
AWASH
Jour 13 - Dimanche 19 avril 1981
De Dire Dawa à Awash
(En train)
Car le chemin de fer reliant Addis-Abeba à la ville de Djibouti passe par Awash.
L'histoire du train Franco-éthiopien

Sans accès à la mer, l’Ethiopie devait pour se développer être reliée à un grand port par une voie ferrée. Le négus Ménélik se rapprocha de la France afin que celle-ci puisse lui offrir la porte extérieure qu’il souhaitait pour son pays grâce à la Côte des Somalies et son port de Djibouti.
C’est ainsi que naît en 1889, la compagnie des chemins de fer éthiopiens.
En 1895, une ligne de chemin de fer à voie unique, Djibouti/Harrar/Addis-Abeba/Nil Blanc, est à construire.
En 1897, les travaux commencent et en juin 1900, la ligne passe la frontière. L’exploitation au départ de Djibouti est ouverte sur 107 km.
Le 24 décembre 1902 le rail atteint Diré-Daoua (gare et ville créées de toutes pièces grâce au chemin de fer) non loin d’Harar, au km 311. Suite aux difficultés de terrain Harar fut reliée au chemin de fer par une route de montagne.
En 1907, la Compagnie Impériale Ethiopienne (C.I.E.) qui avait été fondée en 1897, dépose le bilan.
En 1908 naît la Compagnie du chemin de fer Franco-Ethiopien (C.F.E.) avec la garantie du gouvernement français, pour relier Djibouti à Addis-Abeba.
La ligne pour atteindre le Nil Blanc ne sera jamais construite suite à la pression "contre", de la Grande Bretagne. La construction se poursuivit en terrain éthiopien. Une révolution perturba les derniers tronçons à construire, mais le 7 juin 1917, l’inauguration de la ligne eut lieu.
Le rail relie Djibouti à Addis Abeba au km 780. Grâce au chemin de fer, Djibouti passa de 6000 habitants en 1897 à 15000 en 1900 dont 200 européens. Ce chemin de fer aura coûté 115 millions de francs or.

En 1939, il fallait environ 22 heures pour faire le trajet d’un bout à l’autre de la ligne.
A partir de 1981, le C.F.E. devient la Compagnie du chemin de fer Djibouto-Ethiopien (C.D.E.).
Extrait de ☞ https://ambulantconvoyeurpar.com/
Pour prendre le petit train qui va à Awash et qui part à 7 hres de Dire Dawa, il faut se lever à 5 hres. Mais déjà les incantations de l'église toute proche de l'hôtel a troublé notre sommeil : c'est le dimanche des rameaux aujourd'hui ici, car Pâques a lieu une semaine plus tard qu'en France.
Les orthodoxes célèbrent Pâques une semaine après les célébrations catholique et juive. Un décalage qui s'explique au regard des calendriers auxquels se réfèrent ces religions : les catholiques préfèrent le calendrier grégorien, les orthodoxes suivent, eux, le calendrier julien, un calendrier moins précis qui accuse 13 jours de retard par rapport au temps astronomique.
Il faut partir bien en avance car il arrive qu'il y ait du surbooking.
Le temps s'est éclairci ce matin, il fait beau.
Devant la gare, un grand panneau, est inscrit en amharique et en français "Chemin de fer Franco-éthiopien".
C'est difficile de prendre des photos car il y a des soldats partout et on n'a pas le droit de photographier des soldats.

Il y a déjà une foule de gens, qui ont leurs billets, mais on fait quand même la queue. Évidemment, nous, les touristes, on nous fait passer devant tout le monde. On est les seuls touristes d'ailleurs, et bien escortés !.
On a le wagon de 1ère classe, plutôt un demi-wagon de 1ère classe sur tout le train. C'est la voiture de tête du train.
Les sièges sont genre train corail, enfin disons très confortables, placés les uns derrières les autres dans le même sens, et il y a un petit carré de tissu sous la nuque.
On a aussi une partie des places qui sont en 2 ème classe dans le wagon suivant, où nous allons.
Ce sont des banquettes face-à-face, deux par banquette, avec les fenêtres légèrement décalées, et là il y a quelques locaux. Les militaires présents ont pris grand soin de leur demander de se regrouper : les Ethiopiens d'un côté, les Français de l'autre, aucun contact possible !
Il existe aussi une 3 ème classe et une 4 ème classe. Dans la 3 ème classe, le gros de la population, les gens sont entassés. Il y a aussi les gens qui sont agrippés aux portières, en paquets, et aux intersections des wagons.
Ça, c'est la 5 ème classe, non officialisée !
Aux portes des wagons, des soldats armés, pour la protection des voyageurs, et même, à la porte de la 1ère classe... un soldat avec une mitraillette.
On ne peut pas prendre des photos quand le train roule, car on traverse des zones militaires.
On ne peut prendre des photos que lorsque le train s'arrête dans les gares.
D'ailleurs, le paysage n'est pas très intéressant. Le chemin de fer a été construit dans la dépression de l'Afar et c'est tout plat. Les montagnes, au loin, c'est comme une barrière qui bouche la vue sur la gauche.

Mais sur le côté droit, là est le spectacle. La foule, de moins en moins colorée au fur et à mesure qu'on va vers Addis-Abeba, se précipite pour monter à peine le train arrêté. Et d'autres pour vendre par les fenêtres toutes sortes de denrées : quat, fruits, panier, cigarettes.
On a acheté des bananes, des goyaves, et des corossols. Les goyaves, c'est une chair ferme avec des pépins, pas terrible. Le corossol, c'est un fruit vert, allongé, avec des piquants, et à l'intérieur pas de noyau. C'est comme un melon avec des pépins et le premier aspect est blanc gélatineux, pas très sympa. En essayant, le goût est bizarre mais on s'y fait et je l'ai mangé en entier. C'est très rafraîchissant et je pense que ce serait très bon en jus de fruit.
On est parti pas à 7h 00 mais à 7h 25.
Autre curiosité dans le train, les toilettes : des WC turcs, la chasse d'eau ne marche pas évidemment, une odeur comme on peut imaginer, mais surtout l'impossibilité de rester stable. Il faut s'accrocher au lavabo qui est à côté car le train tangue comme un bateau, du roulis, et il faut s'accrocher dur !
Autre curiosité : le tut tut du train, très spécial et très musical.
On arrive à Awash à 13 hres. Le train, lui, continue jusqu'à Addis-Abeba.
Le buffet de la gare
On déjeune au buffet de la gare d'Awash (Metahara), célèbre. Une adresse à retenir, un repas pantagruélique.
Crudités cuites (pommes de terre, betteraves et œuf dur) : très bon.
Du foie (je n'aime pas de toute façon).
Phacochère aux oignons (très peu aimé, car la viande est bonne mais c'est trop gras et épicé, très spécial.
Et du poulet.
C'est-à-dire qu'il y avait trois plats de viande !
0n est choqué de cette amas de nourriture. Trois plats de viande à un même repas !
Puis en dessert des bananes et des mangues. Pour une fois je me réconcilie avec la mangue. Celle-ci était très bonne et mûre à point. Mais la chair entre les dents... il faut des cure-dents, et encore avec beaucoup de mal pour la retirer.
Le temps du déjeuner, et le train est toujours là en gare. C'est l'arrêt buffet officiel. Le train s'apprête à partir juste seulement quand nous, nous sortons de table. Cela semble fait exprès pour déjeuner cet arrêt prolongé.
Le parc national de l'Awash
Nous, nous restons là, à Awash. Un bus affrété nous attend.
Awash (ou Aouache) est situé sur la rivière Awash, à l'extrêmité méridionale de la dépression de l'Afar et à l'est du volcan Fentale qui culmine à 2 007 m. Il faut parcourir 15 km pour atteindre la réserve d'Awash.
Le paysage est plat, un paysage de brousse.

On a quelques problèmes avec le bus. On est arrêté par la police parce que le bus est trop petit pour nous contenir tous.
En effet on a chargé en plus du groupe quatre Éthiopiens, soi-disant la sécurité... !
C'est la dispute, et on les largue, il reste le chauffeur et son aide, et encore, le bus est trop petit.
Le Parc national d’Awash, créé en 1966, est l'un des plus beaux parc nationaux d'Éthiopie. Situé au sud de la région Afar, il est bordé au sud par la rivière Awash ponctuée de cascades spectaculaires. Il y a tout d'abord le canyon de l'Awash et ses célèbres et impressionnantes chutes. Ensuite, le volcan Fentale (2007 m) avec son paysage panoramique et ses fumeroles au fond du cratère. Enfin, le plateau de savane avec les sources.
Le Parc s'étend sur au moins 756 km² de forêts d'acacias et de savane verdoyantes. Il abrite une faune nombreuse de grands mammifères comme les Oryx, les Koudous, les Gazelles de Soemmerring ou les Dik-Dik et une diversité d’oiseaux exceptionnelle.
Le parc recoupe le territoire de trois principales ethnies nomades, celles des Itou, des Afar et des Kereyou.
Une porte d'entrée du parc presque digne des jolies portes d'entrées des parcs Kenyans, avec une grande pancarte où est inscrit le règlement du parc, en anglais. Comme le bus est trop haut avec les bagages sur le toit... il nous faut contourner la porte pour entrer.
Il y a une bonne route. On aperçoit des troupeau de gazelles, d'oryx, mais très très loin, et des oiseaux, des petits échassiers, se confondant avec l'herbe.
Le campement : Ras Hotel
Des caravanes très bien équipées, un grand lit de deux places, un petit salon et une salle de bain très alléchante. Mais l'eau, il ne faut pas l'utiliser même pour la toilette, car elle est non-traitée et toute noire (plutôt marron très foncée), couleur de la terre, et même couleur pour l'eau de la chasse d'eau. C'est la couleur de la terre ici, et de la rivière à Awash. 0n a même la climatisation au plafond.
Un camping de luxe dans lequel on ne peut pas se laver ! Il paraît que c'est un italien qui a installé tout cela du temps de l'empereur et quand la révolution est arrivée, tout a été nationalisé et il est rentré en Italie.
On part faire une balade. C'est curieux, il est permis d'aller à pied partout. Ce n'est pas comme dans les parcs au Kenya. Il paraît qu'on ne craint rien, qu'il n'y a pas de fauve... Je ne trouve pourtant pas cela très prudent personnellement.
La météo nous surprend : le ciel était très couvert, et voilà qu'on traverse des nuages, le soleil tape, très, très fort. On doit retourner au camp chercher chapeau et crème solaire car ça devient insupportable.
On marche pendant un bon moment, mais sans voir d'animaux. C'est trop broussailleux et d'ailleurs cette méthode de recherche à pied je n'y crois pas beaucoup quand on n'a aucune idée à l'avance d'où se localisent les troupeaux.
On va jusqu'à la piscine de l'hôtel, oui il y a même une piscine dans le camp ! Mais y aura-t-il de l'eau ? Non il n'y a pas d'eau bien entendu, mais de là, on a un panorama splendide sur les gorges de la rivière Awash.
Puis la soirée se passe. Il brouillasse. J'ai la crève, la gorge, c'est venu de l'air dans le bus, encore une fois.
Dîner :
Des tables sont installées sous une grande tente.
Soupe aux asperges
Spaghettis sauce tomate
Viande
Flan
Jour 14 - Lundi 20 avril 1981
Nuit de pleine lune. Le ciel est gris. Réveillée vers 5 hres/ 5h30, alors que le réveil normal était prévu à 6 hres.
Pour partir (sans petit déjeuner) voir les animaux.
En contre partie on assiste à un merveilleux lever de soleil, et un ciel magnifique.
On a quand même grignoté quelques pâtes d'amande Gerblé et des galettes de muesli, c'est dur sans petit déjeuner !
Les animaux ?... sont très rares : quelques gazelles, oryx (cornes droites), des phacochère (cochon sauvage gris), une autruche au loin.
Les chutes d'eau de l'Awash
On va voir les chutes d'eau de l'Awash. Ces immenses cascades se déversent dans le magnifique canyon d’Awash qui fait 150 m de profondeur et court le long de la frontière sud du parc.
La rivière Awash
L'Awash prend sa source dans les plateaux d'Éthiopie, au sud d'Addis-Abeba. Elle suit du sud vers le nord le tracé de la grande faille africaine et longe une succession de sites préhistoriques très anciens, pour la plupart situés dans la région Afar. Tout au long de son cours, elle reçoit les eaux de plusieurs affluents, notamment de la rivière Mille dans la partie inférieure de son cours.
Son cours est entièrement contenu dans les frontières de l'Éthiopie et elle se jette dans une chaîne de lacs interconnectés qui commencent par le lac Gargori et se terminent par le lac Abbe (ou Abhe Bad) à la frontière avec Djibouti, à quelque 100 km de la tête du golfe de Tadjoura. Selon Huntingford, au 16 ème siècle, la rivière Awash s'appelait la grande rivière Dir et se trouvait dans le pays des musulmans.

De nombreux fossiles et outils lithiques y ont été découverts depuis les années 1970, attribués à différentes espèces d'hominines. La "basse vallée de l'Aouache" est internationalement connue pour sa haute densité de fossiles d'hominidés, offrant un aperçu inégalé de l'évolution précoce de l'homme. C'est notamment le lieu de la découverte des restes fossiles de l'australopithèque Lucy.
Pour son importance paléontologique et anthropologique, la basse vallée de l'Awash a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1980. - Wikipedia -
C'est plus impressionnant je trouve que les chutes du Nil à Tissiat, question de saison peut-être. L'eau est très marron et elle, ici, elle fume. Que de bouillonnement et de grondement. Et que de gadoue ! On s'enfonce, on est dans un drôle d'état. Alors que c'était la description, dans les guides, de Tissiat tout est à l'envers.
Visite du musée
Puis visite du musée. Intéressant, sauf que de voir des fauves en cage ce n'est pas très valable : un léopard, un guépard (plus effilé et une tête de chats sournois), un lion, très beau.
À l'intérieur :
Des animaux empaillés : waterbuck, oryx, léopard, guépard.
Dans des bocaux d'alcool des serpents, des batraciens.
Des photos sur le cratère (une caldeira).
Il permet de mieux comprendre à quoi ressemble tel ou tel animal. On apprend pas mal de choses.
Retour au camp.
Le marché d'Awash
Petit déjeuner puis départ vers 10 heures.
On fait un détour par le marché d'Awash qui se trouve à 15 km du parc.
Et il a fallu en faire des supplications pour que le guide accepte ce détour. Et ça en valait la peine ! Le marché n'est pas très grand, mais alors, on y rencontre toutes les ethnies de la région : les Danakils et les Afars.
Les femmes Danakil (très noires), ont les seins nus, jamais les Afars, et les hommes portent la djamba (le poignard). Les femmes ont aussi une coiffure très spéciale, des petites nattes, leur faisant ressembler à la reine de Saba. Elles vendent toutes sortes de choses, des cordons de ficelle, et il y a plusieurs attroupements de chameaux sur le marché. On a aussi du mal à photographier.
