
Jour 1 - Jeudi 3 août 1972
Réunis devant le café "Les Deux Savoies" devant la gare de Lyon nous sommes 46 venant de toute la France, et nous partons sous la direction de l'Association des Auberges de Jeunesse pour les États-Unis.
C'est mon premier grand voyage lointain. La première fois que je suis partie de France c'était en 1964. J'avais 16 ans. C'était un voyage en Angleterre organisé par le Lycée Condorcet. On était logé chez des familles anglaises, et on suivait des cours d'anglais à Colchester (Essex). Voyager sans ses parents à 16 ans pour cette époque ce n'était pas très courant du tout, mais on était bien entouré par des profs quand même.
1970, je rate un concours de plus, celui d'hôtesse de l'air à Air France... alors je trouve un premier petit boulot dans un bureau. Je commence à gagner un peu d'argent. Je sympathise avec un gars qui lui, avait déjà bien voyagé ! L'année précédente, lui, il était allé aux États-Unis... Je me projette...
J'ai économisé pendant deux ans pour me payer "mon" voyage aux États-Unis, mon premier grand voyage. Et rien que de New York à San Francisco il y a 4500 km. J'ai voyagé en groupe avec la FUAJ, la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse.
Après quelques sauts de puce en avion pour rejoindre le centre des États-Unis, nous parcourrons 8300 km dans un bus Greyhound affrêté pour découvrir l'Ouest Américain. J'ai aimé les paysages, mais je n'ai pas aimé les Américains, qui n'avaient qu'une question à la bouche : "Combien gagnez vous ?".
Ce journal de voyage a été écrit en 1972.
De Paris au Luxembourg
Le car part à 7h 45 pour nous conduire au Luxembourg où nous devons prendre le super DC8 de la compagnie islandaise Loftleidir Icelandic.
Le Luxembourg est décevant peut-être à cause du temps gris sous lequel nous voyageons. Ce pays me rappelle l'Allemagne, des maisons grises, des petites fenêtres, avec la différence que les noms ils sont français. Quelques bosses de temps en temps dans le paysage. Mais ce pays me paraît bien triste.
Notre avion décolle à 15h en direction de Reykjavik en Islande. C'est un super DC8 qui contient 264 passagers en classe touriste. Nos hôtesses ne sont pas souriantes, ressemblent à des poupées, sont blondes et très maquillées, et s'expriment en américain. Nous avons droit à notre premier repas aérien accompagné de vin et de cognac.
Reykjavik en Islande
Après avoir survolé la Grande-Bretagne (nous pensons), puis l'océan pendant un certain temps, nous découvrons une côte découpée, et rocheuse, qui laisse rapidement place à des platitudes grises. C'est l'Islande.
Nous découvrons ce pays sous le soleil ce qui est assez étonnant paraît-il car il y pleut très souvent. Notre premier contact est très agréable. Il y fait froid certes, mais le pull nous suffit et surtout on y ressent une d'atmosphère d'une pureté incomparable. On s'y sent très bien. On aurait bien aimé prolonger cette escale de trois quarts d'heure qui nous a seulement permis de faire du shopping dans la duty-free shop et de remarquer que les gens n'étaient pas très souriants.
Le Groenland
Nous décollons pour la deuxième partie du vol : de Reykjavik à New York. Une surprise nous attendait : nous ne nous attendions pas à survoler les étendues fantastiques du Groenland. Notre pilote nous amène très près de la terre et nous sommes ébloui par ce paysage, mélange d'eau, de rocher gris, de neige, de glace, de fjords profonds, que nous n'avons jamais vu et jamais imaginé. Nous survolons des glaces pendant un certain temps puis arrivons au-dessus de Terre-Neuve où plusieurs fois nous avons pris l'océan pour la terre, et l'inverse. Le commandant de bord annonce que nous survolons le Canada, mais nous sommes au-dessus des nuages.
New York
Nous voilà au-dessus de New York. Il est minuit 15 heure de Paris. Le brouillard est très dense et nous tournons pendant une heure au-dessus de l'aéroport pour pouvoir atterrir. Brouillard ou encombrement ?
Nous sommes terriblement déçus. Nous n'apercevons que des quadrillages de maisons grises toutes semblables. Le paysage est très monotone : une carte de géographie. Nous sommes très déçus surtout de ne pas voir les gratte-ciels qui sont très loin cachés dans le brouillard. Le temps est triste, gris, et quand nous sortons de Kennedy Airport nous sommes surpris par une chaleur étouffante. L'aéroport en lui-même est extrêmement bruyant.
Un car nous attend, qui nous conduit jusqu'à la 43th Street, où se trouve le "Time Square Motor Hotel". Nos vêtements nous collent. La ville semble très fatigante. Il y a du bruit, des lumières.
Enfin nous voyons ces fameux building et sommes obligés de nous tordre le cou pour les regarder. Nous découvrons les voitures-bateaux des Américains qui nous semblent insensées et auxquelles nous nous habituerons très facilement dans la suite de notre séjour.
Le trafic est intense. Il est 22 hres heure locale. Les rues nous semblent mal fait famées et nous piquons des crises de rire en voyant les personnages de carnaval, surtout des femmes, qui s'y promènent.
