République Centrafricaine
1984

"Délivrance" ou le Voyage au pays des pygmées

Du 23 Octobre au 7 Novembre 1984

Le récit


RCA RCA
Vous pouvez agrandir les cartes


Ce voyage au pays des pygmées était le but de l'expédition. Un contact avec l'une des populations les plus intactes du globe, en tout cas, la plus ancienne d'Afrique. Les Pygmées étaient méprisés par leurs concitoyens centrafricains, considérés comme une tare dans un pays qui s'efforçait de rattraper le retard technologique.

De cette population, je ne connaissais à Paris qu'une chose : un disque OCORA intitulé "Anthologie de la Musique des Pygmées Aka", enregistré entre 1972 et 1977 au temps de l'empire centrafricain. Ces chants, qui sont basés sur une technique vocale du Yodel, m'avaient fascinée par leur beauté et leur originalité. Et je rêvais d'aller entendre de tels chants sur place.

En plus, une rencontre avec une population vivant encore comme il y a deux mille ans (quoique de plus en plus des relations de travail s'établissent entre les Africains et les Pygmées - et souvent de maîtres à serfs. Surtout une population qui est restée en contact permanent avec la Nature, la forêt vierge, primaire, qui existait aux premiers temps du Monde. Contact que nous allions vivre au cours de ce voyage et qui ne fut pas l'un des côtés les moins enrichissants.



titre circuit en Centrafrique
"- - - - - - -"    → Limites de la forêt

DÉPART DE PARIS

Lundi 22 Octobre 1984

22 hres. Porte d'Orléans, devant la statue du Général Leclerc, un bus de l'Association "Le Point de Mulhouse", m'attend, et est déjà presque rempli. Nous allons tous à Lyon, pour prendre un vol charter, très tôt demain matin, en direction de Bangui, en République Centrafricaine. De Paris, je pars seule.

Le bus est presque entièrement rempli d'Africains. J'ai déjà l'impression d'être en vacances, d'être déjà en Afrique.

22h 30, le bus démarre. Je fais connaissance dans le bus avec une joyeuse bande de jeunes Centrafricains qui s'amusent comme des fous. Ce sont des jeunes qui ont fait leurs études au Lycée français André Malraux de Bangui, et sont venus poursuivre leurs études universitaires à Paris. Maintenant ils retournent dans leur pays.
"On n'est pas bien à Paris" me dit l'une des filles... "Il fait trop froid".

Le bus va rouler toute la nuit en s'arrêtant deux fois une demi-heure. Il va mettre six heures pour arriver à Lyon. Evidemment je n'arrive pas à dormir.

On arrive à l'aéroport de Lyon, il est 4h 30 du matin. L'avion doit décoller à 9 hres !

A Lyon je retrouve les amis venant de Strasbourg, avec qui je pars faire ce voyage : Roselyne, Bertrand, Claude, François et Micheline. Ils sont à la base de cette expédition, c'est eux qui me l'ont proposée. Sans eux je ne me serais jamais aventurée dans un voyage qui présageait autant de difficultés. Ils sont tous du milieu médical, cela m'a rassurée.


Mardi 23 Octobre 1984

9 hres du matin. L'avion Charter du "Point de Mulhouse" décolle. Nous prenons un léger repas. Puis je crois que je me suis quand même endormie, au moins l'espace de deux heures, exténuée par cette nuit passée dans le bus.


BANGUI

15 hres. Arrivée à Bangui. Il n'y a aucun décalage horaire. A la réception des bagages dans l'aéroport, il y a même un chien et un perroquet en cage qui ont voyagé dans l'avion. "Oui oui je connais la réglementation, j'ai tous les papiers qu'il faut" déclare l'homme qui tient son chien en laisse à un Centrafricain.

Nous récupérons nos sacs à dos, passons sans problème la douane, sans que nous ayons même à ouvrir les sacs (Il faut dire qu'ici le charter du Point est bien connu). Alors une lueur d'inquiétude surgit sur nos visages : sommes-nous bien attendus par un représentant de l'agence "Le Point".

Je sors de la Douane la première et un centrafricain me demande si je fais partie de "Délivrance". Il n'avait pas de pancarte. Evidemment je suis assez reconnaissable avec mon sac à dos et mes pataugas aux pieds !

Le groupe se réunit. On est 16 personnes. C'est beaucoup.
On est un peu déçu, car on nous avait dit qu'on serait 12 au maximum.

Une camionnette, pour les bagages, et un petit bus nous attendent. Nous préférons monter à l'arrière de la camionnette avec les bagages, à l'air libre, pour respirer cette chaleur tant attendue, agrémentée par le vent sur la route.

En fait à cette époque de l'année il ne fait pas très chaud, 25°, mais nous sommes à la fin de la saison des pluies.

Pour notre arrivée il fait très beau et sec. Nous passons par de grandes allées de terre ocre. Bangui c'est la capitale, mais ce n'est pas la grande ville, c'est une ville au milieu de la brousse, de grandes allées et des petites maisons africaines.

Nous logeons au Rock Hotel, le plus bel hôtel de Bangui... quoique pas terrible terrible. Il y a une piscine (si sale qu'on ne peut pas s'y baigner), la salle de bain est correcte, il y a un radio-réveil, et la climatisation toujours aussi glaciale et bruyante, mais il y a un interrupteur pour l'arrêter.


Rencontre avec Claudine qui vit à Bangui

Nous avons à Bangui deux contacts.

Trois de mes amis de Strasbourg doivent contacter un professeur de gastro-enterologie à l'hôpital de Bangui, qui a fait ses études à Strasbourg. (Il ne faut pas oublier que certains de mes amis avec qui je voyage sont des médecins).

Nous avons aussi l'adresse d'une amie d'une amie, Claudine, qui est professeur de Lettres au Lycée Français André Malraux.
Nous prenons donc un taxi, direction Avenue Boganda. Nous identifions la maison de Claudine d'après les indications que nous avons, car il n'y a pas de numéro. Une voiture se trouve dans la cour. Un boy nous ouvre la porte. Claudine est là et nous accueille à bras ouverts, sans nous connaître. Son amie avait du la prévenir de notre arrivée, puisqu'une lettre d'elle nous attendait à l'hôtel.

Elle nous fait visiter sa maison, qu'on lui a trouvé quand elle est venue travailler ici, un peu éloignée du centre, mais qu'elle ne veut pas quitter, parce qu'elle est très spacieuse.

Les pièces sont en effet très grandes et très hautes. Il y a une terrasse abritée, un grand salon avec un canapé, une petite table et des banquettes, qui doivent servir de lits pour des amis de passage, un bureau donnant sur le salon, et une énorme moustiquaire surplombant le bureau et le fauteuil... "C'était devenu insupportable" dit Claudine "Je ne pouvais plus travailler, j'étais dévorée, alors je me fiche là dessous".

Dans sa chambre, un grand lit est également surplombé d'une moustiquaire, tel un baldaquin. Quant à la salle de bain, elle rappelle nos rêves de salle de bain comme en France, avec tous les produits moussant bien de France, et en plus elle a un "Boy" prêt à essuyer la moindre éclaboussure !

Claudine nous propose une boisson : apéritif ou jus de fruit ? Nous prenons un sirop de cassis et un jus de tonic amer qui mélangé à l'eau (eau buvable) donne une boisson au goût de Schwepps.

Nous devons retrouver l'autre partie de notre groupe à l'hôtel, et nous proposons à Claudine de venir avec nous. Nous devons aussi trouver à acheter une paire de pataugas pour Bertrand qui les a oubliées à Strasbourg. Et nous demandons aussi à Claudine si nous pouvons laisser quelques vêtements d'hiver chez elle, que nous serions bien ennuyés pour le retour si nous les perdions en les laissant à l'hôtel.

Et commence une grande traversée des rues de Bangui, à bord de la Suzuki de Claudine !

Une voiture extraordinaire, à la contenance élastique selon le nombre de ses passagers, deux ou trois places à l'avant, des portières qui s'ouvrent avec des poignées de porte, et des fenêtres qui s'ouvrent avec une fermeture éclair.
A l'arrière, c'est comme une petite camionnette bâchée, deux sièges pas confortables sur les côtés, mais les sièges sont des coffres. On tient à quatre "confortablement" en se tenant à la grosse roue de secours qui se trouve accrochée à l'arrière de la voiture. Car, il faut dire que les cahots à l'arrière de la Suzuki valent leur pesant d'or.

Nous faisons d'abord la tournée des magasins de chaussures Bata (il y en a deux à Bangii) mais pas de pataugas... Il n'y a que des tennis... en plastique... Bertrand finit par trouver une paire de tennis, avec une pointure supérieure à la sienne.

Nous faisons ensuite le tour des amis de Claudine.
Tous les amis de Claudine s'inquiètent de notre sort : ils ont entendu parler du circuit "Délivrance" comme étant une épreuve assez redoutable, et ont eu vent que le groupe précédent a eu pas mal de problèmes, et était épuisé.

Nous arrivons à l'hôtel, et nous retrouvons le reste du groupe dans le jardin, au bord du fleuve Oubangui.
Nous prenons un pot tous ensemble.

Dîner

Nous demandons à Claudine de nous emmener dans un "bon" restaurant. Nous voilà à nouveau dans la Suzuki, tous, encore plus entassés qu'avant. Claudine nous raconte ses problèmes de voiture : l'oubli de son permis de conduire, les démarches à la police, le fameux rond-point qu'il faut éviter car il y a toujours des policiers prêts à vous coincer...

Nous allons donc dans un restaurant chic, tenu... par un Français, un ancien de Djamena. On a le choix entre la salle climatisée et la salle en terrasse... que nous choisissons.

On nous dit de nous asseoir au salon autour d'une table basse en attendant qu'on nous installe une grande table sur la terrasse. On nous donne le menu pour que nous fassions notre choix. Nous avions en tête en venant ici de manger du capitaine, ce gros poisson délicieusement fin et sans arêtes que j'adore. Mais capitaine grillé ou capitaine au beurre blanc ? Là est le dilemme.
Le patron nous conseille le capitaine au beurre blanc (sauce cuisinée tout à fait dans les normes de la gastronomie française), et il nous donne l'eau à la bouche.

Il nous raconte ensuite, qu'avant de s'installer ici, à Bangui, il vivait à Djamana au Tchad. Ici à Bangui il nous dit qu'il a une vie de privilégié, et que jamais il n'a eu envie de retourner en France où il n'aurait jamais la qualité de vie qu'il a en Afrique.

Le capitaine au beurre blanc était excellent, mais le prix très élevé : avec un sorbet en dessert, du café, et du vin, nous en avons eu pour 100 F par personne... le prix dans un restau français !!!

Claudine nous explique que le café cultivé en Centrafrique est très mauvais, c'est du très mauvais Robusta. Il vaut mieux vaut boire du café importé.

Je crevais de sommeil, ma nuit précédente passée presque "blanche", avait été terrible... C'est moi qui étais blanche de fatigue.
Et malgré la sympathique soirée que nous avions passée, je ne souhaitais qu'une chose... me coucher.

Nous rentrons à l'hôtel vers 22h 30. L'hôtel est loin d'être désert, il y a beaucoup d'animation encore à cette heure.
Claudine nous donne rendez-vous demain à 7h 30 pour nous apporter une moustiquaire.


Mercredi 24 Octobre 1984

La nuit fut très calme. Pas un bruit dans la rue, mais le matin, les voitures qui passaient nous ont réveillés.
Nous regardons par la fenêtre qui donne sur la rue : c'est une grande allée de terre, devenue boueuse car... il pleut !!
Nos visages s'assombrissent car c'est aujourd'hui que nous débutons notre "croisière" sur le fleuve Oubangui.

Nous comptions mettre bermuda et débardeur, et même maillot de bain, mais du coup, nous optons déjà pour la tenue de brousse : pantalon, chemise et pataugas. Pataugas qui suscitent l'envie des garçons de l'hôtel, l'un deux voudrait absolument nous les acheter. Il me demande de les lui vendre à mon retour d'expédition. J'ai beau lui dire qu'en France cela coûte très cher et que pour lui, ce serait une fortune... En effet il ne s'attendait pas à un tel prix. "Mais très bonnes chaussures" affirme-t-il !

On ferme une partie de nos bagages, on trie les affaires pour en laisser une partie à Bangui. Et on descend prendre le petit déjeuner. Nous avions rendez-vous avec les correspondants de l'agence "Le Point" à 8 hres.

Petit déjeuner

Le petit déjeuner, un bonheur ! On nous apporte sur un plateau une énorme tranche de papaye, une petite cafetière qui remplit deux tasses, un pot de lait, un petit carré de beurre individuel, de la confiture, un croissant (africain bien sûr, pas aussi bon que le parisien), et un petit pain.

J'ai demandé si le café était du nescafé (de peur du redoutable café robusta centrafricain) et le garçon m'a répondu "Non, c'est du Legal". Sans doute du Legal moulu importé de France, car il était excellent.

Et on n'oublie pas de prendre la Nivaquine pour nous protéger du paludisme, et ce sera notre dose quotidienne.

Le petit déjeuner était extra, mais cher : 1500 CFA c'est à dire 30 FF (le prix dans un hôtel en France).

Nous nous étions assis près de l'entrée pour que Claudine puisse nous trouver en arrivant. Elle arrive en courant, car elle se rend à ses cours. Elle nous laisse la moustiquaire et nous dit qu'elle a trouvé des pataugas pour Bertrand, qu'il faut qu'il se rende au Lycée français à 10h 20 (c'est l'heure de la récréation), c'est un prof qui a promis de les apporter au lycée.

Quant à la moustiquaire, elle me semble bien lourde : c'est la grande qui était au dessus de son bureau, qu'elle a décroché pour nous. Et j'hésite à l'emporter dans mon sac à dos qui est déjà si lourd. En fait, c'est François qui sera intéressé, et c'est lui qui l'emportera.

On attend le représentant du "Point de Mulhouse". Ça traîne... Première attente à l'Africaine. On remonte et on redescend sans cesse des chambres. On fait et on refait nos bagages, en retirant le maximum des choses qui pourraient ne pas être utiles (je ne dis pas "inutiles" mais, dont on peut se passer.

Le représentant du" Point" arrive à 10 hres avec la camionnette. On y charge les sacs à dos, et nous grimpons à l'extérieur de la voiture, ça devient déjà une habitude de grimper sur les roues.

Nous nous rendons ainsi à l'agence du" Point", en plein centre, près du carrefour des deux Arches.

Mais ce que nous, nous appelons "le Centre" à Bangui, n'est pas vraiment le Centre. Le centre de la ville, c'est le quartier africain, le "marché aux voleurs" etc. Ce qui, pour nous, est le centre, c'est le centre du quartier européen, la place avec les avenues goudronnées en étoile, dont deux débutent à partir de deux arches blancs, l'une allant vers l'aéroport, à l'hôpital et à la mission catholique.



Bangui Bangui
Bangui
Pour se représenter un peu Bangui


Le Rock Hôtel où nous logions, est en fait assez excentré (relativement puisque l'on peut tout de même aller à pied jusqu'au centre européen). Il se trouve près de la rive du fleuve Oubangui, qui est au Sud de la ville.

A côté se trouve le Rock Club, un Club privé fréquenté par les Européens, avec piscine propre et night-club.

En avant, se trouve le Port. Une grande avenue longe l'Oubangui, sur laquelle donnait notre fenêtre de notre chambre à l'hôtel.

carte de Bangui
Le centre de la ville de Bangui

Le groupe

Nous nous rendons donc à l'agence du" Point", pour y laisser une partie de nos affaires, dans des sacs que nous plaçons dans une grande pièce à l'arrière de l'agence.

Une fille blonde nous attendait. C'est Marie-Hélène, qui elle, est déjà arrivée à Bangui en vacances depuis quinze jours, et qui vient se joindre au groupe.

Le groupe se compose de :


Mes 5 amis de l'Est :
→ Roselyne
→ Bertrand
→ Claude
→ François
→ et Micheline.

Et :
→ Christine (le cerveau et économe du groupe)
→ Richard "le marcheur"
→ Josette "la dynamique"
→ Didier "l’adorable"....... tous venant de Paris

→ Bernadette (à qui il arrive toutes les tuiles), de Besançon
→ Brigitte et Eliane, les "jumelles" de Lyon
→ Anne-Marie, "la pressée", médecin à Montpellier
→ Eric "le silencieux"
→ et Marie-Hélène, qui était déjà sur place

En tout on est 16 + nos accompagnateurs.

Nous serons accompagnés par Honoré le chef des expéditions "Délivrance", qui fait ce voyage tous les quinze jours, mais qui s'étant blessé à la jambe n'avait pas pu accompagner le groupe précédent. Il y a aussi Louis-Marie, le plus jeune, responsable surtout du bateau, qui, lui, avait accompagné, seul, le dernier trek, et c'est soit-disant lui qui avait mené cette marche à vive allure au point que les participants avaient dit que c'était "pire qu'au régiment". Honoré a encore un bandage au genoux, mais ce qui (malheureusement pour nous) n'a pas du tout ralenti son allure de marche)...

Les courses

Nous constituons une caisse commune pour faire les achats des vivres que nous allons emporter dans l'expédition, et qui seront transportés d'abord sur le bateau, puis par des porteurs africains pendant le trek.

Ayant entendu dire que le groupe précédent avait avait "crevé de faim", parce qu'ils n'avaient pas prévu assez de nourriture, et qu'ils avaient terminé à sept sur un pot de confiture... nous avions décidé de ne pas lésiné sur les achats. Nous mettons chacun 500 FF dans la caisse commune, mais il faudra rajouter 200 FF une fois fait les courses, ce qui nous a fait une caisse de nourriture de 700 FF par personne, pour 12 jours d'expédition.

On se sépare en deux groupes. L'un ira au supermarché, l'autre au marché. La pluie a cessé.

LISTE DE COURSES :


Pour le petit déjeuner :

café (grosses boites de café soluble)
thé (sachets individuels)
lait en poudre (grosses boites en fer)
sucre en poudre (il moisit moins vite qu'en morceaux, à conserver dans des tupperwares)
pots de confiture
farine (pour faire du pain ou... des beignets quand le pain sera moisi, ou qu'il n'y en aura plus)
vache qui rit (pour tous les repas, ce sera le "dessert")

Pour le midi :

boites de paté (toute la gamme qui peut exister)
boites de thon, sardines, corned beef

Pour le soir

soupes (toute la gamme existante, 5 paquets par dîner pour 16 de la même sorte si possible, ou se mariant).



sel-poivre
de l'huile (plusieurs bouteilles)
pas de vinaigre puisqu'on ne peut pas manger de salades crues

Des féculents (300 g par jour par personne)

- soit du riz (il est mauvais... le riz importé de France est hors de prix ici, et le riz africain est dégueulasse)
- soit du couscous
- soit des pâtes (macaroni locaux très bons et moins chers que les "européens")

+ des tas de grosses boites de concentré de tomates qui agrémenteront soit le riz, soit le couscous, soit les pâtes, tous les soirs, avec quelques oignons frits tant qu'on en aura encore.

Ne pas oublier :

deux produits pour faire la vaisselle et des éponges.
des fruits
des citrons verts pour changer le goût de l'eau hydrochlonazonnée.

A tout cela s'ajoutent :

des paquets de sel pour donner aux Pygmées
des cigarettes (pour nous et pour les Pygmées)
et une réserve supplémentaire de papier WC pour le groupe.


Nous, nous nous occupons du marché et de l'achat des fruits. Nous allons d'abord au marché en plein air.
C'est très dur de marchander, même en achetant d'aussi grosses quantités comme nous le faisons.
Tout ce à quoi on arrive, c'est de demander un "cadeau" en plus, c'est à dire que quelques fruits soient rajoutés en rab.

On doit aussi acheter de grands sacs en nylon, 150 FCFA, très solides, pour y transporter les fruits.

Nous achetons des oranges, des pamplemousses, des bananes (pour les premiers jours, car nous savons qu'elles périront vite). Pas de pommes d'eau, fruits que nous ne connaissions pas, que nous découvrons, un peu acides, mais que nous pensons ne pas pouvoir transporter ni conserver. Quant aux avocats... ils ne sont pas mûrs, ce n'est pas la saison.

Au marché couvert, nous achetons des oignons, et nous provoquons un scandale au sujet de deux ananas que nous voulions acheter, mais quand la vendeuse nous a dit le prix, l'Africain qui nous accompagnait a dit que c'était trop cher, et qu'elle devait nous rendre notre argent. Et ce fut la révolte. Toutes les femmes du marché s'en sont prises à lui, se sont mises à hurler... et des femmes africaines en colère il faut voir ce que c'est !! Bref, l'argent nous a été rendu sous les huées, et nous avons acheté deux ananas ailleurs, à l'extérieur du marché.

Nous voulions des cacahuètes, mais ici elles sont vendues soit décortiquées, ou, si elles ne le sont pas, elles ne sont pas grillées. Et ce n'est pas bon du tout.

On vend aussi sur le marché des chenilles grillées. Nous n'en avons pas acheté (sauf certains d'entre nous qui, au retour, ont voulu en rapporter pour les servir à l'apéritif pour leurs amis en France).

Puis, nous partons à la recherche de chapeaux (avec des publicités dessus) car il y en a qui ont oublié d'en apporter de France dans leurs bagages .

Il reste à trouver le pain. Claudine nous a conseillé d'aller aux "Graineries de Dakar", et d'acheter du pain serré en miches, et pas des baguettes qui s'abîmeraient vite. Il ne reste pas beaucoup de pain à la boulangerie et il nous en faut beaucoup. Nous achetons du pain en grosses miches et du pain de mie (350 F CFA). Comme il n'y en a encore pas assez, on va dans une autre boulangerie. Et là, on tombe sur les amies de Claudine, tout étonnées de nous voir encore à Bangui. Nous dévalisons la boulangerie de Bangui : 50 kgs de pain !

On se retrouve à l'agence du "Point". Roselyne et Bertrand ont trouvé leurs pataugas. Les autres ont rapporté tout ce qu'il faut du supermarché, excepté le café car la boutique était fermée, il fauta attendre 15h 30 pour acheter le café, c'est capital.

Autre chose capitale, que nous ne pensions pas "capitale", et qui le sera : nos guides ont poussé à acheter du vin, c'est la coutume dans les groupes, nous disent-ils. Ils ont chargé 4 ou 6 grosses bonbonnes de vin rouge qui s'avérera être excellent et... le bonheur de nos repas.

Déjeuner

Les estomacs commencent à avoir faim. Honoré et Louis-Marie nous emmènent au marché pour déjeuner en plein-air, près de gros fourneaux de cuisine locale. Nous mangeons du riz au poisson. Très épicé. Le poisson, une belle tranche, mais avec quelques arêtes, avait un goût... pas de poisson. Mais l'assiette était trop remplie, on ne pouvait pas la finir. Avec tout ça, de grandes bouteilles de soda. Honoré et Louis-Marie, eux, accompagnent leur plat d'une grosse boule de manioc, blanc, gluant, gélatineux, ça s'appelle du "fou-fou", mélange de farine de manioc et d'eau bouillante : c'est leur "pain" à eux. Le manioc à lui seul sert à nourrir tout le pays.

On retourne à l'agence du "Point". On attend 15 hres pour pouvoir acheter le café. On passe notre temps à essayer d'alléger encore nos sacs à dos, et à laisser quelques produits de plus à Bangui.

Enfin on va acheter les pots de café. Une ruine : 4000 F CFA le pot ! Le double du prix en France (= 80 FF).
Il va falloir l'économiser.

Cette fois-ci c'est le vrai départ

Direction le Port de Bangui (à deux pas). Je citerai cette phrase très significative :

"L'hôtel, le restaurant, la voiture, tout cela écarte le voyageur du milieu où il se trouve.
Qu'il le veuille ou non, il creuse d'avantage le fossé qui sépare les deux civilisations".

Nous quittons tout cela pour partir à bord du "Ngo" le bateau du "Point de Mulhouse".
Nous allons naviguer sur l'Oubangui, puis sur son affluent, la rivière Lobaye.
Et ensuite nous allons marcher à pied par les sentiers cachés de la forêt équatoriale jusqu'à la frontière du Congo.