République Centrafricaine
1984


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"Délivrance" ou le Voyage au pays des pygmées

Du 23 Octobre au 7 Novembre 1984

Première rencontre avec les pygmées

circuit en Centrafrique
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Marche en Centrafrique
L'itinéraire de l'expédition - Campement n°3 sur la carte

Vendredi 26 Octobre 1984

Nous marchons ainsi en file indienne jusqu'à midi environ. Cela fait deux heures que nous marchons. Et nous faisons halte dans "notre" premier village pygmée pour déjeuner de nos sandwiches au pâté, de crèmes de gruyère et oranges.



Pause déjeuner
Pause déjeuner


C'est notre première rencontre avec les Pygmées, les "hommes de la forêt", ces hommes "hauts d'une coudée" comme disait Aristote. D'abord, ils ne sont pas si petits, ils font en moyenne 1m 50 et nous arrivent à l'épaule. Ils sont loin d'être des petits garçons ou des nains ! Ils ont en général la peau plus claire que celle des Africains, et les traits du visage très caractéristiques, surtout les hommes qui ont le visage très vieux, très mature.

Les villages sont situés dans des clairières inondées de soleil. Les Pygmées ont défriché la forêt à l'endroit où ils ont décidé de s'installer, et entretiennent sans cesse la netteté de la place du village en la balayant avec des balais de feuilles chaque jour. Près des huttes, des bassines noires pour la cuisine, et des hottes tressées comme celles de nos porteurs.

Ils sont nomades et migrent très souvent, à la recherche de nourriture, principalement de miel et de gibier, quand ceux-ci sont épuisés dans la partie de la forêt où ils se sont installés. Ils sont donc souvent en migrations. la forêt alors s'empare du village abandonné et il ne reste plus rien que des huttes. Les Pygmées construisent alors un autre village.

Les huttes pygmées sont évidemment très petites. Elles ont la forme d'un igloo et sont constituées d'arceaux de tiges de bois recouvertes de grandes feuilles de palmes (qui changent de couleur avec le temps, et roussissent, et brunissent), et qui sont cousues avec des lianes aplaties..

Hutte pygmée
Hutte pygmée


Quand on arrive dans un village comme celui-ci, on commence par serrer la main du Chef, puis celle de tous les gens qui sont ici. En général, il n'y a pas grand monde dans la journée car les hommes sont partis à la chasse et les femmes à la cueillette.

Dans ce village, il n'y a que les femmes avec les enfants. Elles portent uniquement un cache-sexe, et leurs seins sont tout aplatis et flasques. Elles ont la peau assez claire, et on note des scarifications faites sur les épaules ou sur d'autres parties du corps, qui sont, paraît-il, un signe de beauté.


Pygmées Pygmées


Ce village-ci est très proche encore des villages africains et donc en contact avec la "civilisation" d'ailleurs. Notre présence ne trouble guère. Ils acceptent volontiers que nous prenions des photos, car notre guide leur rapporte d'années en années les photos faites par les groupes précédents, et les Pygmées sont ravis de recevoir des images.

Les Pygmées vivent encore en condition de servage vis à vis des Bantous. Pour les Africains, le Pygmée qui vit comme une bête au sein de la forêt, est une tare pour un pays en voie de technologie, et qui fait honte et qu'on veut cacher.

Alors pourquoi les touristes veulent-ils donc venir de si loin pour s'intéresser à ces gens là !!!



Pygmées


Nous mangeons nos sandwiches et nous leur laissons ce qu'on a ouvert et pas terminé, ainsi que quelques oranges.

La marche reprend. Pour encore deux heures environ.
On arrive dans un champ de bananiers. Quand il y a un champ de bananiers, cela veut dire qu'il y a un village tout proche.


CAMPEMENT AU MILIEU D'UN VILLAGE BANTOU

On est très surpris car on se retrouve à nouveau au bord du fleuve, de la Lobaye. En fait, on a longé le fleuve, en s'enfonçant dans la forêt, pour notamment tomber sur ce village pygmée, et l'on se retrouve simplement juste un peu plus loin sur le fleuve que le précédent campement où nous avions bivouaqué. C'est un village non-Pygmé, mais Bantou, fait de longues maisons.

Nous nous écroulons sur des chaises, les jambes allongées, et les pieds battants ! Et dire que ce n'était que la première journée de marche ! Nous n'avons marché que quatre heures.

Honoré fait une distribution de photos auprès des villageois, si bien que nous pouvons photographier autant que nous voulons avant que la nuit tombe.

Nous montons le camp, au milieu même des maisons, sous l'oeil des villageois. Nous sommes l'attraction. On nous observe dans nos installations, dans nos gestes. Je remarque la curieuse coiffure des Centrafricaines : pas de nattes, mais des antennes de cheveux dressées sur le crâne.

Au camp


Désinfecter nos blessures

Nos docteurs (nos copains docteurs) commencent déjà à être sollicités pour soigner les blessures. Les Africains, qui n'ont pas de moyens pour désinfecter, voient leurs blessures se remplir de pu à une rapidité monstre, et devenir très moches, et très douloureuses. Mais il y a aussi d'autres sortes de maladies puisque je surprends Bertrand lancer à Claude : "t'as pas quelque chose pour une chaude-pisse ?"

Didier attribuera un surnom à chacun de nos médecins : Bertrand, le "Docteur Gono", Claude "le Docteur Erratum", et François "Docteur Utérus" (il est gynéco).

On fait un feu de bois et en même temps qu'on prépare le dîner, on sèche nos chaussures trempées auprès du feu, ainsi que nos pantalons et chaussettes. C'est ainsi que j'ai fini par avoir des pataugas brûlées, cramées, bonnes au bout du voyage à laisser dans la poubelle (mais quand le circuit sera terminé...).

Les chants des Pygmées

Au cours du dîner, on entend les chants de Pygmées venant d'un villages voisin. Ces chants ne cessent jamais. Après le repas, certains se rendent à ce village. Moi je suis trop crevée pour les suivre et je n'ai pas envie de ré-enfiler les pataugas.

Nous sommes quelques uns à rester là, à sécher les vêtements auprès du feu. J'en profite pour raconter à Honoré le succès du disque sur le Pygmées Akka en France, et il me dit "c'est pourquoi les gens viennent ici avec des magnétophones ?". Il a bien du mal à comprendre que ces chants fassent autant de succès chez nous, et que nous portions tant d'admiration vers "ces gens-là".

Les chants durent très tard dans la nuit. C'est inutile de nous coucher car nous n'aurions pas pu nous endormir. On a donc attendu la fin des "célébrations" et le retour des autres au camp. Nos copains n'ont rien trouvé de mieux que de secouer nos tentes pour nous faire peur, au point de les faire s'écrouler.