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DE TAEZ à ⇾ DJIBLA
Samedi 17 septembre 1977

On part dans la direction de Ibb.
En route :
On fait un court arrêt dans un petit village inconnu.
On a raté Djanet (Al-Janad), à cause du guide qui l'indiquait mal.
A Al-Janad il y a une ancienne mosquée également connue sous le nom de mosquée Mu'adh, considérée comme la plus ancienne mosquée survivante et la première mosquée du Yémen construite au début de l'Islam. Djanet se trouve presqu'après être sorti de Taez, et on l'a râté.
IBB
La pluie s'est mise à tomber en route, et on arrive à Ibb dans une ville inondée où tout patauge dans la gadoue.
On cherche à manger, mais se déplacer dans la gadoue pose de gros problèmes.
On stationne dans une boutique où on boit du thé, et on s'en retourne à la voiture pour manger les quelques boites de Kraft Cheese que nous possédons en stock.
C'est tout ce que l'on verra de Ibb. Il semble y avoir une belle vieille ville sur la colline, mais la pluie et le marécage nous ont fait fuir, avec l'espoir de trouver un hôtel à Jibla, plus reposant que cette ville.
Entre Ibb et Djibla, la pluie a cessé et la piste est heureusement devenue plutôt sèche et facile.
Djibla n'est qu'à 8 km de Ibb.
DJIBLA
Logement en funduk
Djibla est située sur un promontoire au milieu des montagnes. Le site est très beau. On est à 2 200 m. La ville et ses environs ont été ajoutés au patrimoine mondial de l'UNESCO en raison de sa valeur culturelle universelle. Le palais historique de la reine Arwa est situé dans cette ville.
Il y a, à l'entrée du village, un hôpital américain très connu et très moderne, l'American Baptist Hospital.
Il y a un funduk, tout neuf, et très, très propre, avec WC et eau dans les couloirs, et douche à l'étage. 15 rials le lit. Mais ça les vaut. C'est presque un hôtel. En plus, on sera les seuls résidents cette nuit-là.
Patrimoine mondial de l'UNESCO
On va faire une balade dans la ville, escortés par la meute habituelle des gosses. C'est une ville, on peut dire "aux cent mosquées". A chaque détour, on en aperçoit une nouvelle. Et en plus, elles sont très belles, aux minarets très ouvragés.
Les mômes nous font visiter la medina, les souks, la grande mosquée, la mosquée de la reine Arwa, un haut lieu de visite, une mosquée historique. C'est l'une des plus anciennes mosquées yéménites, construite entre 1056 et 1111 de notre ère par la reine Arwa al-Sulayhi. Dans la salle de prière, se trouve le mausolée de la reine, devenu un site de pèlerinage. La mosquée porte aussi le nom de mosquée "Hurrat-ul-Malikah" car la reine était souvent appelée Al-Malika Al-Hurra, ce qui signifie "La Noble Reine".
Jibla a été fondée par la reine Arwa bint al-Sulayhi, dernière reine de la dynastie ismaélienne des Sulayades (1038-1138). La reine Arwa fut après la reine de Saba, la seconde femme à avoir dirigé le pays. Née en 1048 et décédée en 1138, elle est la souveraine qui a régné le plus longtemps sur le Yémen, de 1085 à 1138, d'abord à travers ses deux maris puis seule, de 1067 jusqu'à sa mort. On la surnommait la "Sayyidah al-Ḥurrah" "la noble dame", "al-Malika al-Hurra" "la noble Reine" ou encore la "petite reine de Saba".
La reine Arwa al-Sulayhi
Après la mort de ses parents, elle est élevée par son oncle, le sultan Ali al-Sulayhi et sa femme Asma bint Shihab. A l'âge de 17 ans, elle épouse son cousin, l'héritier du trône Ahmad al-Mukarram. Après l'assassinat du sultan Ali ibn Muhammad en 1066, Ahmad al-Mukarram lui succède et associe son épouse au pouvoir. Mais sa santé se dégrade, paralysé et alité, incapable de gouverner, il partage la régence entre la reine-mère Asma et Arwa son épouse, puis donne tout son pouvoir à Arwa.
L'une des premières actions d'Arwa a été de transférer la capitale de Sanaa à Jibla en 1087, afin d'être en meilleure position pour détruire Sa'id ibn Najar, et ainsi venger la mort d'Ali. Elle réussit à le faire en l'attirant Najar dans un piège en 1088.
Elle construit un nouveau palais à Jibla et transforme l'ancien palais, le Dar Al-'Ezz, en cette grande mosquée.
A la mort de Mukarram en 1091, Arwa se remarie avec Saba ibn Ahmad, cousin du défunt.
Elle exerce ensuite seule le pouvoir de 1102 jusqu'à son décès en 1138.
Elle est la plus grande des souverains de la dynastie Sulayhide et aussi la première femme à s'être vu accorder le titre prestigieux de hujja, (le seul individu qui représente la "preuve" de Dieu pour l'humanité dans la branche ismaélienne de l'islam chiite). Elle était donc considérée comme la médiatrice entre Dieu et les êtres humains de son temps.
Elle est enterrée à Jibla, dans un mausolée situé à l'angle nord-ouest de la mosquée. Il a été construit sur ordre de la reine. La tombe a été séparée de la construction de la mosquée comme elle l'a mentionné dans son testament et comme l'ont raconté des témoins oculaires et des juges. La façade du mausolée est ornée d'éléments architecturaux, sous forme de niches creuses dans le mur oriental. La ligne coufique est gravée d'un motif de gravure florale coufique proéminent et d'écritures bibliques sur la façade.
On a ensuite traversé le wadi, et on s'en retourne par l'autre rive.
Une route longe le wadi un peu en hauteur, et d'où l'on voit toute la ville.
Cette route rejoint l'hôpital américain, et là, on rebrousse chemin pour attraper un pont qui nous permet de nous retrouver en ville.
Le soir
Gueuletons de conserves dans la chambre.
Comme le seul inconvénient du funduk est de ne pas pouvoir faire la cuisine, et qu'il ne fait pas évidemment restaurant, on a rafflé toutes les conserves qu'on a pu trouver dans les deux petites boutiques du coin pour se constituer un dîner :
Pain
maquereaux
+ thon français et sardines françaises (apportées de Paris)
fromage Kraft Cheese
pêches au sirop
Tout cela mangé à même les boites avec une seule fourchette que l'on se passe à tour de rôle.
Voilà notre gueuleton !
Dimanche 18 septembre 1977
Matin
On se lève assez tôt comme d'habitude. Le réveil est très agréable. On est au calme et on aperçoit par les fenêtres le beau paysage des montagnes avec le soleil qui vient de se lever.
On reste encore quelques heures à Djibla ce matin pour pouvoir profiter de ce site merveilleux.
Problème de petit déjeuner. Pour la bouffe ce n'est pas très équipé ici. J'utilise pour la première fois mon petit réchaud que j'ai emporté de France, pour chauffer de l'eau, et me faire mon Nescafé, avec quelques sandwich-cream biscuits. Petit déjeuner pris au soleil, très agréable, pendant que les autres sont partis chercher en vain où prendre un thé en ville.
Balade dans la campagne autour de Djibla
Re-balade dans la campagne. On évite la ville cette fois-ci. Ce qui a été très agréable, c'est qu'il n'y a pas d'autres touristes à part nous ici. On a rencontré deux gars hier, mais ils ont du rentrer sur Ibb, et on a été les seuls à passer la nuit à Djibla.
On se dirige donc vers le bas du village, et on traverse le wadi. Mais comme l'escalade est un peu compliquée, on marche dans le wadi lui-même, qui est à sec. Mais le terrain devient plus difficile et les pierres glissantes. On traverse alors pour retrouver un chemin qui nous fait grimper un peu dans la montagne. De là, on a une très belle vue d'ensemble sur la ville avec toutes ses mosquées. Djibla a été la capitale de la dynastie Sulaihide entre 1047 et 1138. On l'appelle aussi Djiblah "la ville aux deux rivières" parce qu'elle se situe sur une colline, entre deux rivières.
Puis, on redescend vers le pont d'hier, et on prend le même chemin qui nous permet de retrouver le funduk.