Yemen du Nord 1977

9 Septembre - 24 Septembre 1977


Là encore, j'ai suivi la route des voyageurs des années 70. L'Inde, l'Afghanistan, et le Yemen étaient des pays à la mode, prisés des voyageurs. Nous étions trois copines, Nicole, Catherine, et moi. On s'était connu dans le voyage en Afghanistan, l'année précédente. Nous sommes parties en voyage complètement libre, par un vol sec de la Syrian Air, avec une nuit de transit passée à Damas, et une escale à Jeddah en Arabie Saoudite.

Le Yemen est un pays très ancien, les premières traces archéologiques de présence humaine semblent remonter à 700 000 ans avant J.-C. Au 8 ème siècle avant J.-C. le royaume de la reine de Saba était à son apogée.


Le premier véritable royaume du Yémen est le royaume sabéen de Marib vers 1500 avant J.‑C. dont la richesse agricole reposait sur l'édification d'une célèbre digue. Aux environs de 1500 avant J.‑C. un barrage, qui n'a pas d'équivalent à ce jour, avait été construit à moins de 10 km au sud-ouest de l'actuelle ville de Marib. Cette digue de 650 m de long protégeait des crues et irriguait une zone cultivée, pouvant ainsi subvenir aux besoins de 50 000 personnes.


Sur les les traces de la reine de Saba

Tout le monde a entendu parler de l’histoire du roi Salomon et de la reine de Saba. « Une reine, sans nom, en provenance de Saba, aussi belle qu’intelligente et cultivée, avait entrepris avec une importante caravane portant de l’or, des bijoux et des épices, le voyage de sa capitale de Marib jusqu’à Jérusalem. En quête de savoir, la reine s’intéressa particulièrement à Salomon que l'on disait sage, et lui posa des "questions complexes". Salomon releva le défi et accueillit la reine, qui en retour, lui fit parvenir des offrandes » .

Cette histoire elle est entrée dans ma tête quand j'étais toute petite, car en 1959 est sorti un film hollywoodien de King Vidor avec Yul Brynner et Gina Lollobrigida. Eh oui, j'avais 10 ans, ma mère m'emmenait au cinéma voir tous les "peplum", et j'adorais ça.



Le royaume de Saba a bel et bien existé.

L’histoire du roi Salomon et de la reine de Saba est évoquée dans les Livres des Rois et dans les Livres des Chroniques.

Le royaume de Saba (version latine) ou de Shéba (version chamito-sémitique) évoqué par la Bible et le Coran, a bel et bien existé, il correspondrait aujourd'hui au Yémen, au nord de l'Éthiopie et à l'actuelle Érythrée. Ses habitants s'appelaient les Sabéens.

Lors de fouilles, en 1951, dans le désert du Nord Yémen, un temple vieux de 3 000 ans, nommé Mahram Bilqis (Temple of Awwam, temple de Bilqis, reine de Saba) a été découvert par l'équipe de l'archéologue Wendell Phillips. Il s'agirait d'un site sacré utilisé par les pèlerins entre 1200 et 550 avant JC. Le temple est situé près de l'ancienne ville de Marib, et pourrait constituer une preuve de l'existence de la reine de Saba.

Mais il est difficile de séparer le mythe de l'histoire.
À ce jour, aucune preuve archéologique ne peut indiquer de manière définitive qui était la reine et d’où elle venait.

Le royaume de la reine de Saba daterait de 716 avant J.C soit plus de trois siècles "après" la date possible du règne de Salomon au 10 ème siècle avant J.C.



L’emplacement même de son royaume fait l’objet de débats houleux entre les spécialistes. Certains le situent dans cet ancien royaume de Saba dan le Yemen actuel tandis que d’autres le situent en Éthiopie.

Des relations historiques existaient entre l’Éthiopie et Saba. Les deux royaumes étant situés de part et d’autre de la mer Rouge, les commerçants du sud de l’Arabie, notamment ceux de Saba, entreprenaient de courts voyages vers l’autre rive de la mer Rouge afin d’établir de petites colonies sur les hauts plateaux éthiopiens. Mais cette association ne résout pas le problème de la chronologie. Aksoum en Éthiopie est connu pour être un royaume prospère entre 100 avant J.-C. et 700 après J.-C., soit de nombreuses années "après" le règne de Salomon.

On est en 1977 et il y a deux Yemen

Le Yemen se compose alors de deux pays bien distincts le Yemen du Nord et le Yemen du Sud.

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Durant le 19 ème siècle et jusqu’au milieu du 20 ème, les britanniques avaient établi des protectorats sur la côte sud de la péninsule arabique, avec comme point stratégique le port d’Aden.

Ce protectorat d’Aden se divisa ensuite en deux régions, la "Fédération d’Arabie du Sud "et le "Protectorat d’Arabie du Sud", la première regroupant Aden et les territoires de l’ouest, le second incluant principalement la région d’Hadramaout.

Dans les années 1960, le Yémen du Sud est confronté à des événements violents. Les Britanniques souhaitaient constituer avec les principautés de l'arrière-pays une fédération de l'Arabie du Sud, et Aden restait une base de première importance. Mais face à un mouvement de guérilla marxiste entamé en 1963, les Britanniques quittent Aden.

Le 30 novembre 1967 la Fédération d'Arabie du Sud et le Protectorat d'Arabie du Sud se regroupent officiellement pour former un nouvel État indépendant, la "République populaire du Yémen du Sud". Sa branche marxiste prend le pouvoir et fait du Yémen du Sud le premier et seul État arabe officiellement marxiste, rebaptisé en 1970 "République Démocratique et Populaire du Yémen", soutenu par l'Union soviétique.

En 1970, une nouvelle Constitution est promulguée, favorable aux puissances occidentales. L'Arabie Saoudite reconnaît la République du Nord. Cependant, le pays se heurte de plus en plus violemment à son voisin marxiste du Sud. La guerre entre les deux Yémen (septembre-octobre 1972) se termine par un traité qui projette, à long terme l'unification des deux États, mais qui reste sans effet. Les conflits armés et traités de paix se sont enchaînés en vain.


On ne s'est rendu compte des risques

Le Yemen du Sud n'était pas ouvert au tourisme. Nous sommes donc allées donc uniquement au Yemen du Nord.

On ne s'est rendu compte des risques à l'époque... On n'a réalisé qu'au retour. Il y avait toujours des escarmouches croissantes le long des frontières. Mais tout s'est très bien passé pendant le voyage.

Dans l'avion on a cherché s'il y avait d'autres voyageurs qui allaient au Yemen. Cela a commencé à un peu nous inquiéter car les voyageurs à qui on a parlé étaient en groupe "organisé", un groupe de Nouvelles Frontières, et eux, ils étaient accompagnés...

On a quand même fini par faire connaissance avec un couple et avec deux garçons, qui voyageaient par eux-mêmes comme nous. Nous avons décidé de nous réunir afin de louer une land-rover avec chauffeur yéménite (il ne parlait pas anglais), et cela pendant une semaine.

On n'a pas pu aller vers le nord, ni vers l'est (région de Marib) parce qu'il y avait encore la guerre, et que l'on nous disait que des gamins armés tiraient un peu partout, un peu sur tout. De toute façon les militaires bloquaient les routes et empêchaient les voitures de s'avancer quand ils y voyaient des têtes de touristes étrangers.

La deuxième semaine on s'est tous séparé, et on est resté nous trois, les filles, à Sanaa.
On a circulé en étoile, en allers et retours chaque jour, à partir de Sanaa.

Tout s'est bien passé. On prenait les taxis collectifs et on a même fait des retours en stop, par absence de taxis.

Mes photos étaient en diapositives, je n'ai tiré sur papier seulement que quelques rares photos. Mais j'ai "écrit" mon voyage.



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Notre circuit en toyota

Un voyage en plein Ramadan et en pleine guerre civile

On n'avait pas réalisé qu'on allait voyager en pleine période de Ramadan. On se nourrissait de boites de conserves de "baked beans" anglais, de "cream-biscuits", et de "vache qui rit", rose, tellement elle était vieille. Le soir, c'était poulet riz.

Dans la Tihama

A Beit El Faqui

On cherche le funduk... une pièce sans fenêtre en rez de chaussée avec une porte, et où on crève de chaleur et de manque d'air, ou alors les lits dehors, en bordure de la route... Mais si on dort dehors, on met les bagages où ? en sécurité ?

Mais un escalier conduit à une terrasse. On sera à l'aise là-haut. Seuls, en plein air, sur un endroit propre, et personne ne viendra voler nos bagages. C'est décidé, on montera les matelas sur la terrasse.



Le tarif est de 2 rials par lit. Ça c'est bien un funduk yéménite, et pas pour touristes...

Evidemment dans ce genre de funduk il n'y a pas d'eau, et les WC sont dans la nature.



Une boutique au village veut bien nous préparer à manger. On remplit les gourdes avec du "Miranda Orange" qui est... chaud. C'est ce qu'il y a de plus dégueulasse, mais on n'a que ça à boire. Une boite d'haricots blancs épicés + un peu de sauce tomate et un oeuf mélangé là dedans.

Pour un prix je crois de 3 rials. On a un gros morceau de pain pour manger, car il n'y a pas de couverts. Ce n'est pas facile ! Mais heureusement on a nos couverts de camping, car ce n'est pas facile de manger des haricots avec une miche de pain.


A Zebid

Zebid (ou Zabid) est l'une des plus anciennes cités du Yémen, dont elle a été la capitale entre le 13e et le 15e siècle.

Elle aurait été fondée par Mohammed Ibn Ziyad en 819, et son université (Al-Bayshiya) était très prestigieuse. Zabid a rapidement acquis une réputation de ville de chercheurs.

Quand on arrive, la ville est assez déserte. A l'entrée, une mosquée, vide, et des bâtiments à l'architecture assez belle. On attend Abdallah, notre chauffeur, qui lui, est parti... manger. On s'assied sur une pierre et on discute avec les gens. Echange de cadeaux et de photos.

On a ressenti une atmosphère inquiétante

Seulement des bruits couraient qu'une grande fête s'approchait, que l'aéroport allait être fermé... pour combien de temps ?
On n'arrivait pas à le savoir. On a commencé à s'inquiéter.

On en avait marre aussi de ne pas trouver à manger, faut le dire.
On a décidé de rentrer une semaine avant la date prévue.
A notre retour en France, on a appris que deux filles Françaises venaient d'être assassinées.

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