JAVA
Vendredi 1er Août 1975
Prapat ⇾ Medan (SUMATRA) - Surabaya ⇾ Volcan Bromo (JAVA)
Réveil à 6 hres. Nous allons jusqu'à Medan en car (3 hres de route). On reste une heure à Medan. La ville est laide, rien d'intéressant. Un soleil ! Il n'y a pas un brin d'ombre, et le soleil de midi retape sur les coups de soleil attrapés hier sur le bateau. On s'enferme, à l'ombre, à l'intérieur d'une banque, même pas climatisée, puis dans un Coffee-Shop où l'on déguste... un café viennois (de la glace + du café).
Nous allons jusqu'à l'aéroport. L'aéroport paraît aussi laid qu'à notre arrivée. Il n'y a pas d'air climatisé. Il semble que l'on ne connaisse pas ça en Indonésie ! Et, à nouveau, on attend, une heure dans l'aéroport avant d'embarquer. La sueur coule, on transpire.
➣ Vol Garuda Medan - Jakarta DC 9 - 2 hres de vol
On survole tout Sumatra et c'est très impressionnant car on découvre, par en bas, la forêt, qui occupe les 3/4 de l'île. Les arbres sont tellement serrés les uns sur les autres, que de l'avion on ne voit qu'une masse noire entourée par des lacets de routes. Il ne faudrait pas tomber dans cette forêt !
Puis on survole la côte. On traverse le détroit. On survole un grand port, puis une grande ville, et c'est la descente sur Jakarta, énorme ville avec des autoroutes et des routes suspendues.
➣ Aéroport de Jakarta
Une horreur. Pas d'air climatisé, bien sûr (et c'est la capitale !). L'aéroport n'est pas plus beau que tous les autres pour un aéroport d'une capitale. Quand je pense à celui de Bangkok !
On attend encore une heure, car on change d'avion. Il faut sortir les valises, puis les ré-enregistrer pour Surabaya (suite à une erreur à l'enregistrement à l'aéroport de Medan). Enfin, après le contrôle, on peut enfin passer en salle d'embarquement, qui, elle, est... climatisée !
➣ Vol Garuda Jakarta - Surabaya DC 9 - 1 hre de vol
Il est presque 17 hres. Une heure d'avion en DC 9. Virage au dessus de la mer, puis on survole des régions toutes plates, puis on est au-dessus des nuages, car il y a une énorme masse de nuages. Coucher de soleil. La nuit tombe à 18 hres. Nuages noirs, énormes. On se demande ce qui nous attend en dessous. Mais la descente se passe bien.
SURABAYA
Il fait nuit quand nous arrivons à Surabaya. Chaleur insupportable et petit vent. 45 mn de car jusqu'à la ville qui est à 20 km.
Notre correspondant de l'agence à Surabaya s'appelle Rudy, le plus charmant de tous nos accompagnateurs.
Notre hôtel se trouve en plein centre de la ville, mais on est dans un jardin, et les chambres sont tout autour, donc, aucun bruit à part les oiseaux.
LMS Hotel
Jalan Tunjungan 65
Tel : 3041 42 43
A l'arrivée, la moitié du groupe n'avait pas ses chambres de réservées, et a du s'accommoder de chambres sordides non achevées, et sans climatisation. Moi, je bénéficie d'une chambre magnifique, très grande, climatisée, avec douche... indonésienne, et donnant sur le jardin. Il y a des moustiquaires aux fenêtres, ça veut tout dire... ainsi qu'une double porte d'entrée.
La douche indonésienne :
C'est la découverte ! Moi, j'allais rentrer dans le baquet ! Et on m'explique qu'il faut que l'eau du baquet reste toujours propre pour le suivant, donc ne jamais y tremper le savon. Ce n'est pas désagréable : on se balance le récipient d'eau (une casserole en plastique) sur le corps. Mais impossible de se rincer... la figure ! ni les cheveux, surtout quand ils sont longs...
Pourquoi être allé à Surabaya ? Pour monter en haut du volcan Bromo et assister au lever du soleil. Parce que Surabaya est la grande ville la plus proche où il y a un aéroport, c'est la capitale du Java-Oriental. Le Bromo est à 78 km au sud-sud-est de Surabaya.
Le soir
Nous sortons dîner. La ville n'est pas désagréable. Nous sommes harcelés par un afflux de rickshaws, qui ont le vélo derrière et très haut. La ville me rappelle un peu l'Inde dans le sens où cela grouille de partout, vélos, gens... Le quartier est très animé (c'est le centre de la ville) : boutiques, restaurants...
On dîne dans une gargote chinoise et familiale. On mange des "mie" quelque chose, c'est à dire des nouilles sautées, avec des bouts de viande, de je ne sais quoi, avec de la sauce soja et de la sauce au piment. 225 roupies + 30.
Comme c'est tout ce que l'on pouvait manger à cet endroit, des "mie" à toutes les sauces, on cherche un autre endroit ensuite pour manger un dessert. On trouve un truc plus "luxueux", c'est à dire un coffe-shop à l'américaine, où nous tombons sur une autre partie du groupe. Elles nous font goûter au "satang", la spécialité indonésienne, et particulièrement de Surabaya. Je trouve ça dégueulasse ! Ce sont des brochettes de viande mais arrosées de sauce cacahuète !!! Immangeable.
Nous commandons de l'ananas frais, pour 200 roupies, délicieux, et on nous sert en plus, gratis, une assiette de fruits exotiques divers, pour goûter : mangue, poire indienne, concombre (en fruit !) avec... du sel pour tremper les fruits dedans, même l'ananas...
Ça aussi je trouve ça dégueulasse. C'est pour faire ressortir le goût du fruit me dit-on !
Samedi 2 Août 1975 - Dimanche 3 Août 1975
On aurait pu se lever à 8h30 car le rendez-vous était à 9h30. Mais je suis encore réveillée à 6h 30... par un peu de diarrhée (l'ananas de la veille...). Le soleil est terrible. Il tape dur. je mets une chemise légère mais à manches pour me protéger car mes coups de soleil sont atrocement douloureux.
Visite du Zoo
Le komodo ! une grande statue de pierre à l'entrée. Un komodo géant tel qu'on se l'imagine. Et un en vrai ? On le cherche.
Dans une grande enceinte, il n'y a qu'un mini lézard. Plus tard, on en verra deux, mais tout aussi mini. Mais ils avançaient très vite en tirant la langue, comme des serpents. Enfin, nous avons vu le komodo, le monstre préhistorique terrorisant !

A part cela le zoo est bien triste. L'environnement est triste. Dans les aquariums se trouvent de beaux poissons des mers du sud. Il y a deux orang-outans, des singes, des oiseaux, et une carte géante de l'Indonésie sur laquelle figurent tous les animaux que l'on rencontre dans chacune des régions du pays, à Sumatra, à Bornéo, dans les petites îles. C'est encore ce qui m'a le plus intéressée, cette carte.
Tour de la ville en car
Une ville toujours aussi grouillante. Un théâtre national où je n'ai nullement envie d'aller.
On est guidé par un vieux guide qui parle Français, mais que l'on ne comprend pas.
Encore un truc dégueulasse à manger
Déjeuner : au même restaurant qu'hier. J'essaye le "gado-gado", une autre spécialité : mélange de légumes à la sauce cacahuète : dégueulasse, écoeurant. Cela me revient à 300 roupies le plat, dont en en mange que la moitié à nous tous. C'était pour essayer...
+ 200 roupies un seven up, ce qui fait un repas à 500 rp. Bien cher pour rien du tout.
L'après-midi
J'ai décidé de ne pas sortir. Je n'aime pas cette ville, et n'ai aucune envie de m'y promener. Prapat, j'aimais bien. Surabaya, non.
Je me lave les cheveux (avec du mal, à la douche indonésienne). Je discute un peu sur la terrasse, mais j'ai du mal à me faire comprendre en anglais du room-boy quand j'essaye de lui demander si je dois brancher mon sèche-cheveux en 110 ou en 220 volts. Au bout du compte, il me pose une question bizarre : "can you speak english ?" !
Puis je m'allonge entre 16h 30 et 18h 30. De toute façon il fait bien chaud. Mais sans dormir bien sûr, à cause du bruit de l'appareil à air conditionné, qui est placé si haut que je ne peux arriver à le régler.
ASCENSION DU VOLCAN BROMO
L'île de Java est parsemée de volcans, elle compte 45 volcans actifs, les plus conus étant le Bromo et le Kawah Ijen. Le Bromo, en indonésien Gunung Bromo, se trouve dans le massif du Tengger, un massif volcanique d'un périmètre d'une quarantaine de kilomètres.
Le Bromo culmine à 2 329 m d'altitude. C'est un cratère de 800 m de diamètre et de 200 m de profondeur, situé, avec d'autres, dans un cratère encore plus grand, une caldeira de 11 km de diamètre. L'explosion du volcan qui a créé la caldeira, s'est produite il y a 45 000 ans, lors d'un événement similaire à l'éruption du Krakatau. Il y a cinq volcans à l'intérieur de la caldeira de Tengger : le mont Bromo (2 329 m), le mont Batok (2 470 m), le mont Kursi (2 581 m), le mont Watangan (2 661 m) et le mont Widodaren (2 650 m).
Le Bromo est plus petit que ses voisins, mais on le repère à son profil. Encore actif, de la fumée s'échappe sans cesse de son cratère. Le Bromo est un volcan qui fume continuellement., il est toujours en activité, sa dernière éruption rapportée à ce jour était en 1972. Et avant il y en a eu pas mal autres.
Il existe deux villes d'accès au volcan Bromo, plus proches que Surabaya, un peu moins importantes que Surabaya : Pasuruan ou Probolinggo (à 45 km du Bromo).
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Le Bromo est un volcan sacré pour les Javanais. Son nom, Bromo vient du nom du dieu créateur de l'hindouisme, Brahmā. Les habitants du Bromo Tengger sont restés hindouistes. C'est l'une des rares communautés hindoues importantes restant sur l'île de Java, concentrée dans une trentaine de villages. On pense que les Tengger sont des descendants de l'empire Majapahit et ont été chassés dans les collines après une arrivée massive dans la région des Madurese musulmans au 19 ème siècle. La religion locale est assez similaire à celle de Bali mais avec des éléments encore plus animistes.
Les habitants du Bromo Tengger pensent que ce volcan est une montagne sacrée. Une fois par an, Les peuples qui vivent sur ses falaises font des offrandes en lançant fleurs, fruits et légumes au cratère, considéré comme une divinité, lors d'une cérémonie, appelée "Yadnya kasada", qui a lieu une fois par an.
Nous, les touristes, on y monte pour assister au lever du soleil.
Le sommet du mont Pananjakan qui culmine à à 2 775 m offre une vue imprenable pour admirer le fameux lever du soleil sur le Bromo, avec en arrière-plan le Semeru, ainsi que la mer de sable gris qui l’entoure.
Enfin, le moment est arrivé de se préparer pour le clou de Surabaya, et le seul intérêt de s'être arrêté dans cette ville.
On a rendez vous à 23 hres dans le hall de l'hôtel. La température annoncée là-haut est du 6/8°. J'ai enfilé tout ce que je pouvais avoir de vêtements chauds, car, parait-il, là-haut, on caille. Chemisette sous vêtement + Tshirt + sous-pull col roulé + pull en laine + collant de laine + jeans + chaussettes.
23h 30 : le départ. Je crève de chaud avec mon collant sous mon jean. Les pulls, j'en ai un peu retiré pour le départ, je n'ai gardé que le sous vêtements et le Tshirt.
On arrive là bas à 2h 30 du matin, en pleine nuit, après 3 hres de car, ce qui est déjà une sacrée fatigue. En route j'ai découvert que la lune, ici, à l'équateur, était couchée et non verticale comme en France. Le ciel est magnifique, rempli d'étoiles. On a aperçu, malgré la nuit, les routes de montagne, et la montagne.
Un petit nez dehors... Ça caille vraiment. J'ai remis petit à petit, au cours de la route, tous mes pulls, et maintenant je n'ai plus d'autres ressources et... j'ai froid.
Il y a là une petite baraque et on se fait faire du café... à la turque... imbuvable. Mais comme on caille à mourir, eh bien on le boit.
On se trouve au pied de la montagne, ou des volcans plutôt. On attend encore un peu avant de commencer l'ascension pour ne pas démarrer trop tôt et devoir attendre (et se cailler) là-haut le lever du soleil trop longtemps. J'en profite pour faire un arrêt pipi avant l'ascension. Dehors, en pleine nuit, et par cette température, craignant les phares du car, il faut le faire !
En route pour l'ascension
Il y a 5 km à monter, mais pas à pied, on monte à dos de cheval. 1h 1/2 pour l'aller et 1h 1/2 pour le retour.
Je porte un maillot sous-vêtement, un Tshirt, 1 sous pull à col roulé, 1 pull de laine, un collant de laine, un jean, une cape imperméable, une paire de chaussettes de tennis, un chapeau de laine me couvrant bien les oreilles, et comme j'ai oublié d'emporter des gants, et que je suis gelée, j'enfile des Dimettes sur mes mains. Un drôle d'accoutrement.
Monter à cheval ! Ce sont des poneys heureusement, mais cela me parait bien haut, moi qui ne suis jamais de ma vie montée là-dessus, et qui ne sais même pas ce qu'il faut faire une fois assise dessus. Mais il est guidé par un gamin, qui doit avoir une dizaine d'années, douze, treize ? Et en cours de route, il dirige sans cesse sa lampe électrique vers mon visage pour voir la tête que j'ai... J'ai cru comprendre que c'est pour nous reconnaître à chaque étape, quand on s'arrête, quand on descend du cheval, ensuite on est bien perdu parmi tous ces chevaux pour retrouver "sa" monture.
Je m'y fais très vite à mon petit cheval. Je suis montée dessus pas trop difficilement. Je me suis demandée comment je pourrai rester en équilibre là-dessus pendant tout ce trajet, et puis, ça vient tout seul. Je trouve mon équilibre très facilement. Le cheval est jeune et il veut se mettre à trotter sans arrêt. Il ne supporte pas d'avoir un autre cheval devant lui. Dès qu'on en rattrape un, il faut qu'il le dépasse. C'est assez marrant. Mais c'est aussi assez impressionnant, dans la nuit, de chevaucher en aveugle, surtout quand on tangue sur le dos du cheval, quand le cheval doit escalader des chemins rocailleux, ou qu'il descend une pente.
Ça monte, ça descend, et on ne voit rien du tout.
Arrêt à mi-chemin. On est seulement à la moitié du chemin, et ça a déjà été pénible ! Une baraque où il faut acheter des "kretek" (des cigarettes) pour le petit conducteur. Et où on va aux toilettes. Et où l'on boit du thé. C'est le rendez-vous de tous ceux qui montent. Nous y rencontrons des Allemands, des Japonais. Les Allemands montent à pied, sac au dos. Il y a au sein de cette baraque une grande sympathie car l'épreuve est dure.
2 ème partie de la montée
C'est plus facile. Je me suis habituée à mon cheval. Cela commence à cailler dur : on traverse les nuages.
Et cela descend et monte, un coup l'un, un coup l'autre.
Nous sommes maintenant au dessus de la mer de nuages. C'est très impressionnant.
On voit en haut le sommet pointu d'un volcan voisin.
Il est 5 hres du matin, et il fait un peu plus clair, on croit être arrivé mais ce n'est pas fini : il faut encore gravir des marches et des marches. Et ça glisse (c'est recouvert de cendres). Des guides vous proposent des petits anneaux pour nous tenir, et... nous traîner. Mais moi je refuse. Je suis très essoufflée.
En haut
Quand on arrive en haut, on se trouve sur le rebord d'un cratère d'où sort une grosse fumée blanche. On lui tourne le dos pour regarder le lever du soleil. On n'est pas seuls, loin de là ! Tous les touristes sont en ligne, face au soleil. Les Japonais ont leurs transistors allumés ! On est très sale, tout couverts de cendre grise (d'où l'intérêt de la cape imperméable).
6 hres moins le quart. Le jour se lève. D'abord rouge, puis bleu, et on attend le soleil. Le paysage se dégage très rapidement. La vue est magnifique sur toutes ces roches volcaniques.
Puis apparaît le petit rond du soleil, et il monte jusqu'à nous éblouir complètement.
La descente
Beaucoup plus facile. Il fait jour et le paysage est visible cette fois-ci, et c'est magnifique. A nouveau, on s'arrête à mi-chemin, dans la baraque, mais rapidement. On repart. Je tiens un peu les rennes de mon cheval toute seule pour la première fois, mais je m'inquiète dès qu'il commence à trotter ! Puis sur les pentes, je distingue les nombreuses cultures.
On arrive très vite au village. On donne 200 roupies au petit gars qui nous a conduit, et qui doit sûrement faire ça toutes les nuits.
Retour en car
Encore 4 heures de car. On est K.O.
Tout le monde dort, ou essaie, dans le car. Le voyage de retour est très pénible, et on n'en voit pas la fin.
On arrive à l'hôtel vers 10h15. Un petit déjeuner hollandais nous attend : des oeufs, du jambon, du fromage.
Quand on se mouche, le mouchoir est tout noir. le nez est rempli de cendre. Le jean est bon à laver, et tout le reste d'ailleurs.
A 11 hres (du matin) on est au lit. Et je dors jusqu'à... 17h 30 de... l'après-midi ! Je me lève pour me laver et faire la valise.
Un somnifère est nécessaire pour... me ré-endormir à... 19 hres ! Car demain, le réveil est à 4 hres du matin.
Il faut se récupérer et se remettre à vivre le jour et non la nuit !