Yemen du Nord 1977

9 Septembre - 24 Septembre 1977



Mon voyage au Yemen en 1977 Moi au Yemen en 1977

De BEIT EL FAQUI à ⇾ TAEZ

Vendredi 16 septembre 1977

On quitte Beit el Faqui à 13 hres en direction de Zebib, qui n'est pas très loin.


routebeit_taez

ZEBIB

Zebid (ou Zabid) est une ville sur la plaine côtière occidentale qui tient son nom du Wadi Zabid, la vallée au sud. Elle était une étape importante dans le commerce entre l'Afrique orientale et l'Asie. Elle est l'une des plus anciennes cités du Yémen (début du 9 ème siècle) dont elle a été la capitale entre le 13e et le 15e siècle, entre 1295 et 1400.


Elle aurait été fondée par Mohammed Ibn Ziyad en 819, date aussi de la fondation de son université, et le début de remarquables réalisations académiques en algèbre dans le monde arabe. Zebid a rapidement acquis une réputation de ville de chercheurs. Elle a connu un rayonnement allant au-delà des frontières du pays et a été un centre intellectuel grâce à son université (Al-Bayshiya). Des intellectuels du monde entier se réunissaient à Zebid pour partager et diffuser leurs savoirs.

Le faste de cette époque était souligné par la beauté de la ville. Zabid était entourée de milliers de palmeraies étalant sa richesse naturelle, et comptait de nombreux palais et mosquées.


Quand on arrive, la ville est assez déserte. A l'entrée, une mosquée, vide, et des bâtiments à l'architecture assez belle.
On se fait une toilette en utilisant le jet d'eau de la mosquée. Puis il faut attendre Abdallah, notre chauffeur, qui lui, est parti... manger. On s'assied sur une pierre et on discute avec les gens. Echange de cadeaux et de photos.


rue de Zebib au Yemen en 1977 Moi à Zebib au Yemen en 1977


On en a marre d'attendre, on se rend là où Abdallah est en train de manger. Il est en compagnie de ses copains, les chauffeurs du groupe Nouvelles Frontières, et ne veut plus les quitter. C'est avec beaucoup de difficulté qu'on arrive à le tirer et à le décider de prendre la route avant eux. Cela fait deux heures qu'on l'attend.

On repart. Sur la route on s'arrête dans un village de cases où deux femmes tiraient de l'eau à un puits.


 Zebib au Yemen en 1977  Zebib au Yemen en 1977


On s'arrête ensuite à HAYS, petit village célèbre pour ses potiers. Mais on a bien du mal à les trouver ces potiers.
On passe par les ruelles du village et on finit par en trouver... un ! Encore une légende du passé qui n'existe plus.

Un tournant. C'est la fin de la ligne droite qui longe la Tihama. Et on bifurque vers TAEZ.

Le paysage est très très beau. Les montagnes. Le ciel se couvre. De la pluie s'annoncerait-elle ? Ce serait la première pluie.
On descend les bagages qui étaient sur le toit de la voiture, et on se serre dans la voiture, avec les bagages.
Éclairs et petite pluie fine, mais qui mouille. On nous avait dit qu'à Taez, il pleuvait très tard dans la saison.


TAEZ

Difficile de trouver un hôtel

A Taez il est difficile de trouver un hôtel, non qu'il n'y en ait pas, au contraire, et des beaux, mais ils sont hors de prix !

Abdallah nous conduit d'abord au Al Khaukha, superbe, situé sur une colline d'où on domine la ville et les montagnes, hall d'entrée chic, moquette, fauteuil, enfin un hôtel tel qu'on n'en n'avait pas vu depuis longtemps. Prix des chambres 150 FF pour trois et 120 FF pour deux. C'est trop cher, et puis l'hôtel est en dehors de la ville.

2 ème hôtel : dans la ville, le Deluxe Hotel. Là, pas de problème, il n'y a plus de chambres !

3 ème hôtel : un peu plus bas, le Piazza Hotel, qui arbore sur son entrée un écusson JSF (l'agence "Jeunes Sans frontières".
120 rials la chambre de trois...

4 ème hôtel : le Al Nahan, situé dans la vieille ville. Alors là, pour 10 rials, c'est le funduk ! dans sa pire description !!
Une odeur d'urine dans tout l'hôtel, les chambres sont minables. Et le funduk d'à côté est tout pareil.

Au final, sans regret, on mettra 40 FF par personne, et on ira au Piazza.


Piazza Hotel


40 FF c'est cher payé, car la chambre ne les valait pas, quoique les lits soient bons. Et la salle de bain est dans le couloir pour ce prix-là. La douche ne coule pas, la chasse d'eau ne fonctionne pas, et on risque de s'y trouver enfermé une fois le verrou fermé.

Les garçons ayant un chambre de deux, avec salle de bain privée, c'est chez eux qu'on est allé se décrasser, et se laver les cheveux. Cela faisait un bon bout de temps qu'on était sale !

Ensuite, le repas. Une salle à manger, une nappe, des serveurs... On se sent des fringales, surtout à la vue des frites dans l'assiette de notre voisin. On prend un poulet frit avec frites, 15 rials ! et on boit l'eau de la gourde.


Samedi 17 septembre 1977

Le matin

Après un petit déjeuner de toasts, pain frais (le pain est excellent dans cet hôtel), beurre et confiture, on se retrouve dans le hall de l'hôtel pour prendre une décision. Normalement, on aurait dû rester un jour à Taez, pour visiter la ville et les environs, Turbah, par exemple. Mais la ville ne nous dit rien du tout, des bâtiments modernes sans charme.

Les garçons, qui, la veille ont rendu visite à une femme médecin, amie de leurs parents, et qui réside au Yemen depuis 20 ans, nous font un compte-rendu : Turbah = sans intérêt. Taez = sans intérêt. Ibb et Djibla = oui. La région des volcans, la femme ne connaissait pas.

Ils nous racontent aussi la curieuse histoire des poulets du Yemen. Les poulets que l'on voit à la broche en série, alléchants, à la devanture des restaurants, arrivent congelés de France sur les ports de la Tihama, Hodeidah... Là, ils restent des semaines, se décongèlent par la forte chaleur, il paraît même qu'on voit leur sang couler, et ensuite ils sont re-congelés pour être envoyés sur Sanaa et ailleurs. A l'idée des microbes qu'on a pu avaler en dégustant nos poulets, l'unique viande que l'on pouvait manger au Yemen, on est plutôt écoeuré.

Dure discussion avec Abdallah

Notre décision est prise : on ne reste pas un jour de plus à Taez. Le plus dur est de faire avaler ça à Abdallah. Car cela lui supprime, d'une part, une journée de salaire, et d'autre part, il avait prévu de retrouver ici ses copains chauffeurs, qui avaient fait un détours par Mokkha et Al Khaukha, et avaient donc un jour de retard sur nous. Et ça, nous ne le voulions absolument pas, parce que chaque fois qu'il est avec ses copains chauffeurs, ils le résonnent et il devient intraitable.

La discussion est dure, et ça, il ne nous le pardonnera pas cette journée en moins à Taez. On joue sur le fait que lui, n'a pas voulu aller à Hajja. Et la question "flouss" revient. Ce qu'il a toujours eu peur, c'est qu'on n'ait pas d'argent et qu'on ne puisse plus le payer. Surtout qu'on dort dans des funduks, et qu'on n'a pas les moyens de se payer les hôtels, il se méfie.

On arrive à le faire céder, mais on sent que la discussion va reprendre quand il s'agira d'aller à Damt, où il faut prendre de la piste, et on s'est bien rendu compte qu'il ne tenait pas à faire de la piste.

Des rencontres dans les souks de Taez

On décide tout de même avant de quitter Taez de jeter un coup d'oeil aux souks. On demande donc à Abdallah de nous y conduire et de nous y laisser une heure. En fait les souks n'ont pas grand intérêt. C'est plutôt sale et il n'y a rien à acheter.

On y fait des rencontres, par contre, des gens qui nous accrochent, et nous racontent leur vie. Un type qui est allé en France, à Marseille, et qui parle le Français. Un autre qui nous parle en Anglais, qui lui, s'est déjà rendu en France, et qui nous parle de la prochaine visite de Valéry Giscard d'Estaing au Yemen.

Et puis, on rencontre une fille très sympa, qui nous parle en Français... parce qu'elle vient de Madagascar, ou plutôt exactement des Comores, et avec sa famille elle a fui lors des événements aux Comores. Elle est là avec son frère et ses deux enfants, elle travaille à l'Ambassade à Djeddah en Arabie Saoudite. C'est son père, qui est Yéménite, qui a voulu revenir au Yemen, mais elle et sa famille ne s'y plaisent pas, et veulent retourner en Arabie Saoudite où... tout est mieux... Elle nous montre son passeport français, semblable au nôtre, pour nous prouver qu'on peut aller en Arabie Saoudite, comme ça, avec un passeport français, ce qui nous étonne.

On reprend les autres à l'hôtel, et on s'embarque en direction de Ibb.