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DIRE DAWA


VOL DE LALIBELA À ADDIS ABEBA, PUIS VERS DIRE DAWA

Jour 10 - Jeudi 16 avril 1981

On est toujours à Lalibela. Réveil 6h 10. Aux nouvelles, l'avion qui nous a délaissés à l'aéroport hier, est reparti sur Gondar et il doit venir nous rechercher ce matin. On doit avoir un vol direct sur Addis-Abeba.

Le problème, c'est qu'on avait à Addis, ce matin à 8 hres, un vol pour Dire Dawa, un gros avion, un jet international qui va jusqu'à Djibouti. Et on est toujours à Lalibela.... Difficile de le faire attendre... Pourtant il paraît qu'il est question qu'on puisse nous attendre jusqu'à 9h 30.

Le départ de l'hôtel est à 7h. On arrive à l'aéroport en 20 minutes. Oh miracle ! l'avion arrive presque immédiatement.
À 8 hres, quelle rapidité tout d'un coup..., on décolle.

Il y a trois autres passagers avec nous dans l'avion qui ont le type arabe, aussi sans doute ont-ils dû passer une nuit non prévue...

Mais alors, le meilleur c'est cet avion ! Jamais encore vu ça en vrai. C'est un avion de type militaire comme dans les films de guerre, comme les avions des paras. C'est un DC3 cargo, contenant 30 personnes au lieu de 26 , très en pente, dont les parois sont brutes, pas capitonnées comme dans les avions pour passagers, de la ferraille. Et les sièges, au lieu d'être dans le sens transversal, dans le sens du mouvement, ce sont deux bancs longitudinaux qui peuvent se relever, avec des poignées pour se tenir et des réservoirs de vomiting-bags au-dessus.



Lalibela dakota


Le plus drôle c'est le steward, qui est dans cet avion de fortune, il nous distribue bonbons, jus de fruits, et le luxe du lime juice, que personne n'aime sauf moi (ma déformation british). À notre surprise, le vol est l'un des plus tranquilles qui soit. Décollage et atterrissage super. On survole des paysages de montagne grandioses, avec des villages complètement isolés au milieu d'un relief très tourmenté.

Puis la montagne devient moins élevée. L'avion remue un petit peu.
En arrivant sur Addis, le paysage devient tout vert, avec de somptueuses résidences.

On atterrit à 9h 15. Donc 1h 15 en vol direct de Lalibela à Addis-Abeba, et sans vomiting ! C'est donc bien particulier au parcours entre Gondar et Lalibela, ce vol qui fait vomir, c'est curieux.


Transit à Addis-Abeba

Évidemment on a raté la correspondance, l'avion pour Dire Dawa ne nous a pas attendu.
Le docteur Mengesha est là. Il est question qu'il nous trouve un autre vol pour cet après-midi.

En attendant, on nous fait visiter le "Handycraft Center" de l'aéroport. Ce qui pourrait être un attrape-touristes est en fait très intéressant. Il a été pris en main par un Français, qui était arrivé à Mada du temps de l'empire, pour relancer l'artisanat. Celui-ci nous explique comment il a essayé d'exploiter l'artisanat local pour le rentabiliser commercialement.

Pour une fois, nous trouvons que ce qui est réalisé ici est très beau, surtout en comparaison avec ce que l'on a vu dans les campagnes. Le travail est très fin et le but est de pouvoir intégrer l'art ancestral dans notre contexte de vie et nos goûts contemporains.

On nous fait visiter des projets de décoration des futures chambres des Hilton, un mélange de rustique et de design moderne, superbe : murs blancs en pierre brute, lit dans la même matière, meubles de rangement modernes, cloisons coulissantes recouvertes de tapisserie locale pour les fenêtres, lampes blanches à superposition, salle de bain ultra moderne tout en carrelage. Il y a là plein d'idées de décoration.

Il y a des salles de sculpteurs sur bois. On y fait aussi des sièges sculptés de façon traditionnelle, mais conçus avec de gros coussins oranges confortables. Il y a aussi des lampes dont le pied est en bois sculpté et l'abat-jour fait d'une peau peinte de calligraphies ou d'animaux genre peintures du Tassili, qui font très modernes. Et il faut ajouter que les prix sans besoin de marchandage sont très corrects.

On nous ramène à l'Hilton car certains d'entre nous veulent reprendre des bagages qu'ils y avaient laissés. J'en profite pour écrire toute ma série de cartes postales car pour qu'elles arrivent de façon presque sûre il n'y a que deux moyens dans ce pays : les expédier de l'Hilton, ou et mieux, de l'aéroport. De la province cela met trois semaines... et quand ça arrive...

Nous retournons à l'aéroport pour déjeuner au restaurant de l'aéroport. On y côtoie les équipages d'Ethiopian Airlines et notamment les hôtesses, qui, paraît-il sont une classe très spéciale dans la société car une fille en Éthiopie qui voyage connait l'Europe, l'Amérique etc... Ce n'est pas rien, et... elles ne se croient pas rien.

Repas à l'aéroport, l'un des plus épicés qu'on ait mangé. Une espèce de ragoût aux légumes, qui emporte la bouche.

L'avion est prévu à 14h 30. Il paraît qu'on nous a trouvé un avion pour nous seuls. Évidemment comme on remplit un avion c'est plus facile d'en affréter un. Et à Ethiopian, c'est folklo au niveau de l'organisation.

Il était à prévoir qu'on n'allait pas partir à... 14h 30. On se demande même si on va avoir un avion. Une longue attente commence.

Enfin les bagages sont enregistrés : espoir. Mais on attend encore. On en profite pour passer sur la bascule : poids inchangé, tout va bien. 53,2 kg tout habillée.

Attente…. Angoisse.

Voilà qu'on peut passer à la fouille. Mais il n'y a pas de dames pour fouiller les dames. On attend. Les hommes eux peuvent passer en salle d'embarquement, et nous, nous restons là. Alors on prend une décision, on passe par le vestiaire homme. Le pauvre Éthiopien qui se trouve dans cette mauvaise situation après avoir regardé dans mes sacs me demande si je parle anglais, si j'ai aimé Lalibela, comment je trouve l'Éthiopie etc.

Dans la salle d'embarquement l'attente se poursuit. Ce qui nous inquiète davantage, c'est le ciel qui s'obscurcit comme chaque après-midi. Notre guide a beau nous dire que cela ne pose pas de problème, on est déjà pessimiste.

On le voit notre avion ! Il est arrivé à 16h 00. On y fait le ménage. Ensuite on y fait le plein. Et le ciel se couvre de plus en plus de nuages. Eh bien oui, on est bien parti, malgré ce ciel nuageux, on s'est envolé à 16h 45 en direction de Dire Dawa.

Le vol de Addis à Dire Dawa

Et on a même eu droit au plus beau vol de tout notre voyage. Du fait de l'orage, toutes les couleurs du ciel étaient fantastiques. On a survolé la région d'Aouache avec ses reliefs volcaniques, le lac d'Aouache, tout est vert, les volcans éteints, on voyait très bien les cratères.

Et puis le soleil s'est couché. Le ciel était magnifiquement rouge, rosé. On voit sur la gauche la ligne de chemin de fer franco-éthiopien que nous prendrons plus tard, et les montagnes sont sur la droite.


À Dire Dawa

On atterrit à Dire Dawa à 18h 15 après 1h 30 de vol. On nous avait bien dit de cacher les appareils photo car, si Dire Dawar est un aéroport qui a une piste pour les jets, il est surtout un aéroport militaire. Toute cette région est occupée par les militaires car l'Ogaden est proche. Et à Harar il y a une académie militaire. En effet je n'ai jamais vu de ma vie des avions militaires de si près, et surtout on passe, à pied, à côté d'un hélicoptère H5 Army (sic) vert kaki à six hublots.

L'atmosphère dès notre sortie de l'avion est extraordinaire : il fait une chaleur moite, quelque chose d'un peu asiatique, et la ville, avec ses maisons coloniales, ses grandes artères bordées d'arbres, et la température chaude et humide... c'est un petit paradis hors du temps ou plutôt rester figé dans le temps.

C'est un pays musulman. Je ne sais pas si on a l'impression d'être en Arabie ou en Asie, en tout cas cela sonne très oriental et pas du tout africain.

Ras Hotel

L'hôtel, le Ras Hotel (catégorie supérieure !) n'est pas mal du tout. La chambre est grande avec des tableaux aux murs et des éclairages indirects. On aura quand même droit au bruit de l'ascenseur. La douche est abondante mais froide. Enfin par la chaleur qu'il fait elle est "dégourdie". Grand lavage de cheveux. Il y a même la climatisation, et deux grands ventilos au plafond. Pour une fois qu'on est dans un hôtel chic on fait quelques efforts de toilette.

Soirée

Le dîner :

- soupe de pois !à la maïzena)
- assiette garnie : escalopes de veau panées (un peu bourratif), tomates farcies froides,
- pommes de terre.
- crème caramel.


Vers 21 hres le repas est terminé et je n'ai pas envie de me coucher. Il fait trop chaud et on est étouffe dans les chambres.

On va faire un tour. La ville n'est pas très animée. Il y a quelques personnes dehors car il fait chaud, quelques petits marchands de cigarettes sur le trottoir. Tout le monde écoute la radio dans les rues et dans les bistrots, c'est quelque chose qui, au ton de la voix, semble être un discours politique.

La gare de Dire Dawa

On se dirige vers la gare du chemin de fer franco-éthiopien, ce n'est pourtant pas le quartier le plus animé.

On passe devant une maison de style colonial occupé par des soldats qui sont sur la terrasse, et une soldate. Ils parlent espagnol. On n'en déduit que ça doit être des Cubains.

Dans la gare des gens sont en train de faire enregistrer des ballots de marchandises. On passe sur le quai. La gare a l'air d'une petite gare de province française avec des panneaux en français et en amharique genre "sous-chef de gare". Sur le quai des hommes allongés dorment avec la radio allumée.

On fait quelques pas et on est déjà surveillé par deux types de la gare.
On va voir à quoi ressemble train qui nous allons devoir prendre, et on revient.

Il fait bien meilleur dehors et la ville a beaucoup de charme. Mais on sera beaucoup plus déçu au retour de la voir de jour, tout ce charme sera tombé, les arbres le long des rues, les tubes de néon dans les arbres...