SUMATRA

Singapour - Medan - Lac Toba

Mardi 29 Juillet 1975

J'ai vraiment passé une mauvaise nuit, presque pas dormi. Je me suis endormie très tard, à 1 hre du matin j'étais encore réveillée, j'ai vu 2 hres, Il fallait descendre les bagages à la réception pour 8h 30, pour partir à 11 hres de l'hôtel.

Une longue attente dans l'aéroport, car nous sommes très en avance. Ce qui me permet de faire les boutiques, très tentantes par leur prix,. J'y acheter un flash Canonlite pour 25 US $. (100 FF, alors qu'il valait 170 FF à la FNAC avant de partir).

Vol Garuda de Singapour à Medan sur l'île de Sumatra - DC 9



Sumatra est la plus grande des îles d'Indonésie. Nous allons à Sumatra dans le but de découvrir la culture Batak, une ethnie vivant au nord de Sumatra de plus de 6 millions d’individus. L’architecture de leurs maisons est tout à fait particulière.


Les Bataks se répartissent en 6 groupes qui partagent des traits linguistiques et culturels communs. En particulier, ces groupes se considèrent descendants des mêmes ancêtres. Ce sont :

→ Les Angkola
→ Les Dairi ou Pakpak
→ Les Karo
→ Les Mandailing
→ Les Toba


Nous, nous allons aller découvrir leur culture dans les environs du lac Toba, le plus grand lac volcanique du monde.

MEDAN

Medan est notre port de débarquement. Ça y est, nous entrons en Indonésie. Mais en Indonésie les formalités d'entrée sont plus longues. Nous y restons bien une demi-heure, et en plus, on nous demande encore d'ouvrir deux valises qui ont été tirées au sort, parmi le groupe.

Nous sommes accueillis par un charmant guide Indonésien, très souriant, qui dès notre arrivée, salue chacun d'entre nous, et nous dit "Welcome to Indonesia".

Medan est une ville grouillante, de la circulation automobile intense, et une chaleur sèche insupportable. Pas un brin d'ombre. Medan est la quatrième ville la plus peuplée d'Indonésie, la capitale de la province de Sumatra-nord, et depuis longtemps un port commercial où depuis le premier siècle après JC, les navires indiens et chinois avaient jeté l'ancre et exercé des activités commerciales. Beaucoup s'y sont installés et ont apporté leurs influences culturelles et religieuses dans la région. Plus tard, Medan est devenu un grand producteur de caoutchouc et de tabac appartenant à de grandes entreprises de plantations européennes.

Sur le chemin, nous visitons la Grande Mosquée (Masjid Raya) construite en 1906 (une horreur), le Palais du sultan (Istana Maimun) où nous ne daignons même pas descendre, et le plus bel hôtel de Medan (pas mal du tout... par ses toilettes).

C'est tout ce que nous verrons de Medan, nous allons directement nous installer à Prapat, au bord du Lac Toba.
Il faut 4 hres de car pour aller de Medan à Prapat.

La route, une fois sortis de Medan, est magnifique. Ce sont des plantations de palmiers qui ont été littéralement tranchées en leur milieu pour percer la route. Et pendant des kilomètres, on traverse ces plantations de palmiers, cocotiers, hévéas, caféiers.

Les quatre heures de route sont très fatigantes. Nous nous arrêtons pour acheter des fruits : mangoustans, bananes, etc. Sur les étalages, au premier plan se trouvent les fameux durians, que nous ne voudrons jamais goûter.


PRAPAT (LAC TOBA)

Arrivée à Prapat (Parapat). Vue plongeante sur le lac depuis la route. C'est grandiose, d'autant plus que le soleil se couche.

Le lac Toba est le plus grand lac volcanique du monde, 100 km de long sur 35 km de large, sa profondeur maximale est de 505 m. On est à 905 m d'altitude. Le lac est en fait la caldeira d'un volcan. Au centre du lac, l'île de Samosir (pulau Samosir).

L'hôtel donne sur le lac, mais malheureusement, ma chambre donne de l'autre côté. Le site est calme, agréable, reposant, et le climat très appréciable.

Le soir

Nous descendons au village qui est à 10 mn de marche, pour y dîner. La rue est bordée de nombreuses échoppes de cuisine familiale. Comme les gens parlent très peu l'anglais, et comme les plats sont exposés dans la vitrine, on choisit de l'extérieur. On montre ce que l'on veut en indiquant le nombre. Je mange du riz avec une sauce curry et du crabe (à moitié vide). La cuisine à Sumatra est très pimentée.

Nous rentrons à l'hôtel mais comme certains avaient rencontré un groupe de touristes hollandais qui logent à l'hôtel voisin, et nous avaient invités à les rejoindre, nous y allons. C'est une soirée animé pour le groupe par un orchestre indonésien. Tout le monde danse, Indonésiens, et Hollandais, mais le style de danse ressemble plutôt à du tamouré tahitien.

Nous sommes conviés, bien entendu, à danser. Ensuite ce sera l'échange traditionnel de chansons, un coup les Hollandais, un coup les Français. Nous nous couchons vers 23 hres.


De Prapat à Porsea

Mercredi 30 Juillet 1975

9 hres. réveil en sursaut ... on avait rendez-vous à 9h30 pour partir ! On a mal dormi, on a caillé de froid, une seule couverture ne suffisait pas (et on n'a pas de drap de dessus en Indonésie !). On a été en plus assailli de moustiques (en altitude ! oui, mais on est près d'un lac). De plus, vers 7 hres du matin, le personnel de l'hôtel mettait la radio à tue-tête, si bien qu'on a été réveillé, mais ensuite, on s'est rendormi jusqu'à 9 hres !

Nous avons affrété six taxis pour aller visiter les villages Bataks, en allant vers Porsea.

Les Batak

La tribu Toba Batak est un sous-groupe ou une partie de l'ethnie Batak originaire de la province du nord de Sumatra. La région majoritaire du peuple Toba Batak comprend Toba (leur origine), Samosir, Humbang Hasundutan, North Tapanuli et Central Tapanuli. La tribu Batak est l'une des tribus d'Indonésie qui maintient le plus sa culture traditionnelle.

Contrairement au reste de l’Indonésie, qui est musulman, les Toba Batak aujourd'hui sont devenus en majorité des chrétiens (88%), en particulier des chrétiens protestants (84% protestants et 3% catholiques). Une petite proportion embrasse l'Islam (environ 9%) et une petite partie embrasse toujours la croyance ancestrale Parmalim, la forme moderne de la religion traditionnelle Batak, la religion malim, mais le nombre est très petit, environ 2% de la population totale de la tribu Toba Batak.

Les Batak vivent de l'agriculture, de l'élevage et de l'agriculture. Ils vendent des produits du bétail et des récoltes au marché et effectuent des transactions pour les besoins quotidiens tels que l'achat de riz, de sel, de tabac et autres.



La Constitution reconnaît six religions principales

Pendant la longue histoire de l'Indonésie, l’arrivée de marchands de Chine et d'Inde, la montée de puissants royaumes bouddhistes et hindouistes sur Sumatra et Java, la propagation de l'islam suivie de la colonisation de l'archipel par les nations européennes, et enfin, la création de l'État unitaire de la République d'Indonésie en 1945, les gens de ces milliers d'îles ont adopté différentes religions selon les influences variées reçues à travers les âges.

C'est en 1863, qu'un missionnaire venu d'Allemagne, Ludwig Ingwer Nommensen répandit le christianisme protestant parmi les tribus Batak.

Sur la base de la Constitution du pays, l'Indonésie reconnaît six religions principales: l'islam, le christianisme, le catholicisme, le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme. Bien que la population majoritaire de l'Indonésie soit musulmane, les gens de diverses religions sont habitués à vivre en harmonie les uns avec les autres, de sorte que la devise de base du pays reste: “Bhinneka Tunggal Ika", qui signifie: Unité dans la diversité.

Après 3 siècles de colonisation européenne depuis le 18 ème, le christianisme et le catholicisme ont donc pris racine sur de nombreuses îles ou parties d'îles, de sorte qu'aujourd'hui, on trouve environ 61 000 églises réparties dans tout l'archipel.

+ sur les églises à visiter en Indonésie ☞ https://www.indonesia.travel/fr/fr/news/5-remarkable-churches-in-indonesia



La religion malim

Avant que le peuple Toba Batak ne connaisse le christianisme, la tribu Batak embrassait la croyance Parmalim, la croyance ancestrale, mêlée d'animisme et de magie. Presque tous les rouages de la vie du peuple Batak étaient régis par des fortes règles coutumières, et des rituels traditionnels.

La religion malim présente quelques similitudes avec l'islam, notamment l'interdiction de la consommation de porc et de sang, et la pratique du port du turban. Les Malim modernes nient que ces pratiques dérivent de l'Islam. Le plus grand des nombreux groupes Parmalim a son centre à Huta Tinggi à proximité de Laguboti sur la rive sud du lac Toba.

Autrefois les Batak n'aimaient pas les étrangers car ils étaient considérés comme des envahisseurs. Ils pensaient que les personnes extérieures à leur tribu étaient des ennemis car à cette époque il y avait de fréquentes guerres entre les tribus, et par la suite, la religion malim est devenue très influente en tant qu'expression des sentiments anticoloniaux au tournant du 20 ème siècle. Les Parmalim modernes font remonter leur héritage à Sisingamangaraja XII, un chef batak dans la lutte contre les Hollandais, dont l'esprit est toujours vivant chez ses successeurs.


PORSEA

Nous visitons trois villages Batak. Les gens sont très accueillants, se laissent photographier, et ne demandent pas d'argent.
Les maisons sont réellement très belles par leurs formes originales et le bois très décoré, peint.



maison batak


Le guide nous explique que le rez-de-chaussée est l'étable où couchent les animaux, et l'étage là où couchent les gens.
Les maisons ne tiennent que par leur poids, sur des pierres posées sur le sol, il n'y a aucun piquet d'enfoncé dans la terre.


titre titre


La maison traditionnelle batak

La maison traditionnelle Toba Batak s'appelle Rumah Bolon. De forme rectangulaire et construite en bois, la maison traditionnelle batak est bâtie sur des piliers, afin de protéger de l’humidité. Le toit pointu ressemble à une selle de cheval, ou un bateau, comme la forme des canoës dont ils se servaient autrefois. Aucun clou n’est utilisé pour maintenir la structure ! De nombreuses maisons sont décorées de sculptures et de peintures.

Le bétail vit en-dessous de la maison (entre les piliers), et les familles à l'étage. Elle peut parfois être occupée par 50 familles. Il faut monter des escaliers situés au milieu de la maison, avec un nombre impair de marches, baisser la tête pour ne pas heurter la poutre qui les traverse.

L'intérieur de la maison est une grande pièce, constituée du séjour avec la cuisine, et les chambres sont réparties autour. Les toilettes, elles, sont un simple trou dans le sol, qui donne directement... en bas de la maison.


La ville de Porsea

Porsea est une ville très vivante. Nous allons manger des bananes frites (pisang goreng).
C'est très bon, mais elles sont froides, et du cake.

Nous nous promenons dans la ville, dans le marché pittoresque, très intéressant. Il y a une de ces foules ! Attention aux sacs !
Nous achetons des mandarines. Elles sont bonnes et coupent la soif, mais pleines de pépins, et des galettes de manioc (bof, sans plus).


De retour à l'hôtel

Nous allons faire un peu de bronzing sur la toute petite plage au bord du lac, et prendre un bon bain. L'eau est chaude, le contraire de ce que à quoi nous nous attendions... pour un lac de montagne. Mais un banc d'algues très hautes et très proche du rivage nous empêche de nager très loin.

Puis nous descendons nous balader dans le village. Mais ce soir nous dînons à l'hôtel, un vrai repas complet indonésien pour 600 roupies : potage - riz - et des tas de petits trucs - bananes en dessert.

Le soir, à nouveau, impossible de dormir : la chambre donne sur une ruelle, et les cuisines où à partir de 22 hres, c'est l'heure de la vaisselle... Puis les camions arrivent toutes les 5 minutes, pour livrer je ne sais quoi. Et en plus, le personnel fait la foire, met la radio à toute pompe, et éclate de rire.

On ouvre la fenêtre, on râle, mais cela n'y fait rien. Cela a duré jusqu'à 1 hre du matin.


L'ILE DE SAMOSIR

Jeudi 31 Juillet 1975

A 6h 30, le vacarme recommence avec la radio et les camions. Cette fois-ci, la première chose que nous faisons après nous être levées, c'est d'aller nous plaindre auprès de notre accompagnatrice pour que celle-ci transmette cette nuisance du bruit causé par le personnel au directeur de l'hôtel.

7 hres était l'heure du réveil... prévu pour partir à 8 hres en visite pour l'île de Samosir, où se trouvent de nombreux villages Batak.

Cette fois-ci, c'est un bateau que nous prenons, un bateau qui a été affrété pour tout le groupe, car c'est le seul moyen de s'y rendre, le seul ferry existant partant à 16 hres, et ne revenant que le lendemain, il aurait fallu passer la nuit sur Samosir...

L'île de Samosir est le coeur de la culture Toba Batak.




Nous allons de village en village sur l'île, par le bateau, puisqu'ils sont tous en bordure du lac.

Nos arrêts :

1) TOMOK

→ Marché très chouette, paysannes très pittoresques
→ Beaucoup de boutiques pour touristes, artisanat
→ Des églises chrétiennes

2) AMBARITA

→ Petits groupements de maisons cachées par les arbre
→ Très beau paysage
→ École
→ Salles de réunion du village
→ Des meubles (tables et chaises) fabriqués en pierre en miniature

3) SIMANINDO

On a du mal à accoster. Danse de deux petits gamins devant une maison Batak. Mais c'est une maison- musée, on peut monter et visiter la chambre, la salle à manger, la cuisine. Le lit est très beau. Il n'y a qu'un seul lit où dort toute la famille.

4) ILE TAO

On l'appelle aussi l'île Malau. Elle est située près de Simanindo.
L'île Tao est minuscule. Il n'y a qu'un hôtel avec 3/4 chambres, mais personne n'y habite.
Il n'y a absolument rien à faire sur cette île, et on en fait le tour en 3 minutes à pied.
Près de l'île Tao, se trouve un îlot, recouvert de palmiers et désert.

Nous nous baignons sur la minuscule plage. L'eau est bonne. Une descente en escaliers est aménagée.
Le soleil chauffe. Le lac est vraiment immense et magnifique.

La balade a porté ses fruits en coups de soleil, et peu à peu, tout le monde recherche l'ombre.

Puis retour (très long) par le lac, en bateau, jusqu'à Prapat.


RETOUR À PRAPAT

Danses Batak

Nous partons à 18h 30 pour un petit village tout proche où nous devons assister à des danses Batak.

Ce sont des danses organisées par le Centre Culturel de la ville pour les touristes. Elles ont lieu devant une maison traditionnelle Batak. L'orchestre est installé à l'étage. Le site serait très agréable s'il n'y avait pas les voitures garées à côté, et le bruit des motos.

La musique est très spéciale : une flûte joue en continu. Les danseuses (il n'y a que des femmes, même pour les rôles d'hommes) sont habillées de façon stricte et portent une longue écharpe, très important pour la danse. Le rythme est très, très lent.
Elles bougent à peine, se déplacent comme au ralenti. Ce sont les doigts, surtout, qui bougent, pas les pieds, ni le corps.

Puis à la fin, nous sommes conviées à participer à une danse collective. Nous réalisons à quel point cette danse est difficile du fait même que l'on doit danser quasiment immobile. Et à la fin, chacun se dit "Horas" (le bonjour et le adieu à Sumatra) en échangeant les écharpes.

Sur le chemin du retour, nous entendons chanter dans une église, et nous y pénétrons par curiosité. C'est la répétition d'une chorale, et tous éclatent de rire en nous voyant nous installer sur les bancs comme au spectacle. C'est magnifique.
Ils chantent... la berceuse de Brahms... en Indonésien. C'est très, très beau.

Dîner au village

Nasi goreng + ikan + pisang + té (cad riz + poisson + banane + thé).
Pour la première fois j'arrive à demander mon repas en Indonésien.