"Délivrance" ou le Voyage au pays des pygmées
Du 23 Octobre au 7 Novembre 1984
A Bangui, quartier africain et taillerie de diamants
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Mardi 6 Novembre 1984
Levés tôt : 6 hres ! Dormi... peu ! Nous prenons notre petit déjeuner.
Certains attendent la voiture qui doit les emmener à BOALI, et qui n'arrive pas.
Rencontre avec le Chef du quartier africain de Bangui
Nous,nous prenons un taxi pour nous rendre au Lycée Français, où nous avons rendez-vous avec le collègue de Claudine qui doit nous emmener au quartier africain. Claudine, elle, nous rejoindra plus tard dans la matinée. Le collègue professeur de Claudine est très sympa. Nous gardons le taxi pour aller prendre à l'université, l'étudiant africain qui nous sert d'intermédiaire avec le Chef du quartier où nous allons.
La route paraît assez longue, et emprunte des allées bourbeuses. Nous arrivons à destination. Le taxi nous fait payer assez cher parce que la course a été très longue.
Nous sommes accueillis par le Chef du quartier, qui fait sortir des chaises devant sa maison, et nous prie de nous installer. Nous sommes là en demi cercle, lui assis face à nous à côté de l'étudiant, et l'épouse du chef accoudée à la fenêtre, nous regardant. Nous pensions être très loin de Bangui, mais, en fait, nous sommes en plein centre, c'est notre quartier "européen" qui, lui, est excentré du centre de la ville.
La conférence commence. Le professeur pose des questions. heureusement qu'il en avait des questions, lui, parce que l'on nous avait dit de préparer une ou deux question pour justifier notre présence. Le professeur demande le nombre d'habitant dans le quartier, quels sont les problèmes sanitaires... Et là, nos copains médecins interviennent : "ne pourrait-on pas faire bouillir l'eau puisque c'est le principal problème sanitaire ? La réponse du chef est que le bois est tellement cher que... les familles n'achètent que le strict minimum de bois pour cuire la nourriture. Il y a bien, dans le quartier, une fontaine qui est raccordée au système d'eau javellisée de la ville, mais le quartier est tellement vaste que seules les familles qui en sont proches en profitent.
Et la pilule contraceptive ? Ah, la pilule ! dit le chef, pas de problème, il y a l'hôpital de Bangui où l'on peut se la procurer gratuitement. Mais, par contre, au fil de la conversation, il nous explique qu'ici, une femme qui n'est pas mariée et qui prend la pilule est considérée comme une prostituée. Et qu'une femme mariée qui prend la pilule, est aussi considérée comme une prostituée, puisque cela sous-entend qu'elle désire des relations extra-conjugales. Il n'y a rien à faire, les femmes africaines sont destinées à faire des enfants, c'est leur travail !
Puis le Chef nous propose de nous montrer le quartier. Claudine nous retrouve. La discussion se fait moins guindée, moins officielle, en se promenant. Du fait que nous sommes guidés par le Chef, nous sommes, bien sûr, bien accueillis. Il nous dit connaître personnellement chacun de ses administrés. Il est un peu comme un maire, mais comme le quartier est plus petit qu'une ville, il connaît tout le monde.
Bangui est divisé en quartiers, et chaque quartier est dirigé par un Chef, qui s'occupe des problèmes administratifs, sanitaires, judiciaires. Il ne rend pas la justice, mais remet les accusés aux mains des autorités locales.
Nous remarquons quand même qu'il y a, au sein du quartier, un contraste entre des maisons riches et des maisons pauvres. Nous passons devant la fameuse fontaine publique, où chaque femme branche un tuyau d'arrosage au robinet pour récolter de l'eau dans sa bassine. Nous sommes autorisés à prendre des photos : la fontaine, le bain d'un bébé, les lits devant les maisons.
Puis nous visitons les hangars à poules. Incroyable le nombre d epoules ! Et le nombre de hangars aussi.
La visite passe par... les WC publics... un trou entouré de grands paravents de paille au milieu d'une place.
Puis on termine par le lieu du bal du samedi soir, avec une scène, une piste de danse et sa boule tournante à petits miroirs.
Nous offrons une tournée au Chef qui boit facilement "la mousse", et au bout de quelques bouteilles, commence à se dérider.
Voila, notre visite est terminée.
La taillerie de diamants
Nous rentrons et nous avons un plan pour l'après-midi. On est mardi, et c'est le seul jour de la semaine où est ouverte à la visite la taillerie officielle de diamants du gouvernement. On est à l'époque où les diamants de Bokassa .. et de Giscard, sont encore bien dans les mémoires. Bertrand y était passé déjà le matin, avec nos passeports pour nous inscrire à la visite, parce que ce n'est pas simple, et ce sont les premiers inscrits qui peuvent entrer, c'est limité.
Nous y retournons donc à 14 hres. Il y a un monde fou, surtout des militaires français. Ils font comme nous, ils visitent. Nous devons inscrire nos noms dans un registre de visiteurs, nationalité, profession, numéro de passeport. L'attente est longue. Enfin un officiel se montre et déclare que vu le nombre de personnes présentes, il y aura une autre visite demain mercredi, et que ceux qui seront encore là demain, se retirent de la queue. Mais personne ne se retire. En fin de compte, tout le monde rentre, et ce fut très bien organisé, malgré le nombre de visiteurs.
On est prié de s'installer tous autour d'une grande table. Un monsieur obèse nous tient une conférence. Il nous montre des présentoirs avec toute une collection d'échantillons. Il nous explique comment un "caillou", mais déjà "diamant" passe par les diverses étapes de la taille, et se transforme de moitié en moitié, si bien qu'une pierre de 32 carats au démarrage aboutira à un diamant final de 7 carats. Le diamant est la pierre la plus dure qui existe, et rien ne peut arriver à le couper, à l'exception d'un autre diamant. C'est pourquoi on utilise de la poudre de diamant posée sur une mollette qui tourne pour couper et tailler les diamants.
La taille est très réglementée. Il faut 32 facettes, et les dimensions de chaque facette est au millimètre près.Pour cela il existe des instruments très précis qui servent à tailler les diamants.
On nous fait défiler sous les yeux ces divers échantillons, et nous pouvons même les toucher, ou les regarder à la loupe.
Puis, on nous emmène dans les ateliers, où l'on voit s'exécuter toutes les étapes qui nous été exposées. On peut regarder à la loupe comment la poussière de diamant posée sur la machine, taille l'autre le diamant.
On nous montre un diamant de 32 carats, gros comme... l'ongle du pouce ! C'est impressionnant.
Il est bien 15 hres quand nous quittons la taillerie. Et nous attendons les autres qui sont restés dans la salle... de vente.
Il se met à pleuvoir. Josette a acheté deux diamants de 1/50 ème de carat pour 7000 FF qu'elle veut faire monter en boucles d'oreilles, et Bernadette a acheté un petit diamant de 1/20 ème de carat pour 2200 FF qu'elle veut faire monter en bague. Et elles ont payé... en chèque bancaire français barré, sans problèmes. Evidemment elles n'avaient pas emporté autant d'argent pour le voyage ! maintenant à voir comment elles vont faire passer ça à la douane...

Retour à l'hôtel
Nous prenons un taxi pour retourner à l'hôtel. Nous mourrons de faim, il est près de 16 hres. On se fait un encas dans le jardin de l'hôtel : des oeufs au jambon et du Périer. ça nous semble très bon de manger des oeufs qu'on n'avait pas mangé depuis si longtemps. Et on traîne là.

En bas du jardin, au bord du fleuve, des hommes pêchent au filet. Ils tirent un grand filet de l'eau, et en sortent les poissons. Et à plusieurs reprises.
On aurait voulu aller à la piscine (à côté de l'hôtel, au Rock Club, car la piscine de l'hôtel, elle, est bien trop sale, et personne ne s'y baigne. Mais les heures passent et c'est raté.
Je remonte dans ma chambre et j'entends par le poste de radio :"Monsieur X est prié de se présenter aux autorités sans quoi il sera considéré comme déserteur", prononcé avec l'accent africain, et déclaré comme la lecture faite au niveau scolaire de la maternelle. Je suis pliée en deux de rire.
Nous allons au village artisanal acheter nos cadeaux et souvenirs. la nuit tombe. On a un peu de mal à trouver un taxi. Au village artisanal, tout est très cher. Roselyne achète deux colliers en ébène. Dans une autre boutique nous essayons de marchander à deux deux colliers en malachite, cette pierre verte, assez jolie de couleur, qui vient du Zaïre. La négociation est très difficile. On arrive à les négocier à 2000 F CFA le collier. Cela fait un joli collier pour 40 FF. Mais là s'arrêtent mes achats. Rien d'original, rien qui vient de Centrafrique, et tout est hors de prix.
On retourne à l'hôtel. Nous retrouvons Micheline à qui il est arrivé une sale histoire. Un type lui a arraché sa fine chaîne en or qu'elle portait au cou, mais elle a retenu sa chaîne par le devant, et le type a tellement tiré dessus qu'elle en a la marque rouge sur la peau. la chaîne s'est cassée, non au fermoir, mais en plein milieu, mais elle est restée dans les mains de Micheline. le type s'est sauvé..
Micheline n'a pas le moral. Elle ne prend pas l'avion avec nous demain, car elle avait décidé de rester quinze jours de plus après le trek pour visiter un peu la Centrafrique, et elle a passé une partie de la journée à chercher un hôtel à Bangui, et les hôtels sont terriblement chers. Elle se demande comment elle va tenir financièrement quinze jours.
Ceux qui sont allés à Baali rentrent, très tard. Ils ont attendu leur voiture jusqu'à 11 hres ce matin ! Ils sont enchantés de leur visite, mais tout couverts de poussière rouge, et ils ont crevé de froid sur la camionnette ouverte à tous vents.
On prend l'apéritif, à l'intérieur de l'hôtel.

Une dernière soirée... un peu ratée
Claude, François, et Micheline, sont invités ce soir à dîner chez le Professeur Boito, nous ne passerons donc pas la dernière soirée tous ensemble..
Le reste du groupe, toujours accompagnés par Claudine, nous allons dans un restaurant au site agréable, tenu par une Camerounaise, qui nous propose du riz au poisson sénégalais... qui fut dégueulasse (surtout le manioc et les herbes) et une banane flambée. Et tout cela bien cher. Une dernière soirée... un peu ratée.