qui s'assombrit.

Le guide nous explique que la beauté du Taj Mahal vient du fait qu'il n'y a pas d'horizon derrière. Le monument s'élance vers le ciel, unique, c'est une beauté irréelle.

Nous allons le visiter (tombeau, crypte...) et par derrière nous avons une vue sur la rivière Yamuna. C'est de l'autre côté de cette rivière que devait être construit le deuxième palais.

Le site est extraordinaire. En plus, je crois que nous avons eu cette chance de découvrir le Taj Mahal sous la mousson, et non sur un ciel bleu immaculé. Il y a un éclairage surnaturel sur cette Yamuna.

La pluie arrive, très vite, on court se réfugier sous le porche d'entrée. Des trombes d'eau comme on n'en a pas encore vues. Nous restons sous le porche bien vingt minutes, à s'en mettre plein les yeux car le spectacle est ahurissant : on assiste à des changements de couleurs et d'aspect du Taj Mahal, sous l'éclairage de la pluie.

Les bas-côtés se remplissent d'eau, inondés, et deviennent de la même couleur que le bassin du centre. Le Taj Mahal (grâce à cette pluie) se retrouve vide de visiteurs, et nous sommes les seuls à le regarder, seuls, sous la pluie.

Cette vision, je veux m'en souvenir toujours, et je déciderai de ne pas retourner le voir le lendemain sous le soleil.


Mercredi 12 Septembre 1973

Le matin

Fatehpur Sikri

Fatehpur-Sikri est à une quarantaine de kilomètres à l'ouest d'Agra.
Elle fut la capitale impériale de l'Empire moghol de 1571 à 1584.



La citadelle de Fatehpur Sikri fut construite à partir de 1572 par l'empereur Akbar qui y installa sa cour. Fatehpur Sikri fut la première ville planifiée des Moghols à posséder de magnifiques édifices religieux et des complexes résidentiels et administratifs, constitués de palais, bâtiments publics, mosquées et quartiers d’habitation destinés à la cour, à l’armée, aux serviteurs de l’empereur et à la ville entière.

Fatehpur Sikri fut abandonnée une quinzaine d'années après suite à la baisse de la nappe phréatique. Après le transfert de la capitale à Lahore en 1585, elle continua d’être un lieu de séjour temporaire pour les empereurs moghols.
Parfaitement conservée depuis son abandon, elle est un témoignage remarquable de l'architecture indienne du 16 ème siècle.


En route, le chemin est coupé par un arbre, un incident de la mousson, et nous devons faire un détour. Le car s'enlise (encore un incident). On repart tout de même.

La campagne a été inondée. Les maisons baignent dans l'eau. Nous voyons les gens quitter leurs maisons, portant leurs affaires sur la tête.

Sur la route, cinq, six vautours sont là, sur la route même, énormes. Le car s'arrête et nous nous approchons pour les prendre en photo, de plus en plus près. Les terribles vautours, quand nous sommes trop près, s'envolent. Mais les photos ont été prises !

Nous passons devant un camp de nomades.

Fatehpur Sikri m'a déçue. toujours ce grès rouge, ces édifices sans grâce. Un Indien de l'office de tourisme avec qui je discuterai à Khajuraho, m'a dit que je n'avais pas compris Fatehpur Sikri parce que je n'étais pas Indienne. Peut-être.

Le Fort Rouge d'Agra

Ensuite, nous allons visiter le Fort Rouge d'Agra. Le Fort rouge est après le Taj Mahal, le monument le plus célèbre d'Agra.

Cette citadelle de grès rouge érigée par Akbar de 1565 à 1574, dont l'enceinte mesure 2,5 km de long, renferme un grand nombre de palais, comme le palais de Jahangir ou le Khas Mahal bâti par Shah Jahan, des salles d'audience, comme le Diwan-i-Khas, et deux très belles mosquées.

Il se trouve de l'autre côté de la Yamuna, sur une éminence commandant la rive droite de la Yamuna, peut-être fortifiée dès l'époque d'Ashoka.


De là on voit la rivière, et le Taj Mahal.
Mais comme les forts rouges se ressemblent en Inde !

Après-midi : perdus au milieu d'une procession

On est libre. Nous décidons, à cinq, six d'entre nous, de partir vers 15h 30 au hasard dans la ville, alors que les autres sont allés re-voir le Taj Mahal. Nous marchons au hasard, refusant toutes les propositions des rickshaws qui s'arrêtent sans cesse devant nous.

Nous arrivons dans le marché qui se trouve devant le Fort rouge. C'est très typique. Le sol aussi : quelle gadoue !
Des enfants nous sourient, nous serrent les mains, se font photographier, et y prennent grand plaisir. On se sent bien accueilli. C'est très sale. En plus, il y a de la boue partout. Un marécage ! Entre les troupeaux de buffles, les rickshaws, les vélos... c'est la pagaille.

Nous étions étonnées de voir autant de monde, et aussi des policiers. Des gens étaient assis sur le devant de leurs maisons tout le long des rues, et attendaient, on se demandait bien quoi. ils attendaient en fait le passage d'une procession. Nous nous trouvons, ainsi, par hasard, au beau milieu d'une procession, et nous devons nous... caser.

On m'explique que ce sont les fêtes de Ram qui commencent aujourd'hui et qui vont durer jusqu'au 6 Octobre. Entre 18 hres et 22 hres, tous les jours, des processions vont défiler dans les rues. Il y a deux danseurs, dont l'un, au masque noir, représente Kali, la déesse noire. Et puis un char fleuri, puis deux hommes qui luttent avec des bâtons.

C'est qui ce dieu Ram ? Je ne connais pas....


Ram, fils aîné de Kaushalya et de Dasharatha, dirigeant du royaume d’Ayodhya est la septième incarnation de Vishnu. Il est également connu sous le nom de Ramchandra / Rama.

La fête de Ram Nawami est célébrée pour marquer sa naissance.
Ram est le protagoniste central de l’épopée Ramayana. :
Kaikeyi, l’une de ses belles mères, voulait qu’il soit exilé afin que son fils puisse être le prochain roi. Ram était accompagné de son épouse Sita et de son frère Lakshman au cours de ses 14 années d’exil. Consommé par les mauvais désirs et la luxure, Ravan, le roi de Lanka, enleva Sita pendant leur exil. Cela a finalement conduit à la guerre, où Ram bat Ravan.


Bien sûr je connaissais Rama comme héros de l'épopée du Ramayna, mais Rama considéré comme un dieu, jamais.
Et comme Ayodhya, la ville natale de Ram, se trouve dans l'Uttar Pradesh, là où nous sommes, et donc bien sûr les gens ici privilégient Ram dans l'immense panthéon hindouiste.

On est entouré par les gamins, complètement coincés.
Mais la foule s'excite. Ma copine a des ennuis avec les mêmes qui lui soulèvent la jupe, et essayent de la tripoter.

On ne peut plus avancer dans aucun sens. Alors on décide de prendre une rue transversale. Dans quel guêpier on s'est fourré ! C'est un labyrinthe ! Aucun touriste ne s'aventure jamais par là, c'est le coin des habitations des Indiens, en dehors des rues commerçantes. Il y a des vaches dans les cours des maisons, et les troupeaux de buffles prennent toute la place dans ces ruelles très étroites, si bien qu'on doit se coller contre les murs quand ils passent.

Les rues tournent, serpentent, sans qu'on en voit la fin et qu'on arrive à rejoindre une artère plus large. On tourne en rond.
On passe devant un temple où se déroule un service religieux. Mais impossible de demander notre chemin, personne ne parle anglais par ici.

Et enfin, nous retrouvons notre route ! A temps, car nous avions très peur de la nuit qui tombe d'un seul coup à 18 hres.

On est couvert de poussière et de sueur. Nous croisons un petit car d'Allemands, ou Hollandais (?) qui nous demandent où se trouve le Taj Mahal !. "We are lost too ! nous disent-ils ".

Nous sommes rentrées à l'hôtel vers 18h 15, crevés.