
HARAR
Jour 11 - Vendredi 17 avril 1981
De Dire Dawa à Harar par la route
Pour une fois qu'on devait se réveiller à 7 hres, à 5h 30 on a été réveillé par la lumière et le bruit de l'ascenseur !
Petit déjeuner à 7h 30. La température dehors, à cette heure-là, est encore correct.
On fait un tour dans le jardin de l'hôtel où il y a une piscine... vide. Il y a une odeur de fleur fantastique. C'est une fleur blanche appelée Seringa, qui existe en France aussi, mais beaucoup plus petite.
On part en car. A partir de maintenant on va circuler par la route. Dire Dawa a perdu tout son charme d'hier soir sous la lumière du jour. C'est une "ville". Sur la place, les portraits de Mengistu, Brejniev (très jeune) et Fidel Castro, côte à côte. Des voitures, des voitures militaires, traversent la ville.
On achète des bananes et des oranges et on part en car pour Harar. Le paysage devient magnifique, des collines vertes, tout est vert, des cultures en terrasse. Il fait plus frais, le vent est assez frais. On traverse des champs de quat (appelé ici "tchat"). On arrive vers ALAMAYA, au bord d'un lac, le lac Alemaya. Le paysage est plus plat. Il y a une très, très belle lumière. Des femmes font la lessive. Elles sont d'un type très différent, de majorité somalie et portent des costumes très colorés.

La région est envahie de militaires. Il y a des tanks en plein milieu des champs, des voitures militaires, des camps militaires.
À Alamaya, quand on y arrive, il est encore trop tôt pour le marché. Les marchés ont leur plein essor vers 11 hres du matin.
On continue un peu de rouler. Et on tombe sur un marché de quat. Que de couleur ! Il a plu. Il y a de la gadoue. Je suis assiégée par les femmes et les enfants. Les femmes me touchent les seins. Les enfants veulent regarder dans le viseur de l'appareil photo. Aucune langue ne fonctionne pour communiquer, ni l'amharique, ni l'arabe.
Le climat est frais.
HARAR, ville occupée par les militaires
On continue jusqu'à Harar. Harar, envahie par les militaires... Une jeep nous double, remplie de Blancs.
Ras hôtel
L'hôtel le Ras Hotel est situé face à un camp militaire. Il vaut mieux ne pas sortir l'appareil photo à l'hôtel, tant pis pour les photos de fleurs.
L'hôtel est situé à 500 m avant la ville et ses murailles.
Il est plutôt très sale question sanitaires. Il y a un lavabo et une douche, mais la cuvette de la douche est tellement noire qu'on préfère se laver dans la salle de bain commune.
Mais la cuisine est ici excellente ! De la gastronomie à l'éthiopienne, et extrêmement copieuse.
Repas du midi :
Soupe de légumes un peu blédina
Riz sauce tomate en entrée
Rosbif et pommes de terre
Salade de légumes (carottes, haricots, poivrons)
Gâteaux ou salade de fruits
Une ville musulmane
Les musulmans sont majoritaires dans les régions du Sud et de l'Est : Somali, Afar et Harar, ainsi que dans certaines parties de l'Oromia. La ville de Harar est le plus ancien centre de culture, d'enseignement et de diffusion de l'islam du pays. Les musulmans sont estimés entre 33 % et 45 % de la population selon les sources.
Histoire d'Harar
La tradition musulmane fut ici introduite par Sheik Hussein, roi des Argobbas, peu après le voyage de Mahomet à la Mecque. En tout cas, ce qui est certain, c'est que la religion musulmane fut introduite très tôt dans cette ville, et qu'elle y marqua une emprise rapide, Harar devenant le grand centre musulman implanté comme un poignard au flanc de l'Éthiopie chrétienne.
Amda Sion 1er y vint guerroyer au 14 ème siècle contre l'émir qui y régnait. Puis c'est là que Gragne forgea ses armées et forma ses armées pour aller envahir et ravager l'Éthiopie.
Claude et les Portugais prirent leur revanche en saccageant Harar, mais 9 ans plus tard ce fut le tour de Nur Ibn al Wazir de défaire les troupes chrétiennes.
Les Gallas submergèrent la cité mais s'y firent le plus souvent musulmans.
Au 19 ème siècle, ce furent les Égyptiens, longeant les côtes de la mer Rouge, traversant le pays Danakil, qui vinrent s'y établir sous la conduite de Rauf Pacha. Ils investirent la ville et obligèrent l'émir à reconnaître la khédive.
Lorsque les Anglais s'emparèrent de l'Égypte rien n'a été changé à part qu'un gouverneur britannique vint se joindre aux Égyptiens. C'est l'époque de l’empereur Ménélik II. Ceci se place également à l'époque où le "négociant français" Arthur Rimbaud se trouvait à Harar aux prises avec bien des difficultés, une période assez sombre et obscure du poète français. Il devint dans un premier temps commerçant pour diverses marchandises (café, vêtements ou encore quincaillerie) puis il se lança dans le trafic d’armes auprès de Ménélik II.
Harar est une ville entourée de remparts et percée de portes. Retranchée derrière ses murailles du 16 ème siècle, la ville semble figée dans son passé. Des maisons aux façades peintes de couleurs vives et des mosquées vieilles de 1000 ans. Le temps semble s’être arrêté il y a des centaines d’années. On a l'impression d'être au bout du monde.
Cubains, patrouilles militaires, auto-mitrailleuses
Mais on est dans une période politique tout autre... Sur le haut de la porte principale au bout de l'avenue qui conduit de notre hôtel à la ville, se trouvent accrochés les trois portraits habituels de Brejnev, Mengistu et Fidel Castro.
![]() |
![]() |
La ville est envahie de militaires surtout Cubains. Les Cubains ont été mieux acceptés que les Russes parce qu'ils laissaient aux populations la liberté de leurs coutumes alors que les Russes essayaient d'imposer leur culture.
Le médecin de l'hôpital d'Harar est un Cubain. Il déjeunait à midi à notre hôtel en compagnie d'une vamp plantureuse. J'ai découvert ici que les Cubains que je croyais très basanés de peau ont au contraire la peau claire. Je me suis mise à pouvoir identifier les Russes et les Cubains.
Nous faisons avec le guide la visite de la ville. Nous allons d'abord un peu à l'extérieur de la ville, à un point de vue d'où l'on a un panorama sur toute la ville, faite de toits de tôle ondulée. À cet endroit se trouve un petit village de toucouls où il est impossible de prendre des photos des gens si on ne leur donne pas de bakchich.
Tout à coup notre accompagnateur nous crie "rentrez vos appareils !". Une patrouille militaire passe à toute vitesse sur la route, des dizaines d'auto-mitrailleuses, des camions bondés de militaires, roulant à toute vitesse comme des bolides.
Je n'avais jamais vu ça de si près, sauf au cinéma. C'était très impressionnant.
C'est cette impression de surveillance, de mitraillettes par-ci par-là, qui fait que l'atmosphère de Harar avait quelque chose qui vous met mal à l'aise. On a été déçu, parce que l'atmosphère de rêve de l'Arabie des mille et une nuits que l'on imaginait trouver à Harar a été démolie par cette invasion d'uniformes kakis, de fusils, de patrouilles.
Et cela, cela ne se voit pas dans les photos prises là-bas puisqu'il ne faut surtout pas photographier si l'on aperçoit dans le viseur un uniforme militaire. Si bien que l'impression que donnent les photos d'Harar est complètement différente de ce que l'on a ressenti.
Au marché d'Harar
On va ensuite au marché. Quelle débauche de couleurs ! Dans le nord, les Amhariques sont habillés tout en blanc, ce qui fait que les marchés du nord étaient un peu fades. Mais ici les femmes portent sur la tête ou sur les épaules (mais ne se cachent pas le visage), des voiles très fins, le "shama", en coton indien, aux couleurs très vives et crues : vert, rose, jaune, rouge. Sur des jupes elles-mêmes de couleurs.
Harar est habitée par plusieurs ethnies différentes et sur le marché c'est un délire pour les yeux.
→ Les Orhomo
Les femmes Orhomo ont une coiffure très spéciale : elles portent deux couettes ficelées dans un filet noir très fin de chaque côté du visage. C'est paraît-il la coiffure de la femme Marie.

→ Les Somali
Ce sont les femmes qui portent ces voiles arachnéens très colorés.
→ Les Argobates
C'est une tribu qui semble être une sous-classe, car les femmes portent une robe de bure découvrant une épaule, elles sont très noires de peau, et on les voit toujours dans le marché portant de lourd fagots de bois sur la tête.
Visite de la ville
![]() |
![]() |
Nous allons voir ce qui a été, dit-on, la maison de Rimbaud, aujourd'hui occupée par les poules et les coqs, est habitée par des familles d'Hajar comme n'importe quelle autre maison, avec du linge qui sèche dans la cour.
On nous emmène dans des tas de boutiques à touristes, cachées à l'intérieur de maisons bourgeoises, et introuvables si on ne connaît pas. Il paraît que ce sont les femmes des riches bourgeois d'Harar qui, pour s'occuper, tiennent ces boutiques.
Nous allons voir la mosquée. Mais nous tombons en pleine prière du vendredi et nous ne pouvons pas y pénétrer.
Nous allons voir le musée. Il est très intéressant. Il donne un aperçu de l'artisanat local. Il y a de vieilles photos de l'empereur, de sa famille, et une reconstitution en figurines assez étonnante : Mengistu faisant un discours au milieu d'une assemblée, et le micro est constitué par une pompe à vélo...
Puis nous allons par les ruelles, très spéciales car le sol est recouvert de grosses pierres, peut-être pour les pluies, mais où on se tord bien les pieds en tout cas. Automatiquement on est suivi et encadré par des types en plus de notre guide, qui pensent eux aussi servir de guides et obtenir quelques bakchich.
Nous pensons aujourd'hui qu'il faut vraiment un guide pour se retrouver au milieu de ce dédale de rues, et pourtant, le lendemain, avec un tout petit schéma de la ville en main, on s'y retrouvera très bien, et on s'y guidera très bien seuls.
Les ruelles de Harar me rappellent un peu les villages de Yémen (sans l'architecture des maisons bien sûr), mais les pierres partout, les murailles, les portes, et même les costumes des femmes (sauf qu'elles ne sont pas voilées ici).
Un triste incident
Ensuite, on est libre de se promener sans guide.
On reprend la rue principale : bon démarrage pour s'y retrouver.
À un moment on est suivi par un type nettement ivre et qui nous demande un bakchich, un vieux, un peu malade de la tête, très collant. Comme on voit qu'on n'arrive pas à s'en défaire, on rentre dans une boutique de tissus, immédiatement suivies par le bonhomme, et le patron du magasin comprend qu'on a des ennuis. Il lui fait signe de sortir. Le type refuse.
Passent par là deux militaires qui se mettent à tabasser à coups de gourdin le bonhomme. Le type est complètement plié en deux. Il se forme un attroupement. Nous, nous restons à l'intérieur de la boutique, très ennuyées des suites qu'a pris cet incident. Quand ça se calme, on remercie le patron du magasin et on se file un passage au milieu de la foule.
Se promener sans guide
On se dirige vers l'église d'Harar qui est au bout de la grande rue, une église octogonale au milieu d'un jardin, un havre de paix au milieu de cette ville envahie par les képis et les uniformes. L'église est fermée, impossible d'y entrer.
On marche tout droit jusqu'à la muraille extérieur. Le temps se couvre. Il y a alors une lumière extraordinaire sur les collines et la nouvelle mosquée qui est un peu en dehors du centre.
On reprend les ruelles. On fouille dans les boutiques, dans les tissus, pour trouver ce voile arachnéen que portent les femmes sur leurs têtes ou leurs épaules. Mais tout est "made in India".
Les gens sur notre passage, les enfants surtout, nous lancent des "Farango". On saura plus tard que cela signifie "étranger", "blanc".
Mais le temps se couvre très sérieusement. Il faut rentrer. L'averse d'ailleurs se met à tomber. Et je n'ai aux pieds que des espadrilles. Je fais floc floc.
On rentre au passage dans des magasins de livres, pour voir : on y voit tous les classiques sur le marxisme, plus des bouquins sur la colonisation en Afrique, et sur les femmes dans le monde.
Retour à l'hôtel
On est arrivé plutôt trempées à l'hôtel à 18h 30. Douche à 19 hres. L'orage éclate. Averse, tonnerre, foudre. En pleine salle de bain, coupure d'électricité... pas marrant de se rhabiller dans le noir, heureusement que je n'étais pas sous l'eau. On va chercher des bougies. Peu après l'électricité est rétablie.
Dîner :
Soupe de légumes
Poivrons farcis
Agneau tendre
Haricots verts - chou
Salade de fruits.
Les hyènes d'Harar
Il était question qu'on aille voir le spectacle rituel de Harar, voir cet homme qui, aux portes de la ville a apprivoisé les hyènes et leur apporte à manger chaque soir. Tous ceux qui sont allés à Harar ont été voir cela, bien que cela sente beaucoup le préfabriqué pour touristes.
Mais le problème c'est que ce soir-là, avec la pluie qui est tombée, on pensait que les hyènes ne viendraient pas car l'humidité va chasser l'odeur de la viande qui les attire, et les odeurs de pourriture ne remontent pas.
On tente pourtant le coup.
Dans la ville d’Harar, les hyènes font partie de la cité. Selon les locaux, il y a plusieurs siècles, les animaux attaquaient et allaient parfois jusqu'à tuer les habitants du village. En guise de solution, ils ont alors fait des trous dans les murs de la ville par lesquels ils se sont mis à jeter les restes de nourriture "afin que les hyènes se nourrissent de ces victuailles plutôt que des habitants". D'après les villageois, aucune attaque perpétrée par des hyènes n'a eu lieu depuis 200 ans.
Abbas Yusuf, celui qu’on surnomme "l’homme Hyènes" est ainsi devenu une véritable star locale. Ce jeune homme a appris comment nourrir les hyènes grâce à son père, Yusuf Mume Salleh. Ce dernier eut l’idée un soir de jeter de la viande près d’une hyène pour éviter qu’elle ne détruise son bétail. La hyène s’est alors rapidement saisie de la nourriture puis quitta les lieux.
Alors que les hyènes tachetées sont réputées à travers le monde pour être de féroces charognards, les habitants ici ne les craignent pas. Nourrir ces animaux est devenu une véritable tradition à laquelle s’adonne la population locale.
Cette tradition se perpétue, la scène se reproduit tous les soirs avec des groupes entiers de hyènes, et bien qu'elle soit devenue une attraction touristique populaire, cette incroyable relation entre l'homme et la bête est profondément ancrée.
Il fait nuit. On descend de la voiture. Le chauffeur allume ses phares. L'homme a un panier plein de gros morceaux de viande. Il y a deux hyènes près du mur d'enceinte. À vrai dire je ne sais pas à quoi ressemble une hyène... Et bien, ça a une petite tête de renard avec deux petites oreilles, et cela ne ressemble pas à une panthère ni un guépard ni à un léopard.
L'homme les appelle par des noms marrants : "chocolat", "Portugal", en amharique, en lançant des morceaux de viande dans le faisceau lumineux. Elles approchent doucement. On reste là un bon moment, on n'est pas très loin, en dehors de la voiture, il semble qu'on ne risque rien.
Le type d'ailleurs se rapproche de plus en plus. Et, entre 21 heures et 22 hres, on pourra voir cinq ou six hyènes.
Et ce qui sera drôle c'est que sur les photos n'apparaîtront que cinq ou six paires d'yeux brillants !
Le plus marrant ce n'est pas tant de les voir mais de les entendre pousser des "rugissements de lion", et surtout le fameux "rire de la hyène" qu'il faut avoir entendu !... C'est vraiment comme un rire ! Le son vaut la vision !
Le retour, Harar la nuit. Et ses prostituées le long des maisons, occupation militaire oblige...
De retour à l'hôtel, la panique : ma copine Gracieuse a disparu. Je m'en rends compte puisque je n'ai pas la clé. L'affolement dans l'hôtel. Elle a dû ne pas remonter dans le car, il faut retourner.
Et puis voilà. Elle était simplement dans les WC, ayant au contraire précédé tout le monde !...
Jour 12 - Samedi 18 avril 1981
Réveillée à 2 hres du matin par un moustique qui fait bizz... crème moustique, et je redors.
Et voilà 6h 10, réveillée par une scène de ménage dans la chambre voisine. Et Gracieuse qui lance des coups de poings dans le mur en râlant. Je me réveille en sursaut : "mais qu'est-ce qui t'arrive ?".
Il paraît que cela dure depuis 5 hres et... dans la chambre voisine, une Éthiopienne à la voix aigrelette face a trois hommes, ils sont en grosse engueulade.
On voit de l'eau qui sort sous la porte. On se demande s'ils ne lui ont pas passé la tête sous la douche !
Au réveil, le bruit des oiseaux africains, très fort, en rythme, impair, 3 / 2, comme le tam-tam.
Et aussi la surprise de se réveiller sous une pluie torrentielle, un ciel gris, le tonnerre. Et c'était matinée libre. Et on nous a choisi de nous préparer le petit déjeuner sous la tonnelle ! Face à la pluie battante, ce petit déjeuner, le meilleur que j'ai mangé : le meilleur café, des fried eggs bien cuits et recouverts par le blanc, des toasts d'un pain bon et chaud et de la marmelade d'orange.
Pour passer le temps avec cette pluie, on écrit notre journal. Et puis on fait des connaissances : avec un couple qui vient de Djibouti, un couple noir, qui nous a entendu parler français, et le gars s'est avancé nous demandant si on était Français. Ils étaient tout heureux de parler avec des Français. Ils nous disent (oh surprise !) qu'en nous voyant ils avaient hésité, si on était des Français ou des Cubains ! Et oui ! Y aurait-il des Cubaines aux longs cheveux blonds ? Ils sont venus ici en touristes par le chemin de fer, et pensent aller jusqu'à Addis-Abeba. Et surprise : ce qui les a attirés en Éthiopie, ce sont... les boîtes de nuit. Ils sont venus ici pour danser ! C'est ce qui les intéresse.
Et puis ils nous disent que Djibouti, sans l'aide de la France, ça ne pourrait pas vivre, car il n'y a aucune ressource naturelle et pas l'argent pour acheter à l'extérieur.
C'était des jeunes, lui était barman et il montrait très fièrement son passeport français.
Rencontres dans la ville
Vers 10 hres, la pluie torrentielle se calme.
On se lance dans la brouillasse, équipées : imper, grosses chaussures pour la gadoue, car les rues doivent être dans un état !! Peut-être est-ce à cause de ces pluies qu'ils ont pavé les rues de ces gros cailloux ?
On commence à connaître le chemin. La porte aux trois portraits, la rue principale, puis à droite le marché musulman, et on se dirige vers l'extérieur de la ville. Là on découvre les champs de cultures, les bananiers, le café. Le paysage est très tropical. Des gamines viennent nous parler. Entre l'amharique et l'arabe, on se débrouille, on se comprend et les liens se nouent. On savait maintenant comment se débarrasser des bakchich en répliquant "goursha" et en tendant la main, et ça produisait le rire général.
Un homme nous propose de nous montrer les plantations de café. Et ensuite les filles veulent nous accompagner et nous montrer leur maison. Il faut préciser qu'on est que ma copine et moi et qu'il n'y a pas d'homme avec nous.
Elles nous emmènent d'abord dans ce qu'on croit être une mosquée (car il faut se déchausser en entrant alors qu'on ne se déchausse pas dans les maisons). Et elles rient comme si elles nous jouaient un mauvais tour.
Puis elles nous emmènent de maison en maison, de cour en cour.
Là, dans cette maison, le plus beau souvenir : un vieil homme psalmodie le Coran en cœur avec sa petite fille (semble-t-il) avec entre entre leurs voix un léger décalage de ton. Il s'arrête quand ils ne sont plus ensemble, et ils reprennent. C'est une magnifique musique, dont on ne se lasse pas. Là, j'ai regretté mon magnétophone, mais cette mélopée, je l'ai gardée dans ma tête.
Nous apercevons les salons de ce qui doit être les riches maisons d'Harar.
L'heure du déjeuner approche. Nous le faisons comprendre aux gamines. Nous leur donnons des petites serviettes parfumées en précisant "pas bakchich, cadeau", "choukran", et nous nous quittons en grandes amies. Elles nous indiquent le chemin qui va à notre hôtel, et, en empruntant les ruelles la route nous paraît facile car dès que les gens nous voient hésiter entre deux rues ils nous montrent laquelle prendre.
Nous arrivons ainsi de nouveau sur le marché après avoir traversé le quartier des riches maisons d'Harar.
Puis en continuant les ruelles nous nous retrouvons par un raccourci, sur la rue principale, à l'extérieur de la porte.
On rentre à l'hôtel. Il brouillasse tout le temps. Ça n'a pas arrêté d'ailleurs : pluie, arrêt, pluie, capuche, on enlève la capuche, on la remet etc.
Retour à l'hôtel
Déjeuner : Injera, l'expérience numéro 2.
Comme le restaurant de l'hôtel est bon et qu'il paraît que c'est ici qu'on mange la meilleure Injera du pays, il faut bien refaire un essai.
Conclusion : la galette elle-même : je ne peux toujours pas la manger. Elle est servie avec deux plats : le premier est jaune safran et le deuxième du bœuf avec sauce tomate et jus de viande très forte. Je me sers donc de la galette en guise de pain car évidemment on ne mange pas avec une fourchette mais on se sert de l'Injera. Je mange surtout le plat piquant, car l'autre je ne peux pas l'avaler. Ensuite papaye au citron.
Après-midi : Attente pour partir.
De Harar à Dire Dawa
On quitte l'hôtel à 14h 30. Le temps : toujours la pluie. C'est assez triste ces collines vertes qui étaient si belles quand on est arrivé quand il ne pleuvait pas. On s'arrête à Alemaya. Le lac, le marché... On met 1h 30 pour arriver à Dire Dawa.
L'Injera, toute l'après-midi... ne passe pas ! En arrivant à l'hôtel de Dire Dawa je m'empiffre de galettes bretonnes que j'avais fourrées dans mon sac à Paris, pour me changer le goût de cette horreur dans l'estomac.
16 hres. On part faire un tour de ville. Il y a deux marchés, pas très intéressants.
On achète trois bananes, 50 centimes. On passe sur le grand pont. Le lit du fleuve est à sec et les gens se promènent dans le lit du fleuve, c'est assez marrant. Les gosses s'amusent à faire la grimpette sur les pentes. On apprendra le soir au dîner que, à la suite d'une grosse averse, ce fleuve qu'on a vu à sec cet après-midi, s'est rempli d'un seul coup. Là où on a vu les gens se promener l'après-midi, l'eau coulait à ras-bord le soir.
On traverse le quartier chic de la ville en allant vers l'hôtel. Un grand jardin, beaucoup d'arbres et de fleurs et un gamin ultra chic en raquettes et tenue blanche, short et chemisette de tennis...
Dîner : moyen
Soupe de légumes
Légumes froids et viande dure, avec gravy
Pudding bourratif.
On se couche tôt car demain, réveil à 7 hres.
Et bien que la chambre ne soit pas celle qu'on avait eue la dernière fois, on entend encore le bruit de l'ascenseur.
