PATTAYA
De Khorat à Pattaya
Mercredi 14 Août 1974
Depuis 8 hres, on attend le chauffeur, qui arrive à 8h 15. André a décidé qu'il prendrait le volant. Nous ne voulons pas nous taper 400 km avec ce chauffeur thaï ! En plus, Somsak voulait passer par Bangkok pour demander plus d'argent à Jumbo, parce qu'il n'en avait plus vu le prix qu'avait coûté la réparation de la première voiture. Alors, avec tout ça, nous serions arrivés le soir !
Et nous rêvons avec impatience de la mer et de la plage !
Nous décidons d'avancer l'argent à Somsak, et de ne pas passer par Bangkok.
Nous allons direct à Pattaya, et c'est André qui conduit. Et ça file ! On regarde à peine le paysage. On se passionne pour la conduite et les doublements.
Arrivée à Pattaya
12h 30. Arrivée à Pattaya, à l'hôtel Tropicana. 4h 30 pour faire les 370 km, bravo !
J'y aurai perdu une valise, car le coffre de la voiture ne fermant pas, on a mis les bagages sur la banquette arrière, ma valise étant posée sur le tuyau d'échappement... eh bien... elle a fondu ! une sansonite qui font ! il faut le faire !
Hôtel Tropicana
L'hôtel Tropicana est sensationnel. décoré dans le style tahitien, il ressemble plutôt à un Club Méditerranée. Le bar-restaurant a un toit de paille. Il y a un jardin magnifique, et une piscine immense, avec des jets d'eau. la chambre aussi est terrible : des lampes aux abat-jours de paille, un immense palmier peint sur le mur, un frigo-bar rempli de boissons, cacahuètes etc, une salle de bain merveilleuse, vert fumé, avec des portes vitres qui se glissent, une grande porte fenêtre en demi cercle qui s'ouvre sur une terrasse où se trouve une petite table ronde recouverte d'une nappe rouge. Et cela donne sur le premier étage, sur le bar, le jardin, la piscine, et le jet d'eau.
Déjeuner
Nous allons manger. C'est délicieux - crevettes, poisson, soupe de crevettes etc. Les serveurs draguent, et, aux fenêtres, des playboys, style moniteurs du Club Méditerranée, se font bronzer.
Une dispute éclate avec les gars du groupe qui nous lancent que nous sommes collantes, nous vaudra de passer une journée sans eux.
A la plage
Nous allons à la plage, sous les palmiers. Le vent souffle, mais il fait très chaud. On est très bien. Il y a des vagues, et un courant très fort. Les hors-bords passent assez près de la plage et font remuer l'eau. Nous nageons sans arrêt, ou alors nous nous asseyons sur le sable au bord des vagues. Nous nous faisons draguer par des Thaïs qui étaient à côté. l'un d'eux s'amuse à nous faire des pirouettes dans l'eau sous nos yeux et... nous chante des romances, en thaï, la sérénade thaï, quoi !
Ensuite, une vendeuse avec son fléau, qui veut absolument nous vendre une noix de coco. mais notre argent est resté à l'hôtel
Puis, on nous propose une balade à dos d'éléphant, et l'éléphant s'approche bien près de nous. Puis, on nous propose un tour à cheval, et puis une croisière vers les îles aux coraux, et là, nous faisons semblant de ne pas comprendre l'anglais, et le pauvre garçon se donne bien des efforts pour nous expliquer par gestes, par brides de mots, ce que nous comprenons parfaitement.
On est vraiment très sollicité à Pattaya quand on est deux filles sur la plage.
A la piscine
Nous allons ensuite directement à la piscine, où les gars se trouvent déjà. Mais nous faisons toujours la tête. Alors que nous nageons, l'averse se met à tomber. ce n'est pas très grave, mais quand la pluie tombe de plus en plus fort, il faut bien se décider à rentrer.
Et là nous sommes bien étonnées, car il n'est que quatre heures de l'après-midi, alors que nous pensions qu'il était déjà 6 hres. On s'est vite lassé de la plage, à 4 hres, la journée est terminée !
Un torrent de pluie
Sitôt arrivées dans notre chambre, c'est un vrai torrent de pluie qui s'abat, une vraie averse de mousson qui fait se courber les palmiers. L'électricité est coupée dans l'hôtel, volontairement. La pluie rend le paysage tout trouble. C'est très long d'attendre dans notre chambre 19h 30, l'heure de notre rendez-vous pour aller au restaurant. La pluie ne cesse pas. Nous avons tout le temps de nous préparer. Nous nous ennuyons.
Ils éclairent la piscine et le jet d'eau, et il y a des lumières dans le jardin cachées sous des hiboux de pierre. C'est un spectacle magnifique.
Dîner
On va dîner dans un restaurant thaï, sous la pluie : beignets de crabe, poisson... Nous nous sommes mises en grande tenue pour rien. Pattaya qui est réputée pour être la station de luxe de la Thaïlande, est morte la nuit. Les boîtes ne diffusent même pas de la bonne musique. Nous revenons à pied de la ville, et cela se révèle être une longue promenade...
Bain de minuit dans la piscine
J'ai très mal à la tête. De retour à l'hôtel, les gars décident d'aller à la piscine. Mais elle est éteinte. Le soldat qui garde la piscine (il y en a toujours un, armé, dans les hôtels à cause des bandits) nous fait éclairer la piscine, rien que pour nous. Il est plus de 22h 30. Malgré mon mal de tête, je les suis, et nous nous baignons tous dans la piscine illuminée. Nous nous couchons à minuit et quart.
_____ Deuxième jour _____
Jeudi 15 Août 1974
Nous avions décidé de louer un bateau pour la journée (300 bahts à sept, ce n'est vraiment pas cher), pour aller aux îles aux coraux. Et pour arriver avant la horde des touristes, nous voulions partir avant 8 hres. Nous nous sommes fait réveiller par le petit déjeuner à 7 hres, mais en fait, depuis 6h 20, nous étions réveillées. il est pratiquement impossible de dormir le matin en Thaïlande car le soleil se lève très tôt, et éclaire brutalement toute la pièce, et nous réveille.
Petit déjeuner
A 7 hres le serveur arrive avec le plateau du petit déjeuner et nous l'installe sur la table ronde de la terrasse, avec une rose rouge toute fraîche dans son vase. C'est vraiment très agréable de prendre ainsi son petit déjeuner, sur la terrasse, en chemise de nuit car il fait chaud même à 7 hres du matin, avec une rose sur la table. Nous prenons tous notre petit déjeuner à la même heure, et de nos terrasses respectives, nous nous disons bonjour de l'une à l'autre.
Les îles aux coraux
Départ donc à 8 hres en bateau pour les îles aux coraux.
Un bateau pour nous seuls. la mer est très houleuse. il faut se tenir fermement. On fait de ces sauts ! La traversée dure une heure. on aperçoit des poissons volants et des méduses brunes à la surface.
Nous arrivons aux îles. La plage est de sable blanc comme je n'ai encore jamais vu. Toute la matinée je fais du masque et tuba, avec des palmes. Mais il n'y a rien à voir, que du sable blanc. L'eau est extrêmement sale, et les yeux piquent.
Et puis je me dirige vers les rochers, et, par hasard, je tombe sur un endroit magnifique : en dessous de moi, des trous, des rochers déchiquetés, des poissons rouges avec des couleurs extraordinaires, de la taille de la main, de minuscules anémones de mer sur les rochers, des éponges, du corail, et des couleurs !!
Je m'arrête de nager pour admirer tout cela, car quand on avance, on ne voit rien. Et puis voilà que je me trouve au dessus d'une armée d'oursins, énormes, monstrueux, brun foncé, avec des épines d'une longueur ! Alors je panique, je crois que je vais me faire piquer, et je rentre.
Je n'étais pas très loin de la plage, car la mer, pendant ce temps, s'est retirée. Les gars m'ont expliqué ensuite, que les oursins n'étaient pas aussi gros que je le croyais, car l'eau fait effet de miroir grossissant, et que tant que je ne m'appuyais pas sur leurs épines (comme par exemple quand on marche dessus) je ne craignais rien, et surtout en portant des palmes.
Mais, quand ils m'en rapportèrent un, je dois dire qu'ils étaient quand même d'une bonne grosseur, sans comparaison avec les oursins que l'on trouve en France.
Somsak, lui qui ne sait pas nager, n'a pas échappé aux piquants. On le voit revenir en boitant. Il souffre beaucoup, et le remède thaï pour ce genre de blessure, c'est de taper de l'autre côté du pied avec une bouteille pour faire ressortir les piquants. Alors à ce rythme là...
Déjeuner
Le midi, c'est un repas de roi que l'on a : des crabes énormes, deux pour chacun, et il en reste. Il n'y a pas de pince pour les manger, et on casse le crabe avec un bout de bambou, ce qui fait gicler le jus, et fait beaucoup de bruit.Dommage qu'ils soient si plein d'eau. Et puis il y a les écrevisses, et un poisson, du riz, et des fruits, ananas et papaye. On n'en peut plus, et on a les mains qui sentent le crabe, et l'odeur ne nous lâche pas, malgré les lavages successifs.
L'après-midi
La mer est montée pendant ce temps et notre bateau est maintenant bien loin, là où il n'y a plus pied. Nous nous laissons tentés pour aller faire une balade en bateau à fond de verre. Cela nous revient à 20 bahts chacun, et nous sommes bien déçus, car on n'y voit rien : le soleil se réfléchit dans le verre, et il faut faire de l'ombre pour voir le fond, et d'autre part, on ne voit rien des couleurs. Mais où sont les fonds et les couleurs que l'on voit lorsque l'on plonge !
Nous abandonnons les gars qui, eux, ont pris l'équipement, et vont se promener sous l'eau à cet endroit, où il y a tant de choses à voir. Et nous, nous retournons au bateau. Un petit peu de nage autour du bateau, c'est maintenant presque la pleine mer ici.
Et nous décidons de quitter l'île où... la ruée des touristes a maintenant débarqué (ils ne se sont pas levés à 7 hres, et à 10h30/11 hres, ça déferle). Et nous décidons d'aller sur une petite île déserte. Nous récupérons au passage nos deux plongeurs, et en route vers l'île déserte...
En pleine mer, nous nous arrêtons pour pêcher. On attrape un poisson lune, blanc, qui se gonfle quand il est hors de l'eau, comme une réaction de défense, et des tas de petits poissons. A l'arrêt, il y a un terrible roulis, et j'ai un de ces mal de coeur. On me dit de changer le sens de mon transat, pou le mettre dans le sens du mouvement, et cela va en effet un peu mieux, mais je suis bien contente quand le bateau redémarre.
Sur la petite île de sable blanc, il n'y a personne, mais le vent souffle, et on caille. Je pars faire un peu de snorkling, mais il n'y a pas grand chose à voir. C'est l'autre île, la grande, qui est "l'île aux coraux". ici, seulement des bancs de poissons minuscules, des centaines, qui se sauvent lorsqu'on agite la main et... des bouts de ferraille, pas de rochers, pas de coraux.Et quand on sort de l'eau, qu'est ce qu'il fait froid.
Retour à l'hôtel
On quitte l'île. Il est environ 4 hres de l'après-midi. Le soleil a disparu. La mer est plus calme.
En pleine mer nous recevons une bonne averse.
Arrivés à l'hôtel, nous nous précipitons dans la piscine pour... nous rincer. Des crises de rire... Nous essayons de former des étoiles, et buvons beaucoup de tasses, et surtout Somsak, qui... apprend à nager.
Pendant que nous sommes dans la piscine, il se met à pleuvoir, et là encore, au bout d'un certain temps, nous sommes forcés de rentrer, car la pluie est très forte. Vraiment, à 4 hres de l'après-midi, la journée est terminée à Pattaya, et c'est pourquoi il faut se lever tôt.
Dans notre chambre nous découvrons le résultat de cette journée : les coups de soleil. Incroyable. Le sommeil va être dur.
Dîner
Nous partons à 19h 30 pour un restaurant au bord de l'eau, mais où nous n'arrivons pas à manger quoi que ce soit car ce que nous mangeons est dégueulasse : du porc au goût de pansement d'hôpital. Il faut dire aussi que notre guide Somsak n'a plus d'argent pour financer le groupe.
Nous nous couchons très tôt, vers 22 hres, crevés.