Yemen du Nord 1977

9 Septembre - 24 Septembre 1977



Mon voyage au Yemen en 1977 Moi au Yemen en 1977

SANAA

Lundi 12 septembre 1977

On est arrivé à Sanaa au petit matin. Il y a environ 3 hres de vol de Damas à Djeddah, et ensuite, une heure et quelque pour Sanaa.

Et on prend une heure de décalage horaire.

Arrivée à l'aéroport de Sanaa

Formalités faciles. pas de monde dans l'aéroport.
Douanes : une croix sur le sac sans l'ouvrir.
Change : 1 Rial = + d'1FF (≈ 1F20)

Le taxi :
Nous sept + un Anglais, tout seul, et à qui on a proposé de se joindre à nous. Longs, très longs pourparlers avec les chauffeurs de taxis, qui sont nombreux, mais qui ne veulent pas baisser le prix à moins de 10 rials par personne.

Recherche d'hôtel

A Sanaa, le premier hôtel qu'on essaye de voir est l'Oriental. Il nous paraît dégueulasse pour un prix exorbitant.

On va voir celui d'en face, là où le groupe Nouvelles Frontières est descendu, à l'Al Zohra. L'hôtel paraît un tout petit peu moins minable, pour un prix aussi exorbitant. On se fait une raison, on ne doit pas pouvoir trouver moins cher dans cette ville, on nous avait dit que les hôtels étaient très chers. On demande à voir la chambre... c'est tout juste. Pas très réjouissant. A côté, notre hôtel de Damas, le City Hôtel, c'était un palace !


Al Zohra Hotel
Abdel Mosqhni street
Chambre 33


Donc, chambre à trois pour 72 rials, avec des sanitaires extérieurs, communs à tout l'étage, qui seront régulièrement bouchés, et une douche éclaboussant par dessus bord. Seul avantage : notre chambre donnait par derrière, (absolument nécessaire si l'on veut dormir), et avait une terrasse très pratique pour faire sécher le linge, ou les cheveux, et qui faisait qu'on se sentait un peu moins à l'étroit dans notre chambre.

On est au dernier étage, chambre n°33, et on découvre une vue magnifique sur la vieille ville de Sanaa.
Mais que c'était haut pour y grimper par les escaliers à notre étage !


Sana’a, capitale du Yémen

Édifiée dans une vallée de montagne à 2 200 m d’altitude, Sana’a a été habitée depuis plus de 2 500 ans. C'est une large cuvette bien irriguée, cernée par les djebels Nugum et Ayban.

Bien avant le règne de la reine de Saba, Sana’a, mot signifiant "la bien fortifiée" existait déjà sous le nom de Sem et aurait été fondée par le fils de Noé.

Elle se vit conférer un statut officiel au 2 ème siècle avant J.-C. où elle servit d'avant-poste aux royaumes yéménites. Au 1 er siècle après J.-C. elle devint le carrefour des routes du commerce terrestre.

Aux 7 ème et 8 ème siècles, la ville était un important centre de propagation de l’islam. On retrouve ce patrimoine religieux et politique dans ses 106 mosquées, ses 12 hammams et ses 6 500 maisons qui datent tous d’avant le 11 ème siècle.

Les vestiges de l'ère préislamique ont été largement détruits à partir du 7 ème siècle quand Sana'a devint l'un des grands centres de propagation de la foi islamique, comme en attestent les vestiges archéologiques de la Grande Mosquée qui aurait été élevée du vivant même du Prophète.



Une architecture époustouflante

La vieille ville de Sana'a, encore en partie ceinte de remparts, concentre une extraordinaire densité de maisons-tours traditionnelles dressées sur plusieurs étages, en pisé de terre et en brique cuites, au-dessus de rez-de-chaussée bâtis en pierre. Les murs sont réalisés en "qadad" un enduit bien étanche fait de gravillons, de la chaux cuite, des cendres volcaniques et de l'eau. Les façades sont décorées de motifs stylisés en plâtre ou "goss", et les fenêtres de vitraux multicolores. En haut de chaque maison se situe le salon traditionnel ou "mafradge" jonché de divans et tables basses.

Ces maisons aux multiples étages constituaient une prodigieuse réponse aux besoins défensifs tout en procurant des lieux d'habitation spacieux au nombre maximum de résidents à l'intérieur des murailles de défense de la cité aux premiers siècles de l'Islam.

Les reconstructions successives de Sana'a sous la domination ottomane à partir du 16 ème siècle ont respecté l'organisation de l'espace caractéristique des premiers siècles de l'Islam, tout en modifiant l'aspect de la cité et en poursuivant son extension par une seconde ville à l'ouest.

Les maisons de la vieille ville sont de construction relativement récente. Le grand bâtisseur de la capitale fut l’imam Yahya Hmadi Aladin qui devint roi en 1919. Il agrandit la Grande mosquée et dota sa ville de beaux palais, écoles, hôpitaux et orphelinats avant d’être assassiné par des religieux extrémistes en 1948.

Dans la ville, le ton ocre des habitations se confond avec la terre bistre des montagnes des alentours, les minarets percent la ligne d'horizon et de grands espaces de verdure, des bustans (jardins), sont disséminés entre les maisons, les mosquées, les hammams et les caravansérails.

Sana’a fait partie du patrimoine mondial de l'Unesco


Petit déjeuner à l'hôtel

6 rials. Très copieux : du pain, bon, avec du beurre (en boite), du Kraft cheese (en boite), et de la confiture (en pot). Il est bon, mais, une demie heure d'attente avant d'être servi... Et chaque matin ce sera des crises de nerfs à cause de la lenteur : c'est le même gars qui prépare le petit déjeuner devant vous, si bien qu'on a fini par prendre les choses en main, et que l'on se l'est préparé nous-mêmes, ce qui a entraîné les foudres des serveurs

Sanaa en période de Ramadan

Premier matin - Formalités administratives

On doit aller accomplir les formalités administratives : d'abord aller chercher au Bureau de l'Immigration le visa d'entrée.
En principe l'hôtel s'en occupe, mais, comme on voulait récupérer nos passeports tout de suite, on y est allé avec eux.

Deuxième démarche : aller à l'Office du Tourisme, pour savoir si les routes vers Saada et de Maarib sont ouvertes ou fermées, car les bruits courent très fortement qu'elles sont encore fermées à cause des rébellions des tribus.

L'Office du Tourisme est fermé !

Tous ces bâtiments se situent autour de la Place El Taghir qui est le point central de la ville de Sanaa.

Nous allons donc chercher les informations à l'Ambassade de France, qui se trouve rue Abdel Nasser. On a un peu de mal à la trouver. Les ambassades de tous les pays se succèdent, et l'Ambassade de France est assez loin au bout de la rue. C'est un endroit agréable, calme, et frais. Ils sont bien installés. Accueil très cordial. On nous dit que les routes sont effectivement fermées, et on nous déconseille fortement de nous y aventurer. On nous donne également volontiers quelques renseignements touristiques.

Après-midi

Le problème du repas commence à se poser, car on est encore pour quelques jours en pleine période du Ramadan.
Et ici il est très respecté : toutes les boutiques sont fermées.
On a avec nous quelques conserves qu'on avait emportées de France, elles sont les bienvenues.

On fait une petite sieste, puis, vers 16h 30, on part se promener dans la vieille ville. C'est un peu tard pour les photos, le jour décline. Très vite on est abordé, et... invitées.

D'abord par un type qui insiste pour qu'on aille boire le café chez lui. Il a une belle maison. Ils nous fait entrer et nous offre un café... dégueulasse, un genre de café avec le marc mélangé. Et on s'aperçoit qu'il nous a invités, en fait, pour nous vendre des pierres et des bijoux ! Sans intérêt.

Deuxième invitation : par des femmes. Elles nous font visiter toutes le pièces de leur maison, et nous offrent des galettes de pain. Elles veulent nous faire goûter le halva qu'elles sont en train de préparer, cette confiserie orientale à base de sésame, de miel... Cela ne nous inspire pas trop confiance. Tout ce qu'elles étaient en train de préparer, elles voulaient nous le faire goûter, et nous en donner.

Soir

Les restaurants se sont ouverts, et c'est la grosse pagaille.
A côté de l'hôtel, on cuit des poulets à la broche à la chaîne. Alors on s'offre un poulet pour 20 rials, et une assiette de riz pour 2 rials. Le seul spectacle du restaurant vaut la peine d'être là.


Mardi 13 septembre 1977

LE WADI DHAR

J'ai été réveillée très tôt, 6h 30, comme ce sera tous les matins. On tente notre première sortie vers les environs de Sanaa.
Wadi veut dire "vallée". Dans le Wadi Dhar se situe l’un des monuments les plus célèbres du Yémen, le Dhar Al-Hajjar, le Palais du Rocher. Ce palais a été érigé en 1786 sous le règne de l’imam Al-Mansour Ali Bin al-Mahdi Abbas, et c’est vers 1930 que l’imam Yahia l’a fait agrandir dans le but d’en faire sa résidence d’été.

C'est l’un des monuments les plus célèbres du Yémen, un grand palais debout sur un rocher géant.

Sanaa est encore déserte lorsqu'on part, et comme en plus c'est le Ramadan, il n'y a pas beaucoup de taxis-services sur la grande place. On nous indique la direction de la sortie de la ville, dans la direction du Wadi Dahr, à environ 12-15 km au nord de Sanaa.

Donc, on marche un petit peu, en faisant signe aux taxis qui passent. Le premier nous propose un prix exorbitant.
Le deuxième, nous propose 20 rials. Accepté.


aller au wadi Dahr


On traverse la montagne. Ce sont les montagnes qui entourent Sanaa. Puis c'est une route plutôt caillouteuse.

Le palais se dresse de ses cinq étages au milieu du wadi, sur un piton. Très bel ensemble, très bel édifice. On s'y dirige, mais un gamin nous fait comprendre qu'il est fermé jusqu'à 13 hres, car... les gardiens dorment encore (c'est le Ramadan).

On va donc en attendant se balader. Il fait un vent terrible. On suit le cours asséché du wadi dans la pierraille, et on arrive dans le village. On est assailli par les gosses, ils ne nous lâchent pas, une vraie meute. Ils finissent par nous jeter des pierres.

On sort du village, on parvient avec beaucoup de mal à les semer. Et on se promène dans la campagne. On croise des femmes, qui sont en train de laver, ou qui s'arrêtent pour nous regarder lorsqu'on s'assoit.

On s'en retourne vers le palais, et on s'assoit dans un coin en attendant l'ouverture. Les enfants et les femmes se plantent devant nous et nous regardent en se marrant. Echanges de mots et de regards.

Puis trois hommes arrivent et nous font signe de les suivre. Ils nous font entrer chez eux, nous font asseoir sur des coussins. L'un est encore allongé en train de dormir. On l'a réveillé ! Ils nous offrent du pain et du thé, que l'on ne veut pas accepter. Ils nous font comprendre qu'ils sont la police du Wadi Dahr, et que ce sont eux qui sont chargés d'ouvrir la porte. Ils nous montrent la clé., une clé si grosse, digne de Barbe Bleue. L'un d'eux porte une magnifique djambia, ce poignard traditionnel yéménite à large lame, dans un fourreau d'argent. On reste là, assis, un bon moment, jusqu'à ce qu'ils se décident à aller nous ouvrir le palais.

La grosse porte s'ouvre, et ils nous servent de guides, nous faisant visiter toutes les pièces du château, les vitraux (les vitraux multicolores sont une caractéristique yéménite, ils se trouvent au-dessus des fenêtres ou des portes intérieures), la cuisine, jusqu'à la terrasse d'où l'on découvre le panorama. Là-haut le vent est insoutenable, et j'ai de gros problèmes avec ma jupe qui se soulève, et c'est le fou-rire, car mon guide porte lui aussi une jupe, et il a les mêmes problèmes de décence que moi.

On se quitte en prenant des photos de toute la troupe, et comme on leur explique que ce n'est pas un Polaroïd, ils veulent nous donner leur adresse, en écriture arabe, pour qu'on leur envoie la photo de Paris !

Au sortir du village une voiture s'apprête à démarrer. On demande : Sanaa ? Oui... 9 rials... OK. C'est une Toyota pick-up, et on grimpe derrière, à l'air libre. Ça cahote un peu au sortir du village sur la piste, mais la balade en plein-air, sur le retour vers Sanaa, est sensationnelle, et c'est bien mieux que le taxi fermé. On arrive à l'hôtel vers les 15 hres, et... on se couche.

Soir

Nous cherchons à affréter une voiture à nous sept pour visiter le pays. A l'hôtel on nous présente Ali Azar qui nous sert d'intermédiaire auprès d'un chauffeur. Le chauffeur c'est Mohamed, il nous paraît sympa. Il est d'accord pour 300 rials par jour, d'accord sur le trajet, tout à l'air de bien s'annoncer. On va boire un pot ensemble, puis après nous allons dîner du poulet traditionnel.