République Centrafricaine
1984


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"Délivrance" ou le Voyage au pays des pygmées

Du 23 Octobre au 7 Novembre 1984

Les fourmis

circuit en Centrafrique
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Marche en Centrafrique
L'itinéraire de l'expédition - Campement n°5 sur la carte

Dimanche 28 Octobre 1984

Ce matin il pleut toujours

Nos tentes ont été trempées cette nuit.
C'est très désagréable ce matin, nous sommes trempés, les pataugas sont trempées, il faut les enfiler toutes mouillées.

On prend notre petit déjeuner emmitouflés dans les capes imperméables, sous la pluie battante, et on démonte les tentes, couvertes de terre boueuse, sous la pluie. Si bien que les tentes trempées augmenteront la charge à porter !

On a appris ce qu'étaient devenus les autres qu'on pas vus sortir au milieu de la nuit : ils sont restés sous leurs tentes. Christine et Richard, qui ont des matelas pneumatiques, ont fait "du bateau". Les tentes de trois, plus grandes, avaient un autre problème : elles avaient des espèces de rectangles de moustiquaires sur les côtés, des petits grillages d'aération, et c'est par là que pénétrait l'eau de la pluie.

Cette mésaventure nous a aussi appris à ne plus monter le tente sur une pente comme on l'avait fait, et surtout pas dans la partie basse de la pente, car nos voisines, les soeurs jumelles, qui se trouvaient plus en haut que nous, elles, elles ont reçu moins d'eau. C'est nous qui avons tout recueilli !

Nous partons sous la pluie, la cape imperméable recouvrant le sac à dos. Cette cape était très utile parce que même s'il ne pleuvait pas, elle me protégeait des lianes et des arbres qui m'accrochaient les cheveux, et quand il fallait passer la tête baissée et se frayer un passage au milieu d'une barrière de végétation.

La marche est très difficile. On a passé une mauvaise nuit. Il pleut.
Et c'est la marche la plus longue de tout le trek ! 7 heures en perspective !

Et voilà encore un marigot ! Au point où on en est ! Il est très long, c'est comme une rivière, il serpente entre les arbres.
On patauge !!!

Il faut escalader des tas d'arbres couchés à terre. Parfois je me retrouve à l'arrière de la file, et parfois, par un retour de situation, je me retrouve à l'avant, et alors j'ai quelques problèmes pour guider la file, car le guide, lui, marche bien loin devant moi. Et quand mes yeux se perdent et que je crie "Mais où est le chemin Honoré ?", il me répond "Tu suis la piste"... Comme si c'était évident !!

A un moment, on emprunte une piste d'éléphants, c'est à dire un enchevêtrement de lianes pas possible, un chemin ouvert par un passage des éléphants, en pleine broussaille, mais pas suffisamment dégagé pour nous.

La fin de la journée est très dure. Le sac tire sur les épaules, et je suis sans cesse en train de relâcher ou de resserrer mes bretelles pour faire passer le poids d'une épaule à l'autre. D'autre part, la sangle abdominale du sac, qui est très nécessaire pour escamoter le poids, m'a blessée par le frottement et la transpiration, et je sens que mon dos est presque à vif.

Nous ne papotons plus autant entre nous en marchant car l'effort nous absorbe complètement. Mais combien d'heures reste-t-il encore à marcher ! Honoré ne peut pas répondre. Tout ce qu'il peut nous dire, c'est qu'il faut encore passer un deuxième marigot avant d'arriver au village pygmée. Et le marigot... il se fait attendre... Enfin, on l'aperçoit. La nuit va bientôt tomber, il faut accélérer la marche.

On débouche enfin sur une grande clairière où se trouvent des huttes pygmées. On serre la main à tout le monde.
C'est bien là qu'on campe. Enfin, légèrement plus loin. Honoré demande l'autorisation au Chef...

Il faut encore marcher un peu. La nuit est tombée quand on arrive dans une autre clairière, où l'on va pouvoir bivouaquer.


LE CAMPEMENT

Attaqués par les fourmis

On arrive par petits groupes, espacés les uns des autres. Et, quand moi, j'arrive sur cette clairière, je vois que tout le monde est en train de baisser les pantalons, et je me demande ce qui se passe !

Je comprends rapidement, car, je suis à mon tour, assaillie, dévorée, par des fourmis. Elles grimpent à l'intérieur du pantalon à une telle vitesse, qu'on en a plein les cuisses. Elles ont une piqûre douloureuse et cuisante, et le seul moyen, en effet, de s'en débarrasser, est de baisser le pantalon, car on les attrape mieux par le haut, et on les écrase avec les doigts.

Dès qu'on aura allumé le feu de bois, les fourmis disparaîtront du camp. J'ai appris aussi que pour s'en débarrasser, il faut les brûler avec des tisons brûlants.

Faire sécher le linge

On sort le linge mouillé des sacs à dos, on installe des cordes entre les arbres, et on essaye de faire sécher tout cela, y compris les sacs de couchage qui en ont pris un sacré coup. Tout est trempé.


ça sèche


Les pygmées viennent nous observer

Les pygmées viennent nous voir pendant notre installation, et nous observent quand nous préparons le repas.

Marie-Hélène nous découvre ses dons de masseuse exceptionnelle, car nos épaules sont terriblement écrabouillées par les sangles des sacs à dos, et, après une crème qui nous a chauffés et la position des mains exactement là où il le faut, sur le point de la douleur, cela nous a bien soulagés.

On dîne. Il y a encore, ce soir, des chants qui retentissent venant du village pygmée, mais nous sommes trop crevés.



dîner