République Centrafricaine
1984


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"Délivrance" ou le Voyage au pays des pygmées

Du 23 Octobre au 7 Novembre 1984

Premier bivouac

circuit en Centrafrique
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Marche en Centrafrique
L'itinéraire de l'expédition
Campement n°1 sur la carte
Au bord de la Lobaye

DÉPART DE BANGUI

Mercredi 24 Octobre 1984

Le bateau, amarré en contre-bas, nous semble à première vue bien rudimentaire. C'est une grosse barque à moteur, jaune, avec un toit en son milieu, et un avant-pont... qui nous permettra de bronzer. Mais il fut tout à fait OK. Il y a même une lampe à pétrole, qui sera très utile.

Au port, il faut accomplir les formalités de douane. On donne nos passeports, nos certificats de vaccination (fièvre jaune) et on remplit une fiche indiquant tout ce qu'il y a d'écrit sur le passeport, et notre destination. Ensuite une brave dame prend chaque cas, un par un, vérifie les informations, regarde si la photo est ressemblante, demande à celui-là s'il est bien "médecin" ? Et on nous tamponne notre beau passeport ! On aura quatre pages en tout de beaux gros énormes tampons ronds : "vu au départ de" - "vu au passage de" - "revu au passage de" - "vu à l'arrivée de".

On embarque les sacs à os. Il y a une grande bâche imperméable, ouf ! pour recouvrir les sacs en cas de pluie. Les banquettes de bois nous accueillent, ainsi par trois facilement.


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L'après-midi est déjà bien avancée, on ne va pas pouvoir naviguer très longtemps. Il ne pleut pas. La balade est très agréable. On croise des piroguiers qui nous font signe. Et ce qui nous surprend, c'est de voir ces plantes en fleurs qui surnagent par centaines au milieu de l'eau. Ce sont des jacinthes d'eau, qui viennent, dit la légende, du fleuve Congo, où un missionnaire dépassé par leur prolifération excessive dans son jardin, aurait fini par les déverser dans le fleuve, et là, leur prolifération aurait été telle, qu'elles avaient envahi même le fleuve Oubangui et aussi la Lobaye, et les autres affluents du Congo.


Premier bivouac

La nuit va tomber. Honoré pense au bivouac possible. Comme ce n'est pas le village où il s'arrête d'habitude, étant donné qu'on est parti tard, et qu'on a pris du retard dans la navigation, il descend à terre, va saluer le chef du village, et lui demande l'autorisation de monter les tentes à côté du village. Il revient à bord et nous naviguons encore un peu, pour accoster un peu plus loin.

Nous descendons à terre (ou plutôt on grimpe à terre, car la rivière est toujours en contre-bas), et la montée sur le rivage, avec le sac à dos est toujours très épineuse. A la fin du voyage, on sera plus organisé, on fera la chaîne pour débarquer tout, sacs et vivres.

Ce village n'est pas si éloigné de Bangui que cela, puisque l'on voit sur l'autre rive, les lumières du port de Bangui, et des réservoirs du parc à carburant. D'ailleurs les villageois commercent chaque jour avec la capitale, et y font des allers et retours en pirogue.

Montage des tentes

Le terrain est très en pente. Nous prenons une tente au hasard, biplace, et l'installons près de l'eau, au bout de la pente, chose qu'il ne faut pas faire... D'abord c'est près des crocodiles qui remontent sur la rive (de la rivière .. mais... il n'en a pas...). Et puis, quand il pleut, c'est la tente la plus en contre-bas qui reçoit tout. et puis, il ne faut sûrement pas placer l'ouverture de la tente face à l'eau, puisque c'est de là qu'arrivent les moustiques, les insectes, et... les bêtes !... Premier bivouac, encore inexpérimentées !

La tente, ultra légère bien sûr, mais toute petite, est constituée simplement d'une toile de nylon cousue à un tapis de sol, de deux piquets en trois parties emboîtables, et de sept "sardines". elle est très vite montée. Il n'y a pas de fermeture éclair à l'entrée, mais seulement trois liens, ce qui n'arrête pas les insectes !

A notre première installation, déjà des hurlements : en mettant le nez en dehors de la tente, on découvre un insecte de plus, à grosses pattes.

Le premier rituel de l'installation d'un bivouac, est la cérémonie "repellent" anti-moustiques. Ensuite on installe à l'intérieur de la tente, matelas et sacs de couchages. Il y a tout juste l'espace pour deux couchages ! On fait tout cela à quatre pattes, ou à genoux, puisqu'on ne peut se tenir qu'ainsi. On accroche la plaquette anti-moustiques à l'entrée de la tente. Par la suite on fera même brûler des tortillons, avant de se coucher, car l'odeur de la fumée est plutôt asphyxiante dans un espace aussi réduit.

La cérémonie "WC" est aussi assez typique. A la lampe électrique, en groupe (surtout au début, car on n'était pas très rassuré, par la suite on n'aura plus du tout peur) et au milieu des vers luisants (je n'en avais jamais vu autant).

Le dîner

Installation du feu de bois. Pour l'allumer, on met quelques brindilles au milieu, et on allume. Parfois il faudra souffler comme une machine pour l'allumer, et là, c'est Eric qui est le plus doué.

→ La corvée d'eau :
Aller chercher de l'eau dans le fleuve, assez périlleux, puisque les descentes vers la rivière sont loin d'être "aménagées" ! C'est une pente glissante. Avec une bassine d'eau ans les mains, c'est loin d'être facile.

→ Le rituel du repas :
L'attente que l'eau bouillisse. A trois reprises : pour la soupe, puis pour faire cuire les féculents pendant qu'une autre bassine servait à préparer la sauce tomate.

Tous les soirs le même repas :
Riz ou couscous ou pâtes, mais toujours à la sauce tomate. Mais les soupes étaient très variées.

Puis il faut refaire bouillir de l'eau pour laver la vaisselle. On avait du produit à vaisselle et des éponges. Et là, on se rendait compte que l'eau était vraiment bouillante, car on s'ébouillantait les mains !

On avait même la lampe tempête du bateau (sauf pendant le trek) pour éclairer notre repas.

Rencontre avec les villageois

Après le dîner, les villageois sont venus en grand nombre nous rendre visite à notre campement. Il y avait bien sûr beaucoup d'enfants. Un jeune villageois nous a fait bien rire en nous parlant de sa femme, qu'il avait épousé à 15 ans, mais "mise sur le coup" à 14. Il porte son bébé dans les bras, mais on doit insister pour qu'il accepte de nous présenter sa jeune femme.

Il y a aussi parmi eux, une fillette très belle, mais sourde et muette, et très souriante. Les fillettes autour de nous se mettent à murmurer des chants, à esquisser quelques danses. Nous les encourageons en les éclairant de nos torches électriques et en les applaudissant

Le coucher : s'habituer à la tente

Les heures tournent et chacun trouve qu'il se fait tard. Les villageois rentrent chez eux, et nous, nous apprêtons à passer notre première nuit sous la tente. Ce sont des tentes canadiennes. C'est une difficile organisation dont nous prendrons, par la suite, l'habitude. Au début, cela nous donnait des suées tellement on se remuait à l'intérieur de cette tente pour installer notre "litière", puis placer les sacs à dos en bout de tente, à nos pieds. Il faudra dormir les pieds posés au dessus des sacs, tellement la longueur de la tente était petite.

Et nous installons un morceau de gaze moustiquaire, (1 mètre acheté chez Bouchara, à Paris) épinglée à l'entrée de la tente avec des épingles à nourrice, pour fermer plus hermétiquement l'entrée.

Une fois allongées, on n'est pas plus à l'aise, car les côtés de la tente retombent sur nos visages, et sont trempés par l'humidité tombée des arbres dès que la nuit tombe. On dort les pieds sur-élevés, ou les jambes recroquevillées, l'humidité au dessus du nez, et crevant de chaud. Il faut quelques instants de calme après cet échauffement pour se refroidir un peu, puis on peut se rentrer à l'intérieur du drap de couchage, on arrive même à ne pas avoir besoin de duvet.

Il faut dire que ces conditions peu confortables de sommeil feront que peu à peu, dans le groupe, pour la grande majorité, on se passera toutes sortes de somnifères.

Nous voilà bien installées, ne bougeant plus, parées contre les insectes, prêtes à trouver le sommeil... quand... un autre trouble de notre sommeil survient... d'énormes ronflements venant de la tente d'à côté. D'abord j'ai cru que c'était Bertrand, dont la tente était la plus proche de la nôtre... Erreur ! l'ennemi fatidique de notre sommeil, ce sera François !