République Centrafricaine
1984


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"Délivrance" ou le Voyage au pays des pygmées

Du 23 Octobre au 7 Novembre 1984

Dans la maison abandonnée

circuit en Centrafrique
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Marche en Centrafrique
L'itinéraire de l'expédition
Campement n°8/9/10 sur la carte

Mercredi 31 Octobre 1984

RELAX AU CAMP DE BASE

Le voyage comence à devenir relax. on ne part qu'à 15 hres cet après-midi, pour aller visiter une scierie, un peu plus haut sur le fleuve. Un peu de repos, et un peu de temps à nous.

On se lave dans le fleuve. on commence à trouver cela très agréable de se laver dans la Lobaye. Puis on va nager, enfin, on essaye de nager, car le courant du fleuve est tellement fort, qu'on nage et qu'on n'avance pas. On nage tout près du bord car ce n'est pas très sécurisant ce courant.

Bertrand a récupéré le filet à papillons d'Achille, un "vrai" filet à papillons, et se promène au milieu des caféiers, la casquette bleue sur le crâne, d'un pas lent, et l'oeil à l'affût.

Puis je me fais bronzer sur l'herbe, range un peu mes affaires, et j'attrape mes plus beaux coups de soleil sans m'en rendre compte, tellement il fait beau.

Je sympathise avec les enfants du village, et surtout avec un petit garçon qui ne sait dire que "oui" tout le temps. Je m'amuse avec lui à lui montrer comment on peut faire de la musique avec un bout de bois qu'on fait rouler sur un couvercle de marmite. Roselyne, elle, lui donne une bille, qu'elle a emportée de chez elle. Le gamin paraît très intimidé.

DE NOUVEAU SUR LE BATEAU

A 15 hres nous partons. Nous prenons le bateau pour aller un peu plus loin visiter une scierie, le long du fleuve, sur l'autre rive. C'est là que nous passerons la nuit, et nous reviendrons au camp de base le lendemain matin. Nous emportons donc seulement de quoi manger pour deux repas.

Un peu de bateau, très agréable, pas très long, il fait beau.

Un petit débarcadère en hauteur.
On y accède en grimpant sur le toit du bateau, et on passe les sacs les uns après les autres, en faisant la chaîne.


CAMPEMENT DANS UNE MAISON ABANDONNÉE

La scierie est là, au bord du fleuve. Nous devons camper sur son terrain, au milieu des hangars. Le générateur d'électricité fait un boucan monstre. (Il paraît qu'il s'arrête à 23 hres...)

Nous commençons à monter les tentes, mais le sol est affreusement dur, et pour rentrer les sardines, il faut se servir des bouts de bois qui traînent ça et là comme marteaux. les sardines se tordent. Quel travail !

De plus, le ciel est bien inquiétant, et nos visages s'assombrissent... On nous dit alors que nous pouvons nous installer dans une maison abandonnée qui se trouve à côté de la scierie, au bord du fleuve, face à l'embarcadère.

Nous allons voir. C'est une immense maison coloniale qui devait être magnifique autrefois, avec une grande terrasse couverte, une immense pièce qui devait être le salon - salle à manger, qui donne sur la terrasse par des portes-fenêtres tout le long. Nous visitons d'avantage, et nous découvrons une vraie salle de bain, aujourd'hui occupée... par une souris. Quant à la grande pièce elle est, elle, habitée par de sales araignées dans les coins.

Enfin, il vaut mieux ça que recevoir la pluie ! Nous démontons nos tentes. Sauf Claude qui pense que la pluie ne va pas tomber, et qui décide de rester, seul, à camper à l'extérieur.

La terrasse ou le salon ? Que choisir ? Dans le salon on étouffe de chaleur. Sur la terrasse on craint les moustiques, et peut être la pluie, si elle est vraiment forte.

Je transporte mes affaires de la terrasse au salon, bien hésitante, et choisis en fin de compte le salon, car je n'ai jamais tellement aimé, personnellement, dormir à la belle étoile sans la protection de la tente.

Cette fois-ci, nous dormirons donc au dortoir !


La maison abandonnée


Un dîner autour d'une table

Pour une fois, nous prenons un repas autour d'une table, car il reste quelques rares meubles dans cette maison : une table, un lit, quelques chaises, des tabourets. Nous faisons le feu de bois dans le jardin, en bas de la terrasse, et nous mangeons le repas "habituel" arrosé de bière quand même, et si bien arrosé que ce soir là, Bertrand est bien plus... qu'arrosé. Il valait mieux ne pas lui parler, il était complètement ailleurs.

Honoré et Louis-Marie, eux, mangent quelque chose qui ne nous dit rien du tout : un morceau de singe boucané, c'est à dire qu'il est devenu tout noir et dur comme de la pierre, complètement carbonisé.

Après le repas et la vaisselle, nous allons voir la tente de Claude, toute seule au milieu de la scierie. Un jeu de chat et de souris commence et la tente commence à bien remuer, au bout du compte elle s'écroule sur tout le monde, comme un parachute qui s'abattrait sur nous. Il ne reste plus à Claude qu'à remonter sa tente !

Il pleut ! Mais nous sommes à l'abri

Et ce qui devait arriver arriva. Des trombes d'eau s'abattent, les éclairs traversent le ciel, le tonnerre fait rage. Mais cette fois nous sommes à l'abri et heureusement.Comme toute la pièce a de grandes portes-fenêtres, on a une vue impressionnante sur le ciel déchiré d'éclairs.

Evidemment c'est la ruée vers l'intérieur, de ceux qui avaient choisi de dormir sur la terrasse, le toit d ela terrasse en les protégeant plus contre la violence de la pluie, ainsi que de Claude qui avait choisi de dormir sous sa tente dehors. C'est un déménagement ultra rapide, avec sacs à dos et sacs de couchages à la main. Heureusement la pièce est bien assez grande pour accueillir tout le monde sans nous serrer.

Après, la nuit ne fut pas mauvaise, emplie de sommei


Jeudi 1 er Novembre 1984

Ce matin, Honoré nous réveille avec des beignets tout chauds. Nous n'avons plus de pain, et avec la farine que nous avions, il nous a fait des beignets africains succulents et chauds. Il s'est levé à 2 hres du matin pour faire la pâte, et à 6 hres pour les faire cuire.

Notre bateau a disparu

Mais voilà, il y a une mauvaise nouvelle : il s'est rendu compte ce matin que notre bateau avait disparu. Détaché par l'orage ? ou volé ? Honoré et Louis-Marie ont dormi sur la terrasse cette nuit, tant l'orage était fort, et pas à bord du bateau comme ils le font à l'habitude. Et personne n'a rien entendu avec l'orage !

Honoré décide d'envoyer Louis-Marie en pirogue, à la recherche du bateau.

Nous découvrons que nous sommes le 1er Novembre parce que nous devions assister aujourd'hui à un abattage de bois dans la forêt, et nous apprenons que personne ne travaille aujourd'hui, et qu'il faudra rester un jour de plus pour aller voir cet abattage.

Donc, le contretemps du bateau, pour l'instant n'est pas encore dramatique. Espérons qu'on le retrouvera.

Par contre, nous n'avions pas prévu de rester si longtemps, et nous n'avons pas emporté suffisamment de nourriture. Nous allons donc aller au village voir si nous pouvons acheter quelque chose.

Ceux qui avaient commencé leur nuit sur la terrasse, avouent avoir été, le peu de temps qu'ils y sont restés, dévorés par les moustiques, beaucoup plus que nous. Pourtant la maison sera l'endroit où nous seront le plus piqués, beaucoup plus que sous la tente dans la forêt, non pas à cause de la proximité du fleuve, mais à cause des marres d'eau qui se trouvent entre la scierie et le village, et qui attirent les moustiques.

Courses au village

Nous allons donc au village, et tout de suite sur le chemin, nous faisons face aux résidus des inondations, que nous traversons à pied en pataugeant. Mais maintenant, après l'expérience des marigots, cela ne nous fait plus rien.

C'est la première fois que nous voyons la Centrafrique à l'intérieur des terres. Quelle différence de paysage avec la forêt et les rives du fleuve. Le paysage est rouge et vert, la terre ocre, et les essences tropicales d'un vert éclatant, tranchant sur ce rouge.

C'est un grand village, fait de maisons uniquement, aucune case. les gens circulent beaucoup. C'est un complet dépaysement pour nous par rapport à l'environnement solitaire de la forêt.

Nous apprenons le nom de ce village : BATA LIMO.

Nous achetons du pain chez un boulanger ambulant, des tas de baguettes, nous l'avons dévalisé de tout ce qu'il avait. Nous allons jusqu'au marché, au centre du village, mais là, que du manioc, sous toutes ses formes. Sur le retour nous tentons d'acheter des brochettes de viande, pourquoi pas ?

La pluie menace. C'est moi qui suis chargée de porter les baguettes de pain, car j'ai ma cape imperméable, et on m'emmitoufle avec les pains dans les bras en dessous.

Nous pensons au manque de bière, et nous finissons par trouver un endroit où on en vend, mais nous devons laisser une consigne en monnaie pour la caisse que nous emportons pour porter les bières, et que nous devrons restituer.

Les gars portent le cageot de bières à bout de bras tout au long du chemin.

Au passage des mares d'eau, catastrophe, ma ballerine en plastique s'enfonce dans la vase, et je la perds, et par le déséquilibre, les baguettes qui sont dans mes bras sont en mauvaise posture. On me débarrasse et j'y vais à pleines mains dans la vase à la recherche de ma chaussure. j'ai bien cru la perdre, et je suis arrivée à la récupérer !

Nous rentrons à la maison. Le déjeuner est constitué de sandwiches au pâté.

L'après-midi s'est passée à traîner, à sommeiller, à bronzer, à se laver dans la Lobaye.

Rencontre avec des Portugais expatriés

Par contre, un événement va se produire qui va transformer notre séjour à la scierie. Bernadette vient de retrouver par hasard une fille qui a voyagé à ses côtés dans l'avion vers Bangui, et avec qui elle avait sympathisé. Cette fille est une Portugaise, parlant très bien le français, et qui venait rejoindre son mari qui travaille dans une scierie. Et voilà, c'est justement cette scierie-ci !

Il y a en effet tout un groupe de coopérants portugais et français qui dirigent cette scierie, et dont les maisons, sont voisines de la nôtre, mais entourées de grands jardins, nous n'y avions pas prêté attention.

Quand on leur a raconté l'histoire du bateau qu'on a perdu, ils nous ont dit "Votre bateau... il est déjà au Zaïre !". En effet il y a beaucoup de Zaïrois qui travaillent dan ce village, le Zaïre est tout proche, et il y a beaucoup de vols, c'est très fréquent. Que notre bateau ait été volé, c'était une chose évidente pour eux. Les voleurs l'auraient détaché, profitant du bruit de l'orage, sans que personne n'entende. la Lobaye... l'Oubangui... on arrive vite au Zaïre !

Honoré se fait beaucoup de soucis et se culpabilise. Nous lui disons que de toute façon, valait mieux que lui et Louis-Marie dorment à terre, parce que s'ils s'étaient trouvés à bord du bateau, et que des voleurs aient essayé de d'en emparer, ce n'est pas eux qui auraient pu les empêcher, et ils auraient peut-être tout simplement été massacrés et jetés à l'eau ... Ils étaient vivants, c'était plus important que le bateau.

De toute façon, la situation n'est quand même pas catastrophique. On n'est plus en forêt vierge. En plus on n'est pas isolé, il y a tout un groupe de coopérants avec nous, ils ont la radio, et Bangui, en fait, n'est pas si loin, on est à 80 km d'une route potable, beaucoup plus rapide que la voie par le fleuve. Les coopérants, eux-mêmes, ont l'habitude d'aller se ravitailler dans les supermarchés de Bangui une fois par semaine.

Bernadette, Bertrand, Roselyne et Claude sont restés toute l'après-midi chez les coopérants. Le soir, comme ils n'étaient pas rentrés, on a dîné sans eux.

Dîner

Cousous et brochettes piquantes, car les brochettes achetées ce matin au marché, sont plus que pimentées !
Moi je les avale plutôt bien, et m'en ressers trois fois, avec le couscous, ça se marie très bien.

Les copains reviennent de chez les coopérants, et y retournent aussitôt, car ils y sont invités à dîner.

Chasse aux bestioles

Nous installons le bivouac dans la maison, et nous faisons la chasse aux insectes : nous faisons brûler des tortillons anti-moustiques au milieu de la pièce, et nous essayons de tuer une araignée velue en la vaporisant de bombe insecticide. Nous l'écrasons avec beaucoup de mal.