Yemen du Nord 1977

9 Septembre - 24 Septembre 1977



Mon voyage au Yemen en 1977 Moi au Yemen en 1977

SANAA ET AUTOUR

Mercredi 21 septembre 1977

SANAA

Matin

Nous avons un programme encore chargé de démarches administratives, et nous sommes coincées par les horaires d'ouverture des bureaux. Nous devons aller à l'agence de Syrian air, et en attendant l'ouverture, comme nous sommes toujours réveillées et prêtes de bon matin, nous allons visiter le musée de Sanaa.

Le musée de Sanaa

Le prix d'entrée est assez cher. Manque de chance : la salle du 1er étage, qui est consacrée à l'archéologie, est fermée pour réfection. C'est là où se trouvent tous les vestiges venant de la ville de Maarib ! Eh oui, Maarib, on n'y est pas allé... parce qu'il était interdit d'y aller...

Le musée est aussi un ancien palais d'Imam, ce qui nous permet de revoir ce qu'était l'intérieur d'un palais yéménite : un escalier étroit aux très hautes marches, et en colimaçon. Dans les salles de réception se trouvent installées les expositions d'objets, beaucoup de souvenirs de l'Imam Yahia, et des photos prises par Claudie Fayein qui a pu résider dix-huit mois au Yémen en 1951-1953, et des extraits du bouquins. Les commentaires nous rappellent étrangement ce que nous avons lu dans son récit de "Petite Planète".

Il y a des représentations de scènes (de mariage etc) avec des mannequins revêtant les anciens costumes yéménites, des armes, des trônes.

Il y a donc le 2 ème, et le 3 ème étage à visiter, et tout en haut, une terrasse, d'où l'on découvre tout Sanaa entourée de ses montagnes, et l'avenue Abdel Moghni, qui semble, vue du haut, sans sa saleté, et sans le bruit, des Champs Elysées !

Chez Syrian Air

Deuxième démarche : l'agence de Syrian Air. Alors là, stupeur. Alors qu'hier, on nous affirmait qu'il était presque sûr que nous pouvions partir, voila la nouvelle : nous avons des places dans l'avion pour Damas, des places dans l'avion de Damas à Paris, MAIS ! On n'est pas sûr que l'avion qui vient de Damas pourra atterrir à l'aéroport de Sanaa, car la fête nationale étant le 26 septembre, c'est à dire lundi, et notre vol est quatre jours avant, il risque que les employés de l'aéroport se mettent déjà en congé pour faire la fête, et que l'aéroport soit fermé pendant 4/5 jours !

Eh oui, il faut s'y faire. Donc, on ne saura si l'aéroport fonctionnera que jeudi soir, ou vendredi matin... pour un vol qui doit avoir lieu vendredi soir...

Au cas où nous ne pourrions pas décoller dans la nuit de vendredi, on nous inscrira automatiquement sur la liste des passagers de l'avion suivant, c'est à dire... le mardi !!!! Car il n'y a que deux vols par semaines de la Syrian Air entre Sanaa et Damas, le vendredi et le mardi, tous les deux à 3 hres de la nuit.

Il faut quitter ce pays au plus vite !

Un sentiment me traverse : il faut quitter ce pays au plus vite, de risque de s'y retrouver bloqué. Si on ne part pas vendredi, on nous dira "vous partez mardi", et de mardi à l'autre vendredi etc etc, et vu la décontraction de l'employé de l'agence, cela semble être habituel.

C'est là qu'on réalise qu'on est au bout du monde.

Obtenir le visa de sortie du pays

Au bureau de l'Immigration :

Pour être prêtes à partir, car nous voulons partir à tout prix, nous allons régler l'histoire du visa de sortie, car, pour sortir du Yemen, il faut un tampon apposé sur le passeport, comme on a eu à l'arrivée pour y être autorisé à séjourner, faute de quoi on paye une amende à l'aéroport.

On obtient ce visa de sortie de nouveau en allant au bureau de l'Immigration. Il y a une foule incroyable dans ce couloir, des Yéménites qui viennent chercher des visas pour aller en Arabie Saoudite. On ne peut pas dire que les Yéménites ne voyagent pas !

Il faut passer dans trois bureaux successifs, et par chance, à la vue de nos têtes d'Occidentales, on nous fait passer devant tout le monde, et nous n'avons pas eu à faire la queue, qui était effrayante.

Alors maintenant, nous pouvons partir, nous pouvons quitter le Yemen, sûr !

HADDA

Nous entreprenons donc l'excursion du jour, Haddah (Haddah ou Hadah), au sud-ouest, un "oasis de calme et de verdure, des vergers, lieu de villégiature et de week-end des riches Yéménites". Hadda peut être considéré comme une banlieue aisée de Sanaa.

haddah


De la place Taghir, nous prenons un taxi pour Bab el Balaya. 1/2 rial comme d'habitude, pour nous trois. "wahed rial unos".

A la porte, les taxis nous demandent trop cher, et nous décidons de faire du stop. Il y a un sens giratoire qui nous complique un peu pour trouver où est la bonne route qui sort vers Hadda. La première voiture que nous arrêtons nous demande le même prix qu'un taxi : 20 rials. pas question. Et la deuxième nous demande 2 rials, ce qui est honnête.

Mais alors, on paye le prix de l'inconfort. C'est une camionnette bâchée, pleine à craquer. Quand nous passons à l'arrière, nous disons "mais nous ne pouvons pas monter !" Les deux bancs de côté sont remplis. Les gosses, assis par terre, au milieu, mangent des haricots crus.Mais les gens se poussent, se serrent, et nous font une demi-place sur chaque banc de côté. J'ai une demi-fesse de placée, jamais je n'arriverai à voyager ainsi ! J'ai le bord de la voiture qui me rentre dans l'autre.

Voyant mon inconfort, les gens se repoussent d'avantage. Et les derniers arrivants viennent s'accrocher sur le derrière de la voiture, sur le marche-pied. On ne voit pas grand chose du paysage !

Hadda, c'est un petit village tranquille, avec des cascades, des ruisseaux. Il y a, en effet, beaucoup d'arbres fruitiers, mais pas en fleurs à cette époque.

Nous grimpons en dehors du village, car il y a plein de pierrailles avec des tas de lézards, et même, nous voyons un magnifique lézard bleu.

Nous apercevons, des hauteurs, la grande ville de Sanaa, tout au fond des plateaux.

Nous ne grimpons pas trop, de peur des serpents dans ces pierrailles, et par cette chaleur.

Nous redescendons au village, achetons ce qu'on peut y trouver à manger : des boites de sandwich-biscuits, une boite d'ananas au sirop, et nous pique-niquons, comme les riches Yéménites, au bord d'une cascade.

Nous quittons Hadda, et prenons la route vers Sanaa. Nous marchons pendant quelque temps avant de pouvoir arrêter une voiture. C'est une voiture luxueuse, l'équivalent des belles américaines dans ce pays.Le conducteur ne parle qu'arabe, et la conversation est ainsi plutôt réduite. Malheureusement, il ne va pas jusqu'à Sanaa. A une bifurcation, il nous laisse sur la route. On n'a là encore rien eu à payer pour le transport.

Et nous continuons à pied jusqu'à Bab el Balaya, où nous prenons un taxi-service pour notre hôtel El Taghir. Nous rentrons ainsi tôt à l'hôtel, il n'est que 14h 30. Et nous passons l'après-midi, au lit.

Dîner

Nous retournons au restaurant d'hier, où il y a encore des oeufs, mais pour varier, nous commandons deux omelettes par personne. On ne peut pas dire qu'elles soient excellentes, mais sèches et brûlées, et extrêmement bourratives. Mais la sensation d'avoir "trop mangé" m'est très agréable, car c'est bien une des rares fois que cela m'est arrivé au Yemen !